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NICOLAS - NID

prudence et que les Nicolaïtes en profitaient pour le regarder comme le père de leur secte. Cassien, Coll., xviii, 16, t. xlix, col. 1121, est le seul qui cite l’opinion d’après laquelle les Nicolaïtes auraient eu pour fondateur un autre Nicolas ; même les Lettres ignatiennes et les Constitutions apostoliques reconnaissent que ces gnostiques se réclamaient, quoique à tort, de Nicolas : Νικολαΐτας τους ψευδωνύμους, ὁ ψευδώνυμος Νικολαΐτης.. Les lettres ignatiennes et les Constitutions apostoliques emploient également le mot ψευδώνυμοι. Loc. cit. Ce sont des « pseudonymes », lisons-nous Ad Trall., p. 192, « parce que le Nicolas des Apôtres ne fut pas tel qu’eux. » Voir Nicolaïtes.

2. NICOLAS DE LYRE. Voir Lyre 2, col. 454.

NICOPOLIS (grec : Νικόπολις, « ville de la Victoire y>). La ville de Nicopolis est indiquée à la fin de l’Épitre à Tite, iii, 12, comme étant le lieu ou saint Paul se propose de passer l’hiver qui suivra la date de la lettre… L’apôtre dit à son disciple de se hâter, ce qui suppose que l’hiver devait être proche. Plusieurs villes portaient ce nom, mais selon toutes les probabilités, c’est de Nicopolis d’Épire qu’il s’agit dans ce passage (fig., 436).

[Image à insérer] 436. — Monnaie de Nicopolis d’Épire.
ΝΕΡΩΝΟ[Σ] ΝΙΚΟΠΟΛΑΙΣ Η ΠΡΟΣ ΑΚ[ΤΙΟΝ]. Buste de la Victoire, à droite. — fy ΝΕΡΩΝΟ[Σ] ΝΙΚΟΠΟΛΑΙΣ Η ΠΡΟΣ ΑΚ[ΤΙΟΝ]. Galère.

Nicopolis fut fondée par Auguste en souvenir de la bataille d’Actium sur l’emplacement où campaient ses troupes avant la bataille, dans l’Isthme étroit qui sépare l’Adriatique de la baie d’Actium. Dion Cassius, li, 1 ; Strabon, VII, vii, 6 ; Suétone, Octav., 18. Sur l’emplacement où avait été située sa propre tente, il bâtit un temple de Neptune et de Mars. Dion Cassius, li, 12 ; Suétone, Octav., 18. La ville fut peuplée d’habitants venus de divers villes du voisinage. Dion Cassius, li, i ; Suétone, Octav., 12 ; Strabon, VII, vii, 6 ; Pausanias, V, xxli, 3, VII, xviii, 8 ; X, xxxviii, 4. Auguste institua des jeux qui se renouvelaient tous les cinq ans et qu’on appelait Actia, en souvenir de sa victoire. Us étaient dédiés à Apollon et comprenaient des concours poétiques et musicaux, des coursés et des combats de tout genre. Us rivalisèrent bientôt avec ceux d’Olympie ; Strabon, VII, vii, 6 ; Suétone, Octav., 18. Nicopolis fût admise sur l’ordre d’Auguste dans le conseil amphictyonique et reçut le titre de colonie romaine. Pausanias, X, xxviii, 3 ; Pline, H. N., IV, i, 2 ; Tacite, Annal., v, 10. La nouvelle ville s’enrichit rapidement de beaux monuments en particulier de ceux qu’y fit construire Hérode le Grand. Josèphe, Ant. jud., XVI, v, 3. Strabon, VII, vii, 5-6, décrit la situation de Nicopolis. Elle avait deux ports, dont le plus petit et le plus rapproché s’appelait Comore, le plus éloigné et le plus vaste était à l’entrée du golfe ambracique. Au moyen âge, la ville de Nicopolis fut abandonnée et une nouvelle cité fut construite à l’extrémité sud du promontoire. Les ruines de Nicopolis se trouvent à l’endroit appelé Paléoprévesa. Ce sont des débris de murailles, des bains, des restes d’aqueducs, et surtout un vieux château appelé Paléokastron bâti sur l’emplacement de l’acropole et dans les murailles duquel sont encastrés de nombreux fragments de marbre et des inscriptions. Au nord de Paléoprévesa se voient encore un théâtre très bien conservé et un stade. Cf. Col. W. Leake, Travels in Northern Greece, in-8°, Londres, 1835, t. i, p. 185-190 ; James Wolfe, dans le Journal of the Roy. geogr. Society, t. iii, 1833, p. 77.

E. Beurlier.


NID (hébreu : qên ; Septante : νοσσία, νοσσίον; Vulgate : nidus, nidulus), abri que l’oiseau se ménage pour y déposer ses œufs et y élever ses petits. Il y a des oiseaux qui ne se construisent pas de nids ; tels sont beaucoup de palmipèdes, d’échassiers et de gallinacés. L’aigle se fait une aire, nid vaste et découvert dans le creux d’un rocher. L’autruche dépose ses œufs dans le sable. Beaucoup d’oiseaux se contentent de quelques plumes ou autres matériaux légers et flexibles déposés dans le creux d’un arbre, d’autres travaillent leur nid avec beaucoup plus de soin. Pour construire le leur, les hirondelles font une sorte de ciment qu’elles maçonnent avec leurs becs. Les nids des oiseaux sont placés, suivant les différentes espèces et la conformation des lieux, dans les branches des arbres, les creux des rochers, les saillies abritées des maisons, les trous des ruines, ou même des cavités pratiquées dans le sol.

Les Orientaux ont grand respect pour les nids des oiseaux. Ceux-ci peuvent en toute liberté nicher dans les édifices sacrés, et l’on croirait commettre un sacrilège en les délogeant. Hérodote, i, 159, raconte que l’oracle d’Apollon Didyméen, chez les Branchides d’Asie-Mineure, ayant ordonné de livrer Pactyas aux Perses, Aristodicus se mit à détruire tous les nids d’oiseaux qui s’étaient établis autour du temple. Une voix sortie du sanctuaire lui dit alors : « O le plus scélérat des hommes, as-tu bien l’audace d’arracher de mon temple mes suppliants ? » Aujourd’hui encore, les corbeaux nichent et perchent en foule autour des sanctuaires qui occupent l’emplacement de l’ancien Temple. Voir t. ii, col. 959. Bien que partageant ces sentiments de bienveillante tolérance vis-à-vis des oiseaux, les anciens Israélites ne leur permirent certainement pas de nicher autour du Temple. Josèphe, Bell, jud., V, v, 6, dit que le toit du monument sacré était hérissé de broches d’or très aiguës, χρυσέοι ὀβελοί, pour empêcher les oiseaux de s’y poser et de le souiller. La Mischna, Middoth, iv, 6, appelle cet appareil kelé’orêb, « appareil aux corbeaux. » A plus forte raison devait-on avoir grand soin d’empêcher les nids de se construire.

Sur les nids des pigeons, voir t. ii, col. 847, 850.

I. Les nids d’oiseaux.

1° Les oiseaux ont leur nid. Matth., viii, 20 ; Luc, ix, 58. Cf. Ps. ciii (civ), 17 ; Jer., xlviii, 28 ; Ezech., xvii, 23. L’hirondelle dépose ses petits dans le sien. Ps. lxxxiv (lxxxiii), 4. Tobie, ii, 11, devint aveugle par le fait d’une fiente tombée d’un nid d’hirondelle. L’aigle place son nid dans les hauteurs. Job, xxxix, 27.

2° Pour inspirer aux Hébreux la douceur, même envers les animaux, comme aussi pour affirmer le souverain domaine de Dieu sur tout ce qui a vie, la Loi défendait à celui qui trouvait un nid sur un arbre ou à terre de prendre la mère en même temps que les petits. Il devait se contenter de ces derniers. Deut., xxii, 6-7. Dans le prophète Isaïe, x, 14, le roi d’Assyrie se vante d’avoir mis la main sur les richesses des peuples comme sur un nid, et de les avoir ramassées comme des œufs abandonnés.

3° Le même mot qên sert aussi pour désigner le contenu du nid, la nichée. L’aigle sur son nid, c’est-à-dire sur sa nichée, éveille sa couvée, voltige au-dessus de ses petits, déploie ses ailes et les prend pour leur apprendre à voler. Deut., xxxii, 11. Isaïe, xvi, 2, compare les filles de Moab à une nichée effarouchée. Voir t. i, fig. 473, col. 1553-1554, des nids d’oiseaux aquatiques, dans lesquels plusieurs nichées sont menacées par des quadrupèdes carnassiers. Notre-Seigneur dit qu’il a voulu ras-