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NERIAS — NÉRON


de Barueh, puisqu’il est appelé comme lui fils de Nérias « t petit-fils de Maasias. Les deux frères eurent des rapports particuliers avec Jérémie. — La Vulgate écrit deux fois « Néri » le nom de Nérias. ~ Quelques commentateurs identifient le père de Barueh avec le Néri dont le nom se lit dans la généalogie de Notre-Seigneur en saint Luc, ut, 27, mais ce n’est qu’une hypothèse basée sur la similitude des noms.

    1. NÉRON##

NÉRON, Nero Claudius Csesar Drusus Germanicus, cinquième empereur romain (54-68 de notre ère) (fig. 434). Il n’est pas nommé par son nom dans l’Ecriture,

434. — Monnaie de Néron.

EEBASTOL NEPÛN. Tête de Néron. — n). EI1ITI iAMA

(nom de magistrat). Apollon assis, son arc à la main.

mais il y est désigné par son titre de César ou empereur. Néron est en effet le « César » auquel saint Paul fit appel lorsqu’il était jugé à Césarée, Act., xxv, 11 ; les « saints > « de la maison de César » dont le même apôtre envoie les salutations aux Philippiens, iv, 22, sont aussi des chrétiens qui faisaient partie delà maison de Néron. Voir César, t. ri, col. 449. Son histoire est mêlée à celle des commencements du christianisme dans l’empire et spécialement à Rome.

Son premier nom fut Lucius Dornitius Ahenobarbus. Il naquit en l’an 37 de notre ère à Antium ; par son père Dornitius Ahenobarbus, qui était petit-fils d’Octavie, sœur d’Auguste, et aussi par sa mère Agrippine, fille de Germanicus et arrière-petite-fille d’Auguste, il appartenait à la famille des Césars. Son ambitieuse mère voulut en faire un empereur et, pas à pas, elle le prépara à ceindre la couronne impériale. Elle épousa d’abord en troisièmes noces son oncle l’empereur Claude, en 49 ; puis, elle fiança son fils avec Octavie, fille de Claude et de Messaline, et en l’an 50, elle le fit adopter par l’empereur comme son fils et son successeur, au détriment de Britannicus, le propre fils de Claude. Quatre ans plus tard, à la mort subite de celui-ci (54), qui fut attribuée au poison d’Agrippine, Tacite, Ann., xii, 66 ; Pline, H. N., xxii, 22 ; Suétone, Claud., 44, Néron fut proclamé empereur et accepté par l’armée, le sénat et le peuple. Tacite, Ann., xii, 68-69. Il avait dix-sept ans. Son éducation avait été très soignée par Sénèque et par Burrhus, mais l’excès de la puissance et les funestes exemples de sa mère qui ne reculait devant aucun crime, devaient faire de lui un monstre du genre humain. Il se débarrassa par le poison de Britannicus. Tacite, Ann., xiii, 15 ; Suétone, Nero, 22 ; Dion Cassius, lxi, 7, 4 ; Josèphe, Bell, jud., II, xiii, 1. Néanmoins les cinq premières années de son gouvernement étaient loin de présager ce qu’il deviendrait un jour. Il se rendit tout d’abord agréable au peuple par ses largesses, Suétone, Néro, 10-11 ; il reconnut l’autorité du sénat, Tacite, Ann., xiii, 45 ; il s’efforça de modérer les impôts, Tacite, Ann., xiii, 50-51 ; il recueillit le bénéfice des succès militaires de Corbulon dans sa guerre contre les Parthes, en 55, Tacite, Ann., xiir, 6-9, 34-41 ; xiv, 23-26, et des succès de Stenonius Paulus, en 61, dans la soumission complète de la Grande-Bretagne. Tacite, Ann., xiv, 29. On ferma aussi les yeux sur les vices auxquels il donna

dès lors carrière, sur sa vanité puérile, sur son immoralité et sur son inconduite. Tacite, Ann., xiii, 12, 25, 46. Cependant ses crimes se multiplièrent peu à peu ; il n’eut plus bientôt aucune retenue ; il ne respecta ni les lois de l’État, ni les lois de la nature. Dès l’an 58, il se lia avec Poppée, la femme du futur empereur Othon. Elle voulait devenir impératrice, et pour y parvenir, elle lui fit répudier sa femme Octavie et le poussa jusqu’au parricide, parce qu’elle redoutait l’influence d’Agrippine sur son fils. Il devait tout à sa mère et il la fit périr. Tacite, Ann., xiv, 3-8 ; Suétone, Nero, 34.

Pendant que ces événements se passaient à Rome, saint Paul était prisonnier à Césarée et faisait appel à César, c’est-à-dire à Néron. Il arriva dans la capitale de l’empire peu après le meurtre d’Agrippine. Poppée était alors toute-puissante et bien disposée en faveur des Juifs. Josèphe, Ant. jud. y XX, viii, 11 ; Vit., 3. On ne saurait dire si elle s’occupa elle-même de saint Paul, mais il dut bénéficier de la protection qu’elle accordait d’une façon générale à ses compatriotes. On ne voyait alors en lui qu’un Juif. Il fut traité avec douceur et ménagement et finalement acquitté au bout de deux ans. Act., xxviii, 30. La sentence fut-elle prononcée par l’empereur en personne ? Il est impossible de l’affirmer avec certitude, mais plusieurs historiens le croient volontiers. Néron tenait à rendre exactement la justice, surtout quand, des provinces, on avait fait appel à son tribunal. Suétone, Nero, xv.

Néanmoins ses instincts vicieux se donnaient de plus en plus libre carrière et provoquaient un mécontentement général qui se manifesta peu à peu ouvertement. Sur ces entrefaites il se produisit, en juillet 64, un événement désastreux qui devait avoir de graves conséquences pour le christianisme naissant : l’incendie de la ville de Rome. Le feu fit rage pendant six jours et six nuits ; on le croyait éteint lorsqu’il éclata de nouveau et continua encore ses ravages pendant deux jours. Des quatorze quartiers de la cité, trois furent totalement détruits, sept autres ne furent guère plus qu’un amas de maisons à demi ruinées. Nombre de temples et de monuments publics, des bibliothèques et des chefs-d’œuvre d’art furent la proie des flammes, et le fléau fit beaucoup de victimes parmi les habitants. L’empereur était alors à Antium, et il ne revint à Rome que lorsque le fléau menaça son palais. Mais on avait une telle idée de sa scélératesse que la rumeur publique l’accusa d’être l’auteur volontaire de l’incendie et d’être monté sur la tour de Mécène pour jouir de l’affreux spectacle et réciter des vers sur la chute de Troie. Tacite, Ann., xv, 38-42 ; Suétone, Nero, 38. Il avait voulu, semblait-il, détruire de fond en comble l’ancienne Rome pour bâtir une ville nouvelle à laquelle il donnerait son nom. Tacite, Ann-, 40.

Néron est-il coupable de l’incendie de Rome ? Forte, an. dolo principis incertum, a écrit Tacite. Ann., 38. M. Attilio Profumo, qui a étudié à fond le problème et étudié minutieusement tous les documents dans Le Fonti editenipi dello incendio Neroniano, in-4°, Rome, 1905, arrive à la conclusion que les témoignages contemporains établissent la culpabilité de l’empereur, p. 348JÎ, 715.

I/incendie de Rome eut de graves conséquences pour les chrétiens. Comme le mécontentement contre celui que la rumeur publique accusait d’en être l’auteur allait toujours croissant, Néron, espérant ainsi donner le change àf’opinion, chargea les chrétiens de ce crime et en fit périr « une grande multitude » dans d’affreux supplices, d’après Tacite, Ann., xv, 44. Cf. S. Clément romain, I Cor., vi, édit. Gebhart, Pal. apost., t. i, 1876, p. 16. Divers critiques croient cependant que les chrétiens ne furent pas condamnés comme incendiaires, mais comme violateurs des lois romaines. Quel que fût le prétexte, Dieu permit que l’un des hommes les plus