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NEPHTHALI — NEPHTHAR


car il n’y aura plus d’obscurité pour le pays qui était dans la détresse. Dans le passé, il (Dieu) a humilié la terre de Zabulon et la terre de Nephthali ; dans l’avenir il couvrira de gloire la Route de la mer, l’autre rive du Jourdain, le district des nations.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres

A vu une grande lumière

Sur les habitants de ta terre des ombres

Une lumière a brillé. »

Saint Matthieu, iv, 13-16, a eu soin de montrer l’accomplissement de cette prophétie au début du ministère de Jésus à Capharnaûm et sur les bords du lac de Tibériade. — Après Barac, Tobie est le seul homme marquant de la tribu cité dans la Bible. Tob., i, 1, 4 ; vii, 3.

IV. Caractère. — L’histoire que nous venons de résumer ne révèle rien de particulier sur le caractère de Nephthali. Le seul héros de la tribu fut Barac. Cependant l’expédition dont il fut le chef montre chez les Nephthalites de la décision, de l’habileté, du courage. Le cantique de Débora, Jud., v, 18, fait ressortir leur dévouement et leur bravoure en face de l’insouciance de Dan et d’Aser. Lorsque David est à Hébron, sur le point d’être élu roi, ils lui envoient « mille princes avec trente-sept mille hommes armés de lances et de boucliers ». I Par., xii, 34. À ce point de vue guerrier, la biche, dont parle le texte massorétique, Gen., xlix, 21, serait assez justement le symbole de la tribu, car la biche ou la gazelle est l’emblème du combattant rusé et agile. Cf. II Reg., ii, 18 ; I Par., xii, 8. Elle peut également représenter la libre expansion que Nephthali trouvait au sein de ses montagnes et de ses fertiles vallées, la vigilance qu’il exerçait aux avant-postes de la terre d’Israël.

A. Legendre.

3. NEPHTHALI (MONTAGNE DE) (hébreu : har Naftâlî : Septante : h ™ opei tm NsçOaXeî), montagne mentionnée, Jos., xx, 7, à propos de Cédés ou Cadés, ville de refuge. Elle représente la partie septentrionale du massif montagneux de la Palestine, comme, dans le même verset, « la montagne d’Éphraïm » en désigne la partie centrale, et « la montagne de Juda », la partie méridionale. Voir Nephthali 2 ; Cédés i, t. ii, col. 360 ;

Galilée, t. iii, col. 87.

A. Legendre.
    1. NEPHTHAR##

NEPHTHAR (grec : Ne<p8ccp), nom donné à la substance liquide qui ralluma le feu sacré du temps de Néhémie. II Mach., i, 36.

1° Récit des Juifs de Jérusalem. — Dans la seconde lettre reproduite au commencement du second livre des Machabées et adressée par les Juifs de Jérusalem à Aristobule et aux Juifs d’Egypte, il est raconté que lorsque -les Juifs furent emmenés captifs en Perse (c’est-à-dire en Chaldée, qui, du temps de Néhémie, faisait partie du royaume de Perse), les prêtres prirent le feu sacré sur l’autel et le cachèrent dans une vallée, au fond d’un puits (Év xoiXtijiaTi cppéaio ; ) profond et à sec. Quand Néhémie se fut rendu en Judée, il fit chercher le feu par les descendants de ceux qui l’avaient caché. Ils revinrent en disant qu’ils n’avaient point trouvé de feu, mais seulement « une eau épaisse », ûSwp K<xyù. Néhémie donna aux prêtres (la Vulgate porte : Nehemias sacerdos ; il faut corriger sacerdotibus comme on le lit dans le grec), l’ordre d’apporter de cette eau et d’en asperger le bois et les sacrifices. « Cet ordre ayant été exécuté au moment où le soleil qui avait été jusque-là voilé par les nuages, resplendit, un grand feu s’alluma, en sorte que tous furent dans l’admiration… Quand le sacrifice fut consommé, Néhémie fit verser le reste de l’eau sur de grandes pierres, et lorsque cela eut été fait, une flamme s’alluma et elle fut consumée par le feu qui rejaillit de l’autel. Quand le bruit de cet événement se fut répandu, on rapporta au roi de Perse que, dans le lieu où les prêtres qui avaient été emmenés captifs avaient

caché le feu (sacré), était apparue une eau dont Néhémie et ceux qui étaient avec lui avaient sanctifié les sacrifices. Le roi rendit ce lieu sacré, en le faisant enclore (et non pas en y faisant un temple, comme porte la Vulgate), après avoir vérifié le fait… Or les compagnons de Néhémie appelèrent cette feau] (et non pas ce lieu, comme a traduit la Vulgate), Nephthar, qui signifie purification. La plupart l’appellent Nephthæi (Vulgate : Néphi. » ) II Mach., i, 18-36.

2° Noms. — Le nom de Nephthar se lit dans les divers manuscrits grecs et latins. Le second nom est écrit dans les manuscrits grecs. NsçSasf, NEç6âi, NsipBâ, VAlexandrinus, par une répétition singulière, écrit Nepeâp, la seconde fois comme la première. La Vulgate porte au second passage Nephi ; c’est probablement une altération de Nsçèat ou NsçOà. Dans la version syriaque le premier nom est : fA ft I a 1 « ^ i guneffar,

et le second - f a’neftï. — Les critiques sont en désaccord sur le point de savoir lequel des deux noms est une corruption de l’autre, supposé même que les deux noms ne soient pas altérés l’un et l’autre. On ne s’accorde pas davantage pour expliquer comment Nephthar peut signifier xa8api<j|jiôç, « purification. » D’après Th. Benfey et M. A. Stern, Ueber die Monatsnamen einiger alten Vôlker, 1836, p. 204-216, NsçOàp correspond au zend naptar ; naptar apanm, p. 213, est l’eau primitive appelée aussi Arduiçura, laquelle possède un très grand pouvoir de purification. Avesta, traduction C. de Harlez, Yaçna, lxiv, 1-10, t. iii, p. 173. D’après P. de Lagarde, Gesammelte Abhandlungen, p. 177, cf. p. 224, le syriaque guneflar répond au bactrien v iddv[a] tra, « purification. » Que Néhémie et ses compagnons, qui venaient de Perse, eussent donné à « l’eau épaisse » un nom zend, il n’y aurait là rien de surprenant. Néanmoins d’autres commentateurs préfèrent une origine sémitique, qui est, pour ceux-ci, une dérivation de la racine irra, tâhêr, « être pur ; » en lisant nitehâr, un lieu du N£tp6àp ; pour ceux-là une dérivation de tds, pâtar, « ouvrir, rendre libre, » en lisant niftdr, « délivrance (du feu), » etc. Ces étymologies sont plus ingénieuses que solides. Voir aussi Bruston dans la Zeitschrift fur die alttestamentiche Wissenschaft, 1890, p. 116.

Quant au second nom, celui qui était donné par « la plupart » à « l’eau épaisse », il est difficile de ne pas y voir le naphte. « Ce mot, dit l’abbé Gillet, Les Machabées, Paris, 1880, p. 211, ne serait-il pas dérivé de vâtpôct, l’huile de naphte ?… dont le nom vient assurément du persan… D’après cette interprétation, ajoute-t-il, quelques commentateurs ont cherché à expliquer l’origine de la légende du feu sacré : l’huile minérale, ont-ils dit, dont était saturée la boue retirée de la caverne, a pu s’enflammer aux rayons du soleil. » — Qu’on regarde le fait comme naturellement explicable ou qu’on le tienne comme un prodige, il faut remarquer que plusieurs exégètes catholiques soutiennent, depuis Emmanuel Sa, qu’on n’est pas obligé d’admettre la véracité des récits rapportés dans les deux lettres que nous lisons en tête du II » livre des Machabées, parce qu’elles ne sont pas l’œuvre de l’auteur sacré, mais seulement citées et reproduites par 1 ui. Voir Frz. Kaulen, Einleitung m âiéheilige Schrift, t. i, 2, 1882, p. 244 ; cf. R. Cornely, Hislorico, et critica lntroductio in Libros Sacros, t. ii, part. i, p. 469, 471 ; H. Herkenne, Die Briefen zv, Beginn des zweiten Makkabàerbuches, Fribourg, 1904.

3° Lieu où fut trouvé le nephthar. — La lettre des Juifs ne dit point où fut trouvée « l’eau épaisse ». La tradition locale place aujourd’hui le lieu de la découverte au puits qu’on appelle maintenant Bir-Éyûb, au sud de Jérusalem, au confluent de la vallée de Cédron et de la vallée d’Hinnom. Liévin de Hamme, Guide indicateur de Terre-Sainte, 4e édit., 1897, t. i, p. 416.