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NEPHTHALI


dans ces cités les forteresses que le Tyriens ou les Phéniciens possédaient à travers le pays pour protéger leurs marchands. Quelles que soient les difficultés qui se rencontrent ici et dont nous nous rendons parfaitement compte, nous préférons les explications qui viennent d’être données à l’exégèse très originale du savant auteur en ce qui concerne la tribu de Nephthali.

m. description. — La tribu de Nephthali occupait ainsi, au sud, une étroite bande de terre longeant la rive occidentale du lac de Tibériade. Ce sont les pentes du massif galiléen, qui descendent assez brusquement vers la dépression où s’étend le Bahr Tabariyéh. Le terrain est coupé par de courts ouadis qui viennent tomber dans le grand réservoir formé par le Jourdain. Au nord, la possession s’élargissait et venait s’appuyer à l’ouest, sur les sommets les plus élevés de la Galilée, Djebel Zabûd (1114 mètres), Djebel Djarmuk (1198 mètres), Djebel Adâthir (1025 mètres),-fias Vmm Qabr (715 mètres), qui jalonnaient la frontière. Le reste de cette partie septentrionale est un labyrinthe de hauteurs qui vont encore de 400 à 800 mètres, séparées par de fertiles vallées, sillonnées par de nombreux torrents. On peut y distinguer trois versants : à l’est, les ouadis se dirigent vers le Jourdain et le lac Houlêh ; au nord, à partir du Djebel Hadiréh, plusieurs se ramifient pour aboutir au Nahr el-Qasimiyéh ; enfin, à l’ouest, un très grand nombre ont leur point de départ sur la ligne de faîte que nous avons mentionnée et descendent vers la Méditerranée. Les nombreux sommets du massif ont servi autrefois et servent encore d’assiette à des villes et des villages, donnant au pays l’aspect d’une série de forts. Mais ce qui caractérise surtout la contrée, et jadis encore plus qu’aujourd’hui, c’est sa fertilité ; aussi formait-elle une des douze préfectures chargées de subvenir à l’entretien de la maison royale de Salomon, III Reg., iv, 15. Les pluies plus abondantes en Galilée que dans le reste de la Palestine, des sources nombreuses, le voisinage du Jourdain, la température, chaude sur lés bords du fleuve et fraîche dans la montagne, faisaient de ce petit coin de terre un séjour délicieux. « Le pays de Nephthali, dit le Talmud de Babylone, Megillah, 6 a, est partout couvert de champs féconds et de vignes ; les fruits de cette contrée sont reconnus pour être extrêmement doux. » Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 180. Les environs du Jac de Tibériade passaient pour une sorte de paradis sur terre. Est-ce à cette prospérité que fait allusion la prophétie de Jacob, Gen., xlix, 21 ? On peut le croire. Le texte hébreu porte :

Naftâll’ayyâlâh (rfw), Seluhah

harwndtèn’imrê (nnn), Sâfér.

Avec cette ponctuation il faudrait traduire :

Nephtbali est une biche en liberté Proférant de belles paroles.

C’est ainsi que la Vulgate a entendu ce passage, qui, avec ses deux images incohérentes, se rapporte on ne sait comment à la tribu. Les Septante ont lu différemment :

NesfiaXt rtît%o$ àvstjJ.évov,

Nephthali est un tronc qui pousse ses branches Produisant de beaux rejetons (ou rameaux).

C’est d’après cette version que les eségètes modernes restituent ainsi le texte :

Naftâll’êlâh (nbtN) Seluhâh

T "

han-nôtên’âmirê (na> ! ) Sdfér.

Nephthali est un térébinthe qui projette ses rameaux n fournit des branches splendides.

Cf. Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum, Genesis, Leipzig, 1821, p. 714 ; Fr. de Hummelauer, Commentarius in Genesim, Paris, 1895, p. 600 ; J. M. Lagrange, La prophétie de Jacob, dans la Revue biblique, Paris, 1898, p. 527, 534, etc. Le térébinthe représente, au sein de cette riche nature, l’épanouissement de la vie et de la force. Moïse promettait à Nephthali la même prospérité. Deut., xxxiii, 23 :

Nephthali, rassasié de faveurs,

Plein des bénédictions de Dieu,

Possède la mer et le midi.

Que faut-il entendre ici, par la « mer » ) ? Beaucoup pensent qu’il s’agit du lac de Tibériade ; d’autres traduisent yâm par « occident ». Qu’indique ddrôm, « le midi ? » Il n’est fpas facile de le savoir. Voir les commentaires. Le territoire que nous venons de décrire à grands traits renferme encore de nombreuses ruines des civilisations anciennes. Voir Galilée, t. iii, col. 87- ; Mérom (Eaux de), t. iv, col. 1004 ; Tibériade (Lac de).

11. Histoire. — Dans le dénombrement qui fut fait au désert du Sinaï, la tribu de Nephthali comptait 53400 hommes en état de porter les armes. Num., i, 42. Elle occupait ainsi le sixième rang au point de vue de la force, et avait pour chef Ahira, fils d’Énan. Num., ii, 29. Dans les marches à travers le désert, elle était au nord du tabernacle avec Aser et Dan. Num., ii, 25, 31. C’est par les mains de son prince, Ahira, qu’elle fit ses offrandes au sanctuaire. Num., vii, 78-83. Celui qui la représentait parmi les explorateurs envoyés au pays de Chanaan était Nahabi, fils de Vapsi. Num., xiii, 15. Au second recensement, elle ne comptait plus que 45400 guerriers, en ayant ainsi perdu 8000, ce qui la faisait tomber au huitième rang. Num., xxvi, 48-50. L’un de ses membres, Phedaël, fils d’Ammiud, fut parmi les commissaires chargés d’effectuer le partage de la Terre Promise. Num., xxxiv, 28. Après l’entrée en Palestine, elle se tint au pied du mont Hébal pour la cérémonie des bénédictions et des malédictions, Deut., xxvii, 13, et elle obtint le sixième lot dans la division du pays. Jos., xix, 32. Une de ses villes les plus importantes, Cédés, fut désignée comme cité de refuge. Jos., xx, 7. Elle était en même temps ville lévitique, avec Hammoth-Dor ou Émath (aujourd’hui El-Hanimdm, sur le lac de Tibériade) et Carthan (inconnue). Jos., xxi, 32 ; I Par., vi, 62, 76. — Comme plusieurs autres tribus, Nephthali ne chassa pas les Chananéens qui habitaient le pays ; on cite en particulier ceux de Bethsamès et de Bethanath, qui devinrent simplement tributaires ou soumis à la corvée. Jud., i, 33. L’élément étranger fut d’ailleurs toujours considérable dans cette région, appelée Gelil ha goyîm, « le district des étrangers » en Galilée des nations. Is., viii, 23. Ces Chananéens devinrent même un danger pour les tribus du nord, au temps des Juges. Nephthali et Zabulon réunis fournirent à Barac dix mille hommes pour les combattre. Jud., iv, 6, 10 ; v, 18. Nephthali aida également Gédéon contre les Madianites. Jud., vi, 35 ; vii, 23. Par sa situation géographique, il se trouvait exposé aux invasions venant du nord. Aussi, à l’époque de Baasa, roi d’Israël, et d’Asa, roi de Juda, les troupes de Benadad, roi de Syrie, envahirent-eilesle territoire, s’emparant des villes d’Ahion, dans la petite plaine nommée Merdj Ayûn, de Dan (Tell el-Qadi), d’Abel-Beth-Maacha (Abil), et de toute la contrée de Cennéroth. III Reg., xv, 20 ; II Par., xvi, 4. Plus tard, sous le règne de Phacée, roi d’Israël, Téglath-Phalasar, roi d’Assyrie, prit les mêmes cités, avec Janoé, Cédés, Asor et tout le pays de Nephthali, et en transporta les habitants dans son propre royaume. IV Reg., xv, 29. Mais ces jours d’humiliation devaient se changer plus tard en jours de gloire, puisque la terre de Nephthali fut le principal théâtre de la prédication du Sauveur. « Mais la nuit sera chassée, s’écrie Isaïe, viii, 22-ix, 1,