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NÉOMÉNIE — NEPHTHALI


vue qu’on a du sommet est des plus étendues, et l’on comprend que ce point ait été choisi, comme le rapporte le Talmud, pour transmettre les signaux des néoménies. Cf. Revue biblique, 1895, p. 615. Trois autres hauteurs servaient à constater l’apparition de la nouvelle lune, les monts Gerophna, Chavran et Baltin. Mais on n’en connaît pas l’emplacement ; on ignore même s’ils se trouvaient tous en Palestine. Cf. Reland, Palxstina illustrata, Utrecht, 1714, 1. 1, p.346. Lorsque les Samaritains, pour tromper les Juifs, se furent mis à faire de faux signaux, il fallut prendre un autre moyen pour notifier les néoménies. On expédiait des courriers dans les provinces. Cf. Rosch Hasschana, II, 2, 4 ; Gem. Betza, 4, 2. Mais comme ceux-ci avaient peine à arriver à temps dans les endroits éloignés, on se résignait, dans beaucoup de localités, à célébrer deux jours de néoménie, afin de se trouver d’accord avec Jérusalem. Le second jour n'était pourtant pas considéré comme aussi saint que le premier. On a cru trouver dansl Reg., xx, 24-27, l’indice d’une célébration de la néoménie pendant deux jours. De la double célébration de la néoménie de nisan serait dérivé, conjeclure-t-on, l’usage de consacrer deux jours à la célébration de la Pâque, afin que cette fête coïncidât toujours avec le quinzième jour de la lune. Cf. A. Zanolini, De fest. et sect. Judœor., 1, 2, dans le Theol. curs. compl. de Migne, Paris, 1842, t. xrvi, col. 24. Les divergences ou les incertitudes qui se présentaient fatalement avec ce système n’avaient pas grande importance. C'était seulement à Jérusalem qu’on offrait les sacrifices ; puis, s’il y avait erreur d’un jour pour la néoménie, on avait tout le temps d'être renseigné avant le jour où une solennité devait être célébrée, s’il en tombait quelqu’une dans le mois. Cf. Iken, Antiquitates hebraicee, p. 131, 132 ; Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 256 ; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 183 ; Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeit J. C., t. i, 1901, p. 750. Plus tard, bien postérieusement à l'ère chrétienne, les rabbins se servirent du calcul astronomique pour fixer les néoménies ; mais les Caraïtes s’en tinrent toujours à la méthode empirique.

H. Lesêtre.
    1. NÉOPHYTE##

NÉOPHYTE (Grec : veôçutoç ; Vulgate : neophytus), celui qui est nouvellement planté dans la foi. — Le mot est emprunté aux Septante, qui l’emploient pour traduire néta', « jeune plant, » vedçmov, cum primum plantatum est. Job, xiv, 9 ; Ps. cxliii, 12 ; Is., v, 7, etc. La foi et la vie chrétienne sont comparées à une plantation. Matth., xv, 13 ; I Cor., iii, 6. Le chrétien est enraciné dans le Seigneur Jésus, Col., ii, 7 ; il participe à sa racine et à sa sève divines. Rom., xi, 17. Il est donc naturel d’appeler néophyte ou jeune plant celui qui n’est entré dans la vie chrétienne que depnis peu de temps. — Saint Paul ne veut pas qu’on élève un néophyte aux dignités ecclésiastiques, de peur que, peu affermi encore dans la vertu, il ne cède à l’orgueil.et n’encoure condamnation. I Tim., iii, 6. C’est le seul passage de l'Écriture où se lise le mot « néophyte ».

H. Lesêtre.
    1. NÉPHATH-DOR##

NÉPHATH-DOR, la ville de Dor, aujourd’hui Tantourah. Voir Dor, t. ii, col. 1487.

    1. NÉPHEG##

NÉPHEG (hébreu : Néfég), nom de deux Israélites.

1. NÉPHEG (Septante : Naçlx), second fils d’Isaar, frère de Coré, de la tribu de Lévi. Exod., vi, 21.

2. NÉPHEG (Septante : Not<p61, II Reg., v, 15 ; Par., m, 7 ; Naiiô, I Par., xiv, 6), fils de David, né à Jérusalem. On ne connaît de lui que le nom. II Reg., v, 15 ; I Par., iii, 7 ; xiv, 6.

    1. NÉPHI##

NÉPHI (grec : NsyOaEi), nom dans la Vulgate, I Mach., l, 36, du lieu ou plutôt du liquide qui est appelé aussi

Nephthar. Néphi, comme le grec Neç6a£t' ( est probablement une corruption de Naphtha. Voir Nephthar.

    1. NEPHTHALI##

NEPHTHALI, nom d’un patriarche, de la tribu qui en descend, et d’une montagne de Palestine. Ce nom est uniformément en hébreu Naftâlî (pour l'étymologie, voir Nephthali I) et généralement en grec NsçôaXes ou Ne<p6a>.£. On trouve cependant Necpflate’n ou NeçOaXîfi dans quelques endroits de l’Ancien Testament, Gen., xxxv, 25 ; III Reg., iv, 15 ; vii, 14 ; Is., îx, 1 ; Ezech., xlviii, 3, 4, 34, et dans l'Évangile de S. Matthieu, iy, 13, 15. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, donne la même orthographe, qui vient du pluriel hébreu : Naffalîm. La Vulgate porte également Nephthalim, Matth., iv, 13, 15 ; partout ailleurs elle a Nephthali. Dans les manuscrits et certaines éditions de la version latine on lit aussi Neptali, Nephtali : mais les éditions clémentines, après Robert Estienne ont constamment écrit Nephthali. Cf. C. Vercellone, Varias lectiones Vulgatx latin », Rome,

1860, t. i, p. 106.

A. Legendre.

1. NEPHTHALI, sixième fils de Jacob, le second qu’il eut de Bala, servante deRachel, Gen., xxx, 8. Son nom, comme celui de ses frères, repose sur la paronomase qui fut faite au moment de sa naissance. Rachel, qui avait tant porté envie à la fécondité de sa sœur, et heureuse de se dire, même par substitution, mère pour la seconde fois, s'écria (d’après l’hébreu) : Naftûlê 'i^lôkîm niftalti 'im-âhô(î gam-yâkôlfî. Et elle appela le nouveau-né Naftâlî. La difficulté de connaître l'étymologie exacte de ce nom vient de l’obscurité des mots naftûlê, niftalfi, ou plutôt de la racine fatal. Il est facile de constater ici l’embarras des versions. La Vulgate traduit : « Dieu m’a comparée avec ma sœur, et j’ai prévalu. » Elle omet donc le troisième mot, puis, faisant du premier un verbe, elle le met à la troisième personne avec le suffixe de la première, enfin elle donne à fatal le sens de « comparer « .Telle n’est pas la signification du verbe, qui, en chaldéen, en syriaque, en éthiopien et en arabe, veut dire : « tordre, tresser, entrelacer ; » à la forme niphal : « se tordre, s’entrelacer, » d’où l’idée de « combattre » qu’on lui attribue généralement ici. Comme dérivé de la racine, l’on a fdtîl ou pâtîl, «-fil, corde. » La Vulgate a-t-elle tiré de là le sens d' « unir, comparer » ? Peut-être ; mais pâtîl se rattache plutôt au sens de « tordre ». On lit dans les Septante : EuvavTsXâôsTO |*ou à @e<5c, xaï awavect-piçYiv Tîj àSs’Aç-?) nou, xai r)8uvâae-(]v, « Dieu m’a aidée, et jj’ai lutté avec ma sœur, et j’ai prévalu. » Ils ont donc vu dans le premier mot un verbe à la troisième personne avec suffixe, et lui ont sans doute donné le sens de : « Dieu a lutté pour moi. » Le Targum d’Onkelos offre la paraphrase suivante : « Dieu a exaucé ma supplication, lorsque j’ai supplié dans ma prière ; j’ai désiré d’avoir un fils, comme ma sœur, et il m’a été donné. » La version syriaque s’en rapproche ; omettant les deux premiers mots, au moins dans certaines éditions, elle traduit : « J’ai supplié avec ma sœur, et j’ai obtenu également. » Cette supplication est-elle simplement synonyme de « combat par la prière » ? Faudrait-il voir ici une confusion de mots, par exemple entre bris ; , nif [al, et V=12nn, hitfallêl, « prier, supplier ? » Nous restons dans les conjectures. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, trouve aussi dans Nephthali l’idée de combat, mais par la ruse, allusion au moyen que prit Rachel pour avoir des enfants. Les auteurs modernes traduisent généralement la phrase hébraïque citée plus haut : « Des combats de Dieu j’ai combattu avec ma sœur, et j’ai prévalu ». Il s’agirait de combats pour obtenir la grâce et les bénédictions divines. Cf. Frz. Delitzsch, Die Genesis, Leipzig, 1887, p. 385 ; A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 1892, p. 343. Naftâlî aurait donc le sens de