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NEHEMIE


v, 14 ; xiii, 6. Le roi accorda l’autorisation, ii, 1-6. En fait, Néhémie avait le titre d’alhersalha, viii, 9 ; x, 1 avec des pouvoirs étendus. Voir t. i, col. 1221.

Il demanda encore des lettres à présenter aux gouverneurs des provinces situées au delà de l’Euphrate pour qu’ils le fassent passer jusqu’en Judée, et l’autorisation de prendre dans les forêts royales le bois nécessaire aux travaux à faire au Temple et aux murailles aussi bien qu’à sa propre maison à Jérusalem. Parce quo Dieu le protégeait, le roi lui accorda les faveurs demandées, ii, 7, 8. Il lui donna aussi des officiers et des cavaliers pour l’escorter. Le voyage se fit heureusement grâce aux lettres présentées aux gouverneurs des provinces d’au delà de l’Euphrate, ii, 9. Toutefois, Sanaballat et Tobie, de races ennemies des Juifs, ayant appris que Néhémie venait travailler à la prospérité des Israélites, en furent contristés, H, 10. Ils devaient bientôt mettre obstacle à ses projets.

3° Reconstruction des murs de Jérusalem. — Prévoyant cette opposition, Néhémie ne fît connaître à personne l’objet de sa mission, avant de s’être rendu compte par lui-même de la situation. Trois jours après son arrivée à Jérusalem, il alla de nuit, avec une faible escorte, inspecter l’état des murs. Le cheval qu’il montait était le seul qu’il y eût à Jérusalem. Il sortit par la porte de la Vallée, s’arrêta devant la fontaine du Dragon pour considérer les murs ébréchés et les portes incendiées. Parvenu à la porte de la fontaine de Siloé et à l’aqueduc royal, il ne put trouver au milieu des ruines un passage libre pour son cheval. Remontant la vallée du Cédron, il continua d’examiner l’état des murailles et rentra par la porte de la Vallée, après avoir ainsi fait le tour de l’enceinte extérieure, ii, 1115. Les chefs qui commandaient au nom du roi ignoraient cette course nocturne et les projets de Néhémie, que celui-ci n’avait pas même révélés aux Juifs. Il les communiqua enfin à ces derniers, leur apprit la protection dont Dieu l’avait favorisé et l’autorisation royale. Il les décida de la sorte à commencer aussitôt la reconstruction des murs de la ville, ii, 16-18.

Dès la reprise des travaux, les adversaires des Juifs, Sanaballat, Tobie et Gossem, se moquèrent des travailleurs et présentèrent leur entreprise comme un acte de rébellion et de désobéissance aux ordres du roi de Perse. Néhémie leur répondit que Dieu assistait ses serviteurs, qui continueraient à relever les murs de leur ville. Il en avait le droit et il remplissait un devoir. Quant à eux, étrangers à Jérusalem, ils n’avaient aucun droit sur cette ville. Les travaux ne furent pas interrompus, et le chapitre m du livre de Néhémie trace un intéressant tableau du groupement des ouvriers et de la partie des murs qu’ils relevèrent. Les habitants de Jérusalem et des villages de la province, sauf les principaux de Thécué, ꝟ. 5, s’employèrent avec ardeur à l’œuvre de la restauration et de l’achèvement des murailles. Ce ne fut pas toutefois sans opposition. Les ennemis d’Israël et les tribus voisines se liguèrent pour entraver la reconstruction. Les moqueries de Sanaballat et de Tobie sur la hâte des travailleurs et sur la qualité des matériaux qu’ils employaient ne firent qu’augmenter la confiance pieuse de Néhémie et l’ardeur des Juifs, iv, 1-6. Déjà, la moitié de la besogne était faite, quand les ennemis en colère passèrent des injures aux actes. Les Arabes, les Ammonites et les habitants d’Azot se joignirent à Sanaballat et à Tobie et résolurent d’attaquer ensemble Jérusalem et de tendre des embûches aux reconstructeurs. Les tribus voisines voulaient par tout moyen s’opposer au relèvement de Jérusalem, parce que la restauration de la capitale juive devait fortifier les rapatriés et ruiner parmi eux l’influence étrangère. Néhémie n’eut pas seulement recours à la prière, il plaça

sur la muraille des gardes qui veillaient nuit et jour. Les travailleurs se décourageaient et craignaient de ne pas venir à bout de leur entreprise. Leurs adversaires avaient projeté de les surprendre et de les tailler en pièces ; mais les Juifs, qui habitaient au milieu d’eux, vinrent de dix endroits différents prévenir leurs frères. Néhémie rangea tout le peuple en armes autour des murs et l’encouragea à la confiance en Dieu et à la lutte. Mais les ennemis, ayant appris que leur dessein avait été dévoilé, changèrent d’avis, et les Juifs reprirent leur travail. Dès lors, par crainte d’une surprise, la moitié des jeunes serviteurs de Néhémie travaillait et l’autre moitié restait sous les armes avec les chefs. Tous les travailleurs eux-mêmes étaient armés, ils avaient l’épée au côté et ils sonnaient de la trompette auprès de Néhémie. Celui-ci avait, en effet, décidé qu’en raison de l’étendue du chantier et de l’éloignement des équipes, le lieu d’où partirait le son de la trompette serait le centre du ralliement. Le peuple ne devait pas quitter Jérusalem, chacun travaillait à son rang, jour et nuit. Néhémie lui-même, ses parents, ses hommes et ses gardes ne quittaient pas leurs vêtements, pas même de nuit, iv, 7-23.

4° Plaintes du peuple contre les riches. — Cependant, au milieu même de ces travaux, Néhémie eut à réprimer de graves abus, qui soulevèrent les plaintes du peuple. Des riches accaparaient les biens de leurs frères et ils ne leur fournissaient les moyens d’existence et les sommes nécessaires au paiement des impôts-, que s’ils recevaient en gages leurs champs, leurs vignes, leurs maisons et même leurs enfants, v, 1-5. Néhémie irrité réfléchit sur la conduite qu’il devait suivre. Il réprimanda les grands et les chefs, puis convoqua le peuple en assemblée. Dans sa harangue, il opposa sa manière d’agir à celle des coupables. Tandis qu’il avait racheté le plus possible de Juifs vendus aux païens, eux vendraient-ils leurs frères pour qu’il dût les racheter ? Les riches se lurent, ne sachant que répondre. Néhémie continua ses reproches. Lui-même, ses frères et ses serviteurs avaient prêté de l’argent et du blé à plusieurs. Que tous, d’un commun accord, s’engagent à ne rien réclamer à leurs débiteurs, et que les riches rendent les biens saisis et les intérêts touchés. Ils prirent généreusement l’engagement proposé. Les prêtres firent la même promesse ; et, frappant sa poitrine, Néhémie attira les coups de la vengeance divine sur quiconque ne tiendrait pas son engagement. Le peuple répondit : Amen, et loua Dieu. L’engagement pris avec cette solennité fut observé, v, 6-14. Néhémie rappela à ce propos que ses prédécesseurs et leurs agents subalternes avaient pressuré et exploité les Juifs. Mais lui, il montra plus de désintéressement ; non seulement il ne toucha pas, durant les douze années de son premier gouvernement, les revenus de sa charge, il travailla lui-même avec tous ses serviteurs à la réfection des murs, et il n’acheta aucun champ. Il nourrissait à sa table 150 personnes, sans compter les Juifs qui habitaient parmi les tribus voisines et venaient à Jérusalem. Tous les dix jours, il distribuait du vin et beaucoup d’autres denrées. Le peuple était pauvre et Néhémie espérait de Dieu la récompense de sa bonté à l’égard des siens, v, 15-19.

5° Embûches dressées par Sanaballat, Tobie et Gossem. — N’ayant pas réussi à entraver la réédification des murs de Jérusalem, alors que les portes n’étaient pas encore terminées, les adversaires de Néhémie lui tendirent de nouvelles embûches. Sanaballat et Gossem lui proposèrent de venir en quelque localité d’Ono pour conclure alliance avec eux ; en réalité, ils voulaient s’emparer de lui. Néhémie s’excusa sur la nécessité de surveiller les grands travaux qu’il avait entrepris, de peur qu’ils ne fussent négligés pendant son absence. Par quatre fois, la même proposition fut faite, et la même