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NEGEB


ha-Yerahme’êli, « négéb des Jéraméélites, » et du négéb haq-Qènl, « négéb des Cinéens. » Les Ginéens étaient voisins des Amalécites, mais une de leurs tribus* en particulier est signalée au sud d’Arad (Tell’Arâd). Jud., i, 16. Quant aux Jéraméélites, ils demeuraient plus au sud, si l’on admet avec vraisemblance que leur nom est rappelé par celui de Youadi Rakhméh, au nord-est de Sbaita ; on retrouve, en effet, dans le nom arabe les lettres fondamentales du mot hébreu : Dm, rhm. Les quatre premières divisions du Négéb que nous venons de mentionner en déterminent suffisamment la partie septentrionale. Mais nous trouvons un point d’appui plus solide encore dans l’énumération des villes de Juda. Jos., xv, 21-32. Les premiers groupes renferment précisément les cités du Négéb. La plupart sont malheureusement inconnues, mais celles qui sont identifiées d’une façon certaine ou probable peuvent servir à délimiter au nord le district dont nous parlons. Nous pouvons signaler : Siceleg, généralement cherchée aujourd’hui à Kh. Zuheiliqéh ; Remmon, Kh. Umm-er-Rummàmin ; Garioth ou Carioth-Hesron, Kh. el-Qureitein ; Adada, El-’Ad’adah ; Molada, Kh. el-Milh ; Bersabée, Bir es-Séba’; Sama ou Sabée, Tell es-Séba’. En coordonnant ainsi tous ces renseignements nous arriverions à déterminer à peu près la limite nord du Négéb par une ligne allant de Siceleg à la mer Morte, ce serait la frontière de Siméon, relevée seulement au nord-est. Jos., xix, 1-8. Du côté du sud, la Bible ne nous donne que quelques points de repère : Harma ou Horma, identifiée avec Sbaïta, à environ quarante kilomètres A’Aïn Qadis, et Cadès, peut-être la même que Cadèsbarné, ’Ain Qadis, à 80 kilomètres au sud de Bersabée. E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, Cambridge, 1871, t. ii, p. 426, résume ainsi toutes ces données : « 1. Dans la plaine, au nord et à l’ouest de Bersabée, nous pouvons reconnaître le Négéb des Céréthéens. 2. Dans la contrée montagneuse au sud d’Hébron, se trouvait le Négéb de Juda, et Tell Zif, Ma’în et Kermel indiquent exactement le Négéb de Galeb, S. Tell-’Arad et les plaines voisines formaient le Négéb des Cinéens, qui s’étendait probablement jusqu’à l’extrémité sud-ouest de la mer Morte. 4. Le plateau qui est borné au nord par Youadi Rakhméh, et au sud par les ouadis El Abyadh, Marréh et Maderah, représente le Négéb de Jérahméel. À ces limites s’arrêtait le district fertile du Négéb. » Si l’on comprend Cadès dans cette région, il faudrait aller plus loin.

III. Description. — Il nous suffit de considérer le Négéb depuis Bersabée. Pour le reste, voir Bersabée, t. i, col. 1629 ; Juda., 6, 9, t. iii, col. 1756, 1774. Le pays comprend une arête montagneuse qui V étend entre les plaines côtières de la Méditerranée, d’un côté, et, de l’autre, les pentes accidentées qui descendent vers l’Arabah. L’ensemble du massif se compose de chaînons enchevêtrés, séparés par de nombreuses et parfois larges vallées. Il est pénétré par une multitude d’ouadis qui se ramifient et viennent former à l’ouest et à l’est quelques grands déversoirs, comme Youadi Ghazzéh, Youadi el-Abiad, qui lui-même tombe dans Youadi el-Arisch ou « Torrent d’Egypte », Youadi Fiqrêh qui débouche au sud de la mer Morte, etc. Ces torrents malheureusement n’amènent aucune fertilité, car ils sont à sec la plus grande partie de l’année. Le Négéb est vraiment le « . (pays) desséché t>. On trouve cependant dans les vallées quelque végétation, quelques pièces de culture ; les arabes nomades qui l’habitent peuvent y élever leurs troupeaux. A de larges prairies plus ou moins verdoyantes succèdent des vallées pierreuses où l’herbe ne pousse pas. Autrefois pourtant, comme nous le verrons, cette contrée eut des centres importants ; à la culture des champs se joignait celle de la vigne, comme l’indiquent les terrasses qu’on rencontre encore sur les pentes des montagnes. On voit aussi d’endroit en endroit des puits, des réservoirs, de vastes grottes. Actuellement c’est le désert,

avec son aridité, son silence, ses ruines, surtout si l’on compare cette région à celle qui s’étend plus au nord dans les environs d’Hébron, de Bersabée ou de Gaza ; mais comparée au Bddiet et-Tîh, elle mérite moins ce nom. C’est donc en-quelque sorte un pays de transition entre les grandes solitudes sinaïtiques et l’entrée de la Judée, où la vie, pourtant bien amoindrie aujourd’hui, commence à paraître. Le Négéb, du reste, au point de vue topographique, formait à Juda une excellente frontière, du côté du sud ; il opposait à l’envahisseur qui aurait voulu atteindre par là Hébron et Jérusalem une barrière difficile à franchir, surtout avec des chariots de guerre.

IV. Histoire. — Le Négéb, par la nature de son sol, est la terre des nomades. Aussi fut-il le séjour préféré des patriarches. Abraham, Isaac et Jacob aimèrent à fixer leurs tentes dans les environs d’Hébron, de Bersabée, de Gérare, le long de la route qui descendait en Egypte. Gen., xii, 9 ; xiii, 1, 3 ; xx, 1 ; xxiv, 62 ; xxxvii, 1 ; xlvi, 5. Il fut aussi habité par les’Avvîm ou Hévéens, Jos., xiii, 4 (hébreu, 3), « qui demeuraient dans les douars (hébreu : hâsêrim), » Deut., H, 23, c’est-à-dire dans des sortes de campements protégés par une clôture en pierres et branches épineuses entrelacées. Voir Hévéens 3, t. iii, col. 687 ; Hasérim et Haséroth, t. iii, col. 445. On rencontre fréquemment dans le pays de ces enceintes de pierre. C’est par cette contrée que les explorateurs hébreux « montèrent » vers la terre de Chanaan. Num., xiii, 17, 22. Le territoire était alors occupé par les Amalécites, Num., xiii, 29, qui, joints aux Chananéens, arrêtèrent les envahisseurs, qu’ils repoussèrent jusqu’à Horma, Sbaïta. Num., xiv, 25, 45. Mais, après la conquête, il fut donné à la tribu de Siméon. Jos., XIX, 1-8. À l’époque de Saiil et de David, l’Écriture mentionne, à côté des Amalécites, les Gessurites et les Gerzites, I Reg., xxvii, 8. Voir Gerzi, t. III, col. 215 ; Gessuri 2, t. iii, col. 223. Sous les rois, il fut considéré comme une partie du royaume de Juda, dont il suivit les vicissitudes. Nous le voyons par Jérémie, qui, dans ses oracles, associe les villes du Négéb à celles des contrées supérieures. Jer., xiii, 19 ; xvii, 26 ; xxxii, 44 ; xxxm, 13. Il entre également dans les nouvelles limites de la Terre-Sainte, telles que les établit Ézéchiel, xlvii, 19. Abdias, 19, annonce que les habitants du Négeb s’empareront de l’Idumée, dont ils étaient limitrophes. — En dehors des villes bibliques que nous avons mentionnées sur la frontière septentrionale, nous devons signaler encore, dans l’intérieur : Aroer, Ar’ârah, Thamar, Kwnub, Rehoboth, Er-Ruhéibéh, Horma, Sbaïta. Les stations romaines sont marquées principalement par Élusa, Khalasah, et Éboda, ’Abdéh. Il y a, dans ces différents endroits, ainsi qu’à El-Audjéh, El-Meschriféh et ailleurs, des ruines qui rappellent les antiques civilisations que ce pays vit fleurir. Voir, en particulier sur’Abdéh, de très intéressantes découvertes dans la Revue biblique, Paris, 1904, p. 402-424 ; 1905, p. 74-89. Ces points jalonnent les quelques routes que suivaient les caravanes pour se rendre de l’Arabie, du golfe d’Akabah, aux ports de la Méditerranée. Dans un pays d’accès aussi difficile, les voies, en effet, ne peuvent être indifféremment tracées ; elles le sont naturellement par le terrain lui-même. Il faut suivre les vallées où il y a chance de trouver de l’eau et quelque végétation. Les sommets ne peuvent être franchis que par certaines passes ou naqbs. On trouve encore des traces de ces voies antiques. — Nous avons dit que le Négeb faisait l’office de barrière pour la Judée ; on ne connaît, en effet, qu’un exemple d’invasion du pays de ce côté, par l’armée de Chodorlahomor, qui, après avoir poussé une pointe jusqu’à Cadès, vint attaquer le$ rois de la Pentapole. Gen., xiv, 7. — Voir -Palestine ; Siméon (Tribu de).

V. Bibliographie. — E. Wilton, The Negeb ; E.