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LAVER (SE) LES MAINS — LAZARE


les mains avant le repas dans un pays où les convives ont l’habitude de manger avec les doigts en prenant au même plat. Cf. de la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 202-203 ; Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 258. Cette coutume avait dû être en vigueur dès les anciens temps. IV Reg., iii, 11. Aussi voyons-nous, à la porte de la maison de Cana, des urnes destinées à contenir de l’eau pour les ablutions. Joa., ii, 6. Mais contrevenir à cet usage n’était en soi qu’une infraction aux règles de l’hygiène et du savoir-vivre, pour le cas où l’on avait à prendre son repas en compagnie. Cf. Cicéron, De orat., ii, 60. Malgré la prétention des docteurs, cette négligence n’impliquait aucune faute morale. Notre-Seigneur réagit donc énergiquement contre leur enseignement. Il déclara que la vraie souillure est celle qui atteint l’âme, quand le mal procède d’elle en pensées ou en actions. « Mais manger sans se laver les mains ne souille pas l’homme. » Malth., xv, 3-20 ; Marc, vii, 8-23 ; Luc, xi, 39, 40, 46. Dans le texte de saint Marc, vii, 3, la Vulgate dit que les Juifs ne prennent leur repas qu’après s’être fréquemment lavé les mains, nisi crebro laverint. Cette traduction répond à la leçon mjxvà vi’iî/uvtai de quelques manuscrits grecs. Ce multiple lavage des mains avant le repas n’est mentionné nulle part. Le texte grec porte dans la plupart des manuscrits, itây|i>j W+omai, « ils se lavent avec le poing, » ce qui doit signifier tout simplement qu’avec le poing d’une main on frotte le creux de l’autre main. Cf. KnaCenbauer, Evang. sec. Marc, Paris, 1894, p. 187, 188. Peut-être même faudrait-il voir là l’indice de ces prescriptions méticuleuses des docteurs, qui réglaient jusque dans les moindres détails les actions les plus simples. Les versions copte et syriaque traduisent iziyi.-ç par « soigneusement », et la version éthiopienne par « intensivement ». C’est tout ce que semble vouloir dire le texte grec.

H. Lesêtre.

LAVOIR (hébreu : rahsàh ; Septante : XoOtpov ; Vulgate : lavacrum), « lieu où l’on se lave. » On lit deux fois dans le Cantique des Cantiques, IV, 2, et vi, 5 : « Tes dents sont comme un troupeau de brebis (tondues, iv, 2), qui remontent du lavoir. » Pour exprimer que les dents de l’Épouse sont blanches et bien rangées, l’Époux les compare à des brebis qui sont éclatantes de blancheur au sortir du lavoir et qui se pressent les unes contre les autres, selon leur coutume, pour se réchauifer.


LAWSONIA, arbrisseau dont les Orientaux tirent la poudre colorante du henné. Voir Henné, t. iii, col. 590.


LAZARE (AàÇapoç ; dans le Talmud, L’âzâr, forme abrégée de’El’âzàr, « Dieu aide ; » Vulgate : Lazarus). Voir ÉLÉAZAR, t. ii, col. 1649. La forme AiÇapoçse lit dans Josèphe, Bell.jud., V, xiii, 7. Nom du frère de Marthe et de Marie et du pauvre de la parabole de Notre-Seigneur.

1. LAZARE de la parabole, Luc, xvi, 19-31, nom du pauvre dont la misère est mise en opposition avec la fortune et l’insensibilité au mauvais riche, comme sa glorieuse récompense après cette vie est opposée au châtiment de son contempteur ; le riche sans entrailles est précipité dans l’enfer et Lazare est reçu dans le « sein d’Abraham » (t. i, col. 83). C’est le seul exemple d’un nom propre dans une parabole, et peut-être a-t-il été choisi parce qu’il était très répandu à cette époque dans la classe des pauvres. D’après l’opinion commune, ce nom aurait été pris par Jésus comme personnification de la misère, pour graver plus vivement dans l’esprit de ses auditeurs sa doctrine sur la conduite de Dieu à l’égard des élus méprisés en ce monde. Il en est qui croient que le nom du Lazare de la parabole n’est pas une contraction : d’Éléazar, mais un composé de lu nù., lô*’êzér, 4 sans secours, » à60T, 8>]i : oç. Cf. J. Stockmeyer, Exegetische und praktische Erklàrung ausgewâhller

Gleichnisse Jesu, in-8°, Râle, 189’/, p. 365 ; A. Jùlicher, Die Gleichnissreden Jesu, 2 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1888-1899, t. ii, p. 622. Suivant quelques autres, Lazare serait un personnage réel et Jésus raconterait une histoire véritable. On ne peut nier que cette opinion a pour elle une très ancienne tradition. Cf. S. Irénée, Cont. hier., IV, n, 4, t. vii, col. 977 ; II, xxxiv, l, col. 834-835 ; Tertullien, De anim., 7, t. ii, col. 697. Plusieurs commentateurs affirment que Lazare était un mendiant très connu dans Jérusalem, assertion peu fondée en autorité. Quelquesuns ont été jusqu’à prétendre spécifier, d’après le texte, la nature de sa maladie. Luc, xvi, 20, 21. C’est là une entreprise vaine. Cette parabole met en lumière la réalité

[Image à insérer]

42. — Lazare de la parabole. D’après les Heures de Pigouchet, 1497.

des récompenses et des châtiments de l’autre vie et la justice rémunératrice de Dieu, ꝟ. 25. Elle insinue l’éternité des peines, ꝟ. 26, et la résurrection des morts, ꝟ. 31° Il est digne de remarque que Lazare, dans le récit de la parabole, ne prononce pas un seul mot. On peut conclure, de son silence, que, le mauvais riche n’est pas puni à cause de ses richesses, mais parce qu’il n’en a pas fait bon usage^L§zare n’est pas récompensé à cause de sa pauvreté, niais à cause de la patience et de la résignation avec lesquelles il a supporté son état. — Au moyen âge, la désignation latine du mauvais riche, Dives, était devenue comme un nom propre. D’après Euthymius Zigabène, In Luc., xvi, 20, t. cxxix, col. 1037, le mauvais riche se serait appelé Ninevis. D’après d’autres, il s’appelait Phinées. A. Jùlicher, Gleichnissreden, t. ii, p. 621. On prétend montrer à Jérusalem la maison qu’il habitait. Le Lazare de la parabole a toujours été très populaire (fig. 42). Il fut au mc-en âge le patron des mendiants et des pauvres, qui furent désignés par le mot ladre, dérivé ds (cure ; contraction de Lazare, plus spécia-