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NAZARÉEN — NAZARETH


tion est difficile à défendre. Voir J. Knabenbauer, Comment, in Matthxum, 1882, t., i. p. 113.

2. NAZARÉEN (grec : Naïapïjvo’; et NaÇœpaïoî ; Vulgate : Nazarenus), 1° habitant de la ville de Nazareth. Dans le textus receptus grec, Nazaréen est écrit NaÇaprvo’ç dans Marc, i, 24 ; xiv, 67 ; xvi, 6 ; Luc, iv, 34 ; Na^apaïoç dans Marc, x, 47 ; Naïupaîef, dans Matth., ii, 23 ; Luc, xviii, 37 ; xxiv, 19 ; Joa., xviii, 5 ; xix, 19 ; Act., Il, 22 ; iii, 6 ; IV, 10 ; VI, 14 ; xxii, 8 ; xxvi, 9. L’orthographe varie, du reste, dans les divers manuscrits de ces passages. Le titre de la croix, à l’église de Sainte-Croix de Jérusalem à Rome, porte : NAZAPENOTZ avec les lettres écrites au rebours. Voir Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques, 1e édit., p. 185, fig. 7. Ce mot n’est employé comme nom ethnique que pour déterminer le nom de Jésus, et marquer qu’il habitait Nazareth, dans les passages cités. Voir Nazareth. — 2° En un seul endroit, Act., gtxiv, 5, 1e nomde « Nazaréens » est donné par les Juifsaux sectateurs de Jésus-Christ, NaÇwpotïot, et il leur fut attribué plus d’une fois dans la suite (Tertullien, Adv. Marcion., IV, 8, t. ii, col. 372), en particulier par les Juifs. Une secte apparentée aux Ébionites et composée de chrétiens convertis du judaïsme qui voulaient conserver la pratique de la loi mosaïque reçut aussi le nom de Nazaréens. Ils faisaient usage de l’Évangile de saint Matthieu, en araméen, m x » 6’t E6paîouç Eùa-pfÉMov, Evangelium juxla Hebrœos. Voir sur cet Évangile, Matthieu (Évangile le saint), col. 881-882. Cf. Wirthmùller, Die Nazoràer, Ratisbonne, 1864.

    1. NAZARETH##

NAZARETH (NaÇapi, NaÇapér, Na£apÉ6, NaÇapà-r, NaÇapâ6), petite ville de Galilée, où s’accomplit le mystère de l’Incarnation, où Notre-Seigneur passa son enfance et sa jeunesse jusqu’aux débuts de sa vie publique. Matth., ii, 23 ; iv, 13 ; XXI, 11 ; Marc, i, 9 ; Luc, i, 26 ; il, 4, 39, 51 ; iv, 16 ; Joa., i, 45, 46 ; Act., x, 38.

I. Nom. — Le nom de Nazareth ne se trouve ni dans l’Ancien Testament, ni dans Josèphe. Il offre, dans les manuscrits du Nouveau Testament, une certaine variété d’orthographe, et son étymologie est douteuse. Nos meilleures éditions critiques même ne sont pas d’accord. Ainsi C. Tischendorf, Novum Testamentum grsece, édit. 8 Leipzig, 1869, t. i, sur les douze passages où le mot est cité, emploie trois fois seulement NaÇapét, Marc, i, 9, et Joa., i, 45, 46, tandis que Westcott et Hort, The New Testament in the original Greek Londres, 1898, t. i, l’emploient huit fois, Matth., ii, 23 ; , Marc, i, 9 ; Luc, i, 26 ; H, 4, 39, 51 ; Joa., i, 45, 46. Tischendorf a sept fois Nappée, Matth., ii, 23 ; xxi, 11 ; Luc, i, 26 ; ii, 4, 39, 51 ; Act., x, 38 ; Westcott et Hort, deux fois, Matth., xxi, 11 ; Act., x, 38. Mais, quelle que soit la lettre finale, la terminaison pÉT, péô est appuyée par les meilleurs témoins. La forme NaÇapetT, NaÇapdfl se rencontre principalement dans le Codex Alexandrinus (A) et dans un manuscrit du IXe siècle, le Codex Sangallensis (A). On trouve enfin NaÇapâ en deux endroits, Matth., iv, 13 ; Luc, iv, 16. Keim, Geschichte Jesu von Nazara, Zurich, 1867, t. i, p. 319, t. H, p. 421, a essayé de montrer que cette dernière était la forme originale. Hengstenberg, Christologie des alten Testaments, Berlin, 1854, t. ii, p. 124, prétend que le nom était proprement et primitivement "iï : , Nêsér, auquel on ajouta en araméen la terminaison féminine ii, a, et, à l’état emphatique, ii, t. Il fait appel pour cela au témoignage des anciens Juifs, pour qui ni :  : , Nôserî, est « celui qui est né dans la ville de Nêsér en Galilée, à trois jours de chemin de Jérusalem ». Dans le Talmud, le Christ est appelé nï3 p, ben Nêsér, ou nrun, han-Nôseri, « le Nazaréen. » Cf. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, p. 1383. Les chrétiens étaient également appelés DHïi^n, han-Nôserîm, « les Nazaréens. » Du temps

d’Eusèbe, H. E., i, 7, t. xx, col. 97, et de saint Jérôme, Ononiastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 143, le nom de la ville était Nazara. C’est de cette forme en tout cas que dérivent les adjectifs Naî ; apr ; v6ç, employé Marc, i, 24 ; x, 47, etc., et Luc, iv, 34 ; xxiv, 19, et NaÇœpaïoç, employé Matth., ii, 23 ; xxvi, 71 ; Luc, xviii, 37 ; Joa., xvin, 5, 7 ; xix, 19, et Act., ii, 22 ; iii, 6 ; iv, 10, etc. On ne trouve nulle part NotfocpETaîoe. On peut objecter sans doute que le s, tsadé, est ordinairement rendu en grec par <x, et que le Z. représente plutôt le t, zaïn hébreu. Mais il est des exemples de noms dans lesquels les Septante ont traduit le tsadé par £ ; ainsi : yw, ’£/ ?, 0$’, Gen., x, 23 ; xxii, 21 ; lys, Sô’ar, Z^opoc. Gen.,

xin, 10. Ce qui confirme la racine iïj, Nêsér, c’est le

nom actuel de la ville, Xj-oLUI, En-Ndsirah, dans lequel le sàd arabe correspond au tsadé hébreu. Le mot nêsér signifie « rejeton » ; la Vulgate l’a traduit par flos, « fleur, » dans ce passage d’Isaïe, xi, 1, qui s’applique au Messie :

Un rameau sortira de la tige de Jessé, Un rejeton poussera de ses racines.

C’est à ce passage que, suivant un grand nombre de commentateurs, saint Matthieu, ii, 23, ferait allusion en rappelant le nom prophétique de NaÇwpocïoç, « Nazaréen, » qui devait être celui du Sauveur. Le latin Nazarxus et le français Nazaréen, traduisant également l’hébreu "Vh, « séparé, consacré » à Dieu, qui

T

désigne certains ascètes de l’Ancien Testament, ont apporté ici un peu de confusion. Voir Nazaréen 1, col. 1520. Quoi qu’il en soit, saint Jérôme, Onomastica sacra, p, 62, assignant au mot Nazareth l’origine que nous venons de mentionner, lui donne le sens de « fleur, rejeton », et sainte Paule et sa fille Eustochie, écrivant à Marcella, lui disaient : « Nous irons à Nazareth, et, suivant l’interprétation de son nom, nous verrons la fleur de la Galilée. » Cf. T. Tobler, Itinera et descriptiones Terrss Sanctm, Genève, 1877, t. i, p. 46. Mais le verbe nâsar a une autre signification, celle de « garder, protéger », etelle est adoptée par certains auteurs. Ainsi Keim, Geschichte Jesu von Nazara, t. i, p. 319, et t. ii, p. 421, préfère la forme msi, Nôserdh, « celle qui garde, qui veille. » Delitzsch,

dans la Zeitschrift fur lutheranischc Théologie, 1876, p. 401, est pour ms », Nesérét, qui a le même sens.

Enfin Ewald, dans les Gotlingische Gelehrte Anzeigen, 1867, p. 1602, propose m’ss, Nisôréf, « tour de garde. »

A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 189-190, croit retrouver le nom de Nazareth dans celui de n>ns, $eriyéh, que le Talmud accole à celui de Bêf Léhem de Galilée pour dire : « Beth-Lehem près de Nazareth ou dans le district de Nazareth. » i$eriyéh serait mis pour Naseriyéh, le nun initial ayant pu être omis par un copiste. Malgré tout ce que ces conjectures ont de fragile, Nazareth, nous allons le voir, n’en mérite pas moins, par son gracieux aspect, le nom de c fleur de Galilée » et les collines qui l’entourent semblent former autour d’elle une couronne prolectrice.

II. Situation et description. — Nazareth est située sur les derniers contreforts des monts de Galilée, qui, descendant du Liban, viennent fermer au nord la grande plaine d’Esdrelon. Une route carrossable la relie à Khaïfa à l’ouest et à Kêfr Kenna au nord-est ; des chemins la rattachent à Seffuriyéh au nord, à Endor et Naïn au sud-est, à la plaine de Jezraël au sud. Voir le plan (fig. 415).

1° Aspect général. — Nazareth occupe le côté sudouest d’un vaste cirque, qui ressemble à un golfe paisible dont une nappe de verdure remplacerait les eaux disparues. Les collines crétacées qui l’environnent