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NATHINÉENS — NATURE

défaveur. Ce qui est certain c’est que leurs occupations les reléguaient dans une classe inférieure.

Fonctions des nathinéens.

Ils devaient remplir les plus bas offices du service du Temple. Leur principale occupation consistait à couper le bois nécessaire pour brûler les victimes des sacrifices et faire cuire les viandes sacrés et, de plus, à porter l’eau dont les prêtres faisaient une grande consommation pour laver les victimes et dont on remplissait pour cet usage la mer d’airain. Voir Mer d’airain, col. 982. Quoique ce travail pénible ne soit mentionné expressément que dans Josué, ix, 23, 27, pour les Gabaonites, il n’y a pas de doute qu’il ne fut à toutes les époques la corvée principale des nathinéens. C’était la besogne la plus pénible et en même temps la plus indispensable. Cf. Deut., xxix, 11, Ils étaient d’ailleurs aux ordres des lévites pour tout ce que ceux-ci voulaient leur commander.

Les nathinéens au temps d’Esdras et de Néhémie.

C’est au moment du retour de la captivité que nous avons le plus de renseignements sur les nathinéens. Ils avaient été emmenés captifs en Chaldée par Nabuchodonosor. Six cent douze d’entre eux, en y comprenant ceux qui sont appelés « fils de Salomon », retournèrent en Palestine, 392 avec Zorobabel, en 538 avant notre ère, I Esd., ii, 43-58 ; II Esd., vii, 47-60, et 220 avec Esdras, 80 ans plus tard. I Esd., viii, 20. Sur le point de partir pour Jérusalem, Esdras constata qu’il n’y avait point de descendant des lévites parmi ceux qui allaient retourner avec lui en Judée. Il s’arrêta donc près du fleuve qui arrose Ahava et chargea quelques-uns de ses principaux compagnons de se rendre à Chasphia auprès d’Eddo, t. ii, col. 1587, « le premier » de cette localité, afin qu’ils en ramenassent « des ministres pour la maison de Dieu ». Les fonctions que les nathinéens avaient à remplir au Temple n’était pas sans doute pour eux un encouragement à quitter le pays où ils s’étaient établis et qui était devenu pour eux comme une patrie. L’ambassade néanmoins réussit. Eddo, qui était lévite (et non nathinéen comme l’ont pensé quelques commentateurs), lui prêta son concours et elle décida 220 nathinéens de bonne volonté à la suivre. I Esd., viii, 15-20.

Les nathinéens, de retour en Palestine, vécurent, comme ils l’avaient fait sans doute sous les rois, les uns dans les villes lévitiques, I Esd., ii, 70 ; II Esd., vii, 73, où ils habitèrent quand ils n’étaient pas de service au Temple, les autres à Jérusalem. Nous savons par Néhémie que ces derniers habitaient le quartier d’Ophel, qu’ils aidèrent à rebâtir, dans le voisinage du Temple. II Esd., iii, 26 ; xi, 20. « La maison des Nathinéens » est expressément mentionnée II Esd., iii, 31. « Ils demeuraient sur Ophel, vis-à-vis de la porte des Eaux à l’orient et de la tour Saillante, » dit le texte, II Esd., iii, 26, voir Jérusalem, t. iii, col. 1365, 1366, et la carte, col. 1355, c’est-à-dire au sud-est de la ville et près de la porte qui conduit à l’unique fontaine de la ville, celle qui est appelée aujourd’hui la Fontaine de la Vierge, où ils pouvaient puiser l’eau nécessaire au service du Temple.

Ils avaient des chefs pris dans leurs rangs. A l’époque de Néhémie, ces chefs s’appelaient Siaha et Gaspha, II Esd., xi, 21 ; cf. I Esd., ii, 43 ; II Esd., vii, 48, et leur nom semble indiquer une origine non judaïque. Comme les prêtres et les lévites, ils avaient été exemptés de tout impôt par les rois de Perse. I Esd., vii, 24.

Nous ne trouvons plus aucune trace de l’existence des nathinéens dans le Nouveau Testament. — Josèphe, Bell, jud., II, xvii, 6, édit. Didot, t. ii, p. 123, mentionne une fête appelée Ξυλοφορία qui consistait en ce que le peuple apportait du bois en grande quantité au Temple, pour entretenir le feu perpétuel sur l’autel des Holocaustes ; Calmet et autres ont supposé, Dictionnaire de la Bible, édit. Migne, 1846, t. iii, col. 660, que cette fête avait été instituée à cause de l’insuffisance du nombre des nathinéens pour remplir leurs fonctions, mais ce n’est là qu’une hypothèse. — Voir J. J. Schroeder, De nethinæis, in-4°, Marbourg, 1749 ; G. A. Will, De nethinæis levitarum famulis, in-4°, Altdorf, 1745.

F. Vigouroux.

NATIONS (hébreu : goïm ; Septante : ἔθνη ; Vulgate : gentes), peuples différents du peuple juif. Voir Gentils, t. iii, col. 189 ; Goïm, col. 266.


NATRON (hébreu : nėṭér ; Septante : νίτρον ; Vulgate : nitrum), carbonate de soude naturel, qui se trouve à l’état solide, sous différentes formes, en Egypte, en Perse, etc. Le natron est un savon minéral qui sert à nettoyer. — Jérémie, ii, 22, dit à la nation israélite que, quand même elle se laverait avec du natron et du borith, elle garderait sa souillure. Voir Borith, t. i, col. 1853. Faire entendre des chants à un cœur attristé, c’est répandre du vinaigre sur du natron. Prov., xxv, 20. Le vinaigre, qui est un acide, fait entrer en effervescence le natron, qui est un sel, de même les chants ne font que surexciter douloureusement un cœur ulcéré.

H. Lesêtre.


NATURE (grec : φύσις ; Vulgate : natura), ensemble de caractères constitutifs communs à tous les êtres d’une même espèce.

I. La nature en général.

1. L’idée abstraite de nature n’a pas d’expression en hébreu. La Vulgate l’introduit à propos de choses qui sont soit conformes à la condition normale de l’homme, Deut., xxiii, 12 ; Jud., iii, 22, soit contraires. Jud., xix, 24. Dans le livre d’Esther, xvi, 16, où Artaxerxès mentionne la bienveillante simplicité, ἀκέραιον εὐγνωμοσύνην, des gouverneurs, la Vulgate paraphrase l’expression en disant que les gouverneurs apprécient les autres ex sua natura, « d’après leur propre naturel. »

2. L’idée grecque de nature revient plusieurs fois dans le livre de la Sagesse. L’auteur attribue à un don de Dieu la science des êtres, particulièrement la connaissance de la « nature des animaux ». Sap., vii, 20. Il parle de la méchanceté naturelle, ἔμφυτος, naturalis, des Chananéens, Sap., xii, 10, et dit que l’eau oubliait sa nature, δυνάμις, natura, et n’éteignait pas le feu dirigé contre les impies par la colère divine.

3. Les Épîtres des apôtres font quelquefois appel à la notion de nature. Saint Paul parle des vices contre nature, Rom., i, 26, 27, de la constitution naturelle de l’homme, Rom., ii, 27, des longs cheveux qui ne conviennent pas à la nature de l’homme, I Cor., xi, 14, de ceux qui sont Juifs par nature, Gal., ii, 15, des idoles qui ne sont pas des dieux par nature, Gal., iv, 8, et de l’accomplissement naturel de la loi par les païens. Rom., ii, 14. Saint Pierre remarque que les animaux sont destinés par nature à être pris et à périr. II Pet., ii, 12. Saint Jacques, iii, 17, dit que la nature humaine a le pouvoir de dompter la nature animale. Saint Jude, ꝟ. 10, reproche aux docteurs impies de se servir de leurs connaissances naturelles pour se corrompre.

II. La nature opposée au surnaturel.

Dans l’Ancien Testament.

La distinction entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel est nettement indiquée dans l’Ancien Testament, quand il s’agit des faits. Voir Miracle, col. 1112. Il en est autrement quand la distinction porte sur la vie même de l’âme humaine dépourvue ou aidée de la grâce. La Genèse, iii, 4, 17-19, raconte la chute de l’homme et la sentence qui suit sa prévarication ; mais elle ne donne aucune indication sur son état spirituel, avant ou après cette chute ; elle n’explique même pas si la menace « Tu mourras », Gen., ii, 17, s’étend à l’âme aussi bien qu’au corps, et si la nature de l’homme est atteinte essentiellement, ou seulement d’une manière accidentelle, par, la sentence qui le frappe. Les anciens n’avaient pas besoin de ces précisions théoriques pour craindre la justice de Dieu et attendre leur salut de sa bonté. Le récit sacré affirme ;