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NABUTHEENS

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Obodas I" (vers 90). Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5. Après ce dernier prince, se place Rabel I « r, dont l’existence a été révélée par une inscription trouvée en 1897 à Pétra, sur le socle d’une statue. Il devait être fils d’Obodas I er et frère aîné d’Arétas III, comme l’a" ingénieusement montré M. Clermont-Gannèau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1897, t. ir. p. 221-234. Avec Arétas III (de 85 à 60 environ), qui prend sur ses monnaies le titre de Philhellène, le royaume nabatéen atteignit sa plus grande extension. Ce roi fonda un port à Haouara, sur la mer Rouge, et s’empara de Damas, qui ne tarda pas à recouvrer son indépendance. Il prit parti pour Hyrcan contre Aristobule. Attaqué dans Pétra par Scaurus, qu’avait envoyé Pompée, il obtint la paix à prix d’argent. Josèphe, Ant. jud., XIV, v, 1. Ses successeurs, placés entre les Romains et les Parthes, embarrassés de choisir entre Antoine et Auguste, eurent à lutter contre de nombreuses difficultés. Ce furent Malichos I er (ou II, selon Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, t. H, p. 375-377), 50 à 28 avant J.-C, et Obodas II (ou III, d’après le même auteur), de 28 à 9 avant J.-C. Arétas IV (vers 9 avant J.-C, à 40 après J.-C), s’empara du pouvoir sans l’assentiment d’Auguste, qui finit par le reconnaître. Il prit le titre de Philodême, « ami du peuple. » Ce fut le contemporain de saint Paul, celui dont il est question II Cor., xi, 32. Voir Arétas IV, t. i, col. 943. Josèphe, Ant. jud., XX, IV, 1, parle ensuite d’un Abias, qui porta la guerre contre Izate en Adiabène. Malichos II (ou III), vers 48 à 71 après J.-C, perdit Damas et dut aider "Vespasien dans la guerre contre les Juifs. Enfin Ràbel II, connu par les monnaies et les inscriptions, monta sur le trône en l’an 71 de notre ère, et régna au moins 25ans, c’est-à-dire jusqu’en 95. Onze ans plus tard, en 106, sous Trajan, Cornélius Palma mit fin au royame nabatéen, qui fut réduit en province romaine sous le nom de province d’Arabie. Cf. H. Vincent, Les Nabatéens, dans la Revue biblique, 1898, p. 567-573. Pour la succession des rois nabatéens, cf. de Gutschmid, dans les Nabatàische lnschriften d’Euting, Berlin, 1885, p. 81, et Schiirer, Geschichte des Jûdischen Volkes, Leipzig, 1901, t. i, p. 731-744. M. Dussaud, dans le Journal asiatique, mars-avril 1904, p. 192, établit ainsi la liste de ces rois, d’après la numismatique :

Arétas I er, 169 avant J.-C. Voir Arétas I « , t. i, col. 943.

Arétas II (probablement PErotime de Justin), 11096.

Obodas I er, vers 90.

Rabel I er, fils d’Obodas, vers 87.

Arétas III, Philhellène, frère de Rabel I er, vers 87-62.

Obodas II, fils d’Arétas III, vers 62-47.

Malichos V*, fils d’Obodas II, vers 47-30.

Obodas III, fils de Malichos, 30-9.

Arétas IV, frère du précédent, 9 av. J.-C, 40 ap. J.-C. Voir Arétas IV, 1. 1, col. 943.

Malichos II, fils du précédent, 40-75.

Rabel II, fils du précédent, 75-101.

Malichos III, 101-106. Voir aussi Corpus inscriptionum semiticarum, part, ii, Paris, 1893, t. i, p. 181 ; Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, & édit., p. 152-153.

III. Mœurs. — Les Nabatéens étaient pour la plupart nomades et pasteurs, comme le prouvent les nom1 reuses inscriptions gravées sur les rochers depuis la péninsule sinaïtique jusqu’aux montagnes du Hauran. lsaie, lx, 7, parle des béliers des Nabaioth, comme de grasses victimes, dignes de l’autel du Seigneur. Le sol de la Nabatène est peu propice à l’agriculture : aussi, d’après tous les témoignages anciens, ne s’y sontils presque pas adonnés. Ils avaient cependant sur leur territoire un certain nombre de villes fortifiées, qui leur servaient de places d’armes en cas d’attaque, et qui, en temps ordinaire, remplissaient surtout le rôle

d’entrepôts de commerce. Les principales, dans l’intérieur des terres, étaient Pétra, la capitale, Bostra, Salkhad dans le Hauran. Hégra ou El Hedjr sur les limites du Hedjàz. "Voir la carte d’Arabie, 1. 1, col. 857. Sur les bords de la mer, on trouvait les ports importants d’ÉIath, Asiongaber et Raouara, habités principalement, du reste, par des négociants et des armateurs étrangers. C’est, en effet, surtout par leur commerce que les Nabatéensse sont rendus célèbres dans l’antiquité. Une fois établis en Idumée, ils firent de tels progrès que le trafic de l’Asie occidentale passa presque en entier dans leurs mains. Cf. Diodore de Sicile, ir, 48-50 ; iii, 41-43. De Pétra, des routes rayonnaient dans toutes les directions : au nord, vers la Pérée, Damas et Palmyré ; à l’est, vers le golfe Persique et la Mésopotamie ; au sud, vers les ports du golfe Elanitique et vers l’Egypte ; à l’ouest, vers la Palestine et la Phénicie. Ces routes, dont on retrouve encore les traces aujourd’hui, furent achevées et perfectionnées sous les Romains. Comme certaines tribus arabes de l’Afrique actuelle, les Nabatéens durent leur principale richesse aux caravanes qu’ils conduisaient à travers le désert. Toutes les caravanes étrangères qui entreprenaient de transporter les parfums de l’Arabie ou les marchandises de la Perse et de la Syrie par d’autres voies que les leurs, étaient impitoyablement pillées si elles n’étaient pas assez fortes pour se défendre. Cf. Diodore de Sicile, iii, 43 ; Strabon, xvi, 21. La magnificence des ruines de Pétra atteste quel profit ses habitants retiraient de leur commerce.

Nous ne connaissons rien de bien positif sur les lois et les usages particuliers des Nabatéens. Strabon, xvi, 21-26, nous a cependant laissé sur leurs mœurs d’iuléressants détails. Il nous les représente comme simples et modérés dans leurs goûts, mais tenant tellement à leurs propriétés qu’on infligeait une peine à quiconque laissait diminuer son bien, tandis qu’on, accordait des honneurs à celui qui l’augmeutait. Ayant peu d’esclaves, ils se servaient le plus souvent entre parents, ou les uns les autres, ou bien ils se servaient eux-mêmes, et cet usage s’étendait jusqu’aux rois. Quant à la constitution politique, le régime patriarcal en était la base ; chaque tribu avait ses chefs, soumis à l’autorité suprême du roi. Dans les inscriptions, il est question d’émirs, d’anciens de tribus ; certains personnages

! prennent le titre de savants, de docteurs et de poètes, 

| ce qui suppose un développement assez notable de culi ture intellectuelle et littéraire. Le roi, toujours de sang I royal, avait un procureur, èitiTpditoç, qu’on nommait son

! frère. Strabon, xvi, 21. Ces nomades avaient fini par
; bâtir de magnifiques maisons. Strabon, xvi, 26. Cf. Vi ! gouroux, Mélanges bibliques, 2e édit. Paris, 1889, p. 308321 ; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 

i Paris, 1888, t. vi, p. 466-470.

j IV. Monuments. — Les Nabatéens nous ont laissé de

! très anciens monuments, creusés dans la paroi dos

rochers. Ce sont des palais, qui ne furent jamais que des constructions isolées, faites pour servir de centre de ralliement à des populations vivant le plus souvent sous la tente. Ce sont surtout des tombeaux, car, pour les nomades, il n’y a qu’une demeure fixe, « la maison éternelle, » le caveau funéraire. Parfois aussi ce sont des sanctuaires. Ces monuments auxquels s’ajoutent ceux de la civilisation gréco-romaine, ont fait de Pétra, une ville unique au monde. Voir Pétra. Donnons seulement ici une esquisse des tombeaux nabatéens qu’elle renferme. Voir fig. 392. « Le grès a été soigneusement layé de manière à former une façade unie, haute de dix à quinze mètres. En taillant la pierre, on a ménagé deux ou quatre colonnes, qui ne sortent qu’à moitié de la paroi rocheuse. Dans le milieu s’ouvre une porte à fronton triangulaire. Les chapiteaux.sont assez frustes, ornés seulement de deux grandes feuilles massives, qui