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NABUTHÉENS

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Tacontèrent tout ce que les Juifs de Galaad avaient eu à souffrir de la part des habitants de ce pays. I Mach., v, ^5-27. Plus tard, Jonathas, pressé par Bacchide, leur envoya demander la permission de laisser chez eux ses bagages, qui étaient considérables. I Mach., ix, 35 (d’après le texte grec). C’est tout ce que la Bible nous apprend sur ce peuple, qui pourtant a eu son rôle dans l’antiquité. Autrefois, il est vrai, peu connu, il nous a été en grande partie révélé par les découvertes -épigraphiques modernes. Il s’agit, en effet, comme l’indique le nom grec, des Nabatéens mentionnés par les auteurs classiques, Il nous suffira ici d’en rechercher l’origine, d’en esquisser l’histoire et la physionomie.

I. Origine. — Biodore de Sicile, xix, 94-100, nous représente les Nabatéens comme des Arabes, nomades pour la plupart, mais riches par le commerce de la myrrhe et de l’encens, qu’ils entretenaient avec l’Arabie Heureuse. Strabon, xvi, 18, nous montre, non loin du golfe Élanitique, la Nabatée, tj Na6aTctéa, 'contrée populeuse et aux gras pâturages. Ailleurs, $vi, p. 760, il semble les confondre avec les Iduméens, qu’ils avaient chassés de l’Arabie Pétrée. Pour Pline, H. N., xii, 17, les Nabatéens sont des Arabes voisins de la Syrie. Josèphe, Ant. jud., XIII, i, 2, rapporte, d’après la Bible, que Jonathas envoya son frère vers les Arabes Nabatéens, 7upb ; toÙç NaSaTai’ouç "Apaëaç. Il comprend sous le nom de Nabatène, Nagaivjvr| ; râp a > toute la contrée qui s'étend de l’Euphrate à la mer Rouge, mais il l’attribue en même temps à tous les enfants d’Ismaël, dont l’aîné, Nabaïoth, lui aurait donné « on nom. Une question se pose précisément ici : Les Nabuthéens Nabatéens sont-ils identiques aux Nabaïoth (hébreu : Nebâyôt), descendants du premier-né d’Ismaël, et dont il est question Gen., xxv, 13 ; xxviii, 9 ; I Par., i, 29 ; Is., lx, 7? Voir Nabaïoth, col. 1430. Quelquesuns ne le croient pas, les Nabatéens étant, d’après eux, Araméens d’origine, et les Nabaïoth appartenant à la race arabe. Cf F. Hommel, Die allisrælitische Ueberlieferung, Munich, 1897, p. 208 ; D. S. Margoliouth, dans Hastings, Dictionary of the Bible, Edimbourg, 1900, t. iii, p. 501, d’après Glaser, Hkizze der Geschichte und Géographie Arabiens, t. ii, p, 12, 248, 267. D’autres l’affirment, comme E. Schrader, Die Keilinschnften und das Allé Testament, Giessen, 1883, p. 147 ; Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies ? 2e édit., Leipzig, 1881, p. 297, et la plupart des commentateurs. Ces mêmes auteurs admettent l’identité des Nabaïoth^Nabatéens avec les Nabaitai ou Nabaitu des inscriptions assyriennes, qui étaient, au temps d’Assurbanipal, une puissante tribu du nord de l’Arabie. On trouve cependant aussi dans les inscriptions de Théglathphalasar II, de Sargon et de Sennachérib des Nabatu, qui sont de la famille des Aramu ou Araméens cantonnés prés de Babylone. Si les Nabatéens sont d’origine araméenne, ne faudrait-il point plutôt les assimiler à ces derniers ? Toute la question, on le voit, est de savoir à laquelle des deux races rattacher le peuple dont nous parlons. On a longtemps discuté et l’on discute encore sur ce sujet, qui divise les savants. E. Quatremère, Mémoire sur les Nabatéens, dans ses Mélanges d’histoire et de philologie orientale, Paris, sans date, p. 58-189, s’appuyant sur de nombreuses citations d’auteurs arabes, a longuement défendu l’origine araméenne. Cette opinion, après avoir été plus ou moins abandonnée, a été reprise par Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens, t. ii, p. 12, 248 sq. et Hommel, Die altisraœlitische Ueberïieferung, p. 208. Les partisans de l’origine arabe font valoir les raisons suivantes. Le témoignage des géographes et historiens classiques est formel ; celui de Diodore est d’autant plus remarquable que cet écrivain reconnaît lui-même, xix, 96, que les Nabatéens écrivaient avec des caractères syriaques. Les

Nabatéens des classiques sont cités en compagnie des Arabes de Cédar, Nabalxi et Cedreni. Pline, R. N., v, 12. Il en est précisément ainsi pour les Nabaiolh, Is., lx, 7, et les Nabaitu, souvent mentionnés auprès des Qidrai dans les inscriptions cunéiformes. On ajoute à cela les noms propres et les noms des dieux, qui sont presque tous arabes. Ce fait, il est vrai, d’après les partisans de la première opinion, prouverait simplement que les populations de race arabe exerçaient déjà à cette époque une puissante influence sur leurs voisins araméens ; ne voit-on pas les noms propres islamiques portés par des personnes qui ne sont pas de race arabe ? Voir Arabie, t. i, col. 862. On objecte

encore que les historiens arabes écrivent k-ô, Nabat, avec un t emphatique, et que les inscriptions ellesmêmes emploient sans exception l’orthographe isa : , avec un teth, tandis que le ( de Nebâyôt, rnaa et de

t :

Nebaitu est un thav. Mais on répond aussi que cette permutation n’est pas rare dans les différentes branches de l’idiome sémitique ; c’est ainsi que l’hébreu Vop, qâtal, « . tuer, » est certainement identique à l’arabe ( JJCS. D’ailleurs, si l’argument était juste, il vaudrait aussi contre les Nabatu araméens, dont le nom ne comporte pas non plus de t emphatique. Quant aux historiens arabes cités par Quatremère, ils ont pu faussement conclure du langage araméen des Nabatéens à leur origine araméenne ; mais on sait que la langue n’est pas toujours un indice certain de la race.

II. Histoire. — L’origine des Nabatéens reste donc obscure, bien qu’il soit permis de les faire remonter jusqu’au premier-né d’Ismaël. On les a comparés dans l’histoire à un météore qui brille soudain, et qui, au bout de quelques siècles, rentre de nouveau dans l’obscurité d’où il était sorti, sans qu’on sache d’où il venait et où il allait, mais dont le cours, le point de départ et le point d’arrivée peuvent être sûrement déterminés. Ils font leur première apparition au vne siècle avant J.-C, où leur roi Natnu, qui avait pris part à la révolte des Arabes, fut défait par Assurbanipal. Cf. Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies ? p. 296-301 ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de V Orient classique, Varis, 1895-1899, t. iii, p. 439. À ce moment-là, ils formaient donc déjà une importante tribu. À quelle époque devinrent-ils maîtres de l’Arabie Pétrée ? On ne sait au juste ; ce fut vraisemblablement quelque temps après la captivité de Babylone, lorsque les Perses refoulèrent les tribus arabes qui habitaient sur les bords de l’Euphrate. Pendant que les Iduméens remontaient vers le nord-ouest, les Beni-Nabat se fortifiaient dans l’antique héritage d'Ésaû, le Djebel Scherra, au sud de la mer Morte, fondant un petit royaume, avec l’antique Séla', « le Rocher, » Pétra, comme capitale. Le premier événement daté de leur histoire est l’expédition d’Athénée, envoyée par Antigone, l’un des successeurs d’Alexandre, contre Pétra, en 312. La ville fut prise et pillée, en l’absence des hommes, qui étaient alors à une foire du voisinage. À leur retour, ceux-ci poursuivirent l’ennemi qu’ils taillèrent en pièces. Cf. Diodore de Sicile, xix, 94-100. Le premier prince (rûpavvog) dont il soit fait mention est Arétas I er, contemporain du grand-prêtrejason et d’Antiochus Épiphane, vers 169 avant J.-C.. Cf. II Mach., v, 8. Voir Arétas I er, t. ï, col. 943. Nous avons vu comment les Nabatéens entretinrent des relations amicales avec les Machabées. I Mach., v, 25 ; ix, 35. Au déclin de la domination des Séleucides et des Ptolémées, ils virent leur puissance s’accroître, leur roi, Érotime, répandant la gloire du nom arabe à travers l’Egypte et la Syrie (110 à 10Ô avant J.-C). Cf. Justin, XXXIX, v, 5-6. Jaloux cependant des progrès des Asmonéens, qui grandissaient en même temps qu’eux, ils eurent des différends avec leurs anciens amis, et Alexandre Jannée fut battu par