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NABUCHODONOSOR —NABUTHÉENS

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Juifs furent plus cruels que les Babyloniens. Baruch semble même dire que Nabuchodonosor profitait des premières ambassades de Sédécias pour lui renvoyer quelques-uns des vases sacrés emportés durant les premières guerres. Baruch, i, 8-9. Les Juifs transplantés en Babylonie jouissaient d’une liberté relative : on leur permettait d’entretenir des relations avec Jérusalem, d’y envoyer des offrandes, et d’y faire offrir des sacrifices : ils pouvaient se faire bâtir des maisons et planter des jardins en Chaldée, et Jérémie, xxix, 3-7, leur conseille de s’intéresser à la prospérité de Babylone, Baruch, 1, 10-12 les engage à prier pour Nabuchodonosor, sa lignée et son empire. Les supplices, en particulier le supplice du feu, n’étaient employés contre les Juifs que suivant le droit commun, par exemple en cas de rébellion et de lèse-majesté réelle ou juridique, comme pour les faux prophètes mentionnés par Jérémie, xxix, 20-23, ou les compagnons de Daniel, iii, 6, 12.

Un camée du musée de Berlin (fig. 391) nous le représente imberbe, d’un profil très fin, d’une physionomie sans dureté, coiffé d’un casque, fort différent des monarques ninivites dont nous avons les portraits : la légende cunéiforme qui l’entoure porte : Ana Marduk bil-su Nabukudurusur sar Babilu ana balati-su

391. — Nabuchodonosor. Camée du Musée de Berlin.

ibus. « Au Dieu Mardouk son seigneur, Nabuchodonosor, roi de Babylone, pour sa vie (ceci) a fait. » Malheureusement le travail est grec plutôt que babylonien, et si le camée est authentique, on se demande s’il ne représente pas quelque prince de même nom, mais d’époque plus récente.

Ainsi que Ninive à la mort d’Assurbanipal, Babylone à la mort de Nabuchodonosor (561) était près de sa ruine, malgré tout son éclat et ses richesses : l’empire perse grandissait sous la suzeraineté de la Médie, et devait, un quart de siècle plus tard (538), détruire l’empire babylonien, en dépit de ses formidables défenses. À la tête d’or et au lion symboliques de Daniel devait succéder la poitrine d’argent et l’ours des montagnes. Le fils et successeur de Nabuchodonosor, Amil-Mardouk, l’Évil-Mérodach de Jérémie, iii, 31, et de IV Reg., xxv, 27, passa sur le trône sans rien faire de glorieux : les inscriptions cunéiformes datant de son règne sont des contrats privés sans intérêt historique.

Bibliographie. — 1° Inscriptions : Eb. Schrader, Keilinschriftlicke Bibliothek, t. iii, 2e partie, p. 10-71, 140-141 ; t. iv, p. 180-201 ; Records of the Past, l" sér., t. v, p. 87, 111 ; t. vii, 69, 73 ; t. XI, 92 ; IIe sér., t. iii, p. 102 ; t. v, p. 141 ; Proceedings of the Society of Biblical Archœology, t. x, p. 87, 215, 290 et suiv. ; t. xii, p. 116, 159 sq., transi, by Bail ; t. XX, p. 164-166, by Boissier ; Pognon, Les inscriptions babyloniennes de Wadi Brissa, Paris, 1888 ; J. Menant, Babylone et la Chaldée, p. 197-219.

Histoire : Menant, Ibid., p. 197-248 ; G. Rawlinson, Londres, 1879, t. iii, p. 48-64 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de VOrienl, les Empires, l90b, p. 517566, 623-643 ; Schrader-Whitehouse, The cuneiform inscriptions and the Old Testament, 1888, t.’n, p. 4752, 115, 315 et passiin ; F. Vigourous, La Bible et les

découvertes modernes, t. iv, p. 141-154, 244-338 ; Josèphe, Ant. jud., X, vi-xi, édit. Didot, t. i, p. 376-392 ; Ctésias, De rébus Assyriorum, édit. Didot, p. 19-25 ; Hérodote, édit. Didot, i, 183M85, p. 58-62 ; Bérose, Fragmenta historié, grsecor., édit. Didot, t. ii, p. 506-508 ; Abydène, t. iv, p. 282-284 ; Varior., t. ii, p. 416 ; t. iii, p. 78.

É. Pannier.

2. NABUCHODONOSOR, roi d’Assyrie qui avait pour chef de son armée Holoferne, mis à mort par Judith. Comme l’histoire ne nous fait connaître aucun roi d’Assyrie qui ait porté ce nom, on a identifié le Nabuchodonosor de Judith avec divers rois. Voir Judith, col. 1830. Les savants catholiques l’identifient aujourd’hui le plus communément avec Assurbanipal. Voir Assurbanipal, t. i, col. 1146.

    1. NABUSEZBAN##

NABUSEZBAN (hébreu : Nebusazbân ; omis dans les Septante ; mais on le lit dans quelques manuscrits sous la forme : Na80u<jïç, SeXx’l", Na60u<je !  ; 6d<v ; dans Théodotion : Na60u(ra$aëdtv, d’après les Hexaples, Pair, gr., t. xvi, col. 2202), un des chefs de l’armée de Nabuchodonosor qui prirent Jérusalem. Il avait le titre de rabsarès (rabsaris), e. chef des eunuques. » Voir Rabsarès. La Vulgate met un et entre Nabusezban et Rabsarès, comme si c’étaient deux noms propres, mais le et est fautif ; il ne se trouve pas dans l’hébreu, et rab-saris indique le titre officiel de Nabusezban, Sur l’ordre que Nabuchodonosor avait donné à Nabuzardan, général en chef, Nabusezban fit sortir, avec le rebmag Nérégel-Séréser, le prophète Jérémie de la prison où le roi de Joda l’avait enfermé, Jer., xxxix, 13, et il le remit aux mains de Godolias. Au commencement du même chapitre xxxix, les chefs de l’armée babylonienne, sont également énumérés, au J. 3, où il est dit que, lors de la prise de Jérusalem, ils se postèrent à la porte du milieu. Parmi eux est nommé, comme au ꝟ. 13, le rabsaris, mais dans l’état actuel du texte, ce rabsaris est appelé Sarsachim (hébreu Sarsehîni), et non Nebusazbân. Il est néanmoins peu vraisemblable qu’il y eût deux rabsaris et l’on peut supposer par conséquent que, dans l’un des deux passages, le nom véritable a été corrompu. Or la forme NebuSazban est celle d’un vrai nom babylonien, sauf en partie la vocalisation. C’est donc probablement la forme Sarsekim qui est altérée. Les noms étrangers contenus dans les J. 3 et 13 n’étant pas familiers aux copistes et hébreux et surtout grecs et latins, ont été notablement défigurés ; ils ont été de plus mal coupés. On peut reconnaître, dans le ꝟ. 3, le premier élément du nom de NebuSazbdn, accolé par erreur au nom qui le précède : Semegarnabu (hébreu : Samgar-Nabu), et l’on a ainsi : Nebusarsekîm, rab-saris. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, de l’identification de Nebusazbân et de [Nebu]sarsekim, la forme Nebusazbân est authentique ment babylonienne : [ > »-j tt ^ /f *-[ ^. Le mot

se décompose ainsi : Nabu-sêzib-anni, « Nébo, sauvemoi. » H. Zimmern et H. Winckler, Die Keilinschriften und dos Alte Testament, 1903, p. 408. Il a été retrouvé dans les documents cunéiformes dans une listé de noms propres, Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. ii, pi. 64, col. i, lig. 32. Ce nom fut aussi donné suivant une coutume assyrienne, au fils de Néchao I er. G. Smith, Life of Assurbanipal, in-8°, Londres, 1871, p. 46, lig. 64. Une trentaine d’années après l’événement raconté dans Jérémie, le même nom de Nabûsuzibanni se retrouve dans les inscriptions de Nabonide. F. Vigouroux.

    1. NABUTHÉENS##

NABUTHÉENS (Septante : Naêaxcuoi), peuple ami des Juifs au temps des Machabées, et vivant à l’est du Jourdain. I Mach., v, 25 ; ix, 35. Judas Machabée et Jonathas, son frère, après avoir franchi le Jourdain et marché durant trois jours dans le désert, rencontrèrent les Nabuthéens, qui les reçurent amicalement et leur

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