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NABOTH — NABUCHODONOSOR


affecté de ce refus. Sa femme, l’impie Jézabel, se chargea de le consoler et de lui donner satisfaction. Au nom du roi, elle écrivit aux anciens et aux magistrats de la ville pour que l’on condamnât et qu’on lapidât Naboth comme blasphémateur. Servilement et honteusement dociles aux instructions royales, les anciens commencèrent par publier un jeûne, en expiation du prétendu blasphème qu’ils allaient attribuer à l’innocent. Puis, deux faux témoins accusèrent en public Naboth d’avoir maudit Dieu et le roi. Une sentence de mort était inévitable, Lev., xxiv, 10-16. Voir Blasphème, t. i, col. 1806. Naboth fut lapidé. Jézabel annonça sa mort à Achab, qui ne put ignorer ce qui s’était passé, et le roi prit possession de la vigne convoitée. Le crime était grand. Le prophète Élie fut chargé d’en prédire le châtiment. Il dit à Achab qu’en punition de sa faute, lui-même serait balayé, que toute sa descendance mâle serait exterminée, que le corps de ses fils serait dévoré dans la ville par les chiens et dans les champs par les oiseaux de proie, et que les chiens lécheraient son sang et celui de Jézabel. Après avoir entendu cette terrible annonce, Achab s’humilia devant le Seigneur, déchira ses vêtements, se couvrit d’un sac et jeûna. En considération de ces actes de pénilence, qui étaient le désaveu public de son crime, le Seigneur fit dire à Achab que le châtiment prédit n’arriverait qu’après sa mort, sous le règne de son fils. III Reg., xxi, 1-24, 27-29. Quand Achab eut été blessé mortellement à Ramoth-Galaad, on le ramena sur son char et il mourut en route. On lava le char teint de sang dans l’étang de Samarie ; les chiens léchèrent le sang et les prostituées se baignèrent dans l’étang. III Reg., xxii, 34-38. Jéhu, sacré roi à la place de Joram, fils et second successeur d’Achab, mit à mort Joram, IV Reg., ix, 23-26, et fit précipiter Jézabel du haut d’une maison de Jesraël. Les chiens dévorèrent le cadavre de la reine et l’on ne retrouva d’elle que le crâne, les pieds et les paumes des mains. IV Reg., ix, 30-37. Jéhu fit ensuite périr les soixan te-dix fils d’Achab el extermina tout ce qui restait de sa maison. IV Reg., x, 6-11. Toutes ces exécutions sont présentées comme la punition des impiétés et des crimes d’Achab, spécialement du meurtre de Naboth. Dieu montra par là quelle importance il attache au respect de la vie humaine et de la propriété. — Dans cet épisode, on remarque différents traits qui se retrouvent dans d’autres récits, particulièrement le rôle des faux témoins, comme dans l’histoire de Susanne, Dan., xiii, 34-41, et dans celle de la Passion, Matth., xxvi, 61, et le souci de garder les formes légales, même quand on commet un crime odieux. Joa., xviii, 28 ; Act., vii, 57, 58.

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1. NABUCHODONOSOR (hébreu : nsansiM,

Nebûkadnê’ssar, et iIsNTTStts, Nebûkadre’ssôr, Jer.,

xlix, 28, et I Esd., ii, 1 ; Septante, Nagoi>xo80vo<r6p, NaëouxoSpÔTopo ;  ; Vulgate : Nabuchodonosor ; dans Strabon, Polyhistor, Mégasthène, dans le canon de Ptolémée, etc. : Na60xoXærer6poç ; textes babyloniens caractères idéographiques ou syllabiques : Nabium-kudurrlusur, nom théophore, analogue à Nabu-sar-usur, mais dont le deuxième élément est fort diversement interprété : que (le dieu) Nébo protège kudurri, avec ou sans pronom suffixe, ma tiare, cf. xiSapic, ma couronne, mon empire — la limite (de mon royaume) — ou mon travail. Schrader-Whitehouse, The cuneiform inscriptions and the OUI Testament, 1888, t. ii, p. 47-48, n.). Voici les titres qu’il se donne sur une de ses briques (fig. 390) :

1. Nabu-kudurri-usur i.u E-ti-da

Nabuchodonosor et du temple zi-da

2. Sar Ba-bi-lu 5. abal Nabu-abal-usur roi de Babylone fils de Nabopolassar

3. Za-ni-in Ê-sag-ila 6. Sar Ba-bi-lu anaku soutien du temple sag-ila roi de Babylone je (suis).

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390. — Brique portant les titres de Nabuchodonosor.

I. Guerres de Nabuchodonosor. — Nabuchodonosor II, roi de Babylone (Nouvel-Empire), régna de 604 à 561 suivant le canon de Ptolémée (ou 605 à 562, le canon ne tenant pas compte des années incomplètes). C’était le fils aîné et successeur de Nabopolassar. Ce dernier, avec l’aide des Mèdes, s’était rendu indépendant et avait détruit Ninive et l’empire assyrien, fondant ainsi le dernier empire babylonien. Nabuchodonosor lui donna toute son extension et toute sa splendeur. L’histoire de son règne ne nous est connue que partiellement, par les inscriptions babyloniennes contemporaines, les textes bibliques, Bérose et des fragments des historiographes grecs. Avant de monter sur le trône, il dirigea personnellement différentes campagnes destinées à régler définitivement le partage de l’empire assyrien : après trois ans de lutte contre les Araméens, les Cimmériens et les Scythes, il donna comme frontière septentrionale à l’empire babylonien le bassin du moyen Euphrate et du Balikh jusqu’à Harran. Comme frontière occidentale, il étendit sa suzeraineté sur la Syrie et la Palestine jusqu’à la Méditerranée. — NéchaoII, roi d’Egypte, avait profité de l’affaiblissement, ou même de la disparition de la puissance ninivite, pour essayer d’y rétablir l’antique domination égyptienne. Josias de Juda, ayant voulu s’opposer au passage de Néchao, avait été battu et mis à mort à Mageddo, sans pouvoir empêcher les Égyptiens d’arriver jusqu’à l’Eupnrate. Voir Josias 1, t. iii, col. 1683. Mais Nabopolassar, aussitôt après la destruction de Ninive, envoya contre les Égyptiens son fils aîné Nabuchodonosor, |qui battit Néchao à Carchamis (604) et l’obligea à reprendre la route de l’Egypte, puis il le poursuivit dans sa retraite, s’assurant au passage la soumission de Moab, d’Ammon, des Philistins, et de Joakim de Juda, et emmenant de partout des otages ou des captifs. Jérusalem fut même prise après un siège dont nous ignorons les péripéties, et le Temple dépouillé d’une partie de ses richesses, la 3e -4 « année de Joakim. Jer., XLvn, 1-2 ; Dan., i, 1-2. Ce fut le point de départ des soixante-dix ans de captivité, et Daniel et ses compagnons furent parmi ces premiers déportés. — Nabuchodonosor, précipitant sa marche, allait atteindre Néchao II à son entrée en Egypte, lorsqu’il apprit la mort de Nabopolassar. Craignant des compétitions, peut-être de^ la, part de son frère Nabu-su-liHr dont parle une inscription de Nabopolassar, il se hâta de signer un’armistice avec Néchao, chacun restant sur ses positions, et Nabuchodonosor conservant toute la côte syrienne et palestinienne ; et tandis qu’il laissait derrière lui son armée avec les captifs et le butin faire un long détour pour aller traverser l’Euphrate au passage de Carchamis, lui-même se jeta à travers le désert d’Arabie et arriva à l’improviste à Babylone. Il fut intronisé sans opposition, et inaugura son règne (604), qui fut le seul long et glorieux de tout le dernier empire.