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NABLE — NABO


les représentations monumentales qu’à partir de l’époque où l’on y trouve le trigone et la lyre asiatiques ; toutefois, le signe hiéroglyphique du néfer, qui est l’image

même de la guitare, f, intervient très fréquemment sur les monuments dès l’époque des pyramides. V. Loret, L’Egypte au temps des Pharaons, in-12, Paris, 1889, p. 150. Voir Ebers, dans Riehm, Handwôrterbuch der biblischen Alterthums, l re édit., Leipzig, 1884, t. ii, p. 1035 ; Uhlemann, Handbuch der âgyptischen Alterthumskunde, t. ii, p. 302. Si le rapport étymologique très probable entre le mot hébreu et le mot égyptien pouvait se démontrer comme une certitude, on conclurait, non plus à l’adoption par les Égyptiens d’un instrument asiatique, mais à l’emprunt par les Palestiniens de l’instrument égyptien avec son nom hiéroglyphique, à la même époque où s’introduisait aux bords du Nil la petite harpe trigone phénicienne. Voir Ha.rpe, t. iii, col. 434.

Quoi qu’il en soit, ces types d’instruments à manche furent très anciennement répandus dans toute l’Asie, et les exemplaires actuels rappellent encore les modèles^ anciens. Le théorbe égyptien avait en effet, comme la tanbourah moderne, un manche très long, sur lequel étaient tendues deux ou trois cordes, ou souvent une seule. Ces cordes avaient un unique point d’assemblage, au bas de la partie sonore de l’instrument ; elles étaient fixées par des chevilles de bois placées à l’extrémité du manche. Le théorbe diffère du luth arabe, son dérivé, par la petitesse du corps de résonnance, la grande longueur du manche et le nombre réduit des cordes. Voir Luth, t. iv, col. 431. On touchait les cordes avec les doigts de la main droite. Le plectre s’introduisit plus tard. Voir Plectre. Primitivement les cordes des divers instruments ne s’utilisaient que pour donner chacune un son. On imagina, dans les instruments à manche, la tablature, consistant en sillets disposés le long du manche, pour marquer ! a place des notes, constituant pour chaque corde une échelle tonale réduite. Au x* siècle de notre ère, les sillets disparurent, mais les procédés de position des doigts sur le manche ne firent que se perfectionner. L’instrument est soutenu à l’aide de la main gauche, devant la poitrine, mais il est souvent porté en bandoulière, de façon à rendre la main gauche libre de participer au jeu.

Le mot hébreu nébél, qui signifie une « outre », Is., xxii, 24, fait sans doute allusion à la partie creuse et rebondie du corps de résonnance. Cette expression a induit en erreur plusieurs écrivains, qui se sont représenté le nable comme composé d’une outre, formant réservoir d’air, et de tuyaux, comme la cornemuse. Villoteau, De l’état actuel de l’art musical en Egypte, dans la Description de l’Egypte, Paris, 1805, t. XIH, p. 477. Il est hors de doute que le nable était de la famille des instruments à cordes. La version anglaise ancienne rend nébél par psaltery, mais aussi par viol, « viole, » dans Amos, v, 23, et vi, 5.

2° Usage du nable chez les Hébreux. — Le nable apparaît à l’époque de Samuel, immédiatement avant la période des rois. Nous le voyons dès lors associé presque toujours à la harpe ancienne, aux flûtes et hautbois, ainsi qu’aux instruments de percussion. On trouve ainsi : nébél et kinnôr, Ps. xxxih (xxxii), 2 ; lxxi (lxx), 22 ; xcn (xci), 4 ; cvm (cvn), 3 ; nébél, kinnôr, tambourin et flûte : I Sam., x, 5 ; Is., x, 12 ; nébél, kinnôr, corne, trompette et cymbales ; I Par., xv, 28 ; nébél, kinnôr, trompettes : II Par., xx, 28 ; nébel, tambourin, cymbales, trompette : I Par., xiii, 8 ; nébél, kinnôr, cymbales : II Esd., xii, 27, et ces trois instruments spécialisent les trois classes des musiciens dans le service du Temple, I Par., xv, 16 ; xxv, 1, 6 ; II Par., v, 12 ; xxix, 25.

Lors de la translation de l’arche à Jérusalem, du temps de David, il y avait huit joueurs de nable. Par., xv, 20.

C’est au nable <jue s’applique l’expression’al’alâmôt (Vulgate : arcana). ïbid., Voir AlÂmôt, t. i, col. 333. Les prophètes expriment la vibration des cordes et la résonnance de l’instrument par hèmyat nebâlékâ, Is., xiv, 12, le « bruit » ; zimrat nebâlékâ, Amos, v, 24, le « jeu », ifnXi.61 ; Ur, II Esd., XU, 27, le « chant » des nables. On dit aussi : hap-pônim’al pi han-nâbél, Amos, vi, 5, ceux qui « divisent » les sons, qui multiplient les notes sur le nable.

Ces instruments étaient fabriqués en bois de cèdre et de cyprès, comme les harpes. II Sam., vi, 5. Voir Harpe. Salomon en fit construire avec les bois de santal rapportés d’Ophir, III Reg., X, 12 ; Il Par., ix, 10, 11, et, suivant Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, il les orna de métal, iX&tpou. La légèreté et la commodité de maniement du nable, sa constitution peut-être moins primitive, lui donnèrent une incontestable supériorité sur la petite harpe qui l’avait précédé, au point qu’il devint comme celle-ci, l’instrument national des Hébreux. Parmi les perfectionnements divers que subit le nable, l’Écriture mentionne indirectement l’étendue plus grande du jeu de cordes. Le nable à dix cordes est appelé nébél’âsôr. Ps. xxxm (xxxii), 2 ; xcn (xci), 4. Dans l’état où l’on se-représente l’instrumentation antique, une modification de cette sorte dut faire époque, à l’égal des transformations de la lyre grecque antique ou du luth arabe au Xe siècle. Rien d’étonnant à ce qu’une épithète spéciale ait désigné le nouveau type d’instrument.

J. Parisot.

1. NABO (hébreu : Nebô, 13 :  ; Septante, Na6aû ; textes

cunéiformes : Na-bi-u, Na-bu, >->-^ ►^T ^2 ^ TTT.

nom d’un dieu babylonien, qui semble apparenté soit étymologiquement, soit artificiellement, à la racine sémitique K32, ndbâ’, d’où dérive le mot hébreu

TT

n>32, nâbV, « prophète. » C’était le fils du dieu Mardouk=

Mérodach, dont il annonçait les volontés aux hommes, il était aussi le dieu des sciences et des lettres, le dieu, particulier des scribes. Primitivement il était adoré, comme grand dieu spécial, à Barsip^Borsippa, où il eut toujours un temple-pyramide célèbre. Quand plus tard Borsippa fut réunie et subordonnée à Babylone, Nabo y fut reçu et considéré comme fils de Bel-Mardouk, le grand dieu babylonien, cf. Is., xlvi, 1 ; il y jouit toujours d’une vénération spéciale et devint la divinité éponyme de la plupart des souverains de Babylone, Nabu-kudurusur (Nabuchodonosor), Nabu^pal-usur (Nabopalassar), Nabu-nahid, etc., qui aiment à se dire dans leurs inscriptions « favori du dieu Nabo ». Nabuchodonosor restaura entre autres son temple à sept étages de Borsippa, nommé « le temple des sept sphères (planètes) du ciel et de la terre ». Les textes assyriens et babyloniens donnent à Nabo les épithètes de « sage, intelligent, auteur de la prophétie, auteur de l’écriture, auteur des tablettes écrites, celui qui ouvre l’oreille (qui donne l’intelligence) », il partage ce dernier rôle avec la déesse TaS-me-tu, « celle qui fait entendre, » qui lui est donnée pour épouse. C’est à ce couple divin que rend grâces le roi Asiur-bani-pal, dans la formule finale des tablettes de toutes sortes^de sciences que ce monarque fit transcrire en Bàbylonie pour sa bibliothèque de Ninive. Nabo était de plus préposé et identifié à la planète Mercure, comme Mardouk son père l’était à celle de Jupiter dans le culte astral babylonien. Dans son rôle cosmogonique on lui donne le titre, fort peu clair, de « lien de l’univers », l’assimilant ainsi, d’après Sayce, Lectures on the origin and growth of religion, as illustrated by the religion of the ancient Babylonians, p. 116-117, au grand abîme qui, comme un fleuve, faisait le tour de la terré, et d’où émanait toute science. Comme dieu