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MYRRHE — MYRTE


206, 4. Cette pratique s’autorisait de ce passage des Proverbes, xxxi, 6 :

Donnez des liqueurs fortes à celui qui périt,

Et du vin à celui dont le cœur est rempli d’amertume.

Le savant Maimonide dans son traité In Sanhedr., 13, assure qu’à l’heure de la mort on présentait au condamné des grains d’encens dans une coupe de viii, pour lui enlever la connaissance et l’empêcher de sentir la douleur. J. H. Friedlieb, Archéologie de la Passion, trad. Fr. Martin, in-8°, Paris, 1897, p. 177. Dioscoride, I, 77, attribue ce pouvoir assoupissant à la myrrhe, lorsqu’elle est mélangée en quantité suffisante. « Comme les gommes-résines fétides…, la myrrhe, dit Dechambre, Dict. des sciences médicales, est antispasmodique et calmante ; c’est à l’huile essentielle qu’elle renferme que j’attribue la propriété ontalgique que j’ai souvent constatée dans la myrrhe. » Les soldats, se conformant à cet usage juif, offrirent ce breuvage à Jésus-Christ ; mais l’ayant goûté, Matth., xxvii, 34, il ne voulut point boire, résigné à goûter au contraire toutes les amertumes de cette mort. — Au lieu de myrrhe, saint Matthieu dans le passage parallèle, xxviii, 34, met x a ^> (< ne’: * « ils lui donnèrent à boire du viii, otvov, mêlé de fiel. » Il est vrai que les Septante se servent de ce mot pour désigner des choses amères, comme l’absinthe, le pavot. Le premier Évangéliste marquerait par ce terme un vin mêlé d’amertume, et de la sorte il ne différerait pas sensiblement de saint Marc, qui parle « d’un vin mêlé de myrrhe ». On peut dire aussi avec Hengstenberg, Commentary on the Psalms, in-8°, Edimbourg, 1867, t. II, p. 374, que saint Matthieu, ayant toujours les yeux fixés sur les prophéties de l’Ancien Testament, a voulu rendre l’allusion au Psaume plus sensible en se servant des termes mêmes qu’il trouvait dans la version grecque des Psaumes. Ce rapprochement est plus marqué encore si on lit avec quelques manuscrits grecs et le texte reçu ô’Çoç, « vinaigre, » au lieu de oTvoç, « vin : » « ils îui donnèrent du vinaigre mêlé de fiel. * MaUh., xxvii, 34. Car la version des Septante traduit ainsi le j). 22 du Ps. lxvih :

Ils mettent du fiel dans ma nourriture Et ils m’abreuvent de vinaigre.

6° L’arbre qui produit la myrrhe, le Balsamodendron myrrha de Nées, n’existe pas en Palestine. La myrrhe était un produit importé d’Arabie. C’est le lieu d’origine qu’assignent les anciens, comme Hérodote, iii, 107 ; Dioscoride, 1, 77 ; Théophraste, ix, 4 ; Pline, xii, 33-35 ; Strabon, xvi, iv, 4, 19. Elle venait aussi de la Nubie et des contrées voisines. C’est de la terre de Pouânit, la côte des Somalis, que les Égyptiens tiraient ce produit, G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. ii, 1897, p. 250. C’est encore en Arabie, « sur les côtes de l’Afrique orientale que croissent les arbres à myrrhe : on les trouve dans l’Yémen, dans l’Hadramaout et dans le pays des Somalis. » Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, l re partie, dans l’Orient classique, in-8°, 1897, p. 355.

E. Levesque.

    1. MYRTE##

MYRTE (hébreu : hâdas ; Septante : (jmpmvii ; Vulgate : myrtus, myrtetum), arbrisseau odorant et toujours vert.

I. Description. — Parmi les arbrisseaux qui donnent aux rivages de la Méditerranée leur caractère de région toujours verte, le myrte est le représentant unique d’une famille riche en types variés, répandus dans toute îa zone intertropicale et surtout en Australie. Il n’y croit spontanément que dans les localités les plus chaudes et les mieux abritées, mais de temps immémorial son aire de dispersion a été étendue par la culture, à cause de son parfum pénétrant.

Le Myrtus communis de Linné (fig. 386) peut atteindre

la taille d’un homme : ses rameaux dressés et tomenteux sont tout recouverts de feuilles opposées et sessiles, dont le limbe ovale pointu, entier sur les bords, ponctuéglanduleux, d’un vert brillant plus foncé au-dessus, présente une extrême variété de dimensions et de formes, tantôt plus court et subarrondi, tantôt étroit et presque linéaire. Les fleurs solitaires à l’aisselle des feuilles sont portées par de longs pédoncules filiformes munis de deux bractéoles tout au sommet. Les sépales, coriaces et pointus comme les feuilles, sont largement ovales triangulaires, longuement dépassés par autant de pétales blancs, concaves, et imbriqués dans l’estivation. Les étamines sont nombreuses et libres, blanches à anthères

386. — Myrtus communis.

jaunâtres ; l’ovaire infère, d’abord surmonté d’un long style central et d’un disque quinquelobé, devient à la maturité une baie noire bleuâtre de la grosseur d’un pois, couronnée par le calice persistant. Les 2 ou 3 loges de ce fruit sont remplies de graines osseuses, obliquement réniformes, renfermant un embryon courbé en anneau sans albumen. F. Hy.

II. Exégèse. — Toutes les versions s’accordent pour voir dans hâdas le nom du myrte. Si dans Zach., i, 8, 10, 11, les Septante traduisent par ôpswv, « montagne, » c’est, qu’ils ont lu en ces trois endroits, onnn, héhârvm, « les montagnes, » au lieu de D’DTn, hâdassîm, « les myrtes. » Dans Is., xli, 19, et lv, 13, le syriaque tra duit hâdas) par r-^J, ’oso’, qui est le nom du myrte araméen ndn, ’âsa’. Dans la paraphrase chaldéenne de Jonathan, on a conservé le mot hâdas, comme dans l’hébreu. L’arabe rend le mot hébreu par ^i, ’as, qui est un des noms du myrte, aussi commun que rîhân. Dans l’Arabie du sud on emploie au lieu de’as, v __ y M.^>Â, hadas, identique au nom hébreu. I. Lôw, Aramâische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 50. À la fête des Tabernacles, qui eut lieu au retour de Babylone, Néhé-