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MUSIQUE DES’HÉBREUX

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ci-dessus. Elles étaient faites non de métal, mais de boyaux d’animaux. On les touchait avec la raain^I Reg. xvi, 23. Voir Sap., xix, 17 ; plus tard on connut le plec tre. Voir Plectre.

2° Instruments à vent. — Ceux-ci appartiennent à deux classes, celle des trompettes et celle des ilûtes. Ce dernier nom comprenait chez les anciens la famille des ilûtes proprement dites et celle des hautbois. VoirFLUTE, t. ii, col. 2291. — l.Les cornes d’animaux durent servir très anciennement à faire des trompettes ; d’où le nom de qérén, « corne, » donné à cet instrument. Jos„ vi, 4, 5. Il semble que le Sôfdr fût synonyme du qérén, ou du moins lui ressemblât par sa forme. Voir Trompette, tlORNE, t. ii, col. 1011. Ifasôserah, Num., x, 2, était une autre sorte de trompette en métal, analogue aux trompettes égyptiennes, droite ou recourbée, et évasée en forme de pavillon. — 2. Les flûtes et hautbois sontappelés hâlîl, I Reg., x, 5 ; nelyilôf, Ps. v, 1 ; ’ûgâb, Gen., iv, 21 ; Job, xxi, 12 ; mais l’exacte détermination de ce dernier nom est encore à faire. Voir Flûte, t. ii, col. 2291. Ce peut être la flûte de Pan, l’instrument des bergers,

donne à conclure que les harpistes et flûtistes devaient jouer à notes rapides. Les premiers sont représentés dans l’atlitude nécessaire au jeu fatigant des muscles, voir Harpe, t. iii, col. 439 ; les doigts étendus pour l’exécution de passages rapides et de notes répétées. Les flûtistes soutiennent leur instrument à l’aide du pouce, les quatre autres doigts de chaque main restant libres pour ouvrir et boucher rapidement les trous. Ces procédés ont persévéré jusqu’à nos jours dans le monde musical oriental. Voir M. Fontanes, Les Egyptes, Paris, 1882, p. 356, 357 ; Salvador Daniel, La musique arabe, Alger, 1879, p. 73. La multiplicité des notes supplée ainsi au manquede puissance des instruments, qtii ne servent pas d’ailleurs à produire d’effets d’harmonie simultanée, caractéristique de la musique occidentale. L’accouplement des instruments, ou « le concert », Eccli., xl, 21, loin de former comme parmi nous une partie intégrante de la musique, ne constituait qu’un accessoire ; les voix d’hommes et les voix de femmes ou d’enfants chantaient à l’unisson ou à l’octave ; les instruments suivaient à peu près les voix pour les guider ou les soutenir, ou pour

382. — Musiciens de Suse, du temps d’Assurbanipal. Koyoundjik. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 48-49.

ou la syrinx ou sifflet, comme l’instrument appelé mairôqitâ, dans Daniel, iii, 5, et, d’après quelquesruns, serîkôt, dans Juges ; mais ce dernier mot signifie simplement « sifflement ». $umpôniâh, Dan., iii, 5, etsimpônidh. Dan., iii, 10, serait la cornemuse ou musette des

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arabes modernes, J^Svl, qui est encore appelée sam bônyâ, dans les dialectes syriaques vulgaires. Le terme grec de o-uy-cpam’a, dans Luc, xv, 25, aurait peut-être le sens de « concert », réunion de voix et d’instruments.

3° Instruments de percussion. — Cette catégorie appartient à l’antiquité la plus reculée et se trouve dans les civilisations les plus rudimentaires, comme accompagnement obligé de la danse rythmée. — 1. L’Écriture mentionne le tambourin, tôf, dont le nom, en arabe,

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jjp, comprend diverses variétés de tambours ou tambourins légers, montés en bois en terre ou en métal (timbales).

— 2. Les cymbales, selselîm, II Reg., VI, 5, et mesilfâïm, cymbales doubles, I Par., xiii, 8 ; les castagnettes, dont le nom sémitique n’est pas certain ; les sonnettes ou grelots, pa’âmon, que la Bible ne présente pas toutefois comme employées en guise d’instrument musical, Exod., xxviii, 33 ; les sonnailles ou lamettes de métal, mëfillôt, servant d’ornement, Zach., xiv, 20 ; le sistre, mena’naîm, ll Reg., vi, 5 ; puis un autre instrument, qui reste indéterminé, sâlii, I Reg., xviii, 6, sont les différents types de cette catégorie. Voir Clochettes, t. ii, col. 807. VI. Exécution musicale. — L’exécution musicale était fort différente de celle à laquelle notre éducation nous habitue. À la vérité, l’inspection des monuments

marquer le rythme ; tout au plus pratiquait-on un contre-chant ou des ornements mélodiques, analogues au procédé en usage en Grèce au vu 8 siècle avant notre ère, et que les Arabes modernes exécutent, sans autre règle que celle de la fantaisie ou de la routine. Cette pratique, connue aussi des « chanteurs de luth » du xve siècle, semble avoir été celle des musiciens populaires, à toutes les époques.

C’est précisément parce que les instruments ainsi accouplés ne produisaient pas d’effets polyphoniques, que les Asiatiques, à Jérusalem comme à Babylone, en réunissaient un si grand nombre dans chaque catégorie. Leurs associations d’instruments comprenaient indifféremment tous les types ensemble (fig. 382 ; voir la suite de ce bas^ relieꝟ. 1. 1, fig. 192, col. 555) ou plusieurs d’entre eux, groupés sans préférence. Nous trouvons, en effet, les nables, les flûtes, les tambourins et les kinnors, I Reg., x, 5 ; Job, xxxt, 12 ; nables, tambourins, cymbales, trompettes, I Par., xiii, 8 ; nables, kinnors et cymbales, I Par., xv, 16 ; nables, kinnors et trompettes, II Par., xx, 28 ; cornes et trompettes, I Par., xx, 28 ; flûtes et tambourins accompagnant la danse, Judith, iii, 10 (Vulgate) ; flûte et voix, III Reg., i, 40 ; flûte et psaltérion, Eccli., XL, 21 ; mais le concert de ces deux derniers instruments est ici d’influence gréco-alexandrine. Il importe toutefois de constater que les flûtistes quoiqu’on les troue partout chez les anciens (fig. 383), manquent dans les nomenclatures des musiciens au service du Temple. I Par., xxv. Voir Flûte, t. ii, col. 2295.

De ces observations nous devons conclure que les Sémites n’élevèrent pas la musique, comme le firent les