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MULET — MULTITUDE


sur les monuments assyriens (fig. 374), Il est déjà question de mules portant le fardeau, dans le poème babylonien sur Gilgamès, Cf. Haupt, Dos Babylonische Nimrodepos, Leipzig, 1884-1892, p. 43. Les auteurs classiques font également remonter assez haut l’apparition du mulet. Cf. Diodore de Sicile, II, 11 ; Hérodote, i, 188 ; iii, 153 ; vu, 57 ; lliad., x, 115 ; xxiv, 702 ; Aristote, Hist. animal., i, 6 ; vi, 22. 24, etc. Actuellement, en Palestine, le mulet est d’un usage habituel. Il sert souvent de monture ou de bête de charge. Son endurance et l’aisance avec laquelle il chemine à travers les sentiers les plus accidentés le rendent précieux. Les Arabes le dédaignent et ne montent que des chevaux ; mais la population sédentaire l’utilise d’autant plus volontiers que la cavalerie militaire et les Bédouins accaparent tous les chevaux. Cf. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 124, 125.

2° Dans la Bible. — La loi mosaïque défendait les

374. — Mulet chargé.

D’après The bronze ornaments of the Palace Gates

of Balawat, pi. 27.

croisements entre quadrupèdes d’espèces différentes. Lev., xix, 19. Cette loi ne fut pas observée à la lettre. Si les Hébreux ne firent pas eux-mêmes ces croisements, ils ne laissèrent pas du moins de se procurer des mulets. Ceux-ci, du reste, n’apparurent en Palestine qu’à l’époque de David, c’est-à-dire peu après l’introduction du cheval dans le pays. Voir Cheval, t. ii, col. 677. Ils servaient de monture (fig. 375). Les fils de David montaient chacun un mulet, II Reg., xra, 29, et Absalom fuyait du champ de bataille sur son mulet quand sa chevelure se prit aux branches d’un térébinthe. II Reg., xviii, 9. David avait sa mule, sur laquelle on fit monter Salomon pour qu’il fût sacré à Gihon. III Reg., i, 33, 38, 44. On amenait en tribut des chevaux et des mulets à Salomon. III Reg., x, 25 ; II Par., ix, 24. Achab possédait en nombre ces deux sortes d’animaux. III Reg., xviii, 5. Isaïe, lxvi, 20, prédit qu’on ramènerait les exilés sur des chevaux, des mulets et des dromadaires. De fait, ceux qui revinrent de la captivité avec Zorobabel amenaient 736 chevaux, 245 mulets, 435 chameaux et 6720 ânes. I Esd., ii, 66 ; II Esd., vii, 68. Dans cette énumération, les mulets sont de beaucoup les moins nombreux, ce qui indiquerait qu’ils étaient soit plus rares, soit plus chers en Mésopotamie. Ces animaux servaient souvent comme bêtes de charge. I Par., xil, 40 ; IV Reg., v, 17 (fig. 371372). Les Tyriens les faisaient venir de Thogorma, en Arménie. Ezech., xxvii, 14. Zacharie, xiv, 15, prédit une plaie qui doit atteindre chevaux, mulets, chameaux et ânes. Ûn_psalmiste met le cheval et le mulet au même rang, au point de vue de l’inintelligence. Ps. xxxii (xxxi),

9. Ces différents textes montrent que, de David au retour de la captivité, les Hébreux se servaient sans scrupule du mulet aussi bien que du cheval, de l’âne et du chameau. Le mulet n’est pas mentionné dans le Nouveau Testament. — Dans l’énumération des descendants d’Ésaû, il est dit qu’Ana, fils de Sébëon, trouva hayyêmim dans le désert. Gen., xxxvi, 24. Ce mot, que la Vulgate traduit par aquas calidas, « eaux chaudes, » est rendu différemment par les autres versions, Septante : l « (ttv ; Théodot. : laiietv ; Aq., Symm. : yiphv ; Chald. : gêbbârayd’, les géants, probablement les Émim. Voir Émim, t. ii, col. 1732. Les anciens auteurs juifs ont traduit par hêmiônos, rififovo ; , mulet. H. Milne-Edwards, dans les Comptes rendus de l’Acad. des q j sciences, t. lxix, 1869, p. 1284, pensait qu’il s’agit probablement ici des hémiones proprement dits, équidés qui, par leur taille et leur forme, sont intermédiaires entre le cheval et l’âne, et qui abondaient dans l’Inde et dans la Perse. Voir Onagre. Ces différentes explications, par 375. — Mulet monté.

D’aprèa Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 35.

ticulièrement celle qui suppose la découverte de mulets, sont tout à fait problématiques. On se range communément à celle de saint Jérôme, Lib. qusest. hebr. in Gènes., t. xxii, col. 994, qui, d’après une étymologie empruntée à la langue punique, traduit par « eaux chaudes », source thermale. La source en question serait celle de Callirrhoé. Cf. Buhl, Geschichte der Edomiter, Leipzig, 1893, p. 46. Voir Callirrhoé, t. ii, col. 69-71. — Au livre d’Esther, viii, 10, 14, il est dit que le roi envoya dans toutes les provinces des courriers à cheval, montant des coursiers, hâ’âhastrânîm benê hârammâkîm, ce qu’on traduit quelquefois par « mulets nés, de juments ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 76, et Rœdiger, Additamenta, p. 68. Mais le mot’âhastrdnîm est vraisemblablement un dérivé de l’ancien mot perse chschatra, « supériorité. » Il serait donc question seulement de « coursiers de race supérieure, fils de juments », c’est-à-dire provenant des haras où sont élevées des bêtes de choix, capables de grande vitesse. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 30 ; Oppert, dans les Annales de philosophie chrét., Paris, 1864, p. 23, 24. Dans les Septante, Esth., viii, 1Î, m1 n’est parlé que de chevaux, et dans la Vulgate, Esth., viii, 10, 14, que de veredarii, « courriers. »

H. Lesêtre.
    1. MULTITUDE##

MULTITUDE, très grand nombre de personnes ou de choses. — Il est fréquemment question de multitude dans les Livres Saints. L’hébreu se sert d’un certain nombre de noms pour la désigner :

1° Ancien Testament. — i » Hâmôn. de hàmâh, « frémir, » 7cXrj60ç, X « ô ; , mullitudo, populus. Is., v, 13 ; xxxin, 3, etc. Ce mot désigne la multitude des nations, Gen., xvii, 4, 5 ; des peuples, Is., xvji, 12 ; des guerriers.