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LATINES (VERSIONS) — LAUDIANUS (CODEX)

2° Léon de Juda, du parti de Zwingle, a traduit l’Ancien Testament sur l’hébreu, Zurich, 1543 ; Paris, 1545. Comme il mourut avant la fin de son travail, Bibliander acheva Ezéchiel et traduisit Daniel, Job, PEcclésiaste, le Cantique et les quarante-huit derniers Psaumes ; P. Cholin traduisit du grec les livres que les protestants nomment apocryphes. Ces traductions sont assez bonnes ; elles évitent la littéralité excessive et la paraphrase ; on y signale cependant certaines inexactitudes et quelques passages peu intelligibles.

3° La traduction de Castalion, Biblia V. et N. Testam., Bâle, 1551, d’après l’hébreu et le grec, vise à l’élégance et ne l’atteint qu’aux dépens de la fidélité. Bien des passages sont ainsi affaiblis, modifiés ou rendus par des équivalents oratoires qui dénaturent plus ou moins l’original. Voir Castalion, t. ii, col. 340.

4° Emm. Tremellius et F. Junius ou du Jon sont les auteurs d’une autre version latine de la Bible : Bibliorum, i. e. libri latini recens ex hebræeo facti, pars i-iv, Francfort-sur-le-Main, 1575-1579, et Apocryphi, 1579, par Junius. Convaincus d’inexactitude en beaucoup d’endroits, ils ont donné une autre édition, Londres, 1581. Ils prennent bon nombre de libertés avec le texte sacré, quelquefois paraphrasent et ajoutent des mots qui ne sont pas dans l’original. Voir Jon, t. iii, col. 1602.

5° Le Polyglotte de Walton contient aussi des traductions latines des textes et des versions orientales, Londres, 1657. Ces traductions sont dues à différents auteurs.

6° Luc Osiander et son fils André, mort en 1552, donnèrent chacun une édition de la Vulgate, mais en la corrigeant d’après le texte hébreu. Dans ses traductions de la Bible, Robert Estienne inséra, en 1545, la version de Léon de Juda, et en 1557, celle de Pagnino. — Cf. Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam,

1685, p, 313-329, 416-418 ; Mariana, Pro editione Vulgata dissertatio, xxv, dans le Scripturæ Sacræ Cursus completus de Migne, 1. 1, col. 685-691 ; Cornely, Introduct. gêneral. in N. T. libros sacros, Paris, 1885, t. i, p. 505, 508, 668, 669, 682, 688, 696.

H. Lesêtre.

LATRINES (hébreu : maḥǎrâ’âh ; Septante : λυτρῶναι ; Vulgate : latrinæ), endroit destiné à recevoir les déjections humaines. La Loi prescrivait qu’un emplacement particulier, hors du camp, fût réservé à cet usage pendant le séjour du peuple dans le désert ; elle imposait certaines précautions intéressant à la fois la décence et l’hygiène, en vertu de ce principe supérieur que rien d’impur ne doit offenser la sainteté divine. Deut., xxiii, 12-14. Le contact d’une souillure humaine, quelle qu’elle fût, produisait une impureté légale. Lev., v, 5. Les précautions imposées par la Loi avaient l’avantage de préserver la population contre bien des germes de maladies meurtrières, le sol étant le meilleur désinfectant des matières putrides. Cf. Guéneau de Mussy, Étude sur l’hygiène de Moïse et des anciens Israélites, Paris, 1885, p. 12. Une fois établis dans la terre de Chanaan, les Hébreux durent demeurer fidèles aux usages que leurs pères avaient appris à suivre dans le désert. Pour obéir à l’esprit de la Loi, ils ne manquaient pas, quand ils étaient obligés de s’arrêter dans la campagne, de se couvrir entièrement de leur manteau. De là l’expression hébraïque hêsêk raglâî, « couvrir ses pieds. » (Vulgate : purgare alvum, ventrem.) Jud., iii, 24 ; I Reg., xxiv, 4. Cf. Josèphe, Ant. jud., ~VI, xiii, 4. Le Talmud interprète de même ces passages. Cf. Gesenius, Thesaurus, p. 951. On s’explique ainsi comment David put aisément couper un pan du manteau traînant de Saül, dans la caverne d’Engaddi. I Reg., xxiv, 5. Dans les villes et les agglomérations de quelque importance, la nécessité dut obliger les habitants à se réserver certains endroits, soit publics, soit privés. Toujours est-il qu’à Samarie, Jéhu, pour souiller et déshonorer à jamais le temple de Baal, en fit des latrines publiques. IV Reg., x, 27. De même plus tard, à Rome, on fit une latrine publique de la salle de la curie de Pompée, dans laquelle César avait été frappé à mort. Dion, xlvii, 19. Le mot que le texte sacré emploie pour nommer cet édifice, maḥǎrâ’âh, parut inconvenant à partir d’une certaine époque, et on le remplaça par le mot môsâ’âh (voir le qerî), de yâfd, « sortir, » l’endroit où l’on sort. Le mot dont se servent les Septante, λυτρῶναι, n’est pas grec et ne semble qu’une reproduction du mot latin latrinæ, qu’on lit ici dans la Vulgate. Le mot latin n’est qu’une contraction de lavatrina, parce que la salle qui servait au bain passa peu à peu à un autre usage hygiénique. Il est question de ces endroits dans les auteurs latins. Plaute, Curcul., iv, 4, 24 ; Suétone, Tib., 58 ; Columelle, x, 85, etc. Il y avait, chez les anciens Grecs et Romains, des latrines publiques, en hémicycle, ou rectangulaires, comme on peut en voir dans les ruines de Timgad, en Afrique ; les maisons particulières en étaient pourvues. Élagabale fut tué dans l’un de ces endroits. Lampride, Elag., xvii. Cf. Rich, Dict. des antiq. rom. et grecq., trad. Chéruel, Paris, 1873, p. 353 ; H. Thédenat, dans le Dict. des antiq. grecques et romaines de Daremberg et Saglio, t. iii, p. 987-991. Ils existaient certainement chez les Israélites de l’époque évangélique. Ils sont désignés par saint Matthieu, xv, 17, et saint Marc, vii, 19, sous le nom de ἄφεδρὼν, secessus. Ce mot, qui n’appartient pas au grec classique, a peut-être été suggéré par le mot ἄφεδρος, dont les Septante, Lev., xv, 19, et le médecin Dioscoride, il, 85, se servent pour désigner un certain genre d’impureté. — Les latrines étaient d’ordinaire ménagées hors de la maison et en plein air ; on les établissait de telle façon que, pour s’en servir, on eût toujours le visage tourné vers le midi. Cf. Iken, Antiquitates hebraicæ, Brême, 1741, p. 539.

H. Lesêtre.


LATUSIM (hébreu : Letušĭm ; Codex Samaritanus : Lotšâʾîm ; Septante : Λατουσιείμ), nom ethnique du second fils de Dadan. Il était petit-fils de Jecsan et arrière-petit-fils d’Abraham et de Cétura. Gen., xxv, 3 ; I Par., i, 32 (dans la Vulgate seulement, où leur nom est écrit Latussim). On s’accorde à reconnaître dans ce nom celui d’une tribu arabe, mais sans pouvoir la déterminer avec précision. Steiner, dans Schenkel, Bibel-Lexicon, t. iv, 1872, p. 28, explique le nom comme dérivant de lâtaš, « marteler, » et signifiant « forgerons », de même que Le’ummîm signifierait « soudeurs de métaux ». Cf. S. Jérôme, Quæst. hebr. in Genes., xxv, 3, t. xxiii, col. 976, seris ferrique metalla cudentes. Voir Laomim. On a cru retrouver des traces des Latusim dans quelques inscriptions nabatéennes. M. A. Levy, Ueber die nabatäischen Inschriften, dans la Zeitschrift des deutschen morgenländischen Gesellschaft, t. xiv, 1860, p. 403-404. Cf. Ed. Glaser, Skizze der Geschichte Arabiens, 1890, t. ii, p. 460-461. Frd. Keil, Genesis, 2e édit., 1866, p. 194, les identifie avec les Banu Leiṣ habitant le Hedjaz. Ch. Forster, The historical Geography of Arabia, 2 in-8°, Londres, 1844, t. i, p. 334, suppose que les Latusim sont compris, dans les écrits des prophètes, sous la désignation générale de Dadan, leur père (voir Dadan 2, t. ii, col. 1203), et qu’ils habitaient dans le désert à l’est du pays d’Édom. F. Fresnel, dans le Journal asiatique, IIIe série, t. VI, 1838, p. 217-218, identifie les Latusim avec les Tasm, ancienne tribu éteinte de l’Arabie. Ce sont là tout autant d’hypothèses qu’on n’a pu prouver jusqu’à présent.

F. Vigouroux.


LATUSSIM, orthographe de Latusim dans la Vulgate, I Par., i, 32. Voir Latusim.


LAUDIANUS (CODEX). - I. Description. - Le Laudianus est un manuscrit grec-latin des Actes, écrit