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MORTIER — MORTS


des enduits. Voir Enduit, t. ii, p. 1783. Il est question de cet enduit, ’âfdr, xoîc, lutum, Lev., xiv, 42-48, à propos de la lèpre des maisons. Ézéchiel, xiii, 10-15 ; xxii, 28, en parlant des taux prophètes, dit que le peuple bâtit une muraille, et qu’eux la couvrent de mortier, (âfêl, mais que la muraille s’écroulera par le fait des intempéries, sans que le mortier dont on l’a recouverte empêche sa ruine. Les Septante traduisent fâfêl par àXotçTi, « enduit gras » ou « vernis ». La Vulgate le rend par lutum absque paleis, « argile sans paille, » et elle appelle cet enduit absque temperatura ou absque tempefamento, « sans constitution, s c’est-à-dire sans les éléments qui assureraient sa solidité. On lit dans l’Ecclésiastique, xxii, 21 : « Une palissade sur la hauteur ne tient pas contre la force du vent. » La Vulgate ajoute entre les deux membres de la phrase : cmmenta sine impensa posita. Les cxmenta sont des pierres brutes qu’on employait pour la construction des murailles. Cf. Cicéron, Pro Mil., 27 ; Vitruve, I, v, 8 ; II, vii, 1. Vimpensa est la maçonnerie elle-même, cf. Palladius, i, 13, par conséquent le mortier. Le sens de l’addition est donc : « Un mur en pierres sèches ne tient pas contre la violence du vent. » Les Hébreux ne se servaient de mortier proprement dit que pour les constructions de quelque importance, dont les pierres n’auraient pas suffisamment tenu en place par leur propre poids. Les maisons communes n’avaient que des murs d’argile mêlée de paille. Voir Maçon, col. 519 ; Maison, col. 589. On enduisait de mortier l’intérieur des citernes artificielles creusées dans un sol perméable, afin d’y pouvoir conserver l’eau. Cf. Jer., ii, 13 ; Citerne, t. ii, col. 788,

H. Lesêtre.
    1. MORTIFICATION##

MORTIFICATION, acte volontaire de renoncement ou de pénitence. — 1° Le substantif (grec : vsxpta<rt ;  ; Vulgate : mortificatio), ne se rencontre qu’une fois dans l’Écriture, II Cor., iv, 10, et là même il ne signifie pas la vertu morale désignée par le mot mortification, mais la mort violente, semblable à celle de Jésus-Christ, à laquelle nous expose la haine des persécuteurs. Dans l’Ancien Testament le verbe mortificare, opposé à vivificare, a toujours le sens de « faire mourir », jamais celui de pratiquer la vertu de mortification. Ainsi Dieu a le pouvoir de donner la vie (vivifical) et de l’enlever (mortificat). I Reg., H, 6. Dans la même acception, il est dit que l’impie cherche à donner la mort au juste, Ps. xxxvi, 32 ; cf. xlii, 22 ; cviii, 17 ; Prov., xix, 16. Le participe mortificatus a également le sens de « mis à mort ». Ps. lxxviii, 11 ; cf. II Cor., vi, 9. Saint Paul est le premier qui ait employé ce verbe dans le sens de vertu morale, ou de mort mystique par la répression de la concupiscence, des passions et du péché. C’est la doctrine de l’apôtre que la vie de l’homme dans le péché est une vraie mort, Rom., viii, 13, puisqu’elle exclut la grâce sanctifiante qui est la vie de l’âme et qu’elle conduit à la damnation qui est la mort éternelle. Par contre, s’abstenir du péché, le combattre, en triompher, c’est mourir au péché et cette mort est la vie de la grâce. Rom., vi, 2, 7, 10, 11, 13 ; Eph., ii, 1, 5 ; cf. v, 14. Aussi le chrétien pour vivre spirituellement doit d’abord entrer dans cette mort, Col., ii, 30 ; iii, 3, et mourir non seulement au péché lui-même, mais à la concupiscence qui y conduit, à la vie des sens qui est une occasion permanente de péché, au corps lui-même, si souvent l’instrument du péché. I Cor., ix, 27. De là le mot très caractéristique de mortification.

2° Le but de la mortification corporelle est de signifier la mortification intérieure ou de l’exciter. Il doit toujours y avoir harmonie et connexion entre l’une et l’autre, et l’Écriture réprouve expressément la mortification extérieure qui n’est pas accompagnée de la mortification intérieure : c’est une pure hypocrisie. Is., lviii, 3-7 ; Jer., xiv, 12 ; Matth., vi, 16, 17. À plus forte raison péprouve-t-elle la mortification pharisaîque pratiquée

D1CT. de la bible.

par vaine gloire et superstition. Matth., vi, 16-18 ; Col., ii, 23. Dans l’Ancien Testament la fête de l’expiation avec son caractère pénitentiel n’est instituée que pour exciter la mortification intérieure dans le repentir et la componction du cœur. Lev., xvi, 29, 31 ; xxiii, 27, 32 ; Num., xxix, 7.

3° La mortification a sa place dans la vie privée et a pour objet le perfectionnement moral de l’âme, tantôt pour l’exciter à la pénitence, tantôt pour expier les fautes commises ou conjurer la colère de Dieu, III Reg., xxi, 27-29, et obtenir miséricorde. Ps. xxxiv, 13 ; Tob., iii, 10 ; Dan., ix, 3 ; Act., iii, 2, 3. Elle entre également dans la vie publique avec le caractère de supplication solentj nelle soit pour détourner un malheur, Judith, iv, 8, 12 ; Esth., iv, 3, 16, soit pour obtenir l’assistance divine dans une entreprise difficile. Jud., xx, 26 ; II Par., xxxi, 13 ;

Il Mach., xiii, 12. Des privations corporelles des athlètes et des coureurs en vue de la récompense, saint Paul s’élève à la mortification pratiquée en vue de la gloire éternelle, I Cor., ix, 25, et en esprit de foi. Hebr., xi, 37, 38.

4° Les principales pratiques de mortification extérieure mentionnées dans l’Écriture sont l’usage de la cendre qu’on répandait sur la tête et le visage (voir Cendre, t. H, col. 407) ; le jeûne, qui tantôt était une pratique publique et légale, tantôt une pratique privée et facultative (voir Jeune ; t. iii, col. 1528) ; l’emploi du cilice. Voir Cilice, t. ii, col. 761. Par mortification on faisait abstinence, à l’exemple des Nazaréens qui renonçaient à toute liqueur enivrante, Num., vi, 3 (voir Abstinence, t. i, col. 100) ; on déchirait ses vêtements (voir Déchirer ses vêtements [Usage de], t. ii, col. 1336) ; on poussait des soupirs et on versait des pleurs, Joël, ii,

12 (voir Larmes, col. 92) ; on couchait sur la dure, Is., lviii, 3, 7. Jésus-Christ, dans sa vie entière et particulièrement dans son jeûne au désert s’offre comme un modèle de mortification, Matth., ix, 2 ; Marc, l, 13, bien que ses détracteurs l’aient accusé d’une vie immortifiée. Matth., xi, 19. Et, bien qu’il déclare lui-même qu’il n’est point venu aggraver le fardeau des traditions pénitentielles, mais plutôt les adoucir, Matth., xi, 19, il recommande l’usage de la mortification corporelle, Matth., ix, 14, 15 ; Marc, ii, 18-20 ; Luc, v, 33-35. Saint Jean-Baptiste est aussi présenté dans l’Evangile comme un modèle de mortification, Matth., iii, 4 ; xi, 18 ; Marc, i, 6 ; saint Paul se présente lui-même aux fidèles de Corinthé, comme ayant embrassé volontairement et pour l’amour de Jésus-Christ une vie très mortifiée. II Cor., vi, 5 ; xi, 27. La récompense de la mortification est ici-bas la joie intérieure et la surabondance spirituelle, II Cor., vi, 9, 10, et dans l’autre vie la couronne immortelle. I Cor., ix, 25. P. Renard.

    1. MORTS##

MORTS (hébreu : mêf, mêfim ; Septante : vexpot, xoi(iw|iévoi ; Vulgate : mortui, àefuncti), ceux qui ont été frappés par la mort.

I. Les idées des anciens Hébreux sur les morts. — 1° Il est incontestable que les anciens Hébreux ont cru à l’immortalité de l’âme. Voir Ame, t. i, col. 466-471. Pour eux donc, au moment de la mort, l’être humain se divisait en deux : le corps, qui retournait à la terre, dans le tombeau, et l’âme, qui se rendait dans un séjour appelé le sche’pl, yoir Sche’ol. C’est là que ceux qui mouraient étaient réunis à leurs pères. Gen., xxv, 17 ; xxxv, 29 ; xlix, 32 ; Deut, , xxxii, 50 ; Judith, xiv, 6, etc. On savait qu’il était bon de mourir de la mort des justes. Num., xxiii, 10. Mais on ne se rendait pas compte de ce qu’était le sche’ôl ; on le considérait comme un séjour d’inaction et de silence, Ps. vi ( 6 ; xxx (xxrx), 10 ; lxxxviii (lxxxvii), 11-13 ; cxiv (cxiii), 17 ; Eccli., xiv, 17 ; etc., comme un pays de ténèbres et d’horreur. Job, x, 21, 22. On donnait le nom de refâ’îm, » faibles, « aux âmes qui habitaient dans ce séjour. Is., xiv, 9, 10 ; xxvi, 14, 19 ; Prov., ii, 18 ; ix, 18 ; xxi, 16.

IV. — 42