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MORTE (MER)


Bourg. Cf. E. Hull, Mount Seir, Londres, 1889, p. 99100 ; Memoir on the Geology and Geography of Arabia Petrasa, Palestine and adjoining districts, Londres, 1889, p. 80, fig. 13. Après cela, le niveau du lac baissa de 300 mètres, landis que ses eaux se concentraient au point de déposer le gîte de sel et de gypse connu sous le nom de Djebel Usdum, qui n’est que le reste d’une masse autrefois plus étendue vers l’est, et dont une partie a dû s’abîmer ultérieurement dans, la profondeur. Il existe, en effet, à la pointe sud-ouest de la mer Morte, une croupe singulière, isolée, longue de Il kilomètres sur un de large à la base, et haute d’environ 45 mètres, mais dominant de plus de 100 mètres le niveau du lac. Les flancs en sont si raides et si crevassés que l’asccnsiôn en est difficile. Elle surgit au milieu des plaines basses et fortement imprégnées de sel, sans offrir de liaison apparente avec les derniers chaînons des montagnes de Juda, qui se terminent non loin de là ; elle se présente comme un hors-d’œuvre au milieu des terrains qui l’entourent. Des bancs de sel gemme forment une base de plus de 20 mètres d’épaisseur. Ils sont

Ligues de boia flotté.

Mer Morte.

qu’île, d’où le nom qu’on leur a donné de dépôts de la Lisân. Ces sédiments se présentent, en général, sous la forme d’innombrables feuillets de marnes d’un gris clair alternant avec des couches extrêmement minces, de couleur et quelquefois de nature toute différente et souvent exclusivement composées de substances salines, telles, par exemple, que du gypse lenticulaire ou des argiles salifères. Toute la masse se compose, d’ordinaire, de lits peu épais ; on y trouve, irrégulièrement distribués, du soufre et de l’asphalte. Ces terrains étant peu cohérents, les eaux les ont découpés dans tous les sens, de façon à leur donner parfois des formes étranges, qui les font comparer tantôt à des cités détruites, tantôt à des forteresses démantelées, d’autres fois à des campements. C’est ce qu’il est facile de remarquer, à l’ouest, près de l’embouchure de Vouadi Seyal, et au nord de la mer Morte, en allant vers Jéricho ; le Jourdain a creusé son lit et déposé ses alluvions au milieu de ces dépôts. Cf. Lartet, Géologie, p. 175 ; Atlas, pi. iii, coupe des anciens dépôts de la mer Morte ; Blanckenhorn, Entstehung und Geschichte des Todten Meeres, pi. iv, prof, iv ; Hull, Me Lits de graviers.

Marnes en feuillets très minces.

361. — Coupe des anciens dépôts de la mer Morte, près de V embouchure de Vouadi Seyal. D’après Lartet, Géologie, dans le Voyage d’exploration à la mer Morte, publié par le duc de Luynes, Atlas, pi. in.

recouverts par des argiles bigarrées de rouge et de vert, renfermant souvent de très beaux cristaux prismatiques de gypse et aussi par des couches composées de très petits cristaux lenticulaires de gypse serrés les uns contre les autres de façon à donner un grain grossier à Ja roche qu’ils constituent. La montagne est creusée de cavernes dont le sol est encombré de blocs de sel gemme et dont la voûte est ornée de stalactites empruntées à la même substance. Voir fig. 362. Cf. L. Lartet, Géologie, dans le Voyage d’exploration à la mer Morte du duc de Luynes, t. iii, p. 87-89 ; Hull, Memoir on the Geology, p. 83-84.

Pendant qu’en Europe sévissait la seconde époque .glaciaire, le niveau du lac remonta de 80 ou 100 mètres. Par suite de sa stagnation, il se forma, à cette hauteur, une importante terrasse de cailloutis avec gros blocs, dont il est facile de suivre les traces sur les bords occidentaux, à la passe de Zuuéirah, puis près de Masada, dans Vouadi Seyal près d’Aïn Onéïbéh, dans Vouadi Debr près. de Nébi Mûsa, au Djebel Qarantal près de Jéricho. Sur les bords du lac de Tibériade, on a trouvé des coquilles lacustres appartenant à la faune actuelle de la Judée. Pendant la seconde époque interglaciaire, eurent lieu les épanchemenls de lave qui ont été signalés à l’embouchure de la vallée du Yarmûk, et ceux de Vouadi Zerqa, à travers lesquels le cours d’eau actuel a creusé son lit. L’humidité revenant ensuite, une basse terrasse s’est formée, bien caractérisée dans la presqu’île de la Lisân et dans la basse vallée du Jourdain. Elle consiste en dépôts marneux et arénacés qui paraissent constituer à eux seuls presque toute cette pres rnoir on the Geology, p. 84-86. Voir fig. 361. Au midi, les dépôts de la Lisân constituent en grande partie cette ligne arquée d’anciennes falaises qui limite la plaine marécageuse de la Sebkhah. De là, ils s’étendent assez loin dans la vallée de l’Arabah ; les entailles considérables au fond desquelles coulent Vouadi Djeib et quelques autres torrents en montrent des coupes fort intéressantes. À l’est, ils ne sont représentés que par quelques lambeaux, accrochés aux accidents de terrain, ce qui tient à la disposition des escarpements de la falaise orientale. — Enfin, le dernier épisode de ces origines consiste dans la destruction ou l’affaissement des anciennes terrasses situées à l’extrémité méridionale du lac. La partie peu profonde située au sud de la Lisân, serait due à la catastrophe qui anéantit Sodome et Gomorrhe. La période historique nous met ainsi en face d’un premier problème, dont il nous faut chercher la solution.

2° La mer Morte et la destruction de Sodome. — En racontant l’expédition de Chodorlahomor et de ses alliés contre les cinq rois de Sodome, de Gomorrhe, d’Adama, de Séboïm et de Ségor, la Genèse, xiv, 3, nous dit que les armées se rencontrèrent « dans la vallée des bois, qui est maintenant la mer de sel ». Or, ajoute-t-elle, j. 10, « la vallée des bois avait beaucoup de puits de bitume. Et les rois de Sodome et de Gomorrhe tournèrent le dos et tombèrent là. » Plus loin, enfin, xix, 24, 25, elle nous apprend que ces deux villes et la région d’alentour furent détruites par une pluie de soufre et de feu, tombée du ciel. Le champ de bataille est appelé en hébreu’êméq haé-siddîm, « la vallée des champs, » en