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    1. MORTE##

MORTE (MER)

d’une marque pratiquée dans le roc entre’Aïn et Râs Feschkhah, n’ont pas donné une cote aussi élevée dans le changement de niveau. Du 30 mars 1901 au 31 décembre 1902, on a constaté une baisse d’un mètre environ. En 1903, la crue et la baisse ont été à peu près égales et n’ont guère dépassé 65 centimètres. Certaines années de sécheresse, surtout consécutives, peuvent amener une baisse que des années pluvieuses auront peine à compenser, et vice versa. Cf. E. W. Gurney Masterman, Observations of the Dead Sea levels, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statenienl, Londres. 1902, p. 155-160, 297-299, 406 ; 1903, p. 177178 ; 1904, p. 83-95, 163-168. Pour établir une échelle de proportion qui permît d’évaluer les variations importantes de la mer Morte, il faudrait que les expériences s’étendissent à un certain nombre d’années. Il est cependant plusieurs faits qui prouvent que, depuis une cinquantaine d’années, le niveau s’est élevé. L’histoire de l’îlot appelé Rudjm el-Bahr et situé tout à fait au nord est curieuse à ce point de vue. À l’époque où Lynch visita la contrée, 1848, c’était une petite presqu’île bien marquée. En 1851, M. de Saulcy le mentionne comme une petite île séparée de la terre par une eau peu profonde, que les chevaux traversent sans difficulté. Le Frère Liévin, Guide-indicateur de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, t. ii, p. 282, note 2, dit de son côté : « En 1860, j’ai pu me rendre deux fois à pied sec jusqu’à l’Ilot. En 1861, mon cheval avait de l’eau jusqu’aux genoux ; en 1862, il en avait, dans certains endroits, jusqu’au ventre, et en 1863 les eaux avaient crû davantage. Depuis lors il m’a été impossible de m’y rendre si ce n’est en nageant. » En 1882, il mesura la distance qui existait entre le rivage et les restes d’un mur placé vers le milieu de l’Ile, et il trouva 243 mètres. Depuis 1892, l’Ilot a disparu. La même crue se manifeste à la digue qui unit la Lisân au rivage occidental. On a remarqué également que les passages qui existaient autrefois au pied du Râs Feschkhah et du Djebel Usdum, du côté de la mer, sont aujourd’hui submergés. Cf. Gray Hill, The Dead Sea, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1900, p. 273-282 ; E. W. Gurney Masterman, dans la même revue, 1902, p. 159.

5° Profondeur. — La profondeur de la mer Morte n’est pas moins étonnante que sa dépression ; elle présente des phénomènes qui nous aideront singulièrement à découvrir l’origine du lac. Nous la connaissons aujourd’hui, grâce surtout aux sondages pratiqués par I expédition scientifique de Lynch. Voir la carte qui se trouve à la page 268 de son ouvrage, Narrative of the United States’Expédition ; les cotes sont marquées en brasses, nous les réduisons en mètres à la figure 356. PI usieurs lignes de sonde ont été établies en forme de zigzags d’une côte â l’autre. Voir fig. 357, 358 (d’après Lynch, p. 268). En suivant le bord occidental, nous trouvons, jusqu’à deux kilomètres de la côte, un fond qui se maintient à 25, 35 et 45 mètres, pour tomber immédiatement à 115, 210, 219, 283, et arriver au point le plus enfoncé de la cavité, à 399 mètres. À moins d’un kilomètre de la côte orientale, au contraire, la profondeur est déjà de 100, 200 mètres, et la progression, beaucoup plus rapide que sur le côté opposé, descend vers le fond de la cuve par des pentes de 331, 336, 347 mètres. La ligne de dépression est donc bien plus accentuée à l’est qu’à l’ouest. C’est aussi sur la rive orientale que les montagnes qui encaissent la mer Morte en sont le plus rapprochées et présentent un escarpement plus raide, ce qui est, du reste, conforme à Une loi orographique bien connue. Le point le plus profond est à la hauteur du Nahr Zerqa Ma’in, au tiers environ de la largeur du lac à partir de la côte orientale : la sonde accuse là 399 mètres. En descendant vers le sud, du. côté de la Lisân, les plus grandes profondeurs sont de 356, 344, 254 et 196 mètres. Elles se ter 1296

minent à la presqu’île. À l’entrée septentrionale du délroit, en effet, au milieu même de la passe, on n’arrive plus qu’à 102 mètres au maximum, et la dépression diminue graduellement à mesure qu’on avance vers le sud. À l’issue méridionale, elle n’est plus que de 5 à 6 mètres. Enfin, dans la cavité qui termine la mer, au sud de la Lisân, le fond, même au centre, n’est guère

356. — Carte de la mer Morte et de ses alentours.

que de 4 mètres. Ce n’est qu’une nappe d’inondation, prolongement du gouffre qui, seul, par ses abîmes, ses courants et les mouvements de ses Ilots, mérite le nom de mer. Il y a donc deux parties bien distinctes dans le lac que nous étudions. La première est une cuve très, profonde, dont la pente est presque à pic au long de la côte orientale, et plus inclinée vers la côte opposée. La seconde n’est en somme qu’un petit étang. Avant de rechercher la cause de ce tait, étudions la nature des. eaux du Bahr el-Lût.

6° Eau. — Tout est vraiment extraordinaire dans la mer Morte. Ses eaux sont, au premier aspect, d’une limpidité qui surprend ; elles n’ont cependant point