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MORT


péché, ce n’est pas par la mort que nous péchons, s — Enfin, « il a été décrété pour les hommes qu’ils ont à mourir une fois. » Heb., ix, 27. La mort ne résulte donc pas d’une loi naturelle, mais d’un décret positif, qui aurait pu n’être pas rendu.

II. Différents genres de mort. — 1° La mort la plus naturelle est celle qui est la conséquence de l’âge. Voir Vieillesse. — 2° Beaucoup meurent accidentellement par suite de maladies diverses. Voir Maladie, col. 611.

— 3° Un grand nombre périssent de mort violente, victimes d’accidents fortuits, comme ceux que tuent des animaux furieux, Exod., xxi, 28, 29, etc., frappés par une main criminelle, voir Homicide, t, iii, col. 742, 743 ; tombant à la guerre, voir Guerre, t. iii, col. 362 ; emportés par la violence des forces naturelles, comme au déluge, Gen., vii, 21 ; àSodome, Gen., xix, 25 ; à la mer Rouge, Exod., xiv, 28, etc. ; ou par l’effet de la vengeance divine, comme les premiers-nés des Égyptiens, Exod., xii, 29 ; Coré, Dathan et Abiron, Num., xvi, 32 ; les soldats envoyés à Élie, IV Reg., i, 10, 12, etc. — 3° Il en est qui, pour certains crimes, sont mis à mort par la justice des hommes. Voir Supplices. — 4° Les Hébreux croyaient qu’on ne pouvait voir Dieu ou son ange sans mourir aussitôt. Gen., xxxii, 30 ; Jud., vi, 22 ; xiii, 22. De là l’effroi dont étaient saisis ceux qui étaient favorisés d’une apparition surnaturelle. Tob., xii, 17, Luc, i, 13, 30, etc. Dieu avait dit à Moïse : « Personne ne peut me voir et rester vivant, » Exod., xxxiii, 20 ; et quand il l’appela sur le Sinaï, il déclara que même celui qui toucherait la montagne mourrait. Exod., xix, 12, 22. Cette cause de mort fut peu fréquente ; elle alteignit cependant les Bethsamites qui regardèrent l’arche d’alliance, I Reg., vi, 19, 20, Oza qui la toucha, II Reg., vi, 6, 7, etc.

En dehors de ces cas particuliers dans lesquels la mort apparaît comme la conséquence d’une transgression positive, la croyance que la vue de Dieu ou de son envoyé faisait mourir n’était pas fondée. Tout d’abord, il n’a jamais été possible à l’homme de voir Dieu directement. Exod., xxxiii, 20 ; Joa., 1, 18. Quant aux anges, ses envoyés, leur vue n’a été mortelle ni à Abraham, Gen., xviii, 1-10, ni à Tobie, xii, 17, ni à Zacharie, Luc, i, 13, ni à tant d’autres qui ont été favorisés de leurs apparitions. Seulement, sous la loi de crainte, l’homme se rappelait toujours la sentence de mort portée par Dieu en personne contre les premiers parents, et, par une association d’idées que. ce souvenir lui imposait et dont la loi de grâce devait seule triompher, il s’imaginait que Dieu ne pouvait guère intervenir visiblement que pour exercer une justice rigoureuse. Aussi, quand ils apparaissent, les anges commencent-ils habituellement par rassurer ceux auxquels ils sont envoyés. Jud., vi, 23 ; Tob., xii, 17 ; Dan., x, 19 ; Luc, i, 13 ; ii, -10 ; Apoc, I, 17, etc. Dans les manifestations extraordinaires de sa puissance divine, Notre-Seigneur rassure de même ses Apôtres, qui sont sous l’empire du préjugé commun. Matth., xvii, 7 ; xxviii, 10 ; Marc, v, 36 ; vi, .50 ; Luc, xxiv, 36 ; Joa., vi, 20. L’ange Gabriel, en paraissant devant Marie, lui dit aussi de ne pas craindre. Mais l’évangéliste marque expressément que, si la Sainte Vierge est troublée, c’est uniquement à cause des pa-Toles de l’ange. Luc, I, 29-30. La crainte de la mort est donc étrangère au sentiment qui anime Marie.

III. Les hommes en face de la mort. — 1° Ce que David dit de lui-même, dans un péril particulier, peut s’appliquer à tout homme : « Il n’y a qu’un pas entre moi et la mort. » I Reg., xx, 3. La mort est commune à -tous, Eccli., jx, 20, elle approche sans cesse, Eccli., xi, 20, et ne saurait tarder. Eccli., xiv, 12. Elle dépend du Seigneur, Ps. lxviii (lxvii), 21 ; Sap., xvi, 13, qui envoie la vie ou la mort à son gré. I Reg., ii, 6. Il viendra prendre la vie comme un voleur, Luc, xji, 39 ; J Thess., v, 2 ; II Pet., iii, 10 ; Apoc, iii, 3 ; xvi, 15, au moment où iparfois l’on se promettra de longs jours. Luc, xii, 19 20. La mort entre par les fenêtres, Jer., ix, 21, c’est-à-dire du côté où elle n’est pas attendue. Elle sépare de tout. « Est-ce donc ainsi que sépare la mort amère ? » dit à Samuel le roi amalécite Agag, dans la Vulgate. I Reg., xv, 32. La pensée est juste ; mais, dans le texte hébreu, Agag dit seulement : « Voici que l’amertume de la mort est passée, » s’imaginant que le prophète va l’épargner. Cette perspective de l’abandon des choses de ce monde rend la pensée delà mort amère, Eccli., xli, 1, tandis qu’au contraire son arrêt semble bon à ceux qui n’ont ici-bas que privations et misères. Eccli-, xli, 3 ; cf. Eccle., vii, 2 ; Eccli., xxx, 17. — 2° Comme la mort ouvre à l’homme un avenir nouveau, la mort est appelée bonne ou mauvaise, selon la nature de l’avenir auquel elle conduit. La mort des justes est désirable. Num., xxiii, 10. La mort de ceux qui aiment Dieu a du prix à ses yeux, Ps. cxvi (cxv), 15, et ceux qui meurent dans le Seigneur, c’est-à-dire en grâce et en amitié avec lui, sont bienheureux. Apoc, xiv, 13. Les impies au contraire ont beau s’imaginer qu’ils peuvent faire un contrat avec la mort, pour qu’elle les épargne encore. Is., xxviii, 15, 18. Ils se font illusion et leur mort est pire que tout. Ps. xxxiv (xxxm), 22 ; Eccli., xxviii, 25. Le livre de la Sagesse fait un tableau saisissant de la mort du juste et de celle du pécheur, ainsi que du sort qui attend l’un et l’autre dans la vie future. Sap., ii, 1-v, 24. — 3° Pour marquer le caractère transitoire de la mort, Notre-Seigneur, Joa., xi, 11, 12, et les Apôtres,

I Cor., vii, 39 ; xi, 30 ; xv, 6, 18, 20 ; I Thés., iv, 12, 14 ;

II Pet., iii, 4, l’appellent un sommeil.

IV. La mort au sens figuré. — 1° Plusieurs expressions métaphoriques se rapportent à la mort naturelle. Celui qui est digne de mort est appelé « fils de mort ».

I Reg., xx, 31 ; xxvi, 16 ; II Reg., xii, 5 ; III Reg., ii, 26. « Le premier-né de la mort, » Job, xviii, 13, est probablement l’ange qui amène la mort, dont il est comme le premier ministre. Cf. Ps. lxxxix (lxxxviii), 28 ; Heb., ii, 14. Les « portes de la mort », Job, xxxvhi, 17 ; Ps. ix, 15 ; Sap., xvi, 13 ; les « traits de mort », Ps. vii, 14 ; les « lacets de la mort », II Reg., xxii, 6 ; Ps. xviii (xvii), 6 ; Prov., xxi, 6 ; les « douleurs de mort », Ps. xviii (xvii), 5 ; les « terreurs de mort », Ps. lv (liv), 5 ; cxv (cxiv), 3 ; la « tristesse jusqu’à la mort », Eccli., xxxvii, 1 ; Matth., xxvi, 38 ; Marc., xiv, 34, etc., représentent les diverses causes qui mènent à la mort. « Goûter la mort, » Luc, ix, 27 ; Joa., viii, 52 ; Heb., ii, 9, et « descendre dans la mort », Prov., v, 5, c’est mourir. La « réponse de mort », tô im5xpi|ia toû GavoreoO,

II Cor., i, 9, est l’arrêt de mort auquel il faut s’attendre. Dans l’Apocalypse, vi, 8, la mort estpersonniûée par un cavalier monté sur un cheval pâle. — 2° Assez souvent la mort désigne, non plus la séparation de l’âme et du corps, mais la privation de tout ce qui peut contribuer au véritable bonheur, en ce monde ou en l’autre. Ainsi le péché, qui prive de l’amitié de Dieu, « mène la mort. Prov., xi, 19. Les chemins tortueux du mensonge et du vice conduisent à la mort. Prov., xii, 28 ; xiv, 12 ; xvi, 25 ; Sap., i, 12. Au contraire, la justice, Prov., x, 2 ; xi, 4, et l’aumône, Tob., xii, 9, délivrent de la mort. Les « ombres de la mort », si souvent mentionnées dans la Sainte Écriture, désignent soit le malheur qui pèse lourdement sur quelqu’un, Job, iii, 5 ; X,

21, 22 ; xii, 22 ; xxiv, 17 ; xxviii, 3- ; xxxiv, 22, soit celui qui menace, Ps. xxiii (xxii), 4 ; xliv (xun), 20 ; lxxxviii (lxxxvii), 7 ; cvn (cvi), 10, soit la condition malheureuse de ceux qui vivent privés de la vérité, de la vertu et du salut. Is., ix, 2 ; Jer., xiii, 16 ; Matth., iv, 16 ; Luc, 1, 79.

— 3° D’autres fois, il s’agit de la mort spirituelle, de cellequi atteint l’âme dans son unionavec Dieu. Joa., vi, 50 ; XI, 26 ; I Joa., Hl, 14, etc. Saint Paul appelle son corps « un corps de mort », Rom., vii, 24„parce que, par ses convoitises, il entraîne l’âmeàla perte de sa vie spirituelle. — 4° La « seconde mort », Apoc, ii, 11 ; xx,