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MOQUERIE - MORALE

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n’ont souci ni du péché, Prov., xiv, 9 ; xxiv, 9, ni de la justice, Prov., xix, 28, méprisent tous les avis, qu’ils viennent de Dieu, Prov., i, 30 ; v, 12, ou de leur propre père, Prov., xv, 5, raillent ceux qui les reprennent, Prov., ix, 7, fomentent les querelles, Prov., xxii, 10 ; xxix, 8, et, bien loin d’arriver à la sagesse, Prov., xiv, 6, ne se plaisent qu’à leur propre moquerie. Prov., i, 22. L’auteur sacré rapporte plus au long les projets et les discours de ces moqueurs, Prov., i, 10-19, dont le livre de la Sagesse, ii, 1-20, retracera un portrait plus détaillé. Saint Jude, 10, dira d’eux : « Ils blasphèment tout ce qu’ils ignorent, et, comme les bètes sans raison, ils se corrompent dans ce qu’ils connaissent naturellement. » Ils ont été les libertins et les libres-penseurs de l’époque. Comme en définitive on ne se moque pas de Dieu, Gal., vi, 7, c’est Dieu qui se moquera des moqueurs, Prov., iii, 34 ; ils porteront la peine de leur faute, Prov., ix, 12, et trouveront leur châtiment. Prov., xix, 25, 29. — 2° Les moqueurs dataient de loin. Ceux qui se sont moqués de Dieu au désert ne virent pas la Terre Promise, Num., xiv, 23, et furent châtiés. Num., xvi, 30. Heureux qui fuit la compagnie de ces hommes impies, Ps. r, 1, qui méprisent Dieu. Ps. xi (x), 13. Ils se moquent de Dieu, Is., v, 24, mais Dieu les menace, Is., xxviii, 22, et les exterminera. Is., xxix, 20. Une des causes qui attirèrent les malheurs sur Israël fut que les princes eux-mêmes donnaient la main aux moqueurs. Ose., vii, 5. — 3° Notre-Seigneur voulut être lui-même l’objet de la moquerie. On se moqua de lui quand il alla ressusciter la fille de Jaïre. Matth., ix, 24 ; Marc, v, 40 ; Luc, viii, 53. Les pharisiens se moquaient de lui. Luc, xvi, 14. Pendant sa passion, il fut en butte aux moqueries des valets du grand-prêtre, Matth., xxvi, 67, 68 ; Marc, xiv, 65 ; Luc, xxii, 63-65 ; d’Hérode, Luc, xxiii, 11 ; des soldats de Pilate, Matth., xxvii, 28-30 ; Marc, xv, 17-19 ; Joa., xix, 2, 3 ; des princes des prêtres, des membres du sanhédrin et des passants, Matth., xxvii, 39-43 ; Marc, xv, 29-32 ; Luc, xxiii, 35-37 ; des larrons, Matth., xxvii, 44 ; Marc, xv, 32 ; Luc, xxiii, 39 ; enfin des soldats de garde au pied de la croix et des autres assistants. Matth., xxvii, 47, 49 ; Marc, xv. 35.

II. La moquerie envers les hommes (hébreu : la’ag, mistêmdh, qélés, qalldsdh, èehoq, seriqôf, èerêqdh ; Septante : îtaiyviot, [wxi : r|pi<7[id ; , ôve181a|irf ; , filux ; , yliiaapia, fauXi(7[iôç, irjpiyiia, crjpi(T(j.o ;  ; Vulgate : derisus, irrisio, subsannalio, sibilus). — 1° Plusieurs verbes expriment l’acte de se moquer : hébreu : mûq, sdhaq, ffâtal, ’ànag, fd’a' ; Septante : fikci.v, xocTayeXîv, (uixTr, pîÇetv, yXtvâ&n, Sia^XeuàÇeiv, xàîaippoveïv, lvTpu9âv ; Vulgate : ridere, deridere, ivridere, illudere, subsannare. — 2° Jacob craint que, s’il se présente comme étant Ésaû, son père ne pense qu’il se moque de lui. Gen., xxvii, 12. Job, xxx, 1, se plaint d’être la risée des plus jeunes, et ses détracteurs l’accusent de boire la moquerie comme l’eau. Job, xxxiv, 7. Michol se moque de David qui danse devant l’arche. II Reg., vi, 20. Élie se moque des prêtres de Baal, qui ne peuvent faire intervenir leur dieu. III Reg., xviii, 27. Jérémie, xx, 7, 8, constate que ses oracles attirent sur lui les moqueries. La captivité a puni les Israélites de leurs moqueries envers les envoyés de Dieu. II Par., xxxvi, 16. La mère des Machabées se moquait du tyran en exhortant son dernier enfant. II Mach., vii, 27. Les Juifs se moquaient des Apôtres au matin de la Pentecôte, Act., ii, 13, et les Athéniens se moquèrent de saint Paul sur l’Aréopage. Act., xvir, 32. —3° En général, la moquerie est le fait des méchants qui en veulent aux bons. Job, xii, 4 ; Ps. lxxiii (lxxii), 8 ; Is., lvii, 4. Mais arrivera un jour où les justes se riront de l’impie. Ps. lu (li), 8. — 4° Quand ils sont infidèles à Dieu, les Israélites deviennent la risée de ceux qui les entourent. Ps. xuv (xlih)„14 ; lxxix (lxxviii), 4. Samarie se moque de Jérusalem, Ezech., xxiii, 32 ; Israël fait la risée des nations, Ezech., xxxvi, 4 ; l’Egypte

se moque des chefs israélites, Ose., viî, 16 ; tous rient de Jérusalem à cause de ses crimes, Ezech., xxii, 4 ; e’Aa est l’objet des sifflets. Jer., xviii, 16 ; xix, 8 ; xxv, 9 ; xxix, 18. Mais ceux qui se moquent de Jérusalem viendront un jour à ses pieds. Is., Lx, 14. —5° On se moque des choses que l’on ne craint pas. La femme forte se moque de l’avenir. Prov., xxxi, 25. L’onagre se rit du tumulte des villes, Job, xxxix, 7, l’autruche se rit du cheval, Job, xxxix, 18, le cheval se rit de la peur, Job, xxxix, 22, et le crocodile se rit des piques. Job, xli, 20.

H. Lesêtre.
    1. MORALE##

MORALE, ensemble des règles qui commandent la conduite de l’homme envers Dieu, envers le prochain et envers lui-même.

I. Les principes généraux. — 1° La morale de l’Écriture Sainte suppose tout d’abord un Dieu créateur, qui commande à sa créature et a le droit d’en être obéi. Exod., xx, 2. Ceux qui disent : « Il n’y a pas de Dieu ! » sont des insensés qui tombent dans la corruption, commettent des abominations et ne font pas le bien. Le Dieu qu’ils nient tirera vengeance de leur folie volontaire. Ps. xiv (xiir), 1-4. — 2° Dès l’origine, Dieu, qui avait fait l’homme « à son image, selon sa ressemblance », Gen., i, 26, 27, par conséquent intelligent et libre, lui imposa sa volonté d’une manière expresse et positive, en annonçant que la transgression de cette volonté entraînerait une sanction. Gen., iii, 3. L’homme désobéit et fut châtié. Gen., iii, 17-19. Néanmoins, dans sa déchéance, il ne perdit pas son caractère d’être moral, par conséquent intelligent et libre, et, bien qu’entamé par le mal, il garda le pouvoir et l’obligation de résister aux sollicitations du péché. Gen., iv, 7. Voir Liberté, col. 237. Dieu, du reste, à l’appel de la prière de l’homme, est là pour l’aider dans sa lutte contre le mal, Ps. cxli (cxl), 1-4, et, quelque difficile que soit cette lutte, la grâce divine le met toujours à même de triompher. II Cor., xii, 9. Voir Grâce, t. iii, col. 290. — 3° Une sanction est assurée à la morale. Cette sanction ne consiste pas seulement dans le sort ménagé sur la terre aux bons et aux méchants, voir Impie, t. iii, col. 846 ; Mal moral, physique, col. 598-604 ; elle n’est complète et définitive qu’au moment où l’homme, par son âme immortelle, voir Ame, t. r, col. 466-472, entre dans son éternité. C’est pourquoi il est écrit : « En toutes tes actions souvienstoi de ta fin, et tu ne pécheras jamais. » Eccli., vii, 40 (36). Voir Jugement de Dieu, t. iii, col. 1837-1843 ; Ciel, t. ii, col. 751-756 ; Enfer, t. ii, col. 1795.

II. Les différentes sortes de morale. — Toute règle des mœurs a son origine dans la volonté souveraine de Dieu s’imposant à la créature. Cette volonté peut être essentielle, déterminant des règles qui découlent de la nature même de Dieu et ne sauraient être autres qu’elles ne sont : de là, la morale naturelle. Cette volonté peut aussi s’exercer librement, déterminant des règles qui découlent de la puissance, de la sagesse, de la bonté ou de la justice de Dieu, mais qui pourraient être autres qu’elles ne sont : de là, la morale positive.

1° La morale naturelle. — Cette morale tient à l’essence même de Dieu, à la nature de l’homme et aux rapports nécessaires de l’un vis-à-vis de l’autre. Elle est naturellement inscrite au cœur de l’homme, Rom., i, 18-23 ; ii, 14, 16, et fait partie de sa conscience raisonnable, de sorte que l’homme ne peut l’ignorer, au moins quant à ses préceptes fondamentaux. Dieu d’ailleurs a jugé à propos de formuler cette loi au Sinaï, pour mieux la rappeler à son peuple et en faire la base de toutes ses autres prescriptions. Exod., xx, 2-17. Le Décalogue n’est autre chose en effet qu’un résumé de la loi naturelle. Seul, le troisième précepte, qui fait partie de la loi naturelle en ce sens que l’homme doit consacrer à Dieu une certaine portion de son temps et que lui-même, en vertu de sa constitution native, a besoin d’un repos régulier, est complété par la réglementation positive du temps