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MOLOCH


géhenne, à l’enfer. Voir Géhenne, t. iii, col. 155. S. Jérôme, InJer., vii, 31, t. xxiv, col. 755 ; ïn Matth., x, 28, t. xxvi, col. 66. Jérémie, xix, 5, dit que les enfants immolés à Topheth étaient offerts â Baal, mais il emploie le nom de Baal comme synonyme de Moloch. Cf. Jer., xxx] [, 35. — En même temps que Moloch était honoré par ces sacrifices humains dans la vallée qui s’étend au sud de Jérusalem, on lui rendait aussi un culte sur un Mmâh ou haut lieu que lui avait érigé Salomon, devenu idolâtre, sur le mont du Scandale, au sud-est de Jérusalem. III Reg., xi, 5, 7, 33. Il est fait encore mention de ce bamdh, à l’occasion de sa destruction par Josias, IV Reg., xxiii, 13, mais nous ignorons de quelle manière on honorait Moloch sur ce haut lieu. — Sophonie, i, 5, reproche aux Juifs de jurer par Melchom ou Moloch en même temps que par Jéhovah, et confirme ainsi ce que nous apprennent les autres livres sacrés des hommages rendus par les Israélites au dieu des Ammonites. Certains interprètes traduisent cependant Melchom par « leur roi » dans ce passage de Sophonie. Après la captivité de Babylone, on ne trouve plus de traces du culte de Moloch chez les Juifs.

III. Les sacrifices humains chez les Assyro-Chaldéens. — On admet généralement aujourd’hui que Moloch était une personnification du soleil divinisé,

Fr. Lenormant, Éludes accadiennes, t. iii, part, i, p. 112 ; Id., Les premières civilisations, 2 in-8°, Paris, 1874, t. ii, p. 197. Cf. C. Bail, dans les Proceedings of Ike Society of Bibl. Arch., 2 février 1892, p. 149152. Mais quelques cylindres chaldéens paraissant bien représenter des scènes de sacrifices humains. Voir J. Menant, Les sacrifices humains, dans ses Recherches sur la glyptique orientale, part. i, in-4°, Paris, 1883, p. 150-156 ; Id., Collection de Clercq, 2 in-f », Paris, 1885, p. 18. L’un d’entre eux (fig. 310) nous montre la victime à demi agenouillée devant un dieu et derrière elle un personnage qui tient le bras levé pour la frapper. Rien n’indique qu’on la fasse passer par le feu. Il faut remarquer à ce sujet qu’on ne brûlait pas vifs ceux qu’on offrait à Moloch ; on ne les jetait dans le feu comme une sorte d’holocauste qu’après les avoir immolés en sacrifice. Deut., XII, 31 ; cf. xviii, 10 ; Ezech., xvi, 20 ; xxiii, 37 ; Jer, , vii, 31 ; xix, 4-6 ; cf. xxxii, 35 ; IV Reg., xvii, 31. Un autre cylindre, en basalte noir, publié par M. C. J. Bail, Glimpses of Babylonian Religion, Ruman Sacrifices, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archseology, 2 février 1892, t. xiv, p. 152-153, nous montre les flammes qui manquent dans le précédent (fig. 311). Le dieu à qui l’on offre le sacrifice est debout sur une pyramide à quatre degrés, qui est son temple. Le pied gauche est posé sur le plus bas degré, le pied droit sur le plus haut.

310. — Sacrifice d’enfant. Cylindre choldéen en hématite provenant de la collection du duc de Luynes. Bibliotb. nationale.

comme le Baal phénicien. W. Baudissin, Studien zur semitischen Religionsgeschichte, 1876, p. 152. C’est sans doute pour cette raison qu’on lui offrait des victimes humaines qu’on brûlait en son honneur. Les Phéniciens, qui personnifiaient le soleil en Baal, lui immolaient également des hommes. Eusèbe, Prsep. evang., i, 16, t. xxi, col. 272. Les Carthaginois faisaient de même. Diodore de Sicile, xx, 14 ; S. Augustin, De civ. Dei, vii, 19, t. xli, col. 209. Il y a lieu de croire que cette coutume barbare existait également chez les Chaldéo-Assyriens. En effet, l’Écriture, IV Reg., xviii, 31, raconte que les Répharvaïtes qui furent déportés par Sargon, roi d’Assyrie, en Samarie, brûlaient au feu leurs enfants pour honorer Adramélech et Anamélech qui étaient les dieux de Sépharvaïm ou Sippara. On peut observer que le second élément de ces deux noms divins est Mélech, le nom même de Moloch. On n’a aucune raison de confondre Moloch avec ces deux divinités, mais l’existence des sacrifices d’enfants chez ces colons assyriens est ainsi constatée. Les inscriptions cunéiformes n’ont fourni jusqu’à ce jour, il est vrai, aucune preuve positive constatent cette coutume. Les textes que M. Sayce et Fr. Lenormant avaient cru pouvoirtraduire dans ce sens n’ont pas cette signification. Western asiatic Inscriptions, t. iv, pi. 26 ; t. iii, pi. 61, Obv., 1. 33 ; Sayce, On human sacrifice among the Babylonians, dans les Transactions of the Society of Biblical Archseology, t. iv, part, i, 1876, p. 25-31 ; Id., Astronomy of the Babylonians, ibid, , t. iii, 1874, part, i, ligne 162, p. 274 ;

311. — Autre sacrifice humain. Cylindre chaldéen.

D’après C. J. Bail, Glimpses of Babylonien Religion,

dans les Proceed. of the Society of Biblvrch., t. xiv, p. 152.

De la main droite il tient une épée courte et recourbée, de la gauche, un sceptre. Derrière lui est dressé un petit autel avec des offrandes. Devant lui, un roi ou un prêtre ou plutôt sans doute un roi pontife tient son sceptre avec les deux mains. La scène capitale se passe devant ces deux personnages, en tenant compte de la forme cylindrique de l’objet sur lequel elle est représentée, quoique, pour éviter de couper les acteurs du drame, elle soit figurée derrière eux sur le dessin. Deux personnages revêtus de la peau de léopard qui distingue les prêtres égyptiens, tiennent l’un et l’autre le bras droit levé comme pour frapper. Avec la main gauche, l’un d’eux tire en arriére la tête d’un homme agenouillé sur un genou, tandis que l’autre le tient par la barbe, afin de dégager son cou qui va être coupé. À droite de la victime est un oiseau de proie qui s’apprête à le dévorer ; à sa gauche, une antilope s’enfuit. Au-dessus de lui s’élèvent des flammes.

IV. Idole de Moloch d’après les rabbins et saint -Cyrille. — 1° Plusieurs commentateurs pensent que les Ammonites représentaient Moloch sous une forme humaine, puisqu’il portait une couronne, d’après II Reg., xii, 30, et I Par., xx, 2, en entendant ces textes du dieu Moloch. Les rabbins ont attribué à Moloch une tète de taureau, Yalkut (voir Cara 2, t. H, col. 241), et Kimchi, dans son commentaire de IV Reg., xxiii, 10, raconte qu’il y avait en dehors de Jérusalem une statue d’airain creuse représentant Moloch ; dans l’intérieur était un temple à sept compartiments. Raschi, In Jer., vil, 31, dit aussi que la statue de Moloch était d’airain et creuse ; on la faisait rougir et quand elle était ainsi