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MOÏSE


soit la cause, Moïse n’intervient que dans quelques incidents de cette période.

De Cadès, il envoya une ambassade au roi d’Édom pour lui demander de passer sur ses terres. Les envoyés rappelaient à ce roi la parenté des deux peuples, la sortie d’Egypte et s’engageaient à traverser directement le pays, sans se livrer au pillage et en payant leur nourriture. Le roi refusa le libre passage et déclara qu’il s’y opposerait à force armée. Les Israélites durent donc faire un détour. Num., xx, 14-21 ; Deut., ii, 1-8. De Cadès ils arrivèrent au mont Hor. Là, Dieu annonça à Moïse la mort prochaine d’Aaron son frère et lui ordonna d’investir Éléazar du sacerdoce, sur la montagne même où mourut Aaron. Num., xx, 22-30 ; xxxiii, 38-39 ; Deut., x, 6. Voir t. i, col. 8. Après avoir battu Arad, les Israélites contournèrent le pays d’Édom ; mais le peuple s’ennuya de la longueur du chemin et se récria contre Dieu et contre Moïse. Des serpents venimeux en firent périr beaucoup par leurs morsures. Reconnaissant leur faute, les Israélites prièrent Moïse d’intercéder pour eux. Le Seigneur ordonna à Moïse d’élever un serpent d’airain, doi, t la vue guérit les blessés. Num., xxi, 1-9. Cf. IV Reg., xviii, 4 ; Sap., xvi. 5-7 ; Joa., iii, 14, 15 ; Talmud de Jérusalem, traité Rosch haschana, iii, 9, trad. Schwab, Paris, 1883, t. vi, p. 91, 92 ; traité Aboda Zara, m, 3, Paris, 1889, t. XI, p. 211.

Après diverses stations sur les confins de Moab, Num., xxi, 10-20 ; Deut., ii, 8-25, les Israélites firent demander libre passage à Séhon, roi des Amorrhéens, qui refusa, livra bataille, mais fut taillé en pièces. Ils s’emparèrent de la contrée qu’il occupait. Num., xxi, 21-31 ; Deut., ii, 26-37. Voir t. iii, col. 660. Moïse envoya prendre Jazer. Num., xxi, 32. Les Israélites défirent aussi Og, roi de Basan. Dieu avait déclaré à Moïse qu’il le leur livrait. Num., xxi, 33-35 ; Deut., iii, 1-11 ; xxix, 7, 8 ; xxxi, 4. Cette double victoire fut pour Moïse une occasion d’encourager Josué, chef de l’armée. À cette époque, Moïse supplia le Seigneur de le laisser entrer dans la Terre Promise. Mais Dieu n’exauça pas sa prière et lui permit seulement de considérer cette terre du haut d’une montagne. Deut., iii, 21-27. Balac, roi de Moab, appela Balaam pour maudire les Israélites. Num., xxii-xxiv. Voir t. i, col. 1390-1398, 1399. À Settim, les Israélites péchèrent avec les filles moabites et adorèrent Béelphégor. Deut., iv, 3. Voir 1. 1, col. 1543. Dieu ordonna à Moïse de faire pendre les chefs du peuple. Phinées fut loué pour son zèle, et Dieu décréta l’extermination des Moabites. Num., xxv, 1-18. Dieu fit faire à Moïse un nouveau dénombrement du peuple. Aucun de ceux qui avaient été dénombrés au Sinaï, à l’exception de Josué et de Caleb, ne fut plus trouvé vivant. Num., xxvi. À l’occasion des filles de Salphaad, Moïse régla la succession des filles héritières.Num., xxvir, l-ll. À cette époque, Dieu interdit encore à Moïse d’attaquer les Ammonites. Deut., ii, 16-23.

Dieu avertit Moïse de sa mort prochaine et le fit monter sur le mont Abarim pour contempler de là la Terre Promise, dans laquelle il ne devait pas entrer. Moïse demanda au Seigneur de lui donner un successeur. Dieu désigna Josué, que Moïse présenta au grand-prêtre Éléazar et qu’il intronisa. Num., xxvii, 12-23 ; Deut, iii, 28 ; xxxi, 7, 8, 14-21, 23. De nouvelles lois furent promulguées. Num., xxvhi-xxx. Dieu prescrivit à Moïse d’attaquer les Madianites avant sa mort. L’armée envoyée par Moïse fut victorieuse et, dans son butin, elle ramena les femmes et les enfants madianites. Moïse fit tuer les petits garçons et les femmes qui avaient fait pécher les Israélites ; il ne réserva que les petites filles et les vierges. Num., xxxi, 1-20. Dieu régla ensuite le partage du butin qui fut effectué par Moïse et Éléazar. Num., xxxr, 25-54.

Les Israélites occupaient dès lors tout le pays situé à l’est du Jourdain. Les fils de Ruben et de Gad demandèrent à Moïse cette portion du territoire chananéen pour leur part. Moïse leur reprocha vivement leur

égoïsme et compara leur conduite à celle des explorateurs qui découragèrent le peuple. Mais les Rubénites et les Gadites promirent d’aider leurs frères à conquérir le reste de la Palestine. Moïse accepta leurs généreuses propositions et les fit agréer par les autres tribus. Le pays situé à l’est du Jourdain fut donc attribué aux deux tribus de Ruben et de Gad et à la moitié de la tribu de Manassé. Num., xxxii, 1-33 ; Deut., iii, 12-20. i)ans la plaine de Moab, Dieu donna à Moïse l’ordre d’exterminer toute la population chananéenne et de. partager le territoire par le sort. Num., xxxiii, 49-56. Il fixa aussi les limites du pays à conquérir, Num., xxxiv, 1-15, et les noms des chefs qui devaient présider au partage. Ibid., 16-29. Il détermina encore les villes lévitiques et les villes de refuge, Num., xxxv, 1-15, ainsi que les lois sur l’homicide. Ibid., 16-34. Une démarche des descendants de Galaad fournit à Moïse l’occasion de régler le mariage des femmes héritières pour que le lot, une fois échu à une famille, ne passe pas à une autre famille. Num., xxxvi.

C’est encore dans les plaines de Moab et après la victoire remportée sur les rois Séhon et Og que, le premier jour du onzième mois de la 40° année après l’exode, Moïse résuma dans un discours les faits qui s’étaient produits depuis le départ de Sinaï, aussi bien que les principales obligations morales, imposées par Dieu à Israël. Deut., i, l-iv, 43. Après ce discours Moïse désigna trois villes de refuge pour la partie du pays située à l’est du Jourdain. Deut., iv, 41-43 ; cf. Num., xxxv, 14. Un second discours de Moïse exposa à tout le peuple réuni l’ensemble des prescriptions morales, données par Dieu au Sinaï, et les motifs de les observer. Deut., v, 1-xxvi, 19. Voir Pentateuqde. Cette seconde promulgation de la loi fut suivie de l’ordre donné par Moïse d’en faire plus tard une solennelle proclamation sur le mont Hébal. On en gravera le texte sur un autel de pierre et on prononcera des bénédictions pour ceux qui l’observeront et des malédictions contre ceux qui y seront infidèles. Deut., xxvii, 1-xxviii, 68. Dans un autre discours, Moïse rappelle encore les bienfaits de Dieu à l’égard des Israélites et exhorte vivement ceux-ci à obéir aux commandements de leur bienfaiteur. Deut., xxix, 1-xxx, 20.

4° Derniers actes et mort de Moïse. — Moïse, âgé de 120 ans, déclare aux Israélites qu’il ne peut plus les conduire ; il les fortifie dans la confiance en Dieu et transmet ses fonctions à Josué devant tout le peuple assemblé. Deut., xxxi, 1-8. Il écrivit le Deutéronome et le remit aux lévites qui devaient le garder et le lire au peuple tous les sept ans. Ibid., 9-13, 24-29. Dieu dit à Moïse d’amener Josué au tabernacle. Il lui révéla les égarements futurs d’Israël et la vengeance qu’il en tirera. Ibid., 14-18. Il lui ordonna ensuite d’écrire un cantique qui témoignerait contre les Israélites prévaricateurs. Moïse l’écrivit et l’apprit au peuple. Ibid., 19-22, 30. Ce cantique est reproduit, Deut., xxxii, 1-43. Après l’avoir lu, Moïse recommanda au peuple de ne pas en oublier le contenu. Ibid., 44-47.

Dieu ordonna ensuite à Moïse de monter sur le mont Abarim pour y mourir. Ibid., 48-52. Moïse bénit toutes les tribus d’Israël. Deut., xxxm. Gravissant la montagne, jl.£pntempla tout le pays de Chanaan, et Dieu lui renouvela la promesse faite aux patriarches, de le donner en possession aux Israélites. Deut., xxxiv, 1-4. Moïse, le serviteur de Dieu, mourut donc en ce lieu sur l’ordre de Dieu. Le Seigneur l’ensevelit lui-même, ou plutôt, comme ont traduit les Septante, on ensevelit Moïse dans la vallée en face de Phogor, et personne n’a jamais connu l’endroit de sa sépulture. Moïse avait 120 ans. Sa vue n’avait pas baissé, et ses dents ne s’étaient pas ébranlées. Les Israélites portèrent le deuil de Moïse dans les plaines de Moab pendant trente jours. Deut., xxxiv, 5-8.