Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/626

Cette page n’a pas encore été corrigée
1499
1200
MOÏSE


Rouge et de Socoth vinrent camper à Etham.Exod., xiii, 17-22. Moïse reçut de Dieu l’ordre de changer la direction de sa marche et d’aller vers la pointe septentrionale de la mer Rouge. Le Pharaon (voir Mènephtah, col. 965), se repentant d’avoir laissé partir les Israélites, les poursuivit avec son armée. Il les rejoignit à Phihahiroth, en face de Béelséphon. Se voyant serrés de près par les Égyptiens, les Israélites se plaignirent à Moïse, qui leur rendit confiance en leur annonçant la miraculeuse protection de Dieu. Exod., xiv, 1-14. Cf. Talmud de Jérusalem, traité Taanith, ii, 6, trad. Schwab, Paris, 1883, p. 158. Dieu, en effet, donna ses ordres à Moïse et lui communiqua son plan de faire passer aux Israélites la mer Rouge à pied sec et d’y engloutir l’armée égyptienne. Exod., xiv, 15-18. Protégés par l’ange du Seigneur, qui se tenait à l’arrière du camp, les Israélites passèrent la mer, entrouverte sur un geste de Moïse, mais les Égyptiens périrent au milieu des flots qui se rejoignirent. À la vue de cet éclatant prodige, les Israélites eurent confiance en Dieu et en Moïse, son serviteur. Exod., xiv, 19-31. Voir Rouge (Mer). Michée, vi, 4, reconnaît Moïse, Aaron et Marie comme les libérateurs d’Israël et ses guides dans la sortie d’Egypte. Le passage de la mer Rouge est resté dans la tradition juive comme un des bienfaits les plus signalés de Dieu à l’égard de son peuple. Josué, xxiv, 6, 7 ; Deut., xi, 4 ; Ps. lxxvi, 17-21 ; civ, 39 ; cv, 7-12 ; Is., lxiii, 11-13 ; I Cor., x, 2 ; Heb., xi, 29. Moïse entonna un cantique d’action de grâces, que les Israélites chantèrent avec lui, Exod., XV, 1-21. Les rabbinsont imaginé des circontances extraordinaires sur la manière dont le chant de ce cantique fut exécuté, et ils ont prétendu que les enfants, sur les genoux ou dans le sein même de leurs mères, ont pris part à ce chant. Talmud de Jérusalem, traité Sota, v, 4, trad. Schwab, Paris, 1885, p. 287-288.

III. Moïse, chef et législateur d’Israël dans le désert. — 1° De la mer Rouge au Sinaï. — Des rives de la mer Rouge, Moïse conduisit les Israélites dans le désert de Sur, où ils marchèrent trois jours sans trouver d’eau. Quand ils rencontrèrent une source, ils n’en purent pas boire parce qu’elle était amère ; aussi appelérent-ils ce lieu Mara. Le peuple murmura contre Moïse qui, au moyen d’un bois, adoucit miraculeusement les eaux et les rendit potables. Dieu éprouvait ainsi les siens, et il leur donna cette leçon que, s’ils lui obéissent et lui sont fidèles, ils n’ont rien à redouter. Exod., xv, 22-26. Voir col. 707-711. La station suivante fut à Élim. Exod., xv, 27. Voir t. ii, col. 1680-1683. Dans le désert de Sin, le peuple murmura de nouveau contre Moïse .et Aaron ; il regrettait les viandes d’Egypte et craignait de mourir de faim dans la solitude. Dieu lui promit un pain du ciel et de la viande à satiété. Le soir même, une quantité de cailles couvrirent le camp. Voir t. ii, col. 33-37. Le lendemain matin, il y eut tout autour du campement une couche de rosée, qui fut appelée manne et qui servit de nourriture aux Israélites durant tout leur séjour au désert. Exod., xvi, 1-31. Voir col. 656^63. Cf. Ps. civ, 41 ; cv, 13-15 ; Joa., vi, 32 ; I Cor., x, 3. À Raphidim, il n’y avait pas d’eau. De nouveaux murmures s’élevèrent encore contre Moïse qui, craignant d’être lapidé, eut recours au Seigneur. Le rocher d’Horeb, frappé par la verge de Moïse, donna de l’eau en abondance. Exod., xvii, 1-7. Cf. Deut., vi, 16 ; Ps. lxxyii, 15, 16 ; cxiii, 8 ; I Cor., x, 4, Les Amalécites attaquèrent les Israélites à Raphidim. Tandis que Josué combattait dans la plaine, Moïse priait sur la montagne. Tant que ses mains étaient élevées, Israël était victorieux ; quand, vaincu par la fatigue, il les abaissait, Amalec avait l’avantage. Aaron et Hur firent donc asseoir Moïse sur une pierre et lui soutinrent les mains des deux côtés. La victoire fut complète au coucher du soleil. Moïse en écrivit le récit et dressa un autel comme mémorial éternel. Exod., xvii, 8-16. Cf.

Judith, iv, 13. Voir t. i, col. 430. Cf. Talmud de Jérusalem, traité Rosch haschana, iii, 8, trad. Schwab, Paris, 1883, t. v, p. 90-M.

Jéthro, ayant appris l’exode des Israélites, ramena à Moïse Séphora et ses deux fils. Si Gersam seul était primitivement mentionné, Exod., ii, 21 ; iv, 20, il faudrait conclure qu’Éliézer est né après le départ de son père. F. de Hummelauer, Exodus et Leviticus, p. 184. Moïse prévenu alla à la rencontre de son beau-père, le salua et le baisa. Il lui raconta ce que Dieu avait fait pour Israël en Egypte ; Jéthro en bénit Dieu à qui il offrit des sacrifices. Le lendemain, Moïse s’assit pour rendre la justice et il y fut occupé du matin au soir. Jéthro s’étonne que Moïse seul remplisse la fonction de juge. En vain, Moïse allègue-t-il que le peuple le consulte et qu’il lui apprend les ordonnances de Dieu. Jéthro conseille à son gendre d’établir des juges pour le règlement des affaires courantes et de se réserver les questions religieuses. Moïse suit ce conseil et établit des juges et des chets en Israël. Exod., xviii, 1-27 ; Deut., i, 12-18. Voir t. iii, col. 1522-1523.

2° Au pied du Sinaï. — Le troisième mois après l’exode, les Israélites arrivèrent au pied du Sinaï et y dressèrent leurs tentes. Dieu appela Moïse du sommet de la montagne et le chargea de proposer au peuple une alliance spéciale. Le peuple accepta les propositions divines. Après trois jours de préparation, le Seigneur se manifesta au milieu des éclairs et du tonnerre, et dans cet appareil saisissant, il promulgua les conditions do l’alliance, le décalogue et un code spécial, nommé le livre de l’alliance. Exod., xix, 1-xxm, 33. Cf. Deut., i, 6 ; iii, 10-19, 33, 36 ; v, 5-22 ; Act., vil, 38 ; Heb., xii, 21. Voir t. i, col. 388. Moïse servait d’intermédiaire entre Dieu et son peuple. Deut., v, 23-31. L’alliance fut conclue par l’engagement du peuple à observer toutes les ordonnances divines et par un sacrifice solennel. Moïse lut le livre de l’alliance et il répandit sur le peuple la moitié du sang versé. Dieu se manifesta à Moïse et aux anciens. Exod., xxiv, 1-11. Moïse monta ensuite seul au sommet du Sinaï et y passa quarante jours et quarante nuits, Exod., xxiv, 12-18, durant lesquels il ne prit aucune nourriture. Deut., ix, 9. Dans cet intervalle de temps, Dieu communiqua à Moïse une série d’ordonnances sur les objets du culte et les vêtements sacerdotaux. Exod., xxv, 1-xxxi, 17. En le congédiant, il lui remit les deux tables de la loi, écrites de sa main. Exod., xxxi, 18.

Pendant le long séjour de Moïse sur le Sinaï, le peuple, ignorant ce qui lui était advenu, pria Aaron de lui fabriquer des dieux, une idole, et Aaron leur fit un veau d’or. Il éleva un autel et annonça pour le lendemain une grande solennité. Dieu avertit Moïse de cette apostasie, qu’il voulait punir par l’extermination des coupables. Moïse s’interposa et calma la colère de Dieu, en lui rappelant ses antiques promesses. Il descendit de la montagne avec les tables de la loi. Josué, entendant les cris du peuple, crut aux clameurs d’une bataille ; mais Moïse, mieux au courant, discernait le bruit des chœurs. En approchant du camp, il vit le veau d’or et les Israélites qui dansaient tout autour. Entrant alors dans une grande colère, il jeta les tables de l’alliance qu’il tenait à la main, et les brisa au pied de la montagne. Exod., xxxii, 1-19. Cf. Deut., ix, 8-21 ; Ps. cv, 19-23 ; Talmud de Jérusalem, traité Taanith, iv, 5, trad. Schwab, Paris, 1883, t. vi, p. 184-185. Saisissant ensuite le veau d’or, il le fit fondre au feu et le réduisit en poudre ; il jeta cette poudre dans l’eau et la fit boire aux Israélites. Il adressa des reproches à Aaron. Comme le peuple était désarmé, il rassembla tous ceux qui étaient demeurés fidèles au Seigneur. C’était la tribu de Lévi. Moïse ordonna aux fils de Lévi de tuer les coupables, qui périrent au nombre de 23000 hommes, ou 3000 seulement, selon le texte hébreu. Moïse promit aux fils de Lévi une bénédiction