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MOÏSE


sang vérilable. La simple coloration rouge ne serait un miracle qu’autant qu’elle aurait eu lieu à une époque différente de celle où les eaux du Nil deviennent naturellement rouges. D’ailleurs, l’eau ainsi changée fit périr lea poissons et cessa d’être potable non seulement dans le fleuve lui-même et ses canaux, mais encore dans les étangs et réservoirs de l’Egypte entière. Ces effets n’arrivent pas dans le phénomène du Nil rouge. Les magiciens imitèrent ce prodige par leurs enchantements, et le Pharaon ne fut pas touché. Il rentra dans son palais sans avoir accordé à Moïse ce qu’il demandait. Exod., vu, 14-24. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 314-322.

2. Sept jours après, Exod., vii, 25, Dieu fit annoncer par Moïse au Pharaon que, s’il ne laissait pas partir le peuple d’Israël, tout son empire serait envahi par des grenouilles qui, sortant du Nil, pénétreraient partout, même dans les maisons, et souilleraient le pain et les viandes. L’événement se réalisa comme il avait été prédit. Les magiciens imitèrent le prodige opéré par Aaron ; mais leur contrefaçon ne fit qu’aggraver le fléau. Le Pharaon dut recourir à l’intercession de Moïse et d’Aaron pour faire cesser la plaie. À l’heure fixée par le roi et sur la prière de Moïse, les grenouilles périrent. Pharaon, délivré de ce fléau, n’accorda pas à Moïse l’objet de sa demande. Exod., viii, 1-15. Voir t. iii, col. 347-348 ; F. Vigouroux, loc. cit., p. 323-325.

3. La troisième plaie, dont Dieu frappa l’Egypte pour vaincre l’obstination du roi, fut l’invasion des moustiques. Voir ce nom. Les magiciens ne purent imiter ce prodige et reconnurent son caractère divin. Exod., viii, 19 ; Vigouroux, loc. cit., p. 325-327.

4. Le Pharaon, ne cédant pas, attira sur son royaume un quatrième fléau, qui lui fut annoncé ; c’est celui des mouches (voir ce nom), qui couvrirent l’Egypte entière à l’exception de la terre de Gessen où habitaient les Israélites. L’événement se réalisa au lendemain de sa prédiction. Le Pharaon épouvanté permit à Moïse d’offrir à Dieu le sacrifice qu’il réclamait, mais sur la terre d’Egypte. Moïse refusa la transaction proposée et réitéra sa demande d’aller dans le désert à trois jours de marche. Le Pharaon céda et réclama l’intercession de Moïse. Celui-ci pria le Seigneur et le lendemain les mouches disparurent de l’Egypte. Mais le roi revint sur la parole donnée et ne permit plus aux Israélites de partir. Exod., vm, 20-32 ; F. Vigouroux, loc. cit., p. 327-328.

5. Un cinquième fléau, la peste des animaux, fut annoncé au roi pour l’amener à changer de résolution. Le lendemain de cette prédiction, les bestiaux de l’Egypte périrent, mais pas ceux des Israélites, Le prodige constaté ne suffit pas encore à vaincre la résistance du Pharaon. Exod., IX, 1-7.

6. Une représaille divine vint punir l’endurcissement royal. Une poignée de cendre, jetée en l’air par Moïse devant Pharaon, produisit des ulcères chez les hommes et les animaux ; le mal atteignit les magiciens eux-mêmes. Mais le cœur du roi demeura dur et insensible. Exod., ix, 8-12. C’est pourquoi Dieu résolut de frapper de plus grands coups.

7. Il fit annoncer par Moïse au Pharaon une grêle extraordinaire qui tuerait les hommes et les bêtes restés dans les champs. Les Égyptiens qui tinrent compte de la menace divine firent rentrer chez eux leurs serviteurs et leurs bestiaux ; les autres les laissèrent à la campagtfe. Moïse ayant levé sa verge vers le ciel, il tomba sur toute l’Egypte une grêle, accompagnée d’éclairs et de coups de tonnerre, telle qu’on n’avait jamais vu la pareille dans le pays, ou elle est rare et bénigne. L’orge et le lin furent ainsi détruits ; mais le froment et l’épeautre, qui étaient plus tardifs, ne furent pas hachés. La terre de Gessen fut entièrement épargnée. Voir t. iii, col. 336-337. Le Pharaon reconnut sa faute et supplia Moïse et Aaron d’intercéder auprès de Dieu pour obtenir la cessation de l’orage.

Mais quand ses vœux furent exaucés, il oublia sa promesse et refusa encore de laisser partir les Israélites. Exod., ix, 13-35, Sur ces trois dernières plaies, voir Vigouroux, loc. cit., p. 329-333.

8. Pour vaincre l’obstination du roi et manifester de plus en plus sa puissance, Dieu augmenta les coups de sa vengeance et envoya les sauterelles (voir ce mot) ravager le reste des récoltes que la grêle avait épargné. Cette huitième plaie fut annoncée à Pharaon pour le lendemain, s’il ne cédait pas. Sur les instances des grands de sa cour le roi consentait à laisser partir les hommes seulement pour offrir à Dieu dans le désert le sacrifice demandé ; mais les femmes, les enfants et les troupeaux devaient rester en Egypte. Moïse n’accepta pas ces conditions ; il fut congédié brutalement, mais aussitôt il étendit sa main et sa verge sur l’Egypte. Dieu fit souffler un vent d’est, qui souleva des essaims considérables de sauterelles, en quantité telle qu’on n’avait jamais vu une pareille invasion. Elles ravagèrent tout le pays. À la vue du désastre, le Pharaon reconnut de nouveau ses torts et pria Moïse d’intercéder encore. Dieu fit lever un vent d’ouest qui enleva les sauterelles et les jeta dans la mer Rouge. Le Pharaon, toujours endurci, refusa de laisser partir les Israélites. Exod., x, 1-20 ; voir Vigouroux, loc. cit., p. 334-340.

9. Par représailles, Dieu répandit sur l’Egypte pendant trois jours des ténèbres si épaisses qu’on pouvait les toucher, tandis que le soleil continuait à luire au pays occupé par les Israélites. Pharaon fit alors de plus larges concessions ; il ne retenait plus que les troupeaux. Moïse refusa, puisqu’il fallait des animaux pour le sacrifice. Le Pharaon persista dans son refus, et défendit à Moïse de reparaître devant lui. Exod, x, 21-29 ; voir Vigouroux, loc. cit., p. 341-347. Moïse déclara fièrement qu’il ne reviendrait plus et sortit du palais en colère. Exod., xi, 9.

10. Une dernière plaie, plus terrible que les précédentes, devait vaincre l’obstination du roi. Dieu l’annonce à Moïse, qui recommandera aux Israélites de demander aux Égyptiens des vases d’or et d’argent. Le coup décisif sera la mort de tous les premiers-nés des hommes et des animaux durant la même nuit. Alors les Égyptiens supplieront les Israélites de partir. Exod., xi, 1-8. Dieu institua à qe moment les rites tant de la première Pàque que de sa célébration annuelle à l’avenir, Exod., xii, 1-20, voir Pâque, el Moïse communiqua aux anciens du peuple les ordres de Dieu. Exod., xii, 21-27. Les Israélites célébrèrent la première Pâque. Or il arriva qu’au milieu de la nuit le Seigneur fit mourir tous les premiers-nés d’Egypte, de sorte qu’il n’y avait aucune maison où il n’y eût un mort. Un cri de terreur s’éleva dans tout le pays, et le Pharaon, ayant fait appeler Moïse et Aaron cette nuit même, leur ordonna de partir et d’emmener même les troupeaux. Les Égyptiens pressaient les Israélites de s’éloigner au plus vite, et ils leur donnèrent de bon cœur des vases d’or et d’argent et beaucoup de vêtements. Exod., xii, 28-36.

4° Sortie d’Egypte. — Après un séjour de 430 ans en Egypte, les Israélites quittèrent ce pays ; ils partirent de Bamessés et vinrent à Socoth, où ils firent cuire la pâte non levée qu’ils avaient emportée. Exod., xii, 37-41. C’est à cette occasion que fut instituée la fête de la Pàque, Heb., xi, 28, et que Dieu exigea la consécration des premiers-nés d’Israël. Exod., xii, 42-xm, 16. Les rabbins prétendaient que la voix de Moïse, lorsqu’il promulgua l’immolation de l’agneau pascal, fut entendue dans toute l’Egypte, longue de 40 jours de marche, comme celle de Pharaon, autorisant le départ des Israélites. Talmud de Jérusalem, traité Pesahim, v, 5, trad. Schwab, Paris, 1882, t. v, p. 76. Moïse emportait les ossements de Joseph pour se conformer à la recommandation de ce patriarche. Exod., xiii, 19. Les Israélites, guidés par la nuée lumineuse, se dirigèrent vers la mer