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MOHOLITES — MOÏSE

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hébreu, de Sêrêbyâh, qu’elle transcrit Sarabia, un personnage différent de’is iékél, distingué du premier par la conjonction et. Parmi les exégètes modernes, les uns croient que la conjonction et est fautive et ils prennent Sarabia pour le nom de l’homme de sens ; d’autres supposent que’U Sékél est simplement un nom propre signifiant « homme de sens » et distinct de Sarabia ; d’autres enfin, tout en admettant que Sarabia est un second personnage, ne pensent pas que le "premier s’appelait’îs iékél, mais que son nom propre, qui précédait cette qualification, s’est perdu. L’explication la plus simple est celle qui regarde’iS iékél comme un nom propre, désignant un lévite autre que Sarabia, mais elle a contre elle les raisons suivantes : 1° Esdras indique après chaque nom le npmbre des personnes qui accompagnaient celui dont il vient de parler et le nombre n’est marqué ici qu’après le nom de Sarabia. 2° Il n’est pas question de’is sékél dans la suite du livre d’Esdras, non plus que dans Nêhémie, tandis qu’il y est fait plusieurs fois mention de Sarabia. I Esd., viii, 28 ; II Esd., viii, 7 (Sérébia) ; ix, 4 ; xii, 8 (Sarébias) ; ix, 5 ; S, 12 ; XII, 24 (Sérébia). Sans doute’îs sékel aurait pu mourir aussitôt après son arrivée en Palestine, mais on peut penser qu’Esdras ne l’aurait pas nommé le premier de la liste, I Esd., viii, 18, s’il n’avait pas joué un rôle important après son retour dans sa patrie. Quoi qu’il en soit, le contexte semble bien désigner Sarabia comme un Moholite. Les Septante ont fait du premier élément de’U iékél un nom commun et du second un nom propre (défiguré dans la dernière lettre) : àvY]p Sa^uv. Voir Sarabia.

MOINEAU. Voir Passereau.

MOIS (hébreu : fyôdes, c’est-à-dire « nouvelle [lune] » ; yérah, qui signifie « lune », et par extension le mois qui était lunaire ; Septante : y.4v qui signifie aussi « lune » et « mois » ; Vulgate : niensis), douzième partie de l’année. III Reg., iv, 7 ; I Par., xxvii, 1-15. Comme les mois hébreux étaient lunaires, ils ne fournissaient pas en un an trois cent soixante-cinq jours. Pour les faire coïncider avec les saisons, nous savons qu’on intercalait en moyenne tous les trois ans, un treizième mois, mais il n’en est jamais fait mention dans l’Écriture. Pour la description des mois, voir Calendrier, iii, t. ii, col. 6567, et chacun des noms de mois. Du temps des Séleucides, on se servit en Palestine des noms de mois macédoniens. II Mach., xi, 21, 30, 33, 38. Sur la manière dont les Hébreux célébraient le premier jour du mois, voir Néoménie.

    1. MOÏSE##

MOÏSE (hébreu : Môsêh ; Septante : Mmuot) ;  ; Vulgate : Moyses), libérateur et législateur d’Israël.

I. Depuis sa naissance jusqu’à sa mission. — 1° Naissance. — Au plus fort de l’oppression des Israélites en Egypte, alors que le roi avait ordonné de tuer à leur naissance tous les enfants mâles du peuple opprimé, Exod., i, 22, un homme de la famille de Lévi épousa une femme de sa tribu. Celle-ci conçut et enfanta un fils. Exod., Il, 1-2. De prime abord, il semblerait que ce fils est le premier-né du mariage de parents innommés, si la suite du récit n’introduisait sur la scène une sœur de l’enfant plus âgée que lui, ꝟ. 4. Une généalogie incomplète des fils de Jacob nous renseigne plus loin, Exod., VI, 20, sur les noms des parents, Amram, voir t. i, col. 522, et Jochabed, voir t. iii, col. 1580, et sur l’existence d’un frère aîné, Aaron, ayant trois ans de plus que son puîné. Exod., vii, 7 ; cf. vi, 26-27. Le nom de la sœur, Marie, est donné Kum., xxvi, 59. Voir col. 776. Pour expliquer comment le troisième enfant de cette famille avait pu être présenté comme un premier-né malgré la naissance antérieure d’Aaron et de Marie, le targum de Jérusalema

imaginé un véritable roman. Selon lui, quand le roi d’Egypte eut ordonné aux sages-femmes égyptiennes de faire périr les petits garçons d’Israël, Exod., i, 15, 16, Amram quitta sa femme, déjà mère de Marie et d’Aaron, et la reprit plus tard. Moïse fut le premier-né de ce second mariage. Quelques commentateurs modernes, à rencontre d’Exod., vi, 20, ont supposé qu’Amram avait eu deux femmes, dont la première aurait donné le jour à Marie et à Aaron. La mère, ayant vu que le nouveau-né était beau et bien fait, désobéit à l’ordre cruel du Pharaon, et au lieu de faire mourir l’enfant, elle le cacha pendant trois mois. Exod., ii, 2. En agissant ainsi les parents étaient guidés par la foi, Heb., xi, 23, parce que Dieu avait sur cet enfant des vues spéciales, Act., vii, 20. Josèphe, Ant. jud., II, IX, 3, 4, raconte qu’Amram, voyant sa femme enceinte, avait imploré Dieu qui le réconforta dans une vision et lui prédit la naissance d’un fils qui délivrerait les Israélites. Celte prédiction remplit de crainte les époux ; mais Jochabed accoucha sans douleur, ce qui présageait le grand rôle que son fils devait remplir. Le texte sacré ne mentionne rien de miraculeux dans la naissance de Moïse. Il ne l’appelle pas « premier-né », et s’il ne parle pas d’abord d’Aaron, qui était né avant lui, c’est parce qu’il va raconter l’histoire de Moïse.

2° Exposition sw le Nil. — Quand la mère crut ne pouvoir plus cacher l’existence de l’enfant, craignant, dit Philon, De vita Mosis, 1. 1, Paris, 1640, p. 604, les perquisitions et la délation, elle résolut de l’exposer sur le fleuve, le confiant ainsi à la Providence. Elle fit une nacelle de papyrus, qu’elle enduisit de bitume et de poix ; elle plaça le petit enfant dans Cette sorte de berceau, qu’elle déposa parmi les roseaux sur le bord du fleuve. Exod., ii, 3. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6°édit., Paris, 1896, t. ii, p. 282, 587-588. La sœur de l’enfant, retenue par l’amour fraternel, dit Philon, De vita Mosis, 1. I, in-f », Paris, 1640, p. 604, appostée par sa mère, pensent les commentateurs modernes, demeura sur la rive et se tint à quelque distance pour observer et voir ce qu’il adviendrait. Exod., ii, 4. D’après les rabbins, elle attendit ainsi une heure. Talmud de Jérusalem, traité Sofa, i, 9, trad. Schwab, Paris, 1885, t. vii, p. 240, 241. Or la fille du Pharaon, nommée ©épfiou-Qiç d’après Josèphe, Ant. jud., i, IX, 5, Mépris d’après Eusèbe, Prxp. evang., ix, 27, t. xxi, col. 729, et Bathya selon les rabbins d’après I Par., iv, 18, vint au fleuve pour se baigner, ou, selon Josèphe, loc. cit., pour s’égayer sur la rive. Suivant Philon, elle était la fille unique du roi. Mariée et sans enfant, elle désirait ardemment un fils. Elle se tenait ordinairement renfermée dans son palais ; mais elle en était sortie ce jour-là pour se baigner avec ses suivantes. Cf. Artapan, dans Eusèbe, Preep. evang., IX, 27, t. xxi, col. 729. Pendant que ses dames d’honneur allaient et venaient sur lesbords du fleuve, elle aperçut la petite barque au milieu des roseaux ; elle envoya une esclave la prendre et la lui apporter ; l’ouvrant, elle vit un enfant qui vagissait et, émue de compassion à ce spectacle, elle dit : « C’est un enfant des Hébreux. » Exod., ii, 5, 6. Elle reconnut son origine, sinon à la circoncision que pratiquaient les Égyptiens, du moins aux circonstances de ^.persécution. Philon et Josèphe disent qu’elle fut frappée de la grandeur et de l’élégance de l’enfant. Le premier ajoute qu’elle l’adopta dès lors pour son fils. Mais, parce qu’il n’aurait pas été prudent d’introduire tout de suite à la cour cet enfant hébreu, elle résolut de le faire élever avant de l’amener chez elle. Josèphe, Ant. jud., II, ix, 5, dit qu’elle fit appeler successivement plusieurs femmes égyptiennes pour l’allaiter, mais que l’enfant refusa leur sein. Marie, sa sœur, intervint alors comme par hasard et proposa de le confier à une femme israélite. Elle alla chercher sa mère, dont l’enfant accepta le sein. Sauf ce détail, qui semble peu