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MODIN


Hument sépulcral des Machabées. — La carte de Médaba, découverte en 1896, en témoignant de cette dernière identification, et en montrant Moditha dans la situation générale où se trouve el-Medîéh, a achevé de confirmer l’identification proposée par le P. Forner, soutenue par V. Guérin et adoptée par la généralité des palestinologues. Toutefois, par suite de l’extension du nom à plusieurs places différentes de la même régioD, il est moins facile de déterminer l’emplacement précis de la ville antique, comme on va le voir parla description du lieu. ILL. Description. — Le territoire auquel s’applique le nom A’el-Mediéh s’étend sur les deux côtés d’un ravin assez profond appelé ouâd’el-Mediéh. Il est en grande partie couvert d’oliviers, parmi lesquels se trouve le petit village A’el-Mediéh, et plusieurs ruines. Le village, situé à l’ouest de l’ouâdi, se compose de trente à quarante maisons mal bâties où habitent environ 200 fellahîn musulmans. Les citernes, taillées dans le roc, que l’on voit soit au village, soit aux alentours, indiquent qu’el-Mediéh occupe la place d’une ancienne localité et que cette localité était plus étendue que le village actuel. Au sud et à peu de distance se dresse un monticule en forme de cône tronqué, en partie artificiel, dont la hauteur au-dessus de la mer Méditerranée est de 243 mètres. Son sommet est couvert de ruines informes. Les fellahîn appellent ces ruines el-’Arba’în, « les Quarante [martyrs], s nom attribué, en Palestine, à une multitude de ruines d’anciens monastères ou de monuments religieux ; le monticule est désigné sous le nom de ràs el-Medîéh, « le sommet de Mediéh. » Au pied, au nord-ouest, est une ancienne piscine et dans son voisinage on remarque plusieurs grottes sépulcrales d’aspect judaïque. — Le terrain onduleux situé en face du village A’el-Mediéh, au côté occidental de la vallée, est désigné généralement du nom de Khirbel el-Medîéh, à pause des ruines qui le recouvrent. Une nécropole remarquable, entièrement creusée dans le roc, attire d’abord l’attention lorsqu’on arrive du sud. Une première grotte sépulcrale affectant la forme ordinaire des tombeaux juifs anciens, montre son entrée tournée vers l’orient. Une douzaine de grands blocs monolithes, de 2 mètres environ de longueur sur 1 de largeur, sont épars sur le sol rocheux supérieur. Destinés à fermer l’entrée des autres chambres sépulcrales, pratiquées horizontalement dans le roc, plusieurs d’entre eux gardent leur place, tandis que quelques-uns en ont été écartés par les violateurs des tombeaux. La plupart de ces chambres renferment deux tombes formées chacune d’un arcosolium cintré recouvrant une auge sépulcrale. Cette nécropole est connue sous le nom de gobûr el-Yahvd, « les tombeaux des Juifs. » Tout à côté se voit un pressoir à vin à plusieurs compartiments, différent par ses formes des pressoirs antiques de la Judée. Le sommet de la colline dans laquelle ont été pratiquées ces tombes, du côté du sud-est, est couvert de débris de poterie, de maçonnerie, de cubes de mosaïque et on y observe quelques arasements de constructions. Selon V. Guérin, cet emplacement est appelé khirbet el-Yehûd ; il est inscrit sur la grande carte anglaise du Palestine Exploration Fund, 1887, sous le nom de khirbet Mediéh. C’est le nom qu’à plusieurs reprises j’ai entendu employer, bien qu’il serve encore à désigner l’ensemble de toutes les ruines que l’on trouve à l’ouest de l’ouâdi. Plus au nord, au bas de la colline, se trouve une piscine en partie creusée dans le roc et en partie construite, et, à côté, les restes d’une construction bâtie en blocage. Les habitants A’el-Mediéh leur donnent le nom, ainsi qu’au reste des débris de constructions qui les avoisinent, de khirbet el-Iiamnxâtn, < ! la ruine des Bains. » En cet endroit, M. Clermont-Ganneau, alors chancelier du consulat de France à Jérusalem, a découvert un baptistère chrétien, avec une inscription grecque relatant le nom de la donatrice Sophronia, et non loin une grotte sépulcrale avec une autre

inscription grecque. Cette dernière partie des ruines a été désignée à M. Guérin sous le nom de khirbet Zakarich,

— Ces ruines occupent un col assez large formé par la colline dont nous venons de parler et une autre située au nord-nord-est, dominée par un petit sanctuaire musulman à coupole appelé scheikh el-Gharbaouy. L’altitude du lieu est de 233 mètres. Parmi les restes d’habitations arabes construites autour du monument précédent, on remarque, sur une belle plate-forme, les arasements d’un grand édifice rectangulaire mesurant 27° 77 de longueur sur 6 m 71 de largeur. « Un certain nombre ds magnifiques blocs encore en place dominent cette enceinte et permettent d’en déterminer l’étendue, « dit V. Guérin. Les Arabes l’appellent el-Kala’h (qala’ah), « le Château. » Il s’y trouve divers tombeaux, comme on le verra plus loin. — « Le tombeau dont on voit les ruines à cet endroit, » ajoute M. Mauss qui visita le khirbet Mediéh, en 1870, quelques jours après V. Guérin, « est complètement isolé… L’importance des ruines permet de supposer qu’il a appartenu à une famille puissante dans le pays. Il devait avoir un aspect monumental à en juger par les dimensions de ce qui a été conservé. Il y a place pour sept tombes, ainsi qu’on peut s’en assurer par l’examen du plan. J’ai supposé à l’extrémité occidentale du rectangle un sépulcre double, comme celui de l’extrémité est. Si l’hypothèse est juste, on peut facilement dans l’intervalle placer trois autres sépulcres simples qui pouvaient avoir chacun son vestibule ou corridor de dégagement. » Dans V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 411-412.

IV. Emplacement précis de la ville de Modin. — Parmi les diverses ruines dont nous venons de parler, les palestinologues se demandent lesquelles sont celles de l’antique Modin. Rien de ce que l’on voit au village A’el-Mediéh ou au sommet du monticule voisin ne parait annoncer à V. Guérin une ville de quelque importance, comme dût être la ville des Machabées. Le scheikh de la localité lui a en outre assuré que le village était nommé autrefois el-Miniéh. Il faut, selon ce savant, chercher le site de la ville ancienne à l’occident de la vallée. Modin, dans cette hypothèse, aurait occupé la colline méridionale dans laquelle sont creusés les qobûr el-Yahûd et ces tombes seraient la nécropole de la ville. Le khirbet el-tlarnmâm ou Zakariéh serait les restes d’un taubourg de la ville byzantine qui succéda à la ville juive. — Pour d’autres au contraire, tous ces débris, au milieu desquels on rencontre des inscriptions grecques, des emblèmes et des monuments chrétiens, sont purement romains ou byzantins. Le pressoir décrit et d’autres que l’on voit non loin sont différents des pressoirs anciens que l’on rencontre si fréquemment dans les montagnes de la Judée, et l’on constate à la fraîcheur de leur état qu’ils appartiennent à une époque relativement récente. Le site A’el-Mediéh est bien celui de la ville juive, Rien dans l’Écriture ou l’histoire n’attribue à Modin une grandeur spéciale. Elle est qualifiée du nom de ville comme tant d’autres localités, qui dans notre manière de parler seraient appelées des villages. Josèphe, Eusèbe et saint Jérôme ne la nomment du reste pas autrement : v.i>y.-r, vicus. Les citernes constatées au delà du périmètre du village actuel la montrent cependant plus étendue que celui-ci, et la forme de ces citernes et des tombeaux voisins atteste son antiquité. Seule la piscine et les ruines du monticule, qui ressemble lui-même à une acropole, indiquent qu’elle pourrait bien avoir eu une certaine importance. Meniéh est une prononciation défectueuse de Mediéh, et l’existence simultanée de deux noms différents de consonance si rapprochée pour deux localités voisines paraîtrait bien peu probable. — À défaut de documents historiques, des fouilles faites au Ràs el-Medîéh pourraient donner la solution de la question. Bien qu’il ne soit pas absolument absurde de placer la ville de Modin à l’est de la.