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MOAB — MOBONNAÏ


aucune sécurité dans le pays. La culture devint impossible. Les villes et les villages se vidèrent absolument d’habitants et tombèrent en ruine. Toute la contrée ne différa bientôt plus en rien du désert et finit par être complètement abandonnée aux tribus nomades. Au commencement du xve siècle, s’il faut en croire Et-Tahiry, Syria descripta, édit. Rosenmûller, Leipzig, 1828, p. 19, 21, la principaulé de Kérak était encore couverte d’un nombre immense de bourgades florissantes et la Belqâ, c’est-à-dire la partie septentrionale de Moab seule comptait plus de 300 villages. Au commencement du xix 8 siècle, il n’y en avait plus un seul debout sur tout le territoire de l’ancien Moab. — La ruine religieuse n’a pas été moins profonde. Les Arabes vainqueurs n’imposèrent point formellement leur religion au pays soumis ; mais les habitants des principales villes, en grande partie gréco-romains et qui formaient en quelque manière l’ossature du peuple chrétien, ne tardèrent pas à disparaître et furent remplacés par des émigrés du Yémen ou des autres régions de l’Arabie, tous disciples du Coran. L’arrivée des Francs (1099) et la création au Kérak d’un évêché latin appelé la Pierre du Désert (1136) relevèrent pendant quelque temps le courage des chrétiens. Voir Kir-Moab, t. ii, col. 1795-1797. En 1301, la majorité de la population du pays de Kérak était encore chrétienne et se sentait assez forte pour refuser, d’obtempérer à un décret vexatoire du sultan d’Egypte, maître de la région. Cf. Makrizi, Histoire des sultans mameluks, trad. Quatremère, Paris, 1845, t. ii, p. 177. Cependant depuis la chute du royaume franc de Jérusalem, les chrétiens, livrés sans appui et sans recours aux caprices du fanatisme aigri des adversaires de la Croix, semblent avoir perdu courage et des défections plus ou moins considérables finirent par donner la prépondérance à la religion de Mahomet. Le groupe de ces chrétiens peut être considéré comme le dernier reste de l’ancienne population moabite, tien qu’il soit mêlé de l’élément arabe-nabuthéen. Isolés et sans relation possible avec le monde catholique, sansévêque de leur rite syriaque pour leur donner des prêtres, ils recoururent pour en obtenir aux patriarches grecs, quand ceux-ci furent revenus à Jérusalem. C’est ainsi qu’ils se trouvèrent engagés dans le schisme photien. Leur nombre, dans la première partie du siècle dernier, se trouvait.réduit à peine au sixième de la population totale, descendu lui-même au centième de l’ancien. Ils sont demeurés groupés au Kérak et dans ses alentours, jusqu’à l’année 1879. À cette époque, une fraction de deux à trois cents environ d’entre eux demanda un prêtre au patriarche latin de Jérusalem. Le (missionnaire s’établit, avec son petit troupeau, dans les ruines de Médaba. La modeste colonie a été, pour la région et pour tout le pays, le principe d’un mouvement de renaissance auquel ilfaudra peut-être appliquer les paroles de la prophétie : « Je ramènerai les captifs de Moab, aux derniers jours, dit le Seigneur. » Jer., XL viii, 47. Vers le même temps, le missionnaire de Mâdabà tentait d’établir au Kérak un autre centre catholique ; et y a réussi depuis 1894. L’année précédente, un détachement de troupe turque s’était emparé du Kérak, après une résistance insignifiante de la population, et avait pris possession de la contrée (octobre 1893). L’ancien pays de Moab, auquel a été rattachée toute la. partie qui s’étend jusqu’au Zerqà, l’ancien Jaboc, forme actuellement un sandjak ou déparlement dirigé par Un mutsarref, ou préfet. Son chef-lieu est le Kérak et il dépend de la province (ouâlayiéh) de Damas.

4. Bibliographie. — Duc de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, dans l’Arabie Pétrée et sur la rive gauche du Jourdain, in-4°, Paris (sans date), 1. 1, p. 23182 ; Mauss et Sauvaire, Voyage de Jérusalem à Kérak et Chaubah, appendice de l’ouvrage précédent, t. ii, p. 81-140 ; L. Lartet, Géologie, ibid., t. iii, p. 61-75, 180-188, 206-208, 232-237, 292-293 ; F. de Saulcy,

Voyage autour de la mer Morte, in-8°, Paris, 1865, t. i, p. 266-399 ; t. a, p. 1-CO ; Lucien Gautier, Autour de la mer Morte, in-8°, Genève, 1901, p. 48-122 ; Tristram, Land of Moab, in-8°, Londres, 1874 ; Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1884 ; The Survey of Eastern Palestine, Memoirs, 2 in-4°, Londres, 1889 ; Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, in-8° Londres, 1822, p. 363-404 ; Seetzen, Reisendurch Syrien, Palâstina, Berlin, 1854, t. i, p. 406-427 ; t. ii, p. 317-377 ; Irby et Mangle, Travels in Egypt and Nubia, Syria and Asia Minor, in-8°, Londres, 1823, p. 335-487 ; E. Palmer, The désert of the Tih and the country of Moab, dans Pal. Expl. fund, Quarterly Statement, 1871, p. 4073 ; F. J. Bliss, Narrative of an expédition to Moab and Gilead, ibid., 1895, p. 203.233, 332-373 ; Gray Hill, A journey East of the Jordan and the Dead Sec, ibid., 1896, p. 24-47 ; G. A. Smith, The Roman Road between Kerak and Madeba, ibid., 1904, p. 367-385 ; 1905, p, 3948 ; Schick, Berichte ûber eine Reise nach Moab, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, 1879, p. 1-13 ; R. Briinow, Reisebericht, dans Mitheilung und Nachrichten des deutschen Palâstina Vereins, 1898, p. 33-39, 49-57 ; 1899, p. 23-29 ; R. E. Briinow et A. Domaszewski, Die Provincia Arabia, in-4°, Strasbourg, 1904, 1. 1, p. 1-110. L. Heidet. MOABITE (hébreu : Mô’db, ham-Mô’àbî, Mô’âbl, ham-Mô’âbîyâh [Mô’âbl, ham-Mô’dbt, ne se lit quo dans le Deutéronome, les Paralipomènes et I Esdras, ham-Mô’âbîyâh que dans Ruth ; I (III) Reg., xi, 1, II Par., xxiv, 26 (ham-Mô’abif), II Esd., xiii, 23] ; Septante : Mwiê, Mb>a6(TY| ; , Mwa6îTtç ; Vulgate, au masculin : Moabita, Moabites ; au féminin : Moabitis), nom ethnique des descendants de Moab et des habitants du pays de ce nom.Gen., xix, 37 ; Num., xxi, 13, etc. — La capitale des Moabites est appelée Ar M oabitarum par la Vulgate. Num., xx, 28 ; cf. xxii, 36 ; Deut., ii, 29. — La Vulgate nomme le pays de Moab regio Moabitis, dans la livre de Ruth, i, 1, % 6 ; ii, 6 ; iv, 3. — La loi interdisait, Deut., xxiii, 3 (4), de faire entrer les Moabites dans l’assemblée du peuple, même après la dixième génération. — L’Écriture nomme plusieurs rois moabites, Balac, fils de Séphor, Num., xxii, 10, etc. ; Églon, Jud., iii, 12, etc. ; Mésa, IV Reg., iii, 4, etc. Jethma, t. in k col. 1520, un des vaillants soldats de David, était d’origine moabite. I Par., xi, 46. David descendait lui-même de Ruth la Moabite. Ruth, i, 22, etc. La belle-sœur da Ruth, Orpha, était aussi Moabite. Ruth, i, 4, etc. — Salomon épousa des femmes moabites qui le firent tomber dans l’idolâtrie, III Reg., xi, 1. —Un des meurtriers du roi Joas était fils d’une Moabite appelée Semarith. II Par., xxiv, 26.

    1. MOADIA##

MOADIA (hébreu : Mô’adyâh ; Septante : MàaSaf), un des prêtres qui revinrent de Babylone en Palestine avec Zorobabel. II Esd., xii, 17. Au ꝟ. 5, son nom est écrit Madia. Voir Madia, col. 532.

    1. MOBONNAÏ##

MOBONNAÏ (hébreu : Mebunnaï, : Septante : èx twv viïmv ; ils ont lu mibnê, « du fils » ), nom d’un des principaux officiers de David dans II Beg., xxiii, 27. Un jjrand nombre de commentateurs croient que dans II Reg., xxii, 18, il est appelé Sobochaï au lieu de Mobonnaï, de même que dans I Par., xx, 4, et, avec une légère différence d’orthographe, Sobbochaï, dans I Par., xi, 29, et xxvii, 11. Sibekaï, qui se lit partout en hébreu, excepté II Sam., xxiii, 27, doit être le nom véritable, d’après la plupart des critiques. Il était Husatite ou originaire de Husat, de la race de Zarahi. I Par., xxvii, 11. Voir Husathite et Husati, t. iii, col. 784. Il fut un des gibbôrîm, I Par., xi, 29, et un des selisîm de David. II Reg., xxiii, 27. Voir Armée, t. i, col. 978. Il s’était rendu célèbre en terrassant Saph ou