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MOAB

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et de Moab. Annales d’Asswbanipal, Cylindre a, col. 6, lig. 121 ; cf. Vigourous, ibid., p. 120. — Moab s’était remis de ses désastres et la prospérité à laquelle Jéré’mie fait allusion leur est postérieure. À quelle époque et comment arrivèrent les nouveaux malheurs dont ce prophète, Sophonie et Ézéchiel menacent Moab ? la Bible ne le dit pas. Moab toutefois, on le voit par l’histoire, après la ruinedeNiniveet au temps de Nabuchodonosor (582) passa, avec ses voisins, sous le joug de Babylone. Cf. Josèphe, Aht, jud., X, ix, 7. Sa décadence paraît dater de cette époque. Au retour des Juifs de la captivité, la race amoindrie de Moab achevait de se confondre avec les tribus arabes par lesquelles son sol était envahi : elle cessait d’être un peuple.

111. ENVAHISSEMENT DE MOAB PAR LES ARABES. —

l°Sous les Perses et les Grecs. — Moab passa sous le joug des Perses, avec Babylone et le reste de l’Asie occidentale. Les Juifs revenus à Jérusalem retrouvèrent parmi leurs voisins de la Transjordane méridionale des Moabites, avec les filles desquels plusieurs d’entre eux contractèrent des alliances. I Esd., ix, 1 ; Il Esd., xiii, 1-4, 23. Il semble que ce soit dans la même région qu’il faille chercher la résidence de Gosem l’Arabe dont les Juifs de Jérusalem eurent plus d’une fois à se plaindre. II Esd., 11, 19 ; vi, 1, 2, 6 ; cf. IV, 7. — L’invasion d’Alexandre (332) et des Grecs macédoniens avait placé Moab sous l’hégémonie de ces conquérants. Hyrcan, fils de Joseph, avait profité du départ pour la Perse du roi Antiochus III, pour exercer pendant sept années (182-175) une sorte de souveraineté sur le district septentrional de Moab. L’avènement d’Antiochus Épiphane, auquel les Arabes pouvaient se plaindre, mit liii, par la mort volontaire d’Hyrcan, à cette tentative d’ingérence des Juifs dans le pays. Josèphe, Ant. jud., XII, IV, 11. Voir Galaad, t. iii, col. 56-57. Dès ce moment, le pays de Moab était considéré déjà comme une simple province de l’Arabie. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIV, I, 4 ; v, 2 ; Bell, jud., i, iv, 3 ; XIII, xiii, 3.

2° Au temps des Juifs. — Les Asmonéens cherchèrent à remettre les Juifs en possession de la partie de territoire de Moab dont Moïse avait fait la conquête sur les Amorrhéens. Profitant des troubles dans lesquels se trouvait la Syrie, Jean Hyrcan vint s’emparer de Médaba, de Saméga et de tout le pays des alentours. Ant. jud., XIII, ix, 1 ; Bell, jud., i, ii, 6. Son petit-fils, Alexandre Jannée, devenu roi de Judée (106-79), pénétra dans le pays au delà du Jourdain. Il y trouva les Galaadites et les Moabites, les combattit et les assujettit au tribut. Ant. jud., XIII, xiii, 5. Il occupa les deux villes déjà conquises par son père et s’empara en outre d’Hésébon, de Nabo, de Betharam, appelée plus tard Liviade, de Lemba (Libb), de Zara (Sarath), d’Oronaïm et de plusieurs autres villes. Ant. jud., XIII, xv, 4. — Si les noms de Rabba et d’Agallaïm, dont font mention certains manuscrits, étaient authentiques, il en résulterait que le roi juif aurait poussé ses conquêtes assez loin au sud de l’Arnon. Josèphe semble l’affirmer ailleurs. Il désigne en effet, Bell, jud., III, III, 5, comme limite entre la Judée et l’Arabie, au commencement du règne d’Hérode l’Ancien, une localité du nom de Jarda. Cet endroit ne parait pas différent du lieu situé au sud de Machéronte et appelé, ibid., VII, vi, 5, Jardès, transcription fautive, semble-t-il, pour Zarda ou Zardès, forme grécisée employée par l’historien juif à la place du nom du Zared.

— Les places prises par Jannée appartenaient auparavant à Arétas, roi des Arabes-Nabuthéens, dont la résidence était alors à Pétra, au sud de la Moabitide. Ibid. Cette nation paraît avoir été en possession de la Moabitide méridionale depuis longtemps déjà. C’est de là peut-être que les Nabuthéens vinrent à la rencontre de Judas Machabée (166-161) et de son frère Jonathas, quand ils franchirent le Jourdain pour aller au secours de leurs frères de Galaad, I Mach-, v, 25 ; et c’est vers

cette région que paraissait se diriger Jean Machabée pour leur demander du secours, quand il fut surpris et assassiné par les hommes de la famille de Jambri. Ibid., îx, 35-36. Celte ville et son territoire n’étaient sans doute pas en ce moment en possession des Nabuthéens, alors alliés et amis des Asmonéens et des Juifs, ibid., mais elle dut tomber en leur pouvoir peu après cet événement et peut-être à son sujet. L’opposition que faisait à Alexandre le parti des Pharisiens et les avantages que remporta sur lui Arétas durent lui faire négliger un instant sa conquête. Il ne laissa pas moins en mourant la plupart de ces villes en la possession des Juifs et tout le territoire situé au nord du grand affluent de l’Arnon, le nahar el-Ouâlêh actuel, et dont Machéronte formait la frontière. Ant, jud., XIII, xiv, 2 ; XIV, i, 4 ; cf. Ant. jud., XVIII. v, 1 ; Belljud., III, iii, 3.

— Hyrcan II, fils aîné d’Alexandre, pour obtenir l’appui d’Arétas contre son frère et rival Aristobule, promit de lui rendre toutes les villes conquises par son père. Ant. jud., XIV, I, 4. Cette promesse ne paraît pas avoir été tenue. La discorde des deux frères attira les armes des Romains dans cette partie de la Moabitide (63), Alexandre, fils d’Aristobule, songeait à. en faire son refuge et à se retirer à Machéronte. Avant d’avoir pu atteindre cette forteresse, il dut l’abandonner aux mains du préteur Gabinius dont il était poursuivi et qui la fit démanteler. Ant. jud., XIV, v, 2-4 ; Bell, jud., i, viii, 5-6. Aristobule, échappé de Rome, s’y réfugia avec son fils Antigone, et essaya de s’y défendre ; mais, après deux jours de siège, se voyant tout couvert de blessures, il dut se rendre de nouveau aux Romains. Ibid., XIV, vi, 1.

— Hérode l’Ancien (47-4), en se faisant attribuer par le sénat romain le royaume de Judée, reçut en même temps la partie de la Moabitide reconquise par les princes asmonéens. Elle fut dès lors annexée à l’ancien pays de Galaad, devenu la province de Pérée. Un des premiers soins d’Hérode fut de chercher à s’en assurer la possession en fortifiant Hésébon et en y mettant une garnison, Josèphe, Ant. jud., XV, viii, 5.

Ce pays fut souvent l’objet de son attention et de ses soins. Il y fonda la ville de Machéronte (fig. 302) près du château du même nom, Belljud., VII, vi, 2. Il y releva et embellit la ville de Betharam à laquelle il donna le nom de Liviade. Ant. jud., XVIII, ii, 1 ; Bell, jud.., II, IX, 1. iSe sentant défaillir, il se fit transporter de Jéricho à Callirhoé, espérant y recouvrer la santé par l’usage des bains. Ils ne firent qu’aggraver son mal. Ant. jud., XVII, vi, 5 ; Bell, jud., i, xxxiii, 5. Par son testament, il légua la Pérée à son fils Hérode Antipas, et lui transmit ainsi le domaine de cette région. Ant. jud., XVII, viii, 1. — Ce prince semble l’avoir choisie pour son séjour préféré, et il fit de Machéronte sa résidence. Ces lieux devinrent ainsi le théâtre de son union incestueuse et adultère, et du drame qui la suivit. Antipas avait d’abord épousé la fille d’Arétas III, son voisin, qui ré-*^ gnait sur le reste de la Moabitide. Épris d’une passion coupable pour Hérodiade, la femme de son frère Philippe, il vécut avec elle et renvoya la fille d’Arétas. Celle-ci, instruite du pacte, demanda d’aller à Alachéronte ; elle voulait s’échapper et de là gagner les États de son père, « car Machéronte était sur la frontière du royaume d’Hérode et d’Arétas. »

Revenu de Rome où il avait dû se rendre, Hérode prit Hérodiade. Jean-Baptiste était alors dans les anciennes Araboth de Moab et près de Betharam, non loin de Machéronte, où il prêchait le baptême de la pénitence (30 après J.-C). Le monde venait à lui en foule de la Judée, de la vallée du Jourdain et de tous les pays circonvoisins, pour l’écouter et demander le baptême. C’est alors que Jésus de Nazareth voulut être baptisé par lui. Jean condamnait la conduite d’Hérode. Celui-ci le fit prendre et le jeta dans la prison de Machéronte. Hérode avait invité tous les grands de la Galilée, dont il était