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MOAB


plot pour repasser l’Arnon et laisser aux Israélites la tranquille possession de la région septentrionale. Voir Balac, t. i, col. 1399. Cependant, en châtiment de la conduite de Balac et de son peuple qui avaient appelé Balaam pour maudire Israël et lui nuire et aussi de leur dureté quand ils refusèrent de fournir des vivres et de l’eau aux Israélites et de les laisser passer sur leur territoire, Moïse défendit au peuple de Dieu d’accueillir jamais comme un dé ses membres aucun Moabite. Deut., xxm, 3 ; cf. II Esd., xiii, 1-2.

iv. le roi ÉGLOif. — Ce prince, après la mort d’Othoniel (1361), neveu de Caleb, qui avait fait respecter Israël de ses voisins, forma le dessein de l’assujettir à Moab. Ne se sentant pas assez fort pour réaliser son projet, il demanda l’aide des Ammonites et des Ama-Iécites. Les Israélites, tombés alors dans l’idolâtrie, étaient sans énergie, divisés "et abandonnés de Dieu. Après avoir soumis d’abord, comme il était nécessaire, les tribus de Ruben et de Gad, Églon passa le Jourdain et avec le concours de ses alliés, se rendit maître de Jéricho, « la ville des Palmiers. » Il avait là un palais où il résidait et venait recevoir le tribut imposé aux vaincus. Pendant dix-huit ans les Moabites maintinrent les Israélites sous le joug. Aod, de la tribu de Benjamin, à laquelle appartenait le territoire de Jéricho, résolut de délivrer son pays de la servitude étrangère. Délégué par ses compatriotes pour porter le tribut à Eglon, il lui enfonça dans le flanc le poignard qu’il avait préparé à cette fin. Sonnant alors de la trompette, il rallia autour de lui les Israélites qui accoururent des montagnes d’Éphraïm, et il alla avec eux occuper tous les gués du Jourdain par où les Moabites devaient passer pour retourner à leur pays. Ils ne se présentèrent que pour tomber sous les coups d’Aod et de ses compagnons. Près de dix mille périrent ainsi et la puissance de Moab dut se renfermer de nouveau derrière la frontière de l’Arnon (1343). Jud., iii, 11-30.

V. RELATIONS ENTRE MOAB ET ISRAËL AVANT SAVL ET

sovs les premiers rois. — Après ces événements, Moab entretint avec Israël, et pendant une période assez longue, des relations moins hostiles. Il n’apparaît pas avec les Madianites et les Amalécites dans leurs incursions sur la terre d’Israël, au temps de Gédéon, et il ne se joint pas aux Ammonites dans leurs revendications au temps de Jephté. Cf. Jud., v-vm, xi. Plus d’une fois, au contraire, pendant cette période, on voit des groupes d’Israélites ou des familles entières émigrer dans la terre de Moab et y chercher un refuge et des secours contre les malheurs du temps et les persécutions des hommes. Cf. I Par., iv, 22 ; viii, 8 ; Is.. xvi, 4 ; Jer., XL, 11-12. La plus célèbre émigration de ce genre est celle d’Élimélech de Bethléhem avec son épouse Noémi et ses deux fils à qui leur mère fit épouser deux femmes Moabites dont l’une fut Ruth, ensuite épouse de Booz, ancêtre du roi David et du Messie. Voir Ruth. — Sous le règne de Saûl (1095-1055), Moab est désigné le premier parmi les peuples voisins d’Israël adversaires du nouveau roi. Saûl triompha d’eux et de tous les autres. I Reg., xiv, 47. Cette inimitié des Moabites pour le roi d’Israël fut peut-être une des causes qui disposèrent leur roi à bien accueillir David, le compétiteur de Saûl, quand il lui amena ses parents pour lesquels sans doute il redoutait la vengeance de Saûl, son antagoniste. I Reg., xxii, 34. —Devenu roi de tout Israël, David n’en eut pas moins à combattre à son tour les Moabites. Quelle fut la cause de la rupture entre eux ? on l’ignore. David toutefois devaitavoirà leurreprocherquelque méfaitodieux, car il les traita avec une grande rigueur. Il fit coucher par terre les prisonniers de guerre, les partagea en deux parties, dont l’une devait être mise à mort et l’autre épargnée. Le pays de Moab fut assujetti au tribut et son peuple considéré comme esclave. II Reg., viii, 2 ; I Par., xviii, % C’est probablement dans cette expédition que Cabséel

tua les deusvrielde Moab. II Reg., xxm ; 20 ; IPar., xi, 22. Tout l’or, l’argent et le bronze de Moab recueilli par David en cette guerre, fut consacré au Seigneur et destiné pour le Temple futur. II Reg., viii, 12 ; I Par., xviii, 11. — Salomon prit des femmes du pays de Moab, et laissa introduire à Jérusalem le culte de leur dieu Chamos. III Reg., xi, 1, 7, 33. — La scission du royaume d’Israël en deux obédiences et les luttes de rivalités entre elles, puis les troubles intérieurs du royaume du Nord à cause des compétitions au trône et des révolutions incessantes, permirent à Moab de se relever et de secouer le joug que lui avait imposé David. Les récits de l’inscription de Mésa supposent qu’avant l’avènement au trône de la maison d’Amri, la région au nord de l’Arnon avait été, en grande partie du moins, réunie au royaume de Moab. Sous le règne de Josaphat, le roi de Moab n’avait pas craint de venir avec les Ammonites et les Iduméens porter la guerre au centre même du royaume de Juda. Mais la discorde avait éclaté entre ces alliés ; ils s’étaient massacrés entre eux et leur projet n’avait pas eu de suite. II Par., xx, 1-29.

vi. le roi mésa. — Contemporain d’Achab, roi d’Israël, de Josaphat, roi de Juda, et de leurs successeurs, Mésa chercha à délivrer son pays et à lui rendre ses anciennes frontières. Il réussit en partie. Profitant de la mort d’Achab (897), le roi de Moab refusa de payer le tribut imposé par les rois d’Israël. Joram ayant succédé à son frère Ochoiias, demanda l’assistance du roi Josaphat, et le roi ou prince d’Idumée, vassal du roi de Juda, se joignit à eux pour contraindre Mésa. Les trois alliés prirent le chemin des déserts, contournèrent la mer Morte pour attaquer Moab par le sud. Le prophète Elisée, qui accompagnait l’armée, la sauva d’un désastre en obtenant du ciel de l’eau pour l’abreuver. Les Moabites, accourus sur la frontière pour la protéger contre l’invasion, voyant l’eau rougie par les rayons de l’aurore, la prirent pour du sang et se jetèrent sur le camp pour le piller, croyant que leurs adversaires s’étaient entre-égorgés. Ceux-ci les accueillirent de pied ferme, les mirent en déroute et les poursuivirent au cœur du pays. Toutes les villes de Moab furent prises et saccagées, les champs et les jardins bouleversés et couverts de pierres, les arbres fruitiers abattus et les fontaines obstruées. Il ne restait à Mésa que sa capitale, Kir Moab, dans laquelle il s’était réfugié. Assiégée à son tour, la ville allait succomber, la brèche était ouverte, et le roi avait vainement tenté de s’échapper avec ses meilleurs guerriers. Désespéré, Mésa saisit son fils aîné qui devait régner après lui et l’immola en holocauste sur la muraille de la ville : « Une immense indignation saisit Israël qui se retira de lui et retourna en son pays » (895). IV Reg., m. Mésa attribua à la protection de Chamos, dieu des Moabites, cette délivrance subite à laquelle il paraît faire allusion dans l’inscription de la stèle commémorative élevée par lui àDibon. La mort de Josaphat, survenue peu de temps après l’expédition de Moab et la guerre que Jdram dut soutenir contre les Syriens en Galaad, permirent à Mésa de se venger de ses échecs. Il raconte lui-même, dans le document dont nous venons de parler, comment il le fit en franchissant l’Arnon, en s’emparant de Médaba et des principales villes de la région, et en remettant tout le territoire, depuis le Nébo et Médaba sous l’hégémonie de Moab. Il fixa en outre sa résidence à Dibon, après l’avoir embellie et rendue plus forte. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. iii, p. 464-474 ; Mésa., col. 1014. Les successeurs de Mésa, avant de devenir les possesseurs définitifs de la région septentrionale, durent cependant se retirer plus d’une fois encore au delà de l’Arnon. Sous le règne de Jéhu, Hazaël, roi de Syrie, combattant les Israélites sur leur territoire, poursuivit son incursion jusqu’à Aroër, sur le bord de l’Arnon, IV Reg., x, 33 ; et Jéroboam II (824-872), rétablissant Israël dans toutes