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MOAB

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fois peut-être leurs sujets, à aplanir et à régulariser Jes endroits escarpés ou difficiles. Le roi Mésa qui avait amélioré ainsi le passage de l’Arnon, dans l’ins~ cription de sa stèle, lig. 26, écrit avec fierté ces paroles : « C’est moi qui ai fait le chemin de l’Arnon. » Le pays de Moab est ainsi un des premiers qui eut ce qu’on appelle aujourd’hui des routes classées et une sorte d’administration des chemins. — Les Romains, aménagèrent ces voies à leur usage, en les pavant aux endroits les plus scabreux et en les marquant de pierres milliaires sur lesquelles ils en attribuèrentl’établissement à leurs empereurs. La principale voie ancienne de ce genre traverse le pays dans toute sa longueur, du nord au sud, et passe par el-’Al, Hesbân, Mâdabâ, Dîbân et Rabbah. Au Kérak elle bifurque et un embranchement se dirige vers Tafïléh par Qatrabbéh, ’Eraq, el-Khan~ zîréh et Derâdjéh ; au centre, le second prend la direction du sud-est par Môtéh, Dja’far, jpat-Rds et’Ainéh. Diverses ramifications se séparent de la voie principale et vont vers l’est ou vers l’ouest. Une d’elles, partant de Màdaba, descend près du Nébo, gagne Tell er-Râméh pour atteindre le Jourdain près du gué el-Ghoraniéh : c’est la route ordinaire de la Judée. Une seconde se sépare de la grande voie au sud du Môdjeb, descend par Youadi bêni-Hammad, suit le Ghôr el-Lisdn, puis, après avoir côtoyé la mer Morte, se rend au Ghôr es-Sdfîéh pour gagner, par Y’Ardbah, le golfe d"Aqâbah. Cf. Germer-Durand, La voie romaine de Pétra à Màdaba, dans la Revue biblique, t, vi, 1887, p, 574572 ; Id., Épigraphie palestinienne, ibid., 1896, p. 601617.

x. habitants. — 1° Habitants primitifs. — Fertile, salubre et varié dans son climat, le territoire de Moab pouvait entretenir une population nombreuse et dans les meilleures conditions de bien-être. Les ruines pressées dont il est recouvert témoignent assez qu’aux temps anciens la densité de sa population n’était pas inférieure à celle du pays d’Israël, Si l’on estime celle-ci à 8 millions d’âmes, la population totale de Moab, qui devait être au moins égale à la sixième partie d’Israël, peut être estimée à 1 million 300 000 âmes, ou 650 000 âmes pour chacune des deux grandes divisions du pays. — À l’origine la contrée qui devait être celle de Moab avait été occupée par un peuple de race pareille à celle des Raphaïm et des Énacim. Les Moabites les appelèrent les Émim. Deut., ii, 10-11 ; cf. Gen., xiv, 5. Voir Émim, t. ii, col. 1732 ; Énacim, ibid., col. 1766, et Rephaim. — Les Égyptiens semblent avoir rangé les pays ou s’établit Moab parmi les contrées habitées ou parcourues par les Schaousou ou Schôs. Ce nom qui a quelque apparence de similitude avec celui de Zùz, Zûzim, employé par les Ammonites pour désigner la race habitant les contrées à l’est du Jourdain et de la mer Morte, Gen., xiv, .5 ; Deut., ii, 10-11 ; aurait-il quelque autre relation avec celui-ci ? on ne saurait le dire. Ce qui est certain, c’est qu’il était donné aux nomades de ces régions, représentés par les Bédouins actuels. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. ii, p. 54, note 3. S’il est difficile de déterminer à quelle souche appartenaient les Émim ou les Zuzim, les Schaousou ont tous les caractères des Sémites.

2° Moabites. — Les Schaousou avaient peut-être pris pied déjà dans le pays à côté des Emim quand naquit Moab. La famille du fils de Lot se développa au milieu d’eux et finit par les supplanter, probablement en les dispersant par la guerre, peut-être en s’assimilant quelques-uns de leurs débris. La couleur arabe de la langue moabite, constatée dans l’inscription de la stèle de Mésa, semblerait justifier cette dernière hypothèse. Toutefois, la nature essentiellement hébraïque de cette langue confirme le récit de.la Bible sur l’origine commune de la race du pays de Moab et de la race Israélite : Voir Moabites>.

3° Amorrhéens. — Au retour tfe h famille deJacob de l’Egypte, les descendants de Mûab, après avoir occupé tout le pays auquel ils donnèrent teur nom, avaient été refoulés au delà de l’Arnon par un rameau de la souche des Amorrhéens qui avait pris possession de toute la région au nord de cette rivière. Voir Amorrhéens, t. i, col. 504. Plusieurs interprètes croient avoir reconnu un reste de cette i-ace dans la famille de Jambri, appelée « fils d’Amori » dans les Septante, I Mach., ix, 37, et qui étaient établis à Médaba à l’époque des Machabées. Voir Jambri, t. iii, col. 1115. Ce nom n’indiquerait-il pas plutôt déjà la présence à cet endroit de l’élément arabe ? Le nom de’Amr r’Amrii, ou Omar, est très fréquent dans les familles de cette race.

4° Madianites. — Aux côtés du roi Balac réclamant l’intervention de Balaam, on voit des Madianites avec leurs princes. Num., xxii, 4, 7. Peu après, on lestrouve, simultanément avec les Moabites et avec leurs, femmes et leurs filles dans le territoire qui sera concédé par Moïse aux Rubénites et aux Gadites, aux alentours du mont Nébo et sur la lisière de la vallée du Jourdain. Num., xxv. Pour les châtier de leurs procédés, de corruption à l’égard d’Israël, Moïse leva contre eux un corps d’armée et les poursuivit jusqu’à extermination. Les Israélites ne paraissent pas s’être éloignés beaucoup de leur camp. Num., Xxxi, 1-18. Le territoire occupé par les princes de Madian semble avoir été dans le royaume même de Séhon. ! $tir, le nom de l’un d’eux est aussi celui d’une localité située à quelques kilomètres seulement au nord-ouest de R~esbân, et celui de Reqém (Vulgate : Récem), compagnon du précédent, se retrouvait encore au xe siècle dans le nom d’er-iiaqeim, village indiqué par le géographe arabe et Muqadassi (édit. Goeje, p. 115), à un parasange (environ 7 kilomètres ) de’Amman, sur la frontière du désert. Cf. Jos. T xm, 21. On trouve encore des Madianites battus dans la terre de Moab par le roi d’Edom, Adad, qui régna avant que les Israélites n’eussent des rois. Gen., xxxvi, 35 ; I Par., i, 46. Une ruine du nom de Madian, située au au sud de l’Arnon et non loin d’Aréopolis, attestait encore au ive siècle, au témoignage d’Eusèbe et de saint Jérôme, l’antique séjour de cette race en cet endroit. Onomasticon, au mot Madian, p. 274, 275. Voir Madianites, col. 534.

5° Israélites. — Moïse s’étant emparé sur les Amorrhéens de toute la région au nord de l’Arnon qui avait été à Moab, en concéda tout le haut plateau et toute la région accidentée, avec Bethjésimoth, à la tribu de Ruben, et à la tribu de Gad les Araboth de Moab. Ces deux tribus achevèrent d’occuper ce territoire après la conquête de la terre de Chanaan. Num., xxi, 25-31 ; xxxii, 33-38 ; Jos., xiii, 8-15, 21-29. Les Gadites paraissent avoir occupé encore la ville de Dibon, appelée de leur nom Dibon-Gad, et le territoire des alentours, compris entre Youadi Ouâléh actuel et le Môdjeb ou l’Arnon. Cf. Num., xxxii, 34 ; xxxiii, 45, et l’inscription de la stèle de Diban. — Les Israélites occupèrent la région du nord jusqu’après la mort d’Achab. Le roi Mésa, en y ramenant son peuple, ne les extermina pas entièrement et on les retrouve nombreux sous le règne de Jéroboam II. À cette époque, le nombre total des guerriers israélites d’élite de la Transjordane, exercés au combat et munis de toutes les armes nécessaires, était de 44 760, I Par., v, 18, ce qui indique un chiffre d’environ 15 000 pour la partie du pays de Moab occupée par eux. Cette portion formait alors à peu près le tiers du territoire oriental d’Israël. Cf. I Par., v, 8 ; IV Reg., x, 33, xiv, 25, et la stèle de Mésa. Le pays septentrional de Moab, dépeuplé par la déportation des Israélites au temps de Téglathphalasar, roi d’Assyrie, I Par., v, 26, fut réoccupé par les Moabites. Gf. Is., xv-xvi, et Jer., xlviii.

6° Arabes. — Tandis que les Moabites étaient affaiblis par les Assyriens, les Chaldéens, les Grecs et les Ro-