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MOAB


Les troupeaux des Rubénites étaient composés des mêmes espèces queles troupeaux des Israélites en général, et il n’est pas douteux qu’il en a été de même chez les Moabites et les autres populations qui occupèrent le pays. La vache et le bœuf devaient être communs et apparaissent comme victimes destinées aux sacrifices. Num., xxii, 40 ; xxiii, 1-4, 14, 80. Balaam, appelé par Ealaq, demande sept jeunes bœufs, pour les immoler sur les sept autels dressés par ses ordres. Aujourd’hui le bœuf est élevé exclusivement en vue du labourage. L’espèce ovine paraît à côté de l’espèce bovine dans les rites religieux, et, avec les sept bœufs, Balaam demande également sept béliers. Num., xxiii, 1, 4 ; cf. xxii, 40. La masse des sujets de cette espèce devait être innombrable. Le tribut exigé par Achab du roi Mésa était, pour Moab méridional alors seul en possession des Moabites, de cent mille agneaux et cent mille béliers couverts de leur toison. IVReg., iii, 4. La chèvre, le chameau, l’âne et le cheval, bien que la Bible ne les spécifie pas, devaient faire partie des richesses de Moab, autrefois comme maintenant. Le mulet y est aujourd’hui très commun et employé pour les travaux de la campagne’et le transport des fardeaux.’Ain el-Djâmûs, « la fontaine du buffle, » à l’ouest de Nâ’ûr, témoigne que cette espèce faisait autrefois partie des troupeaux.

v. villes. — Les ruines innombrables de villes et de villages dont est parsemé le sol de Moab, tout en attestant la multitude de ses habitants, témoignent en même temps qu’ils étaient surtout sédentaires, au contraire des habitants actuels, presque exclusivement nomades. De même qu’au pays de Chanaan, en Moab, autour des villes principales munies de remparts, ’ârê mibsdr, civitates, urbes munitæ, Num., xxxii, 36 ; IV Reg., iii, 19, étaient des villes secondaires, les benêt, ce filles, » viculi. Num., xxi, 25 ; Jos., xiii, 17, 23. Parmi ces dernières il y avait des villes plus « remarquables », ’ir mïbhôr, urbs électa. IV Reg., iii, 19. Il y avait encore « les villes de troupeaux », gidrôt s’ôn, caulx pecom, ou « les villages », hasrê, villœ. Num., xxxii, 36 ; Jo3., xiii, 23. — Le prophète Jérémie, xlviii, 24, distingue les villes de Moab en deux catégories : « les villes éloignées et les villes rapprochées, » hdr-refyoqôf ve-haq-qerôbôt, entendant sans doute par les premières les villes de Moab méridional et par les secondes celles de Moab septentrional.

1° Villes de Moab méridional. — On en trouve sept, ou clairement ou très probablement désignées comme étant de cette catégorie. Ce sont :

1. ArMoab (hébreu : ’ArMôâb). Is., xv, 1 ; Num., xxi, 28. Son nom semble être l’équivalent de’ir Mûâb, « la ville, la capitale de Moab, » comme l’indique d’ailleurs le nom de Rabbath-Moab ou Rubath-Môba qu’elle a longtemps porté. Elle a été appelée Aréopolis par les Grecs et les Romains. Cf. Eusèbe, Onomastic, au mot Moab, 1862, p. 292, 293. C’est aujourd’hui Habbah. Voir Ar, t. i, col. 814-817.

2. Gallim (hébreu, ’Eglaîrn ; Septante : ’AfaXXeiV), Is., xv, 8, est indiquée par Eusèbe, à 8 milles au nord d’Aréopolis. Onomastic, p. 10. Elle est aujourd’hui inconnue. Voir t.m, col. 98.

3. Kir Moàb (hébreu : Qîr Môâb, to Tetyoç tîjç M<oa61tiSoç, murus Moab, Is., xv, 1 ; appelée encore Qir Iférés, Jer., xlviii, 36 (cf. Is., ivi, 11 : teï^o ; èvexaivtuac), lu par les Septante q rhr’s, w pour to, xeipâêaç aùxH-oû, Vulgate : murus fictilis, murus cocli lateris, et Qir tfâréSet, Is., xvi, 7 ; IV Reg., iii, 25). Elle fut réellement « le boulevard de Moab » et probablement sa capitale. Cf. IV Reg., iii, 25. Nommée plus tard Kerak-Moba, c’est aujourd’hui le Kérak, le chef-lieu du pays. Voir Kir-Moab, t. iii, col. 1895-1907.

4. Luith (hébreu : Lûhîf ; Septante : Aoucie). Is., xv, 5 ; Jer., xlviii, 5. Il existait encore au iv siècle, d’après le témoignage d’Eusèbe, une localité du nom de Luitha,

entre Aréopolis et Zoara. Onomastic, p. 266. F. de Saulcy croit l’avoir retrouvée dans une ruine appelée Noueïd ou Noueïn. Voir col. 414-415.

5. Maspha de Moab (hébreu iMispéhMôâb ; Septante : Ma<j9V)ça6 ttiMwàë). I Reg., xxii, 3. David y mit ses parents à l’abri des persécutions de Saûl, sous la protection du roi de Moab. Elle semblerait avo^r été une résidence royale. Il est possible qu’elle fut identiqua avec la colline couverte de ruines nommée Sîhan, à laquelle le nom « d’échanguette de Moab » conviendrait très bien ; mais ce n’est nullement certain. Voir Masfha, col. 851-852.

6. Namrim (hébreu : Nimrim ; Septante : NEneipeÎHet Nsêpeîv). Is., xv, 6 ; Jer., xlviii, 34. Cette ville est connue par les eaux ou la rivière à laquelle elle donne son nom. On connaissait au ive siècle une localité du nom de Bennamarim (il faut probablement lire Bethnamarim ) au nord de Zoara. Eusèbe, Onomastic, p. 298. Le nom de Nemeirâ est encore porté aujourd’hui par une vallée et une rivière situées au nord du Ghôr §dfiéh, où se trouvait l’ancien Ségor ou Zoara. Une forteresse du nom de Bordj Nemeirâ, bâtie à l’issue de la vallée, occupe peut-être le site de la ville ancienne. Voir Nemrim.

7. Ségor (hébreu : Sô’ar ; Septante : 2-rn-wp, Zo-fiip, ZtSfopa). Is., xv, 5 ; Jer., xlviii, 34. Cette ville s’appelait primitivement Bala (Bêla’). Gen., xiv, 2. Elle fut le premier endroit où Lot se réfugia en fuyant Sodome. Gen., xix, 22-30. Elle se trouvait à l’extrémité sud-est de la mer Morte. On l’a identifiée avec le village actuel A’es-$âfiéh, dans le Ghôr du même nom. Kitchener propose plutôt le Khirbet Labrusch, grande ruine s’étendant au pied de la montagne désignée du même nom, et située à 2 kilomètres au sud-est A’es-^âfîéh. Pal. Expl. Fund, Quarterly Statements, 1884, p. 216. M. Clermont-Ganneau préfère l’endroit où se trouvent les (auàhin es-Sukkar, nom dont la traduction pourrait être « les moulins de Ségor » aussi bien que « les moulins à sucre ». lbid., 1886, p. 20. Voir Ségor.

2° Villes de Moab septentrional. — Arrachées aux Moabites par Séhon, elles furent conquises sur ce prince par Moïse et données quelques-unes à Gad, la plupart à Ruben. Le plus grand nombre d’entre elles sont citées à ce titre. Num., xxxii, 3, 33-34 ; Jos., xiii, 8-10, 27. Isaïe, xv-xvi, et Jérémie, xlviii, nomment les mêmes villes avec quelques autres comme villes de Moab. Les noms d’un grand nombre d’entre elles sont reproduits dans une forme souvent identique dans l’inscription de Mésa. Les Évangiles et Josèphe mentionnent plusieurs autres localités du même territoire, pour des époques postérieures â l’organisation des tribus.

a) Villes moabites de Gad. — Elles sont au nombre de trois, situées dans la vallée du Jourdain ou les Arabothde Moab. Ce sont :

1. Abelsatim ou Settim et Sétim (’Abêl-haS-Sittîm, Num., xxxiii, 49 ; Sittim, Num., xxv, 1 ; Jos., ii, l ; iii, l). Son nom est remplacé dans l’ancienne version arabe par celui d’el-Kefrein, porté encore par une ruine située à 10 kilomètres du Jourdain. Josèphe la nomme Abéla. Ant. jud., IV, vii, 5. Voir t. i, col. 33. ^^Betharan ou Betharam (Bêt hâ-Rân, Num., xxxii, 36 ; Bêt hâ-Râm, Jos., xiii, 27). Rebâtie par Hérode, elle fut appelée par lui Liviade, Connue du nom de Beit er-Hâméh, chez les anciens Arabes, c’est aujourd’hui Tell er-Ràmèh, où sont seulement des ruines, à 2 kilomètres au sud d’el-Kefrein. Voir t. i, col. 1664.

3. Bethnemra ou Nemra (Bêt Nimrâh-, Num., xxxii, 36 ; Jos., xvii, 27 ; Nimrâh, Num., xxxii, 3). Son nom se retrouve au Tell Nimrîn, situé à 5 kilomètres environ au nord de Kefrein. Voir Gad (Tribu de), t. nr, col. 28, et au nom particulier de chacune de ces villes. Voir t. i, col. 1697.