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sance à de forts courants d’eau qui, en se réunissant, forment des ruisseaux ou des rivières relativement considérables, vu surtout la grande inclinaison de leur lit, et la brièveté de leur parcours. La rivière de Môdjeb, la plus considérable de toutes, mesure à peine, avec sa plus longue ramification, le nahar Ledjjûn 50 kilomètres. La rivière qui arrosait les ouadis famad, Ouâleh et Jfeidân est le principal affluent du Môdjeb, dont elle égale presque la longueur et l’importance. Le bassin de ces deux rivières occupe la plus grande partie du territoire total de Moab. Il est tributaire de la mer Morte.

— Au nord du Môdjeb, la seule rivière un peu considérable parmi celles qui se jettent directement à la mer Morte, est le Zerqâ Ma’in, ainsi nommé de Ma’in, ruine de l’ancienne Baalmaon sous laquelle elle prend naissance, au sud, au’Aïn ez-Zerqà, La longueur de son parcours est de moins de 20 kilomètres. Les autres rivières de quelque importance parmi celles se rendant directement au lac, au sud du Môdjeb, sont le seil-Djerrahet les rivières dès ouadis Béni Blâmmad, Qéneiyeh, Kérak et Nemeira. « Les eaux de Nemrim, » dont les prophètes Isaïe, xv, 6, et Jérémie, xlvui, 34, annoncent le dessèchement, ne paraissent pas différentes de la rivière de Nemeird actuelle. L’embouchure du courant est à 6 kilomètres au nord de l’extrémité méridionale de la mer Morte et du Ghôr $âfîéh où il faut chercher Zoara ou Ségor, et c’est « au nord de Zoara » qu’était, selon Eusèbe, la ville de Nemrim, dont la rivière porte le nom.. Onomastic, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 298. Plusieurs interprètes, il estvrai, ont cru pouvoir reconnaître les eaux auxquellesfontallusionles prophètes dans celles de Youadi Nimrin ; cette rivière, qui baigne la frontière septentrionale de Moab et arrose la plaine des Araboth, se développant autour de Bethnemra porte un nom également identique à celui de la prophétie. Il serait difficile de faire un choix, si le récit lui-même n’indiquait pas, avec suffisamment de clarté, le sud de Moab. Des eaux de Nemrim, Isaïe, xv, 7, fait en effet passer les fugitifs de Moab au nattai hd-’Ardbîm, le torrent des Saules, qui passait à l’extrémité de la terre de Moab, au sud, là où coulent les eaux de Youad’el-ffasâ actuel. Cf. Nemrim. La rivière d’el-Ifasâ, dont les eaux se divisent à la sortie des montagnes pour arroser le Ghôr $dfieh et se jeter ensuite à la mer Morte après avoir traversé la Sebkhah, est la première après le Môdjeb, par le développement de son cours et par l’abondance de ses eaux. Elle est assez couramment, avons-nous dit, identifiée avec le Zared. Voir Zared (Torrent de). Les eaux de Youadi Nimrin, au nord, sont celles de Youadi Cha’îb qui descend de l’ancien pays de Galaad et a sa source près du Sait actuel. Après avoir arrosé le Ghôr, elle se déverse au Jourdain à peu de distance au-dessus du gué el-Ghoranîéh. La rivière de l’ouadi Kefrein, qui coule au sud de Youadi Nimrin, envoie également ses eaux à la mer Morte par le Jourdain. Une partie considérable de celles-ci lui vient de Youad es-$îr. Cet affluent prend naissance sous les ruines d’es-Sir, à l’est de celles de Sâr, réputé l’ancien Jazer, en dehors du territoire de Moab. L’autre affluent principal du nahar Kefrein est le nahar ffesbân. Il a son origine à la source appelée’Aïn Ifesbân du nom de ffesbdn, l’ancienne Hésébon, située à 5 kilomètres au sud-est. Voir Hésébon, t. îir, col. 660. Le nahar ifesbân parcourt prés de 30 kilomètres avant de se joindre au nahar Kefrein, 5 kilomètres à l’ouest du Tell Râméh. Tous deux, après avoir, arrosé soit seuls, soit ensemble, le Ghôr dans toute sa largueur, se jettent au Jourdain à 5 kilomètres en aval de leur point de jonction, au sud-est, et à 3 kilomètres en amont de l’embouchure du Jourdain. — Le camp des Israélites, dans les Araboth de Moab, dressé entre Bethjésimoth (Sûeiméh) et Abelsatim (Kefrein), était parcouru par ces deux courants.

3° Eauxtliermales. —En outre de ces eaux naturelles

et ordinaires, le pays de Moab possède encore de nombreuses sources thermales et minérales. On en connaît au sud du Môdjeb, dans les vallées el-ffammad et el-Hasa. Les plus connues des explorateurs modernes, au nord du Môdjeb sont celles de Youadi Zerqà-Ma’în. Ces sources, au nombre d’une dizaine, jaillissent au fond d’un revin abrupt, sauvage et presque inabordable de la rive droite du Zerqâ au nord de Mekaûr, la Machéronte de l’histoire. Leurs eaux sont chargées de diverses substances minérales, surtout de soufre, et leur température s’élève jusqu’à 70° centigrades. Elles sont désignées aujourd’hui sous le nom de Ifammâm ez-Zerqâ, « les bains du Zerqâ. » Ce sont certainement les sources thermales de la gorge profonde qui protège Machéronte au nord, dont parle Josèphe et appelées par lui Baaru ou Baaras. Bell.jud., VII, vi, 3. Ce nom est évidemment une transcription d’un des dérivés de Béer « puits, » et probablement le mot de forme araméenne Béerah ou Béerath. Au iv° siècle, saint Jérôme traduisant Eusèbe, indique « Béelméon près de Baaru en Arabie, où les sources chaudes jaillissent spontanément du sol ». Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 103. Voir Callirhoé, t. ii, col. 69-72. — Les sources de Sârah ne sont pas très éloignées de celles du Zerqâ, mais elles en sont séparées par la vallée infranchissable du Zerqâ et par des montagnes abruptes de grés et de basalte. Le nombre des sources de Çàrah ne peut être facilement déterminé. Les nombreux ruisseaux qui en dérivent sortent souvent de fourrés inextricables, de hauts roseaux entremêlés de broussailles de toute espèce. Ces ruisseaux se divisent et se subdivisent en une multitude infinie de petits courants qui se croisent et s’entrecroisent, sillonnant le plateau dans tous les sens, et le couvrant en quelque sorte d’un réseau de canaux dont il est impossible de remonter au point d’origine pour les compter. Plusieurs de ces petits ruisseaux apparaissent seulement pendant l’hiver et tarissent l’été, laissant marquée d’un mince dépôt de sel, la ligne de leur parcours. Le nombre des sources permanentes peut être de douze ou quinze, dont cinq ou six sont plus importantes par leur débit. Deux d’entre elles, au sud du plateau, forment de petites rivières qui courent dans des ouadis peu profonds, au milieu d’arbustes divers. Leurs eaux ont près de 40° de température et paraissent mêlées de substances minérales. Deux autres sont particulièrement remarquables. La première sourd, au nord du plateau, au pied d’un rocher, dans une petite vallée qui forme la limite du territoire de Sârah. La température de l’eau à sa sortie est de 50°. Elle forme aussitôt un gros ruisseau qui court se perdre dans la mer Morte, 200 mètres plus loin. Sans autre goût qu’une très légère saveur saline trahissant peut-être une nature alcaline, ces eaux sont potables et j’en ai usé pendant quinze jours sans être aucunement incommodé. La seconde source se précipite en grondant d’un orifice profond qui s’ouvre sous une colline de basalte et de lave, vers l’extrémité nord-est du plateau. Elle n’est pas moins abondante que la première. La température de l’eau est de 60°. Les dépota de matière d’un jaune rougeâtre, laissés par ces eaux le long de leur parcours, indiquent qu’elles sont chargées de substances minérales, dont le soufre parait, comme aux sources du Zerqa, être la plus considérable. Les eaux de Çârah ne nous paraissent pas différentes des bains de Callirhoé dont parle Josèphe, et célèbres dans l’histoire. Le vieil Hérode, se sentant pris de la maladie qui devait l’emporter, vint leur demander des forces qu’elles ne pouvaient lui rendre. Ant. jud., XVII, vi, 5 ; Bell.jud., 1, xsxm, 5. — Les anciens font allusion à d’autres sources autour de Bétharan ou de Bethjésimoth, qui jouissaient de vertus diverses ou qui, à cause de leur nature minérale, étaient estimées mauvaises ou peu potables. Voir BethjésijSoth, t. i, col. 1687. Cf. El-Muqaddassi, Géographie, édit. Goeje, Leyde, 1877,