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adi Nimrïn à la mer Morte, ne dépasse pas 15 kilomètres, et sa plus grande largeur est à peine de 13 kilomètres. Il est plat, légèrement incliné vers le Jourdain et la mer Morte. Sa dépression au point de jonction de Vouadi Ijesbân avec Vouadi Kefrein, qui est à peu près au Centre, est de — 338 mètres. Le sol, formé d’une terre noire, est généralement très fertile.

2) Le second district est situé à 20 kilomètres au sud du précédent et de l’extrémité septentrionale de la mer Morte ou de Sûeiméh, et à moins de 3 de l’embouchure du Zerqà Ma’în. Le nom actuel de Sdrah peut rappeler celui de la ville de Sarathasar, hébreu : Sérét has-Sahar, Jos., xiii, 19, qui rappelle lui-même le nom delà localité traduit KaXXipôr) par Josèphe. Cette induction est confirmée par la carte mosaïque de Médaba. Snr cette carte, au bord de la mer Morte, â l’ouest d’une montagne où se lit le nom de [B] APOY, entre deux vallées dont l’une, au nord, ne peut être différente du Zerqà Ma’în passant sous Mekaûr et où sont des sources thermales, le Baipoa ; de l’historien juif, et dont la seconde au sud, est évidemment l’Arnon, est figurée une petite plaine plantée de palmiers. On y voit un édifice semi-circulaire d’où sort un cours d’eau et un autre édifice terminé en abside non loin duquel passe une autre rivière de bref parcours. Cette petite plaine, où se lit l’inscription ©EPMA KAAAIPOH2, représente le territoire de Sdrah dont nous parlons. — Il est indiqué, Jos., xiii, 19, « dans la montagne de la vallée, » c’est-à-dire sur la lisière de la montagne et de l’Aràbah ou du Ghôr. Sdrah (ou Sdrah), en effet, est encore dans la ligne de la montagne, mais par sa situation et ses caractères, il appartient en réalité à l’Aràbah. C’est un petit plateau incliné vers la mer Morte. De hautes collines de pierre volcanique l’entourent, rangées en hémicycle. Son étendue sur le rivage est de 3 kilomètres et sa profondeur de 2 environ. Une terre noire mêlée de pierres recouvre en partie son fond généralement de lave.

3) Le troisième territoire est à 30 kilomètres plus au sud et au delà de l’Arnon (le Môdjcb) : c’est le Lisân, « langue » de terre s’avançant en presqu’île dans la mer Morte, à l’issue de la vallée de Kérak. L’identité du nom l’a fait prendre par quelques-uns pour le Lâsôn de la Bible, Jos., xvii, 2 ; mais l’identité des lieux est bien moins certaine. Voir Morte (Mer). Dans sa plus grande longueur le Lisân mesure 17 kilomètres et forme un petit golfe, de 7 kilomètres de profondeur et de 3 de largueur, qui a servi autrefois comme aujourd’hui de port aux barques entretenant, par la mer Morte, des relations de commerce avec le pays de Moab. La superficie du Lisân avec le Ghôr, c’est-à-dire « la dépression » s’étendant le long de la montagne, n’est guère inférieure à celle du Ghôr Seisbdn ; mais formé d’une marne mêlée de sel, le Lisân est généralement stérile ; dans le Ghôr seulement se trouvent quelques kilomètres carrés de terre cultivable.

4) Le quatrième territoire est le Ghôr Sâfiêh, ainsi nommé du nom d’un village bâti au milieu d’un terrain plat et fécond sur le bord de la ramification méridionale de Youad’el-Ijiasâ. La partie du Ghôr s’étendant de l’extrémité méridionale de la mer Morte à cette limite, entre la montagne à l’est et la Sebkhah, région marécageuse prolongeant la mer Morte à l’ouest, est de 5 kilomètres de longueur et de 4 de largeur. D’après l’histoire et la carte de Médaba, c’est le pays de Sô’ar ou Ségor où Lot, , fuyant Sodome, chercha un refuge et où prirent nais^ sance les ancêtres des peuples d’Ammon et de Moab.

Çà et là, et à l’issue des vallées le long de la mer, se rencontrent encore de petits terrains plats, aptes à la culture : les Bédouins les appellent des ghûeirs, « des petits ghôrs. » Les sommets des arbres morts qui, aux alentours, s’élèvent des eaux de la mer, quelquefois jusqu’à plus de 50 mètres de distance, témoignent de l’élévation progressive des eaux, qui finiront parfaire dispa raître ces petits territoires, comme déjà sans doute elles en ont englouti d’autres de la même manière.

m. eaux. — 1° Eaux de pluie consei-vées dans les citernes et les piscines. — Toute la région supérieure de Moab, c’est-à-dire les deux tiers de son territoiro total, a toujours été complètement privée de sources et d’eau courante. Moïse, arrivé avec les Israélites à la hauteur de l’Arnon, à l’endroit qui fut^appelé Béer, reçut de Dieu l’ordre de réunir le peuple et de lui procurer de l’eau en faisant creuser un puits. Le chan composé à cette occasion et conservé dans les Nombres, xxr, 17-18, témoigne de la joie éprouvée par les émigrants à l’apparition de l’eau et par là même de la pénurie dont ils avaient souffert en suivant le plateau méridional de Moab qu’ils venaient de parcourir, depuis le passage du Zared. La même pénurie est attestée pour le plateau septentrional, par la proposition de Moïse au roi Séhon pour lui demander de laisser passer les Israélites : s Permets que nous passions par ton territoire, lui disait-il ; nous n’irons ni par les champs ni par les vignes et nous ne boirons point de l’eau des puiu. » Num., XXI, 22. Il s’agit évidemment des citernes et de l’eau de pluie conservée par leur moyen et que les habitants de la région, alors comme aujourd’hui, gardaient avec un soin jaloux et ne cédaient qu’à prix d’argent. « L’eau que tu voudras bien nous donner à boire, nous la paierons, » avait ajouté Moïse. Deut., Il, 28. On ne connaît guère qu’un endroit, et dans un cercle fort restreint, où l’eau se rencontre si l’on creuse des puits, à Vouadi Tamad, en amont des ouadis LJeiddn et Ouâléh, et à l’est de Medeinéh, sur la frontière du désert, où était la limite du royaume de Séhon, et où étaient arrivés Moïse et les Israélites quand le besoin d’eau leur fit creuser un puits où ils la trouvèrent en effet. Partout ailleurs sur le plateau, les habitants ont toujours dû se faire des citernes et des piscines pour recueillir les eaux de pluie de l’hiver, afin de les conserver pour les divers usages de la vie. Parmi les ouvrages de ce genre, les piscinesd’Hésébon sont célébrées par l’Epoux du Cantique des Cantiques, vii, 4, qui leur compare les yeux de l’Épouse. Le roi Mésa raconte avec fierté, dans l’inscription de sa stèle, comment il pourvut le Qarhâh de Dibon d’une double piscine et fit creuser dans cette ville de nombreuses citernes pour procurer de l’eau à ses habitants.

2° Sources et rivières. — Il faut descendre dans la profondeur des ravins et des vallées pour trouver des sources. Là elles jaillissent nombreuses et beaucoup d’entre elles sont fortes et abondantes. Leurs eaux sont généralement saines, légères et agréables à boire. Les fontaines de Moab méridional furent jadis obstruées par les soldats de l’armée coalisée et victorieuse d’Israël, Juda et Édom au temps du roi de Moab Mésa. IV Reg., m, 25. Aucune des fontaines de Moab n’est désignée spécialement cans les Écritures, mais plusieurs sont célèbres dans l’histoire. Celles qui sortent du pied du mont Nébo étaient réputées avoir jailli à la prière de Moïse voulant donner de l’eau à son peuple. Elles sont depuis longtemps connues sous le nom de « Fontaines de Moïse », ’Ayùn Mûsd. Voir Asédoth, t. i, col. 1076, et Nébo (Mont). La fontaine de Sùeimeh (Bethjésimoth), dans le Ghôr Seisbdn, a été, comme celle de Nébo, visitée par les pèlerins et estimée miraculeuse. Voir Bethjésimoth, t. i, col. 1687. Les anciennes relations mentionnent encore la fontaine dont les eaux servirent à l’usage de saint Jean-Baptiste, quand il résidait en cette région. Elle est désignée sur la carte mosaïque de Médaba sous le nom d’Ainôn, à l’endroit nommé Sapsas, près de Bethabara, en face de Jéricho : c’est sans doute le’Aïn eUKharrâr actuel, qui sourd à un kilomètre du Jourdain, à l’est de ce fleuve et du couvent grec du Prodromos. Voir Bethab&ra, t. i, col. 1650. Un grand nombre de ces sources donnent immédiatement nais-