Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/600

Cette page n’a pas encore été corrigée

Miï

MOAB

1148

tie principale de Moab, s’affaisse brusquement et s’incline en une pente rapide. En se précipitant vers la vallée du Jourdain ou vers la mer Morte, les torrents de l’hiver ont creusé à travers les terres et les rochers une multitude infinie de sillons qui ont formé une série de chaînes de collines, orientées d’est à ouest, et se succédant parallèlement dans toute la longueur du pays-Ces monts aux pentes accessibles, bien que parfois assez raides et glissantes dans leur partie la plus septentrionale, au-dessus de la vallée du Jourdain et le long du plateau supérieur, sont encore généralement couverts de terre où la végétation peut se développer ; mais ils deviennent de plus en plus abrupts, sauvages et stériles à mesure qu’ils se rapprochent de la mer Morte. Le long de son rivage ce sont des masses Irocheuses de grés jaunes et rouges et de porphyre, d’épaisses coulées de lave, ou de noirs monceaux de pierres volcaniques, quelquefois séparés de distance en distance les uns des autres par de profondes Crevasses à parois perpendiculaires de 100 à 200 mètres de hauteur et à peine larges de 10 mètres. — La superficie de cette région, trop accidentée pour pouvoir être mesurée avec précision, peut être estimée à la moitié de celle du plateau. — Cette longue lisière, formée ainsi d’une succession de groupes informes de collines tourmentées et entrecoupées de ravins et de gouffres, généralement d’altitude inférieure à l’altitude moyenne du plateau, ne pourrait qu’improprement être appelée une chaîne de montagnes, bien que de l’occident elle en ait l’aspect ; les Israélites semblent l’avoir désignée sous le nom général A’asédoth Çaldô(, plur. de’éiéd ou’aSed). Le nom de éSéd han-nehdlim (Vulgate : scopuli torrefttium), Num., xxi, 15, désigne précisément les escarpements des vallées de Moab. « Comme il est arrivé à la mer Rouge, ainsi [est-il advenu] aux torrents-de l’Arnon, les escarpements des torrents se sont inclinés pour laisser [les fils d’Israël] s’arrêter à Ar et se reposer sur le territoire de Moab. « L’appellation d’Asédoth de Phasga employée pour désigner la portion accidentée de territoire s’éleVant au-dessus de la mer Morte et au nord de l’Arnon, suppose l’usage de désigner de ce nom A’Asédoth toute la région ainsi accidentée de Moab, dont les parties étaient déterminées par des appellations spéciales. Les contreforts escarpés de la chaîne des monts de Judée formant la muraille occidentale du bassin de la mer Morte, furent également, aux temps anciens, désignés sous le nom d’Asédoth. Cf. 4°Deut., iii, 17 (Vulgate : radiées montis Phasga) ; (Asedoth ), i, 49 (radiées montis Phasga) ; Jos-, xii, 3 (Vulgate : Asedoth, Phagga) ; xiii, 20 (Asedoth, Phasga) ; 2° Jos., x, 40 ; xii, 8 (Vulgate : Asedoth). Pour n’être pas confondus avec ceux-ci, les conlreforts escarpés du haut plateau de Moab devaient être appelés les Asedoth « de l’orient)>, mhrâhâh (Vulgate : contra orientent), Deut., m, 17, ou « les escarpements orientaux ». — La partie inférieure bordant la vallée du Jourdain et la mer Morte est nommée « la montagne de la vallée », har hâ-émêq, nions convallis. Jos., xiii, 19. — Le massif des monts compris entre Youadi Jiesbân, au nord, et Vouadi Zerqâ-Ma’în, au sud, et par où passèrent les fils d’Israël, pour atteindre le Jourdain et la Terre Promise, fui connu sous le nom de monts Abarim. Voir Abarim (Monts), t. i, col. 16-17. Parmi les sommets du massif, on trouve men tionné « le mont Nébo, dans la terre de Moab, en facede Jéricho ». Deut., xxxii, 49 ; cf. Num., xxvii, 12 ; xxxiii, 47-48. Son nom s’est conservé jusqu’aujourd’hui dans celui de Djebel Nébâ, donné à un sommet de 806 mètres d’altitude, silué à 8 kilomètres au nord-ouest de Mâdaba. Voir Nébo (Mont).’Non loin se Irouvait « le sommet de Phasga », r’ôs hap-Pisgdh, dont le nom semble avoir servi à désigner un sommet particulier, Num., xxin, 14, le groupe de collinesdont cette hauteur était environnée et tout le massif dominant la mer Morte au nord-est. Cf. Deut., xxxiv, 1 ; Num., xxvit, 12 ; xxi,

20 ; xxxiii, 47. Le sommet du Phasga était au sud du Nébo et dominait la partie méridionale de la vallée du Jourdain, appelée jadis Jésimon, dont la ville de Bethjésimoth semble avoir pris le nom. Cf. Num., xxi, 20, et xxiii, 14. Voir Jésimon, t. iii, col. 1400. Ces derniers noms se reconnaissent dans celui de Sûeùnéh, donné à une source et à une ruine situées toutes deux vers la pointe nord-est de la mer Morte. Le sommet de Phasga pourrait être la hauteur connue sous le nom d’el’Maflùbîeh, dont l’altitude est de 840 mètres et qui se dresse en face du Nébo, au sud, de l’autre côté de Youad’edj-Djedeid. Voir Phasga. Le Nébo et le Phasga sont les seuls sommets de la région montagneuse de Moab dont l’Écriture fasse particulièrement mention. — Elle parle encore de deux vallées de cette région montagneuse, mais sans les désigner par des noms spéciaux, la vallée près de Phasga, dominant le Jésimon et où campèrent les Hébreux avant de descendre à la vallée du Jourdain, Num., xxi, 20, et « la vallée dans la terre de Moab, devant Bethphégor », où fut enseveli Moïse. Deut., xxxiv, 6. La première peut être identifiée assez probablement avec Youad’edj-Djedeid et la seconde parait être Youadi’Ayùn Mûsâ. « La vallée des passants, » gê hâ’Obrîm (vattis viatorum) dont le nom pourrait être vocalisé gê hd-’Abârîm, indiquée par lu prophète Ezéchiel, xxxix, 11, à l’orient de la mer, appartient sans doute à ce district. — Au temps du Sauveur, on désignait toute la région accidentée de Moab, depuis Liviade à Zoar, du nom de monts de Moab ou d’Arabie et le nom de « montagne de fer » paraît avoir été plus spécialement donné au pâté de rochers volcaniques qui domine la mer Morte. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIV, v, 2 ; Bell, jud., IV, viii, 2.

3. La plaine inférieure. — Sifuée au pied des hxuteurs, à 1100 mètres au-dessus du niveau moyen du plateau et à plus de 300 au-dessous du niveau de la mer Morte, par la singularité de cette dépression, par son climat, par sa flore et ses produits, cette région, qui appartient à la vallée du Jourdain et aux rivages de la mer Morte, diffère essentiellement des deux autres, dont elle est la plus occidentale. Comprise dans la dénomination générale de « cercle du Jourdain », kikkâi hay-Yardên, Gen., xiii, 10, 11, ou de « vallée des Bois », ’Eméq has-Siddîm, Gen., xiv, 3, ou simplement de « la Vallée », Jos., xiii, 19, elle a dû être spécialement appelée’Arabâh de Moab, du nom donné à la vallée du Jourdain. Dans l’hypothèse de la formation de la mer Morte postérieurement à la catastrophe de Sodome, cette région, comprise entre le Jourdain à l’ouest et la montagne à l’est, se serait étendue primitivement, du nord au sud, de Bethnemra à Bala, appelée plus tard Ségor. C’est une étendue de 100 kilomètres sur une largeur moyenne de 7 kilomètres. Même avec ces 700 kilomètres carrés de superficie, cette partie aurait été encore la moindre du pays de Moab, bien que près de trois fois environ plus étendue que ce qui en demeurait quand Moïse et les Hébreux vinrent camper dans cette région, au nord de la mer Morte. À cette époque, la partie basse se rattachant au pays de Moab se composait comme aujourd’hui de quatre morceaux ou districts principaux : 1° la partie inférieure de la vallée du Jourdain, à l’extrémité septentrionale de la mer Morte, 2° le territoire de $ârah, 3° la petite péninsule du Lisàn actuel, à l’issue de la vallée de Kérak, et 4° le district appelé maintenant Gliôr es Sâfièh, à l’extrémité méridionale de la mer.

1) Le premier territoire, le plus important des quatre, est fréquemment mentionné sous le nom d’Araboth de Moab, ’Arbôt Moab, campestria Moab, « la plaine [inférieure ] de Moab. » Il est désigné aujourd’hui du nom spécial de Ghôr $eisbân et sa portion la plus occidentale, en face de Râméh, de celui de Zôr Ghdrbék, radicalement semblableau nom de’Arabâh, avec lequel il pourrait n’être pas sans rapport. Sa longueur, de lVu-