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MIPHIBOSETH — MIRACLE


aux Juifs fidèles le nom de Baal. Cette explication parait assez plausible. Le nom de BôMt, « chose honteuse, » était donné par mépris au dieu Baal. Voir Idole, 8°, t. iii, col. 818. Mais peut-on en conclure, comme le font divers interprètes (M. Grundwald, Die Eigennamen des Alten Testamentes, in-8°, Breslau, 1895, p. 71, 73), que Saûlet la tribu de Benjamin rendaient un culte à Baal ? Rien, dans l’histoire du premier roi d’Israël, ne légitime cette conclusion. Il désobéit aux ordres de Dieu, mais les auteurs sacrés ne lui reprochent point de s’être livré à l’idolâtrie. Le nom de Meribbaal, porté par un de ses fils et un de ses petits-fils, loin de prouver que la famille de ce prince adora Baal, établit le contraire, Merl ou Mcrîb Ba’al signifiant « celui qui combat Baal ». Gesenius, Thésaurus, p. 819. Mefî bôset, contracté de maf’i bôëéf, ibid., p. 1085, peut être expliqué d’une manière analogue, avec F. Miihlau et W. Volck, Gesenius’Handwôrterbuçh, 8= édit., 1878, p. 496 (cf. W. von Baudissin, Studien zur semilischen Religionsgeschichte, 2 in-8°, Leipzig, 1876-1878, t, i, p. 108), dans le sens de « celui qui souffle sur Baal » ou son image, c’est-à-dire le traite avec mépris. Quant à Esbaal, il est vrai qu’il pourrait se traduire par « homme de Baal », en conservant le premier élément’U, qu’il a dans’ÎS bôsét, mais cet élément’is ne se trouve nulle part dans les noms théophores, et il est remplacé par’êS, « feu, » dans les deux passages des Paralipomènes où le fils de Saül est nommé ; cette traduction n’est donc pas naturelle. Il faut remarquer enfin que ta’al fut primitivement un nom commun, signifiant « maître ». Un des ancêtres de Saül portait ce nom de Ba’al, I Par., viii, 30, dans le sens général, car il ne pouvait porter le nom d’un dieu. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 461.

1. MIPHIBOSETH, fils du roi Saül et de Respha. II fut livré par David, avec son frère Armoni, t. i, col. 1017, et cinq autres descendants de Saûl, aux Gabaonites qui les crucifièrent, afin de se venger du mal que leur avait fait Saül et d’obtenir de Dieu la fin d’une famine. Les restes de Miphiboseth, protégés par l’admirable dévouement de sa mère, furent ensevelis avec ceux des autres victimes dans le tombeau de Cis, leur ancêtre. II Reg., xxi, 8-14. Voir Respha.

2. MIPHIBOSETH, fils de Jonathas et petit-fils de Saûl. Il n’avait pas cinq ans lorsque son père et son grand-père tombèrent sur le champ de bataille de Jezraël. Quand la fatale nouvelle arriva à Gabaa, où se trouvait l’enfant, sa nourrice s’enfuit précipitamment en l’emportant sur son épaule, selon la coutume orientale. Josèphe, Ant. jud., VII, v, 5. Voir t. ii, iig.568, col. 1787. Elle tomba avec son précieux fardeau ; le jeune Miphiboseth fut grièvement blessé dans sa chute et privé pour tout le reste de sa vie de l’usage de ses jambes. II Reg., iv, 4. Ce fut là le commencement des malheurs de cet infortuné prince et cet accident nous explique en grande partie ce qui lui arriva plus tard. Son infirmité, jointe à la déchéance de sa famille, le rendit fort timide ; il parlait de lui dans les termes les plus humbles, il s’appelait « un chien mort », II Reg., ix, 8 ; « un esclave boiteux. » II Reg., xix, 26. Emmené avec ses autres parents à l’est du Jourdain, dans le pays de Galaad, il fut élevé par Machir de Lodebar (voir Machir 2, col. 507), dans le/ voisinage de Mahanaïm, où résidait son oncle Isboselh, qui avait succédé à Saûl. David avait promis solennellement àson ami Jonathas de protégersafamille. I Reg., xx, 15, 42. Quand il régna sur tout Israël après la mort d’Isboseth, le fils de Jessé songea à tenir sa promesse. Il s’enquit de ce qu’étaient devenus les enfants de Jonathas et il apprit par un ancien serviteur de Saûl, nommé Siba, l’existence et la demeure de Mipliiboseth. Celui-ci s’était marié et avait un fils appelé Micha. David le fit Venir avec son fils à Jérusalem, lui rendit les biens de

Saûl, lui fit partager sa table et chargea Siba de prendre soin, avec les siens, de ses possessions. Siba, qui avait acquis une certaine fortune, peut-être aux dépens des héritiers de Saûl, avait quinze fils et vingt esclaves. II fut sans doute mécontent de devenir le serviteur de Miphiboseth, mais il ne pouvait résister aux ordres du roi et s’y soumit, quitte à se venger plus tard JI Reg., ix, 1-13. Dix-sept ans après, David était obligé de s’enfuir au delà du Juordain devant son fils Absalom. Siba l’avait accompagné, emmenant les ânes et les provisions de son maître pour les offrir au roi. Celui-ci lui ayant demandé où était Miphiboseth, le serviteur infidèle l’accusa d’être resté à Jérusalem pour remonter sur le trône de son grand-père. Le caractère faible et sans énergie du fils de Jonathas rendait invraisemblable le récit de Siba, mais David le crut et lui donna tous les biens du malheureux prince. II Reg., xvt, 1-4. Ce ne fut qu’après le retour de David que Miphiboseth put se justifier en lui faisant connaître ce qui s’était passé. La vérité, c’est que Siba avait trompé et trahi le fils de Jonathas ; il lui avait dérobé son âne et l’avait mis ainsi dans l’impossibilité de partir, à cause de son infirmité, mais il avait passé lui-même ce temps dans le deuil. David lui rendit la moitié de ses biens et laissa l’autre à Siba. II Reg., xix, 24-30. Nous ne savons plus rien sur le fils de Jonathas, si ce n’est que David ne voulut point livrer son fils aux Gabaonites, lorsqu’ils crucifièrent d’autres descendants de Saûl. II Reg., xxii, 7.

    1. MIRACLE##

MIRACLE (hébreu : ’ô(, môfêf, ma’àldl, mifld’âh, pelé’; chaldéen : ’âf, temah ; Septante : uruistov, rspaç, Oacj|wt<riov, Siivaniç ; Vulgate : signum, portentum, prodigmm, miraculum, mirabile, ostentum, virtus), acte qui, dans sa substance ou son mode de production, dépend d’une cause étrangère aux lois de la nature. L’acte peut être au-dessus de ces lois, s’il les dépasse, comme la rétrogradation de l’ombre sur le cadran d’Ézéchias, IV Reg., xx, 10 ; contre ces lois, comme la préservation des trois jeunes hommes dans la fournaise, Dan., iii, 25 ; en dehors de ces lois, comme la guérison d’un infirme par un seul mot. Act., iii, 6. La Sainte Écriture donne le nom de miracle non seulement aux actes qui ne peuvent provenir que d’une intervention directe et extraordinaire de Dieu, mais encore à ceux qui sont attribuables à des agents intelligents supérieurs à l’homme. La Vulgate n’emploie le mot miraculum que dans l’Ancien Testament. Encore’n’apparalt-il qu’une seule fois avec le sens de miracle. Is., xxix, 14. Partout ailleurs, il traduit des mots hébreux qui signifient signe, terreur, épouvante, etc. Exod., xi, 7 ; Num., xxvi, 10 ; I Reg., xiv, 15 ; Job, xxxiii, 7 ; Is., xxi, 4 ; Jer., xxiii, 32 ; xuv, 12.

1. Principes généraux. — 1° Possibilité du miracle.

— 1. Cette possibilité est la conséquence de deux vérités incontestables, affirmées dans toute la Sainte Écriture : Dieu est le Créateur tout-puissant, le Maître absolu de la nature ; les choses qu’il a créées dépendent totalement de lui, en outre que, quelles que soient les lois établies pour régir l’ordre de la nature, il peut toujours accomplir des actes qui dépassent, laissent de côté ou même contrarient ces lois. Il ne le fait jamais sans raison conforme à sa souveraine sagesse. « Il fait tout ce qu’il

~^veut. » Ps. csv (cxui), 3. « Rien n’est impossible à Dieu. » Matlh., XIX, 26 ; Marc, x, 27 ; Luc, I, 37 ; xviii, 27. Cette puissance est affirmée aussi bien dans l’ordre physique que dans l’ordre moral. Pour marquer que Dieu intervient dans certains cas d’une manière extraordinaire, la Sainte Écriture dit qu’il agit « avec une main forte et le bras levé ». Exod., vi, 6 ; Deut., vii, 19 ; xxvi ; 8 ; Ps. lxxxix (lxxxviii) 11, 14 ; cxxxvi (cxxxv), 12, etc.

2. Les lois de la nature impliquent elles-mêmes cette possibilité du miracle. En dehors des lois mathématiques, que la raison ne conçoit pas autres qu’elles sont, toutes les lois qui régissent le monde visible ne sont