Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/580

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1107
1108

MINISTRE — MIPHIBOSETH

l’a été. Rom., xv, 8 ; Gal., ii 17. Ils sont en général les ministres de Jésus-Christ, ses envoyés, ses représentants et ses aides immédiats. I Cor., iii, 5 ; iv, 1 ; II Cor., vi, 4 ; xi, 23. Parmi eux, saint Paul à été spécialement constitué ministre auprès des Gentils. Act., xxi, 19 ; xxvi, 16 ; Rom., xi, 13 ; xv, 16 ; Eph., iii, 7 ; Col., i, 23, 25 ; I Tim., i, 12 ; II Tim., iv, 11.

2. Les ministres institués par les Apôtres avec la plénitude des pouvoirs pour la prédication, le gouvernement et la distribution de la grâce. Act., xi, 29 ; xii, 25 ; xiii, 5 ; II Cor., vi, 3 ; xi, 8 ; Eph., iv, 12 ; vi, 21 ; Col., i, 7 ; iv, 7 ; I Thés., iii, 2 ; I Tim., iv, 6 ; II Tim., iv, 5 ; Apoc, ii, 19. Voir Évèque, t. ii, col. 2121 ; Prêtre.

3. Les ministres inférieurs, particulièrement chargés du soin des pauvres et de l’administration temporelle des biens de l’Église. Act., vi, 1 ; Rom., xii, 7 ; I Cor., xvi, 15 ; II Cor., viii, 4 ; ix, 1, 12, 13 ; Col., iv, 17. Ce ministère était rempli par des hommes choisis, voir Diacre, t. ii, col. 1401, et quelquefois, dans une certaine mesure, par des femmes. Voir Diaconesse, t. ii, col. 1400.

7° Jésus-Christ, de qui tous ces ministres reçoivent Je pouvoir et la grâce, a été excellemment le ministre des choses saintes, Heb., viii, 2, le ministre de la réconciliation, Rom., xv, 8, et le ministre de la médiation toute-puissante auprès du Père. Heb., viii, 6.

8° Les anges sont les ministres de Dieu auprès de ceux qui sont appelés au salut, Héb., i, 14.’

9° Saint Paul emploie plusieurs fois, et même conjointement, les mots λειτουργία et διακονία. Le premier a surtout trait au culte direct de Dieu. Cf. Luc, i, 23 ; Heb., viii, 6 ; ix, 21 ;. x, 11. Les Gentils sont invités à faire l’aumône aux pauvres de Jérusalem, λειτουργῆσαι, ministrare. Rom., xv, 27. L’Apôtre appelle διακονία τῆς λειτουργίας, ministerium officii, la remise qui est faite aux pauvres de Jérusalem des aumônes des Gentils. II Cor., ix, 12. Il emploie le mot λειτουργία, obsequium, pour caractériser le dévouement qu’Épaphrodite a exercé à son égard. Phil., ii, 30. Enfin il appelle du même nom la prédication par laquelle il a amené les Philippiens à la foi. Phil., ii, 17. En se servant ainsi d’un mot qui, dans la Sainte Écriture, se rapporte d’ordinaire au culte de Dieu, saint Paul donne à entendre que l’aumône, la prédication, le dévouement envers les ministres de Dieu, ont pour terme suprême non pas l’homme, mais Dieu lui-même qu’ils honorent indirectement.

H. Lesêtre.

MINNIM (Septante : χόρδαι ; Vulgate : chordæ). Le mot hébreu, pluriel de מן, mên, « partie, corde, » désigne d’une manière collective les instruments à cordes. Ps. cl, 4. Voir aussi Ps. xlv ; 9. Dans le Ps. xlv (xliv), 9, les Septante ont traduit minnî simḥûkâ par ἐξ ὧν ηὔφρανάν σε ; Vulgate : ex quibus delectaverunt te, (les maisons d’ivoire) « dont vous ont réjoui… » La traduction du texte original adopté par la plupart des modernes est : « (dans les maisons d’ivoire, ) les instruments à cordes (te réjouissent). » Voir Musique.

J. Parisot.


MINUIT, dans le sens du milieu de la nuit, et non de la douzième heure de la nuit.

Le Seigneur annonça à Moïse qu’il frapperait les premiers-nés d’Egypte, dans la dixième plaie, « au milieu de la nuit » (hébreu : kahăṣôṭ hal-layelâh ; Septante : περὶ μέσας νύκτας ; Vulgate : media nocte). Exod., xi, 4.

Booz s’éveille « au milieu de la nuit » (hébreu : ba-ḥàṣî hal-layelâh, Septante : ἐν τῷ μεσονυκτίῳ ; Vulgate : nocte media) pendant qu’il dormait dans son aire. Ruth, iii, 8.

La veille qui commençait au milieu de la nuit est appelée dans les Juges, vii, 9, r‘ôš hâ-’ašmôrêṭ haṭ-ṭîkonâh (Septante : ἐν ἀρχῇ τῆς φυλακῆς μέσης ; Vulgate : incipientibus vigiliis noctis mediæ). C’est le moment que choisit Gédéon pour attaquer les Madianites avec ses trois cents hommes.

La tradition populaire place à minuit la naissance de Notre-Seigneur. Saint Luc, ii, 8, dit qu’un ange annonça aux bergers qui veillaient la nuit sur leurs troupeaux que le Sauveur venait de naître à Bethléhem, d’où il résulte que la Nativité avait eu lieu pendant la nuit, mais l’évangéliste ne spécifie pas davantage. C’est sans doute au texte de la Sagesse, xviii, 14-15, que la tradition a rattaché l’heure de la naissance de Jésus. Cum enim quietum silentium contineret omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet, omnipotens sermo tuus de cælo, a regalibus sedibus, durus debellator in mediam extermina terrant prositivit. La liturgie romaine reproduit ce texte avec quelques légères modifications, comme antienne du Benedictus, à l’office de la veille de l’Epiphanie. L’auteur de la Sagesse fait allusion dans ce passage à l’extermination des premiers-nés des Égyptiens et aux paroles de l’Exode, xi, 4, mais l’Église, qui voit avec raison dans la délivrance des Hébreux du joug de l’Egypte la figure de la délivrance par Jésus-Christ de la servitude du péché, ne précise point par là l’heure de la Nativité. Voir Nuit.


MINUTUM (grec : λεπτόν ; Vulgate : minutum), petite pièce de monnaie de cuivre. C’est le mot par lequel les Évangiles désignent les pièces que la veuve mit dans le trésor du Temple et qui fut l’occasion de la remarque de Jésus qui loua cette femme de sa générosité, puisqu’elle donnait de son nécessaire, tandis que les riches ne donnaient que de leur superflu. Marc, xiii, 41-44 ; Luc, xxi, 1-4. Elle déposa dans le tronc deux minuta ce qui, d’après saint Marc, xii, 42 est l’équivalent d’un quadrans. Le quadrans valait, au temps de Jésus-Christ, le quart de l’as sextantarius, c’est-à-dire environ trois centimes. Le minutum valait donc un centime et demi. Le λεπτόν désigne en grec le quart du χαλκοῦς, soit le trente-deuxième de l’obole ou quart de centime en monnaie attique. Les mots minutum ou λεπτόν ne sont donc pas employés ici comme des termes techniques, mais comme signifiant la plus petite monnaie. Du reste, la veuve, suivant l’usage des Juifs, a dû mettre dans le trésor, non une monnaie étrangère, mais une petite pièce nationale, par exemple une pièce de cuivre de Jean Hyrcan, voir fig. 211, t. iii, col. 1155. On traduit souvent en français le minutum de l’Évangile par « obole » et l’ « obole de la veuve » est devenue proverbiale, mais cette traduction n’est pas rigoureusement exacte.

Le λεπτόν, minutum, se lit une autre fois dans saint Luc, xii, 59. Notre-Seigneur engage le débiteur à payer sa dette à son créancier avant d’être traîné en justice et condamné à la prison, d’où il ne pourrait sortir qu’après avoir payé le dernier minutum.

E. Beurlieh.


MIPHIBOSETH (hébreu : Mefibôšéṭ ; Septante : Μεμφιβοσέθ ; Josèphe ; Μεμφίβοσθος), nom d’un fils et d’un petit-fils de Saûl. Le second élément du nom, bôšéṭ, se trouve trois fois dans l’onomastique de la famille de Saûl, dans les deux Miphiboseth et dans Isboseth (t. iii, col. 986), mais ils ne sont ainsi appelés que dans les livres des Rois ; dans les Paralipomènes, la terminaison Baal est substituée à bôšéṭ ; le Miphiboseth, fils de Jonathas, devient Meribbaal, I Par., viii, 31 ; ix, 40, et Isboseth devient Esbaal (t. ii, col. 986), 1 Par., viii, 33 ; ix, 39. D’une manière analogue, le surnom donné à Gédéon, Jérobaal (t. iii, col. 1300), se transforme aussi, en hébreu, II Sam., xi, 21, en Yerubéset, « celui qui combat contre Baal ou la honte. » Le nom de Miphiboseth est aussi un nom outrageant pour Baal. Saint Jérôme l’interprétait : ex ore ignominia (dans P. de Lagarde, Onomastica sacra, 2e édit., in-8°, Gœttingue, 1887, p. 69). Aujourd’hui, plusieurs hébraïsants dérivent Mefî de pa’âh, « souffler. » Gesenius, Thesaurus, p. 813, 1085. Un grand nombre de commentateurs modernes pensent que le vrai nom des descendants de Saül était Meribbaal et Esbaal et que leur nom a été changé à cause de l’horreur qu’inspirait