Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/577

Cette page n’a pas encore été corrigée
4101
1102
MINE


dans la roche de grès brun, les broyaient en fragments et tamisaient le tout. Ils en extrayaient les oxydes de cuivre et de manganèse avec lesquels on fabriquait en Egypte les émaux bleus de diverses nuances. Jls recueillaient aussi la turquoise, pierre précieuse qui contient 1 à 5 pour cent de protoxyde de cuivre, et qui, dans la mine de Maghara, est d’un beau bleu prenant à l’air et à l’humidité une teinte verdâtre. Pour attaquer le grès, Jes ouvriers se servaient d’outils de silex ou peut-être aussi de bronze. Cf. E. H. Palmer, Tlie Désert of the Exodus, Londres, 187^, t. i, p. 197 ; Revue biblique, 1896, "p. 627. On retrouve encore sur place d’anciens outils de silex, et l’on reconnaît sur le grès la marque tracée par des instruments analogues. On voit aussi, à certains endroits des galeries, des places noircies par la fumée des lampes. De temps en temps, un pharaon envoyait un officier avec quelques centaines d’hommes supplémentaires, parfois même deux ou trois mille, quand il avait besoin d’une production plus considérable. On a encore les rapports de quelques-uns de ces officiers. Cf. H. S. Palmer, Sinai, Londres, 1878, p. 95-97 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. l, Paris, 1895, p. 354-358 ; .lullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 75-77. La mine, exploitée avec certaines intermittences jusqu’à la fin de la VI dynastie, fut abandonnée jusqu’au commencement de la XIIe, puis reprise et délaissée jusqu’à son abandon définitif après Tholhmès III, de la XVIIIe dynastie. Dès la XIIe dynastie, de nouvelles mines avaient été découvertes à trois ou quatre heures au nord de l’ouadi Maghara, à Sarabit el-Khadim. Deux temples y furent successivement élevés à la déesse Hâthor. Bientôt abandonnées, elles furent exploitées de nouveau sous la XVIIIe dynastie, et ensuite sons les rois de la XIXe, Séti I er, Ramsès II, et de la XXe, Ramsès III et Ramsès IV. On y trouvait la turquoise et les minerais de fer et de cuivre. On voit encore aux environs de grands amas de scories provenant de l’exploitation. Cf. Lepsius, Briefe aus Aegypten, Aethiopien iïnd der Halbinsel des Sinai, Leipzig, 1852, p. 338 ; Frz. Delitzsch, Das Buch lob, p. 355-357 ; Vigouroux, Mélanges bibliques, Paris, 1882, p. 263-285 ; Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, Paris, 1890, p. 15-20. On a également signalé des mines de cuivre dans l’ouadi Razaita, près du mont Habashi. II y. avait là de riches veines de métal qui ont dû être très anciennement exploitées par les Égyptiens. Cf. E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, t. i, p. 256. — Les traits qui composent la description que Job, xxviii, 3-11, fait du travail des mines paraissent empruntés à des exploitations différentes. Le puits que l’on creuse et dans lequel l’ouvrier se balance loin des humains, suppose une mine s’enfonçant sous terre et dans laquelle on descend le mineur par des cordes. Cf. Pline, H. N., xxxill, proœm. et 4, 21. C’est probablement aussi dans d’autres mines que celles du Sinaï qu’il fallait empêcher l’eau de filtrer. Mais)à, comme dans la plupart des exploitations, il y avait à attaquer la roche, à pénétrer dans des profondeurs qu’ignoraient les animaux, à bouleverser les entrailles du sol comme le feu, qui avait si visiblement tourmenté les montagnes voisines de la mer Morte, à creuser des canaux dans le roc pour amener l’eau nécessaire au lavage du minerai, enfin à tirer dehors, au grand jour, , ce qui auparavant était caché dans le sein du sol ou de la montagne. Cf. Pline, H. N., xxxiii, 4, 21.

3° En Espagne. — Judas Machabée sut que les Romains, par leur prudence et leur patience, avaient mis la main sur les mines d’or et d’argent qui étaient en Espagne. I Mach., viii, 3. En 201 av. J.-C., après la victoire de Zama remportée sur les Carthaginois, la péninsule Ibérique était tombée au pouvoir des Romains. Quarante ans plus tard, le prince juif pouvait donc les croire solidement installés dans ce pays. Voir Espagne, t. ii, col. 1951. L’Espagne était célèbre parmi les anciens par

ses richesses minérales. Cf. Pline, H. N., iii, 4 ; Dibdore de Sicile, v, 35 ; Strabon, III, ii, 9. La région située au sud-est de l’Espagne, entre Carthagène et Almeira, avec Cuevas pour centre, est une région argentifère dépuis longtemps connue et exploitée, grâce à sa situation littorale. En 1840, on découvrait encore un riche filon de galène argentifère dans la Sierra Almagrera, et en 1870 de l’argent natif à une faible profondeur daîîs des terres argentifères. Des découvertes analogues ont été faites aux temps préhistoriques. Dans les tombes de cette époque, on a recueilli des perles en or ou en argent, métaux qui n’avaient pu être utilisés alors qu’à l’état natif. Des diadèmes d’or ou d’argent entourent parfois des crânes humains. Un peu plus tard, l’argent apparaît employé à la fabrication d’objets de parure, d’armes et même d’outils. Cette profusion de l’argent suscita de bonne heure la convoitise des étrangers ; de gré ou de force, ils le prirent aux indigènes et le transportèrent sur les côtes orientales de la Méditerranée. On a même pu supposer que l’argent natif recueilli en Espagne avait été le premier à apparaître en Asie Mineure, à l’ancienne Troie et en Syrie. Les Phéniciens, qui allaient chercher le cuivre à Tamassos, dans l’île de Chypre, ne tardèrent pas à pousser jusqu’à la côte Ibérique. Ils y échangeaient l’argent contre des marchandises manufacturées, et ils tiraient si grand profit de ce négoce que, quand leur charge était complète, et qu’il restait de l’argent sur le marché, ils en substituaient des lingots aux plombs de leurs ancres. Cf. Diodore de Sicile, v, 35 ; H. et L. Siret, Les premiers âges du métal dans le sud-est de l’Espagne, Anvers, 1887, et dans la Revue des questions scientifiques, Bruxelles, janv.-avril 1888, p. 5-60, 368-418. A l’époque romaine, on ne se contentait plus de ramasser l’argent à l’état natif, on exploitait les filons argentifères et on dégageait le métal précieux du plomb auquel il était mélangé.

4° À Patmos. — Saint Victorin de Pettau, martyrisé en 303, dit que saint Jean fut condamné aux mines dans l’île de Patmos par Domitien. In Apoc, x, 11, t. v, col. 333. Cf. Fouard, Saint Jean, Paris, 1904, p. 100. Mais il est seul à noter cette particularité et son assertion ne paraît pas fondée. Cent ans avant lui, Tertullien, De prtescri.pt., 36, t. H, col. 49, avait seulement parlé de relégàtion ; or on sait que cet auteur emploie toujours les termes juridiques. C’est uniquement d’exil et de relégation que parlent le pseudo-Méliton, sur les Acl. et miracul. S. ioan. Apost., de Leucius, t. v, col. 1241 ; Origène, In Matth., xvi, 6, t. xiii, col. 1385 ; Eusèbe, H. E., iii, 18, t. xx, col. 252 ; S. Jérôme, Cont. Jovin., i, 26 ; De vir. illust., 9, t. xxiii, col. 247, 625, etc. Les traditions locales désignent à Patmos la grotte dans laquelle l’Apôtre aurait composé l’Apocalypse ; elles ne connaissent point de mines dans lesquelles il aurait travaillé. Cf. V. Guérin, Description de Vile de Patmos, Paris, 1856 ; Meyer, Der Orient, Leipzig, 1882, t. ii, p. 56 ; Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. ii, p. 327. Saint Jean fut donc simplement relégué à Patmos, comme les deux Flavia Domitilla l’avaient été par le même Domitien, l’une dans l’île de Pandataria* Dion Cassius, lxvii, 13, l’autre dans l’île de Pontia. Cf. Eusèbe, H. E., iii, 18, 4, t. xx, col. 240 ; S. Jérôme, Epist. MVlli ad Eustoch., 7, t. xxii, col. 882.

H. Lesêtre.

2. MINE (hébreu : mânéh ; grec : u.vï ; Vulgate : mna ! une fois, mina, III Reg., x, 17), poids. Le nom de la mine est d’origine sémitique ; les documents cunéiformes assyriens l’appellent mana, l’hébreu mânéh, forme sous laquelle le mot se retrouve dans les textes épigraphiques phéniciens et puniques. Il est passé en grec avec sa transcription littérale dans le mot [xvî, en latin dans mina ou mna.

I. La mine dans la Bible. — La mine est indiquée dans la Bible à partir de l’époque des rois comme ser-