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MIEL - MILAN


nabee, 6, t. ii, col. 741 ; Tertullien, De coron., S ; Adv. Marc, i, 14, t. ii, col. 79, 262, etc. Le traité Sola, ꝟ. 11, prétend que le Seigneur nourrissait miraculeusement les petits enfants des Hébreux, en Egypte, avec du miel et du beurre. Il est question de semblable nourriture dans Odyss., xx, 69, dans le code de Manou, cf. Journal des Savants, oct. 1826, p. 593, etc. On faisait aussi des gâteaux avec de la farine mêlée de miel. Lev., ii, 11. Cf. Horace, Bpist., i, s, 10. Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 4, raconte que le corps d’AristobuIe, empoisonné à Rome par les partisans de Pompée, fut enseveli dans du miel et ensuite transporté en Judée dans le tombeau des rois. Les Hébreux n’ont jamais employé le miel à pareil usage. —, 3° On était obligé de donner aux prêtres la dîme et les prémices du miel. Lev., ii, 12 ; II Par., xxxi, 5. Cependant, cette substance ne pouvait en aucun cas faire partie des offrandes apportées au Temple. Lev., ii, 11. Les rabbins comprenaient aussi le dibs dans cette prohibition. Le miel végétal entre facilement en fermentation, Pline, H. N., xviii, 11 ; Plutarque, Syni’pos., iv, 5, d’où le sens du mot hidebbîs, « fermenter, se corrompre, » dans l’hébreu talmudique. Buxtorf, Lexic. c/talii. et talm., Bâle, 1640, p. 500. Or, la Loi excluait du culte toute matière fermentée, tandis que le miel servait fréquemment dans les cultes païens. Cf. Bàhr, Symbolik des mosaischen Quitus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 303, 322, 336 ; Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. 251, 253, 255, etc. Le miel d’abeilles était proscrit à cause des impuretés que pouvait lui faire contracter son origine animale.

IV. Le miel dans les métaphores. — 1° Le miel était avec le lait le symbole de la fertilité naturelle du sol. Le pays de Chanaan est ordinairement appelé une terre où « coulent le lait et le miel ». Exod., iii, 8, 17 ; xiii, 5 ; xxxiii, 3 ; Lev., xx, 24 ; Num., xiii, 28 ; xiv, 8 ; xvi, 13, 14 ; Deut., vi, 3 ; xi, 9 ; xxvi, 9, 15 ; xxxi, 20 ; Jos., v, 6 ; Is., vii, 15, 22 ; Jer., xi. 5 ; xxxii, 22 ; Ezech., xx, 6, 15 ; Bar., i, 20 ; IV Reg., wiii, 32 ; Eccli., xlvi, 10. Cette expression, devenue pioverbiale, marque la grande richesse du pays que Dieu voulut donner à son peuple ; pays de gras pâturages fournissant l’abondance du lait, pays de forêts et de rochers caractérisé, même dans les déserts, par l’abondance du miel. Il est à croire que dans l’expression’érés zâbaf hâlâb û-debâS, « terre coulant le lait et le miel, » le vav indique la concomitance, comme dans plusieurs autres passages. Cf. Job, xii, 12 ; II Reg., xii, 13. Les Hébreux nomades devaient aimer, comme les Arabes, le mélange du lait et du miel. Voir Lait, col. 39, et Guidi, Une terre coulant du lait et du, miel, dans la Revue biblique, 1903, p. 241-243. Outre l’idée d’abondance, il y a donc encore dans l’expression biblique celle de nourriture agréable et succulente. Le mélange de lait et de miel était également connu des anciens Grecs, sous le nom de u.e).(xpatov. Cf. Odyss., x, 519 ; Euripide, Orest., 115. Le lait et le miel figurent d’ailleurs ici tous les autres produits naturels du pays de Chanaan, produits si abondants qu’ils sembleront couler eux-mêmes du sol. Quand. Rabsacès veut décider les habitants de Jérusalem à se rendre et à se laisser déporter en Assyrie, il ne manque pas de leur promettre une contrée semblable à la leur, abondante en blé, en vin, en huile et en miel. IV Reg., xviii, 32. Cf. Deut., viii, 8. Dans sa description de l’âge d’or, Ovide, Metam., i, 112, 113, emploie la même image que les Livres Saints :

Fluminajam lactis, jani flumina neetaris ibant, Flavaque de viridi stillabant ilice mella, « des fleuves de lait, des fleuves de vin coulaient alors, et des chênes verts distillaient les miels d’or. » Cette expression est doue bien typique pour caractériser la fertilité d’un pays. Cf. Euripide, Bacch., 142 ; Horace, Od., II, XIX, 10 ; Claudien, Laud. Stilic., i, 84. Ctésias, lndic, 13, prend la figure trop à la lettre, quand il si gnale dans l’Inde itoraù> ; vu ittxpis fluv uiXi, un fleuve de miel coulant du rocher. Dans Job, xx, , 17, il est dit du méchant qu’il ne verra plus les ruisseaux, les torrents, les fleuves de lait et de miel, pour signifier que toute prospérité lui sera ravie. En général, le miel désigne tous les bienfaits temporels et spirituels dont Dieu a comblé son peuple. Deut., xxxii, 13 ; Ps. lxxxi (lxxx), 17 ; Ezech., xvi, 13, 19. — 2° À raison de sa douceur, le miel est le symbole des choses douces, suaves et agréables. Les auteurs sacrés comparent à la douceur du miel celle de la sagesse, Provv, xxiv, 13 ; Eccli., xxiv, 27 ; celle de la loi de Dleù, Ps. xix (xviii), H ; celle du rouleau sacré que les prophètes reçoivent l’ordre de manger, Ezech., iii, 3- ; Apoc, x, 9, 10 ; celle de la mémoire d’un pieux roi, Eccli., XLix, 2 ; enfin celle des paroles du sage, Prov, , xvi, 24, de l’épouse, Cant^iv", 11, et même de la courtisane. Prov., v, 3.

H. Lesêtre.
    1. MIGDAL-ÉDER##

MIGDAL-ÉDER (hébreu : Migdal-’Edér ; Codex Alexandrinus : ILip-ro ; Taôép ; omis dans le Vaticanus ; Vulgate : Turris gregis), tour nommée dans la Genèse, xxxv, 21. C’était probablement une petite tour comme on en voit encore dans les environs de Bethléhem. Elle servait d’abri et d’observatoire aux bergers qui gardaient leur bétail, ainsi que l’indique son nom de s Tour du troupeau ». Cf. IV Reg, , xviii, 8 ; II Par., xxvi, 10. C’est au delà de cette tour, en continuant sa route vers Hébron, que Jacob fit sa première halte après la morl de sa femme Rachel, et c’est en cet endroit que Ruben commit son inceste avecBala. VoirBALA 1, t. i, col. 1390. D’après saint Jérôme, Onoma&tic, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 115, elle était à mille pas au sud de Bethléhem. Ce Père l’identifie avec la localité où les anges annoncèrent aux bergers la naissance de Notre-Seigneur. lbid., p. 115-117 ; Queest. hebr. in Gen., xxxv, 21, col. 992. IL est impossible de fixer sa situation d’une manière précise. Michée, iv, 8, parle d’un Migdal-’Êdér (Vulgate : turris gregis) : c’est une image par laquelle il désigne Jérusalem. Cf. S. Jérôme, Quiest. in Gen., loc. cit. — Il y avait dans le sud de la Palestine une ville appelée Edër, t. ii, col. 1588.

    1. MIKTAM##

MIKTAM (hébreu : niikldm ; Septante : (mjXoYpaçi’a ; Vulgate : tituli inscriptio), mot qui se trouve au titre de six psaumes, Ps. xvi, lvi-lx (Vulgate, xv, lv-lix), et en tête du cantique d’Ézéchias, Is., xxxvijj, 9, où les Septante traduisent irpoffeux 1 ! ?’' a Vulgate : scriptura. Il ne se lit nulle part ailleurs dans l’Écriture. Le sens n’en est pas certain. On l’explique par « écrit, poème », ans, kâtab, oro, kâfani, ou bien par « énigme, sentence », » ^, katama, « cacher, trésor. » Voir Gesênius, Thésaurus, p. 724. La présence de ce terme dans les titres des Psaumes semble impliquer une signification musicale ou la désignation d’un genre de poésie. Voir Maskil, col. 832. Mais les termes de cette sorte, cessant d’être appliqués pratiquement, ont perdu pour nous leur signification. J. Parisot.

MIL. Voir Millet.

    1. MILAN##

MILAN, oiseau de proie, de la famille des falconidés. Le milan a un bec robuste, des ailes très étendues et la queue profondément fourchue (fig. 282). Son vol est puissant et rapide, mais son courage laisse à désirer, car le milan fuit devant l’épervier et n’ose disputer sa proie au corbeau. Le milan royal, milvus regolis, mesure environ 70 centimètres de long. Il est de couleur fauve, avec ailes noires et queue rousse. Il se nourrit de petits quadrupèdes, rats, taupes, mulots, de reptiles, d’insectes et même de viande en putréfaction. U aperçoit sa proie d’une hauteur prodigieuse, fond sur elle comme un trait et l’emporte sui* un arbre pour la dévorer. — Le milan royal est très commun en Palestine, surtout en