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MICHÉE (LE LIVRE DE) — MICHEL


se compose, d’après Bickell, Carmina Vet. Test, metrice, p. 211, de 18 vers heptasyllabiques. Michée a beaucoup de rapports avec Isaïe. Cf. Trochon, Les petits prophètes, in-8°, Paris, 1883, p. 250. On remarque aussi des différences, qui tiennent à l’origine et au caractère des deux prophètes : Isaïe écrit comme un homme appartenante la société cultivée ; Michée au contraire parle comme un homme du peuple ; il se montre sympathique aux paysans dans leurs souffrances ; il attaque plus directement qu’Isaïe les injustices dont ils étaient victimes de la part de leurs chefs. Mich., iii, 3-4. Isaïe parait plus préoccupé des mouvements politiques de son temps, et Michée plus préoccupé d’idées religieuses et morales. Cf. Driver, Introd., p. 326.

VI. Prophétie messianique. — Mich., v, 2-5, est une prophétie littéralement messianique ; voir la traduction d’après l’hébreu dans Vigouroux, Manuel bibl., t. ii, p. 817. 1° Le Nouveau Testament l’a entendue dans ce sens. Cf. Matth., ii, 6 ; Joa., vii, 42. 2° La tradition en a donné la même interprétation. 3° Les caractères décrits dans la prophétie ne peuvent convenir qu’au Messie’Cf. Knabenbauer, In Proph. minores, in-8°, Paris, 1886, 1. 1, p. 440-445. — La citation de la prophétie, dans saint Matthieu, ir, 6, diffère du texte original : Et tu Bethlehem Ephrata, parvulus es in millibus Juda, dit Michée, v, 2.

— Et tu Bethlehem terra Juda, nequaquam minima es in principibus Juda, dit Matth., ii, 6. On a donné plusieurs explications de cette variante textuelle. Les uns ont regardé comme possible que saint Matthieu ait suivi une explication répandue parmi les Juifs de son temps, suivant laquelle on ne voulait pas, pour l’honneur de la maison de David, reconnaître le peu d’importance de Bethlehem ; cette opinion n’est pas probable, car elle donne au passage, contrairement au texte, une tournure interrogative : « Et toi Bethlehem, terre de Juda, serais-tu trop petite ? » D’autres pensent que Michée et saint Matthieu se sont placés à deux points de vue différents : le premier parlerait de la grandeur matérielle de Bethlehem, et le second de sa grandeur morale. Saint Jérôme, In Mich., ii, 5, t. xxv, col. 1197, croit que saint Matthieu a reproduit, en historien fidèle, les paroles de Michée, telles que les scribes les avaient prononcées. L’opinion la plus probable, c’est que saint Matthieu s’est contenté de rapporter le sens de la prophétie sans s’attacher aux termes mêmes. Quoi qu’il en soit, la signification messianique de la prophétie n’est nullement altérée.

"VII. Bibliographie. — La plupart des commentateurs sont ceux qui ont commenté les douze petits prophètes en général ; on peut en voir la liste dans le Man. bibl., t. ii, p. 783, note 1 ; Knabenbauer, In proph. min., t. i, p. 5-9. Comme ouvrages spéciaux, on peut mentionner : le commentaire de Gaspar Grisar, Salamanque, 1570 ; L. Reinke, Der Prophet Micha, in-8°, Giessen, 1874 ;

  • C. P. Caspari, Veber Micha den Morasthiten und seine

prophetische Schrift, in-8°, Christiania, 1851-1852 ; "Roorda, Comment, in vaticinia Miches, Leyde, 1869 ;

  • E. C. Arnaud, Étude sur le prophète Michée, in-8°,

Genève, 1882 ; "Ryssel, Untersuchûngen ùber die Teœtgestalt und die Echtheit des Bûches Micha, in-8°, Leipzig, 1887 ; ’T. K. Cheyne, dans la Cambridge Bible for Schools, 1882, 1895 ; *J. Taylor, Tlie Massoretic Text and the ancient versions of Micha, in-8°, 1891 ; * H. J. Elhorst, De prophétie van Micha, in-8°, Arnheim, 1891 ; * W. H. Kosters, dans la Theologisch Tijdschrift de Leyde, 1893, p. 249 ; *J. T. Beck, Erklârung der Propheten Micha und Joël, in-16, Gutersloh, 1898.

V. Ermoni.

    1. MICHEL##

MICHEL (hébreu : Mikd’êl ; Septante : Mix<x^ ; Vulgate : Michæl), l’un des trois anges nommés dans la Bible (fig. 281). Voir Michæl, col. 1060. Trois passages de la Sainte Écriture font mention spéciale de l’ange Michel.

I. La vision de Daniel. — La troisième année de

Cyrus, le prophète Daniel eut une vision au cours de laquelle un personnage, envoyé vers lui, lui annonça la prochaine délivrance des Israélites. Mais, ajouta-t-il, « le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours, et Michel, un des premiers chefs, est venu à mon secours, et je suis demeuré là auprès des rois de Perse. » Dan., x, 13. Le même personnage dit encore au prophète : « Maintenant je vais retourner combattre le chef de la Perse, et, au moment où je m’en irai, voici le chef de Javan qui viendra…, et il n’y en a pas un qui se tienne avec moi contre ceux-là, sinon Michel, votre chef. » Dan., x, 20, 21. Parlant ensuite de la délivrance finale d’Israël, Daniel dit : « En ce temps-là se lèvera Michel,

281. — Saint Michel. D’après le tableau de Raphaël peint pour François I". D’après une photographie.

le grand chef, qui tient pour les enfants de ton peuple. » Dan., xii, 1.

1° Dans ces différents textes, un chef, Sar, apyrmv, est attribué au royaume de Perse, à Javan, c’est-à-dire aux Grecs, et à Israël. Ces chefs ne sont pas des hommes, puisque, d’une part, le chef du royaume de Perse est distinct des rois de Perse, et que, d’autre part, Israël n’a jamais eu pour chef temporel un homme du nom de Michel. Ceux qui veulent que le « chef du royaume de Perse » soit Cyrus, oublient que ce prince n’est pas un êar, mais un roi, méléh, titre que le prophète ne manque pas de lui donner quand il parle de lui. Dan., i, 21 ; x, 1. Il n’y a pas à s’arrêter non plus à l’idée de quelques interprètes qui, dans le prince des Perses, ont voulu voir un démon qui s’efforçait de nuire à ce royaume. Cf. Cassien, Coll. patrum, viii, 13, t. xlix, col. 738 ; De la Haye, Bibl. maxim. in Dan., x, dans le Curs. compl. Scripturx Sacras de Migne, Paris, 1841, t. xx, col. 318. Les Pères sont à peu près unanimes à voir dans ces princes des Perses, des Grecs et des Israélites, des anges chargés de veiller sur ces peuples. Cf. S. Clément, 1 Cor., xxxix, 1, t. i, col. 269 ; Clément d’Alexandrie, Stront., vi, 17 ;-vu, 2, t. ix, col. 389, 413 ; Origène, In iien., ix, 3 ; In Exod., viii, 12, t. xii, 213, 352 ; Cont. Gels., v, 29, t. xi, col. 1224 ; Eusèbe, Dem. evang., iv, - 10, t. xxii, col. 272 ; S. Basile, I »