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97 LATINES (VERSIONS) DE LA BIBLE ANTÉRIEURES A S. JÉRÔME 98

1. LATINES (VERSIONS) DE LA BIBLE ANTÉRIEURES A SAINT JÉRÔME. — I. La langue des anciennes versions latines. — Ces versions sont écrites en une langue particulière. Ce n’est pas le latin des classiques de la belle époque, mais le bas latin, qui a cours dans l’usage populaire, à Rome, en Italie, dans les Gaules, en Afrique et partout où l’on trouve quelque colonie romaine. — Les particularités linguistiques de ce latin biblique concernent tantôt l’orthographe, tantôt le vocabulaire et tantôt la syntaxe. Les mots en effet ne s’écrivent pas et sans doute ne se prononçaient pas toujours comme à l’époque classique : on trouvera, par exemple, vinis, que, dispargam, fobeas, scribsit, locuntur, sepellierunt, etc., pour venis, quæ, dispergam, foveas, scripsit, loquuntur, sepelierunt. Le vocabulaire s’est surchargé de mots composés, ou bien de mots portant soit des préfixes soit des suffixes jusqu’alors inusités ; d’autres fois, il acceptera des expressions populaires ou des vocables d’importation étrangère : longanimitas, multiloquium, gaudimonium, capillatura, superextollo, particulatim, æruginare, amaricare, anathematizare, agonizare, sabbatum, etc. Je ne dis rien des sens nouveaux que l’on donne même aux expressions classiques ; car c’est un phénomène linguistique général que les mots prennent à l’usage des significations nouvelles. Mais ce qui est sans doute le plus surprenant dans ce latin de décadence, c’est trop souvent le parfait dédain des conventions grammaticales concernant es genres, les cas, les conjugaisons, et ce que l’on appelle les règles d’accord ou de compléments. On dira, par exemple, cubilis tuus, fodire, odire, misereor super, posuistis in carcerem, dico vobis quod, cognovit quia, etc. Inutile de faire remarquer que toutes ces particularités sont restées dans notre latin de moyen âge. Cette langue déplaisait fort aux anciens rhéteurs, quand pour la première fois ils entraient en contact avec nos Écritures. Arnobe de Sicca († 327), Advers. nat., i, 45, t. v, col. 775, avouait, non seulement que le Christ parlait un langage simple, avec « des termes populaires et de tous les jours », popularibus et quotidianis verbis ; que les Apôtres avaient écrit « dans une langue triviale et sordide » : trivialis et sordidus sermo est, i, 58, t. v, col. 796 ; mais encore, ce qui semble bien cette fois viser les versions usuelles, que la langue des Écritures est remplie « de barbarismes, de solécismes et des vices les plus difformes » : barbarismis, solœcismis obsitæ sunt, inquit, res vestræ et vitiorum pollutæ. Ibid., i, 59, t. v, col. 797. À cela, Arnobe répond qu’il faut préférer l’utilité à l’agrément. Ibid, , col. 797-798. Saint Augustin, de son côté, fut longtemps choqué par le style incorrect et la langue triviale de la Bible latine. Confess., iii, 5, t. xxxii, col. 686. Mais, dans la suite, il jugea que la simplicité de l’Écriture était une raison de plus de la trouver vénérable. Confess., vi, 5, t. xxxii, col. 723. Il savait du reste, comme Arnobe, que l’utilité prime l’agrément, quand il s’agit de rendre exactement une idée, de la faire entendre à ses auditeurs, De doctr. Christ., iii, 3, t. xxxiv, col. 68 ; et lui-même, un jour, il préféra le barbarisme à la correction (fenerat à feneratur), afin de se faire mieux comprendre. Enarr. in Ps. xxxii, serm. iii, 6, t. xxxvi, col. 386. Voir sur le latin biblique : Huré, Dictionnaire universel de l’Écriture Sainte, 2 in-f°, Reims, 1715 ; réédité par Migne sous le titre de Dictionnaire universel de philologie sacrée, 4 in-4°, Paris, 1846 (c’est un dictionnaire complet de la Vulgate ; et quoiqu’il ne s’occupe directement que de la Vulgate, comme plusieurs des ouvrages suivants, il est utile pour l’étude du latin post-classique) ; Weitenauer, Lexicon biblicum, in quo explicantur Vulgatæ vocabula et phrases quæcumque propter linguæ græcæque peregrinitatem injicere moram legenti possunt, in-12, Augsbonrg et Fribourg-en-Brisgau, 1758 ; Venise, 1760 ; in-12, Rome, 1846 ; Kaulen, Handbuch zur Vulgata. Eine systematische Darstellung ihres lateinischen Sprachcharakters, in-12, Mainz, 1870 ; Goelzer, Étude lexicographique et grammaticale de la latinité de saint Jérôme, in-8°, Paris, 1884 ; C. Paucker, De latinitate B. Hieronymi observationes ad nominum verborumque usum pertinentes, 2e édit. in-8°, Berlin, 1880 (travail de pure philologie lexicographique) ; Hagen, Sprachliche Erörterungen zur Vulgata, Fribourg-en-Brisgau, 1863 ; Cavedoni, Saggio délla latinita biblica dell’antica Volgata Itala, Modène, 1869 ; G. Koffmane, Geschichte des Kirchenlateins, tome I : Entstehung und Entwickelung des Kirchenlateins bis Augustinus-Hieronymus, in-8°, Breslau, fasc. i, 1879 ; fasc. ii, 1881 ; Rönsch, Itala und Vulgata. Das Sprachidiom der urchristlichen Itala und der katholischen Vulgata unter Berücksichtigung der römischen Volksprache erläutert, Marbourg, 1869 ; 2 8 édit., 1875 ; Id., Studien zur Itala, ’dans la Zeitschrift fur wissenschaftl. Théologie, 1875, p. 128, 425 ; 1876, p. 287, 397 ; 1881, p. 198 ; Id., Zur vulgären und biblischen Latinität, dans la Zeitschrift fur die österreichischen Gymnasium, Vienne, t. xxx, p. 806-811, 1879 (reproduit dans la collection posthume Collectanea, philologa, p. 212-216, in-8°, Brème, 1891) ; Id., Die ältesten lateinischen Bibelàbersetzungen nach ihrem Werte fur die lateinische Sprachwissenschaft, dans les Collectanea, p. 1-20 ; Id., Grammatisches und Lexicalisches aus dem Urkunden der Itala, dans les Collectanea, p. 20-32 ; Ph. Thielmann, Ueber die Benutzung der Vulgata zu sprachlichen Untersuchungen, dans le Philologus ; t xlii, 1884, p. 319-378 ; P. Monceaux, Le latin vulgaire d’après les dernières publications, dans la Revue des deux mondes, 15 juillet 1891, p. 429-448 ; Id., Les Africains, étude sur la littérature latine d’Afrique, Paris, 1894 ; Gaston Boissier, Les Africains, étude sur la littérature latine d’Afrique par Paul Monceaux, dans le Journal des savants, 1895, p. 35-46 ; P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne depuis les origines jusqu’à l’invasion arabe, t. i, Tertullien et les origines ; t. ii, S. Cyprien et son temps, Paris, 1901 ; Sittl, Die localen Verschiedenheiten der lateinischen Sprache mit besonderer Berücksichtigung des afrikanischen Lateins, in-8°, Erlangen, 1882 ; Hauschild, Einige sichere Kennzeichen des afrikanischen Lateins, Francfort, 1889 ; Ehrlich, Beiträge zur Latinität der Itala. Programm d. Realschule Rochlitz, in-4°, 1895 ; P. Corssen, Bericht ûber die lateinischen Bibelübersetzungen, dans Jahresbericht über die Fortschritte der classischen Àlterthumswissenschaft, xxviie Jahrgang, 1899, t. ci, i Heft, p. 1-83, Leipzig, 1900 (la quatrième partie de cet ouvrage concerne la langue de la Bible latine). Dans Archiv fur lateinischen Lexikographie und Grammatik publié à Leipzig par Wolfflin, on trouvera aussi nombre de travaux concernant le latin post-classique. Nous signalerons notamment les articles suivants : 1. Thielmann, Lexicographisches aus dem Bibellatein. Archiv, t. 1, 1884, p. 6881. — 2. Hartel, Lucifer von Cagliari und sein Latein, t. iii, 1886, p. 1-58 ; — 3. Schepss, Die Sprache Priscillian’s, t. iii, 1886, p. 309-328. — 4. Wolfflin, Die ersten Spuren des african. Lateins, t. vi, 1889, p. 1-8.

— 5. Sittl, Die Heimath der Appendix Probi, t. vi, 1889, p. 557-561 — 6. Wolfflin, Minucius Félix. Ein Beitrag zur Kenntnis des african. Lateins, t. vil, 1892, p. 467-484. — 7. Kûbler : Die lateinische Sprache auf africanischen Inschriften, t. viii, 1893. p. 161-202. — 8. Thielmann, Die europàischen Bestandtheile des latein Sirach., t. rx, 1894, p. 247-284. — 9. Geyer, Spuren Gallischen Lateins bei Marcellus Empiricus, t. viii, 1893, p. 469-481. Dans Jahresbericht über die Fortschritte der classischen Alterthumswissenschaft de Bursian et Iwan Müller, voir aussi : 1. K. Sittl, Jahresbericht über Vulgär- und Spätlatein, t. lxviii, 1891. — 2. C. Weyman, Die christlich lateinische Lite-