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MESSE — MESSIE


molation de l’agneau pascal et prophétisé par Malachie, i, 10-11 :

Lequel d’entre vous fermera Les portes

Pour que tous n’allumiez pas inutilement le feu sur mon autel ?

Je ne prends aucun plaisir en vous, dit Jéhovah Sabaoth,

Et je n’agrée point l’offrande de vos mains.

Car du lever du soleil à son couchant

Grand est mon nom parmi les nations,

Et en tout lieu on offre de l’encens à mon nom

Et une offrande (hébreu : minhâh) pure,

Car grand est mon nom parmi les nations,

Dit Jéhovah Sabaoth — (Traduction sur l’hébreu).

Ce sacrifice, cette offrande pure, qui doit être offert en tout Heu et parmi les nations, non plus seulement à Jérusalem, c’est un sacrifice non sanglant, une minhâh ; consistant en une oblation de farine, Exod., xxix, 40, Num., xxviii ; de pain sans levain, Lev., ii, 4, ou d'épis de blé broyés et rôtis. Lev., ii, 14. Notre-Seigneur réalisa la prophétie en instituant le jeudi saint le sacrement de l’Eucharistie où il changea le pain et le vin en son corps et en son sang et en donnant à ses Apôtres et à leurs successeurs l’ordre et le pouvoir d’offrir partout dans la suite des temps le même sacrifice. « J’ai appris du Seigneur ce que je vous ai aussi enseigné, dit saint Paul, I Cor., xi, 22-25, c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain et, après avoir rendu grâces, le rompit et dit : Prenez et mangez, ceci est mon corps qui sera livré, pour vous (la plupart des manuscrits grecs portent simplement : qui est pour vous) ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupe, [il prit] le calice et dit : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. » Cf. Matth., xxvi, 26-29 ; Marc., xiv, 22-25 ; Luc, xxii, 19-20. Le concile de Trente, sess. xxii, can. 2, a donné l’interprétation authentique des paroles : « Faites ceci en mémoire de moi. » Si quis dixerit Mis verbis : Hoc facite in meam commemorationetn, Christum non instituisse Apostolos sacerdotes ; aut non ordinasse, ut ipsi aliique sacerdotes offerrent corpus et sanguinem suum, anathema sit. Pour les détails de l’institution, voir Cène, t. ii, col. 408. Cf. G. Bickell, Messe und Pascha. Der apostolische Ursprung der Messliturgie und ihr genauer Anschluss an die Einsetzungsfeier der h. Eucharistie durck Christus, in-8°, Mayence, 1872, p. 77-78 ; J. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, 2 in-8°, Gand, 1884, t. ii, p. 398-437.

III. Rites primitifs. — Conformément aux ordres du Seigneur, les Apôtres offrirent le saint sacrifice de la messe, après la Pentecôte, à Jérusalem, avant leur dispersion dans le monde, Act., Il, 42, 46, et divers passages du Nouveau Testament nous apprennent de quels rites ils firent usage dans sa célébration. Ils reproduisirent les diverses circonstances de la Cène dont le sacrifice chrétien était le mémorial et le renouvellement. Ce sacrifice était nni, de même qu'à la Cène, à un repas qu’on appela « le repas du Seigneur », I Cor., xi, 20, comme on l’a vu plus haut. Le repas lui-même, d’après l’opinion d’un grand nombre de commentateurs, ne tarda pas à prendre le nom d’agape (Iv Tat ; « Y<xitatç [Vulgate, in epulis suis], Judæ 12). "Voir Agapes, t. i, col. 260. La « fraction du pain » ou le sacrifice eucharistique, « l’eucharistie, » ainsi que le traduit la version syriaque dans les Actes, ii, 42, avait lieu le soir, comme au moment de son institution, Act., xx, 7 ; cf. S. Justin, Apol. l, 26, t. vi, col. 379, à la clarté des lampes selon l’usage juif, Act., xx, 8, tantôt dans une maison et tantôt dans un autre (xax* oïxov, circa domos), Act., Il, 46, ou bien dans un local spécial (êv èxxXijat’a), I Cor., xi, 18, le lendemain du jour du sabbat ou dimanche (iv asTg p.tï tûv cra66dtTa>v). Act., xx-, 7 '. Cl. Didachê, xiv, 1 (xarà xupiaxirjv), p. 53. La cérémonie sacrée était accompagnée d’une prédication des Apôtres, Act., ii, 42 ; xx, 7 ; on

priait, Act., ii, 42, et l’on chantait des Psaumes (atvoûvtEt tôv ®côv, collaùdanles Deuni). Act, , H, 47 ; cf. Eph., v, 19. On faisait aussi le dimanche une collecte pour les pauvres, I Cor., xvi, 2, mais la partie essentielle de l’acte liturgique, c'était la fraction du pain, c’est-à-dire la consécration du corps et du sang de Noire-Seigneur, Act., ii, 42, 46 ; xx, 7, suivie de la communion, ainsi que le montre le langage de saint Paul. « Le calice de bénédiction que nous bénissons, dit l’apôtre, I Cor., X, . 16, n’est-il pas la communion au sang du Christ ? et le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps du Christ ? » Ce langage indique clairement que les fidèles qui assistaient aux saints mystères y faisaient la sainte communion. Cf. I Cor., Xi, 27. Tels sont les rites primitifs de la messe qui se développèrent peu à peu dans les premiers siècles et formèrent les diverses liturgies de l'Église. — Pour la bibliographie, voir N. Gihr, Dos keilige Messopfer, 1887, p. ix-xiv ; Id., Le saint sacrifice de la messe, trad. franç., 21n-8°, Paris, 1894, 1. 1, p. ix-xv ; A. Legendre, L'Église naissante et l’Eucharistie, dans la Revue des facultés catholiques de l’Ouest, t. xi, décembre 1901, p. 194-202.

F. VlGOUROUX.

    1. MESSIANIQUES##

MESSIANIQUES (PROPHÉTIES). Voir JésusChrist, t. iii, col. 1429-1436, et Messie.

    1. MESSIE##

MESSIE (hébreu : mâsiah ; Septante : Xpi<rr6< ;  ; Mecffi’a ; , dans Joa., i, 42 ; IV, 25 : de Taraméen meSiah, avec. redoublement de la seconde consonne ; Vulgate : Chris tus f Messias), nom. sous lequel le Sauveur a été attendu et ensuite connu. Le mot vient du verbe mâSâh, « oindre, » consacrer par une onction et rendre apte à exercer une fonction théocratique, celle de prêtre, Exod., xxviii, 41, celle surtout de grand-prêtre, Lev., iv, 3, 16, celle de prophète, III Reg., xix, 16, et celle de roi israélite. I Reg., ix, 16 ; xv, 1, 17, etc. ; Ps. xviii (xvii), 51 ; xx (xix), -7 ; lxxxix (lxxxviii), 39, 52 ; Lam., iv, 20 ; Hab., m, 3. Dans Isaïe, xlv, 1, le nom est même employé au sujet de Cyrus, à cause du rôle providentiel que ce prince eut à exercer à l'égard des Israélites.

I. Jésus-Christ Messie. — 1° Le mâsiah par excellence est le Sauveur. Ps. ii, 2 ; xlv (xi.rv), 8 ; Dan., ix, 24. Notre-Seigneur fait allusion à ce nom quand il s’applique la prophétie d’Isaïe, lxi, 1, où il est dit : « Jéhovah m’a oint, » mdSah Yehovdh 'ôti. Luc, iv, 21. Voir Christ, t. ii, col. 717. Dans les apocryphes juifs, on. trouve les noms de Messie ou Oint, Renoch, XLvni, 10 ; lu, 4 ; Apoc. Barueh., xxix, 3 ; xxx, 1, etc. ; IV Ésd., vu, 29, de Xpio-rô ; xupîovi, Psal. Salom., xvii, 36 ; xviii, 6, 8, et ceux de ham-mâHah, ou, en araméen, meHâh', etmalkd 'meêiâh, « roi Messie, » dans la Mischna, Berachoth, i, 5 ; Sota, ix, 15. Quand le mot Xpto-rôi ; fut devenu nettement chrétien, Aquila traduisit l’hébreu mâSiah par 'HXetu, nivo4, qui également signifie « oint ». Cf. S. Jérôme, In Is., xxyii, 13, t. xxiv, col. 314 ; In Zach., xiv, 15 ; In Mal., iii, 1 ; iv, 6, t. xxv, col. 1534, 1565, 1578. Pour les Juifs, le nom de Messie désignait le même personnage que les appellations de « fils de l’homme », « élu, » « fils de Dieu, » « fils de David. » Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1438. — Les Talmudistes, Bab. Sukka, 52 a, ont supposé un Messie secondaire, « fils de Joseph » ou « d'Éphraïm », qui devait succomber dans la lutte contre les puissances adverses, tandis que le Messie supérieur, « fils de David, » devait régner. Il n’y a là qu’une fausse interprétation de deux passages bibliques, Deut., xxxiii, 17, et Zach., xii, 10. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes in Zeit J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 537. — Dans le Testament des XII patriarches, il est dit à plusieurs reprises que le Messie doit être à la fois de la tribu de Lévi et de celle de Juda. Siméon, 7 ; Lévi, 2 ; Dan, 5 ; Gad, 8 ; Joseph, 19. Le premier et le troisième de ces passages se retrouvent dans la version arménienne du Testament ; on ne peut