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MESSA — MESSE

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tain, d’après le langage de la Genèse, que Messa se trouvaiten Arabie. Tout le monde est d’accord sur ce point ; les sentiments sont divers lorsqu’il s’agit de déterminer la situation précise de Messa. Bochart, Phaleg, ii, 30, Opéra, Liège, 1692, 1. 1, col. 144, a cru reconnaître Messa dans la MoOo-a de Ptolémée, vi, 8 (MoOÇa d’Arrien, Peripl. ; Muza de Pline, H. N., vi, 23), port de mer bien connu à l'époque classique, dans l’Arabie méridionale, au nord du détroit de Bab el-Mandeb, non loin de la Moka actuelle, sur la mer Rouge. Voir W. Smith, Dictionary of Greek and Roman Geography, au mot Muza, t. ii, 1857, p. 379. Gesenius, Thésaurus, p. 823, et autres commentateurs, Winer, Realwôrlerbuch, 3e édit., t. ii, p. 85 ; Caliver Bibellexicon, 1885, p. 580, au lieu de placer Messa au sud-ouest de l’Arabie en font, au contraire, la frontière septentrionale du pays occupé, d’après eux, par les Jectanides, voir Jectan, t. iii, col, 1215, et l’identifient avec la Mésène des anciens, située à l’embouchure du Tigre. Philostorge, H. E., iii, 7, Pafr. gr., t. lxv, col. 489, la décrit en ces termes : « Avant de se jeter dans la mer, (le Tigre) qui a uni ses eaux à celle de l’Euphrate, se divise en deux grands fleuves. Il se déverse ensuite dans la mer de Perse (ou Golfe persique) par deux embouchures fort éloignées l’une de l’autre, enfermant entre ses deux bras un long espace de terre ; c’est là qu’habite le peuple appelé du nom de Méséniens (I6vo ; tûv Ms<xï)v<5^). » Cf. Dion Cassius, lxviii, 28. Cette position paraît trop septentrionale, si l’on s’en rapporte aux explorateurs récents de l’Arabie qui fixent le domaine des Jectanides dans l’Arabie méridionale, entre le Yémen de nos jours à l’ouest et le Hadramaut à l’est. Cf. Zeller, Biblisches Wôrterbuch, 2 in-8°, Karlsruhe, 1884, t. i, p. 71-72. Éd. Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens, in-8o, Berlin, 1890, t. ii, p. 336, 420, 437, identifie Massa, Gen., xxv, 14, avec M aciya, près du Djebel Sammar, dans l’Arabie centrale, et pour lui, Massa, Gen., xxv, 14 ; Mes, Gen., x, 23, et Messa ne sont qu’un même nom écrit de trois façons différentes. Cette identification des trois noms n’est pas admissible. Voir Mes, col. 1013. Mais, quoi qu’il en soit de ce point, rien n’empêche d’admettre, conformément à son opinion, que le Djebel Sammar fut la limite septentrionale de la région habitée par les Jectanides qui auraient occupé le pays, au sud de cette montagne, jusqu'à Séphar, placé par lui dans l’Arabie méridionale. Voir Séphar. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8o, Giessen, 1850, p. 182, a identifié Messa avec Biseha, dans le Yémen septentrional, au sud-ouest de la Mecque ; c’est une pure hypothèse. E. Kautzsch, dans Riehm’s Handwôrterbuch des biblischen Altertums, 1893, 1. 1, p. 764. Le problème de l’identification de Messa n’est pas encore résolu d’une manière certaine.

F. VlGOUROlIX. 2. MESSA (hébreu : Massdh). D’après la Vulgate, lorsque le grand-prêtre Joïada voulut faire sacrer dans le Temple le jeune roi Joas, il donna cet ordre aux gardes, après leur avoir assigné leurs postes : « Vous garderez la maison de Messa. » IV Reg., xi, 6. Le traducteur a pris, dans ce passage, un substantif commun pour un nom propre ; îibo, massdh, de ndsah, « arracher, repousser, chasser, » signifie l’actiofTd'éloigner, de repousser et le membre de phrase doi^se traduire : « Vous veillerez à la garde de la maison (du Temple) pour en empêcher l’entrée. »

    1. MESSAL##

MESSAL (hébreu : Mii'âl ; Septante : Mæurâ), ville d’Aser. Jos., xix, 26. Dans Jos., xxi, 30, et I Par., vi, 74, la Vulgate écrit ce nom Masal. Voir Masal, col. 830.

    1. MESSALÉMETH##

MESSALÉMETH (hébreu : Meiullémét, « amie [de Dieu], » Gesenius, Thésaurus, p. 1426 ; Septante : MeffoXXan), fille dUarus (t. iii, col. 443), de Jétéba, ville dont le site est inconnu (t. iii, col. 1518). Elle épousa

le roi de Juda Manassë et fut la mère d’Amon qui succéda à son père sur le trône. IV Reg., xxi, 19. Le nom de cette reine est le féminin du nom propre Mesullâm (Vulgate : Mosollam) qui est fréquent dans TAnciea Testament. L’historien sacré donne, avec le nom de son père, Tindicaliondu lieu d’origine, ce qui n’avait pas eu. lieu pour les reines-mères qui l’avaient précédée, mais qui se reproduit pour toutes celles qui suivent.

    1. MESSE##

MESSE, sacrifice de la loi nouvelle qui est offert par le prêtre sur l’autel et consiste dans l’oblation non sanglante du corps et du sang de Notre-Seigneur sous les apparences du pain et du vin.

I. Nom. — 1° Étymologie. — Le nom de messe ne se lit pas dans l'Écriture ; il tire son origine du missa de l’Ile, missa est, qui correspond à la formule des anciennes liturgies orientales grecques : 'Ev etp’rivi) Xpioxoû nopeu8m(1£v, « partons dans la paix du Christ. » Le mot « lissa lui-même est expliqué de manières diverses. Baronius, Ann. eccles., édit. d’Anvers, 1612, t. i, an. 34, n. lxi, p. 160, le fait venir du mot hébreu hed, missâh, auquel

un grand nombre de traducteurs et de commentateurs donnent le sens d' « oblation », « offrande, » dans Deut., XVI, 10 (Vulgate, oblatio). On a voulu faire dériver aussi missa du grec [hjijuk, « initiation, institution ; » d’autres mots encore. On admet communément aujourd’hui que missa est un substantif ayant le sens de missio, « envoi, » cf. Suétone, Calig., 25, contrairement à l’opinion de ceux qui le prennent comme participe en sousentendant un substantif, hostia, concio, etc. On le trouve avec le sens de « renvoi » dans la Peregrinatio publiée sous le nom de sainte Sylvie par Fr. Gamurrini, in-4o, Rome, 1887, p. 89 : Facit oblationem (episcopus), mane sabbato, jam ut fiât missa. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, 2e édit., 1898, p. 473. Voir Forcellini, Totius Latinitatis Lexicon, édit. Vincent De-Vit, t. iv, 1868, p. 143 ; S. 'Avit, Epist. i, t. lix, col. 199-200 et la note ; Du Çange, Glossarium médise et infirme Latinitatis, édit. Henschel, t. iv, 1845, p. 433 ; Rohaut de Fleury, La messe, études archéologiques, t. i, 1883, p. 46 ; N. Gihr, Das heilige Messopfer, 4e édit., Fribourgen-Brisgau, 1887, p. 314.

2° Emploi. — Le nom de missa paraît avoir été en usage dès le second siècle dans l'Église latine. Il est employé incontestablement avec cette signification au ive siècle par saint Ambroise. Il écrivait à sa sœur Marcelline, Epist., xx, 4, t. xvi, col. 995 : Ego mansi in munere, missam facere cœpi. Dans un sermon pour le carême, attribué à ce saint docteur, Serm., xxv, 5, t. xvii, col. 656, nous lisons : Qui juxta Ecclesiam est et occurrere potest, quotidie erudiat missam. Cf. au v 8 siècle, Paulin Petricordiensis, Vita Martini, iv, vers 69, t. lxi, col. 1039. Depuis saint Grégoire le Grand, le mot missa est devenu généralement dans l'Église latine le terme employé pour désigner le saint sacrifice.

3° Noni de la messe dans le Nouveau Testament. — Dans le Nouveau Testament, la messe est appelée « la fraction du pain s, ï) r-Xâutç to5 aprou, fractio panis, Act., ii, 42 ; cf. Luc, xxiv, 35 (Matth., xxvi, 26 ; Marc, xcv, 22 ; Luc, xxii, 19 ; I Cor., xi, 24), à cause de la communion, pour laquelle on rompait le pain consacré et qui en était une des parties principales. Voir aussi Act., xx, 7, 11 ; xxvii, 35 ; I Cor., x, 16. Saint Paul, I Cor., , xi, 20, appelle aussi le sacrifice eucharistique xup'.<xxàv ; Stîirvov (Vulgate, dominica csena, « le souper du Seigneur, » à cause du souper ou de la Cène, pendant laquelle le Seigneur avait institué le sacrifice de la Loi nouvelle). Dans la Didac/ié, ix, 3, 4, édit. Harnack, 1884, p. 30, le sacrifice eucharistique est simplement appelé xXd<T|ia, « fraction du pain. » Cf. xiv, 1, p. 53.

II. Institution. — 1° Le sacrifice de la messe avait été préfiguré dans l’Ancien Testament parla Pàque ou im-