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LARME — LARRON


Les peines de l’enfance. L’enfant pleure en naissant. Sap., vii, 3. Le petit Moïse pleurait dans son berceau sur le Nil. Exod., II, 6. Notre-Seigneur parle des enfants qui, dans leurs jeux, disent à leurs compagnons : « Nous nous sommes lamentés et vous n’avez pas pleuré. » Luc, vii, 32. Ces enfants jouent à imiter des funérailles et se plaignent de leurs compagnons qui n’entrent pas dans leur rôle. Voir Mgr Le Camus, Les enfants de Nazareth, in-8°, Paris, 1900, p. 63, 101. — 5° Les ardents désirs. Ésaü pleure en demandant à son père une bénédiction comme celle qu’a obtenue Jacob. Gen., xxvii, 38. Les Israélites pleurent dans le désert en demandant de la viande à manger. Num., xi, 4, 10, 13. Saint Jean pleure, dans sa vision, parce qu’il ne se trouve personne pour ouvrir le livre scellé. Apoc. v., 4, 5.

— 6° L’attendrissement affectueux. Des larmes sont versées dans les rencontres de Jacob et de Rachel. Gen., xxix, 11, d’Esaü et de Jacob, Gen., xxxiii, 4, de Joseph et de ses frères, Gen., xlii, 24 ; xliii, 30 ; xlv, 2, 14, 15, de Jacob et de Joseph. Gen., xlvi, 29, etc. Job, xxx, 25, a des larmes pour l’infortune. Raguël, Anne et Sara versent des larmes en voyant le jeune Tobie. Tob., vu, 6, 8, 19. Les femmes de Jérusalem pleurent en voyant Jésus conduit à la mort. Luc, xxiii, 28. Les disciples de saint Paul pleurent en le retrouvant. Act., xx, 37 ; xxi, 13 ; II Tim., i, 4, et lui-même verse des larmes en les rencontrant ou en leur écrivant. Act., xx, 31 ; II Cor., ii, 4 ; Phil., iii, 18. C’est encore un attendrissement mêlé d’amour et de regrets qui excite les pleurs des disciples, Marc, xvi, 10, et de Marie-Madeleine, Joa., xx, 11, 13, 15, après la mort du Sauveur. — 7° Le repentir. Quand il est profond, il est accompagné d’une douleur qui se traduit souvent par des larmes. Les prêtres doivent pleurer dans le sanctuaire pour demander le pardon des péchés du peuple. Joël, ii, 17. La pécheresse, Luc, vii, 38, 44, et saint Pierre, Matth., xxvi, 75 ; Marc, xiv, 72 ; Luc, xxii, 62, se repentent de leurs péchés avec larmes. Saint Paul sert Dieu avec humilité et avec larmes, à cause de sa faiblesse et de ses fautes. Act., xx, 19. — 8° La prière. La prière instante s’adresse à Dieu avec des larmes, qui marquent à la fois l’ardeur du désir, la confiance, l’amour et le sentiment que le suppliant a de son indignité. Jud., xx, 26 ; Job, xvi, 21 ; Ps. vi, 9 ; xxxix (xxxviii), 13 ; xcv (xciv), 6 ; Bar., i, 5 ; Mal., ii, 13 ; Tob., III, 1, 22 ; vii, 13 ; xii, 12 ; Judith, vii, 22, 23 ; viii, 14 ; xiii, 6 ; ’I Esd., x, 1 ; II Mach., xi. 6 ; xiii ; 12 ; Eccli., xxxv, 18, etc. Le père qui demande à Notre-Seigneur la guérison de son fils épileptique supplie avec larmes. Marc, IX, 23. (Ces larmes ne sont pas mentionnées dans quelques manuscrits grecs.) Le don des larmes, signes de douleur, de désir et d’amour, a été accordé à plusieurs saints pour accompagner leurs prières, et probablement à sainte Madeleine, à saint Paul, peut-être aussi à d’autres personnages de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Cf. Ribet, La mystique divine, Paris, 1879, t. ii, p. 432-433. — 9° L’hypocrisie. Le méchant semble pleurer, mais c’est pour mieux tromper et frapper sa victime. Eccli., xii, 16, 18. Par pratique idolâtrique, les femmes de Jérusalem pleurent Adonis (Thammouz). Ezech., viii, 14. Voir Thammuz. — 10° Le châtiment éternel. Il est accompagné de pleurs et de grincements de dents. Matth., viii, 12 ; xiii, 42, 50 ; xxii, 13 ; xxiv, 51 ; xxv, 30 ; Luc, xiii, 28.

II. Les larmes de Notre-Seigneur. — Les Évangélistesnne disent pas que le Sauveur ait jamais ri ; mais ils racontent qu’en plusieurs circonstances il a pleuré. Auprès du tombeau de Lazare, pendant que Madeleine pleurait, Joa., XI, 31, 33, Jésus pleura, Joa., XI, 35, et les Juifs en conclurent qu’il aimait beaucoup Lazare. Il pleura encore, le jour de son entrée triomphale à Jérusalem, lorsqu’en face des murs de la Ville il pensa à son infidélité et à sa ruine prochaine. Luc, xix, 41. Enfin, dans l’Épitre aux Hébreux, v, 7, il est dit qu’aux jours de sa chair il présenta des prières et des supplications à grands cris et avec larmes, et mérita ainsi d’être exaucé.

III. Remarques sur les larmes. — 1° Les larmes ne coulent pas toujours. Il y a « un temps pour pleurer et un temps pour rire ». Eccle., iii, 4. « On sème dans les larmes, et on moissonne dans l’allégresse. » Ps. cxxvi (cxxv), 5. Notre-Seigneur proclame « bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils riront », c’est-à-dire seront consolés par la grâce et la récompense éternelle, si leurs larmes ont été versées pour Dieu. Luc, VI, 21 ; cf. Matth., v, 5. tandis que « ceux qui rient maintenant seront dans le deuil et les larmes ». Luc, vi, 25. Les disciples pleureront sur la mort du Sauveur, puis se réjouiront de le revoir. Joa., xvi, 20. — 2° C’est seulement dans l’éternité que Dieu essuiera à jamais les larmes de ses enfants. Apoc, vii, 17 ; xxi, 4. En vue de cet avenir, saint Paul recommande aux fidèles de « pleurer comme ne pleurant pas », c’est-à-dire de mêler l’espérance et la joie à leurs larmes. I Cor., vii, 30. En attendant, les enfants de Dieu doivent « pleurer avec ceux qui pleurent », en compatissant aux maux des autres. Eccli., vii, 38 ; Rom., xii, 15. — 3° Les larmes versées ont déterminé le nom de certaines localités. Le lieu où Débora, nourrice de Rébecca, fut inhumée sous-un chêne, près de Bethel, fut appelé ’attôn bâkôṭ, ϐάλανος πένθους, quercus fletus, le « chêne des pleurs ». Gen., xxxv, 8. Voir Bethel, t. i, col. 1678. — Le mot « larmes » entre dans deux noms de lieu. Voir l’article suivant.

2. LARMES (LIEU ET VALLÉE DES). 1° Dans la Vulgate : Locus flentium sive lacrymarum, « le Lieu des pleurants ou des Larmes, » traduit l’hébreu Bokim, dans Jud., ii, 5. Voir Bokim, t. i, col. 1843. — 2° Vallis lacrymorum, « Vallée des Larmes, » Ps. lxxxiii (lxxxiv), 7, traduit ’Êniéq hab-bâkâʾ Voir Baca, t. i, col. 1372.

LARRON (Matth., Marc. : ληστής ; Luc. : ϰαϰούργος ; Vulgate : latro, malfaiteur qui exerce le brigandage et vole les passants à main armée. Voir Voleur. En français, le nom de « larrons » est réservé aux deux criminels qui furent crucifiés avec Notre-Seigneur. — 1° Ces criminels étaient probablement du même genre que Barabbas, bien que moins coupables que ce dernier, qui fut mis en parallèle avec le Sauveur pour que le contraste fût plus saisissant, indignât le peuple et le déterminât à réclamer la grâce de Jésus. Voir Barabbas, t. i, col. 1443. Les deux malfaiteurs furent conduits au supplice en même temps que le Sauveur, et dans les mêmes conditions que lui, puis crucifiés l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, pour signifier que celui qui occupait le milieu méritait la même réprobation que ses deux compagnons. Les trois croix étaient probablement semblables, comme le suppose le récit légendaire de l’invention de la Croix du Sauveur. Voir Croix, t. ii, col. 1130. Les deux larrons devaient, eux aussi, être attachés par des clous. Matth., xxvii, 38 ; Marc, xv, 27, 28 ; Luc, xxiii, 33. D’après les deux premiers évangélistes, les larrons se mirent l’un et l’autre à insulter le Sauveur, à l’exemple des princes des prêtres et de la foule qui entourait le Calvaire. Matth., xxvii, 44 ; Marc, xv, 32. Saint Luc, qui raconte avec plus de détail l’épisode des voleurs, rapporte seulement que l’un des deux blasphémait et disait : « Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même et nous » avec toi. Luc, xxiii, 39. Pour rendre compte de cette divergence apparente, saint Augustin, De consens. Evangelist., iii, 53, t. xxxiv, col. 1190, dit que saint Matthieu et saint Marc parlent des voleurs d’une manière générale, comme dans l’Épître aux Hébreux, si, 33, 37, il est marqué que les saints ont fermé la gueule des lions, ont été lapidés, etc., quand il ne s’agit que de Daniel, de Zacharie, etc. Toutefois, dans l’Évangile, il n’y a pas