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MÉRODACH-BALADAN — MÉROM (EAUX DE)


dut tolérer l’usurpateur pendant de longues années, et « ce méchantdémon sans respect pour le nom du Seigneur des Seigneurs » (Mardouk), régna 12 ans sur Babylone « contre la volonté des dieux ». Sargon, Fastes, lig. 122124. Naturellement Mérodach-Baladan se donne un tout autre rôle dans l’inscription qu’il nous a laissée, Keilinschriftliche Bibliothek, t. iii, 1™ partie, Berlin, 1892, p. 184, col. 1, lig. 21, à col. 2, lig. 2. Il se dit choisi entre tous les hommes par Mardouk, le grand Seigneur, pour régner sur Babylone. C’est Mardouk lui-même qui a décrété : « Que celui-ci soit le pasteur qui rassemble les dispersés ! » Le dieu a mis en sa main « un sceptre droit, une houlette qui fait prospérer les peuples ». En retour, il est plein de vénération pour Nabou et Mardouk, les dieux de l’E-saggil et de l’E-zida ».

Il semble bien cependant que les accusations de Sargon ne sont pas sans fondement. Mérodach-Baladan opprima ses nouveaux sujets ; il emmena en captivité les notables de Sippara, de Nippour, de Babylone, de Borsippa, et il les enferma dans sa ville de Dour-Yakin, au milieu des marais, pendant que leurs biens étaient la proie des nomades Souli. Les sanctuaires furent abandonnés et pillés, les offrandes cessèrent, les statues des dieux prirent le chemin de l’exil. Sargon, Annales, 359364, édit. Winckler, Leipzig, 1889. Enfin, le moment arriva où Sargon, rassuré sur la sécurité des autres parties de son empire, put reprendre la lutte. Appelé lui aussi et choisi entre tous les rois par « Mardouk qui détestait les mauvaises actions du Chaldéen », Annales, 237-240, il se mit en campagne en 710, écrasa les tribus araméennes du Gamboulou, du Bit-Dakkouri, armées par Mérodach-Baladan, et s’empara des forteresses avancées du roi d’Élam. Annales, 245-286. À ces nouvelles, le Chaldéen épouvanté quitta Babylone au milieu de la nuit avec son armée pour chercher un refuge en Élam. En même temps il sollicitait l’appui de Shutur-Nahundi, Oîuccesseur de IJumbanigas, par l’envoi de ses meubles et de ses ornements les plus précieux. Après la. prise de ses forteresses, UÉlamite s’était sauvé dans les montagnes ; il ne se souciait pas d’irriter encore le colosse assyrien et de s’attirer de nouvelles représailles ; tout en acceptant lesprésents de Mérodach-Baladan, il lui ordonna de rebrousser chemin. Ce fut une cruelle déception pour le Chaldéen. En recevant cet ordre, « il se jeta à terre, il déchira ses vêtements, il prit le rasoir, il éclata en lamentations. » Sargon, Annales, 294. Pendant ce temps, les notables de Babylone appelaient Sargon au trône.’Mérodach-Baladan n’avait d’autre refuge que les marais de son fief du « Pays de la Mer ». Il alla s’enfermer dans sa ville de Dûr-Iakin, en fortifia les défenses, coupa les ponts et amena dans les fossés l’eau de l’Euphrate. Mais là, pas plus qu’en rase campagne, il ne put résister aux furieux assauts des soldats de Sargon. Il fut battu et blessé, Dûr-Iakin fut détruite de fond en comble, et Sargon rendit la liberté aux nobles babyloniens que le Chaldéen tenait captifs. S’il fallait même en croire une version des Annales de Sargon, salle xiv, lig. 18 et 19, « les grandes mains » du vainqueur auraient pris Mérodach-Baladan. Mais ce scribe amplifie évidemment les exploits de son maître. Sargon n’aurait pas laissé la vie à un ennemi aussi détesté et aussi redoutable. Comme le dit expressément le grand texte des Annales, lig. 349, le vaincu « s’enfuit et on ne trouva pas son séjour ». Il reparut en 704 après la moit de Sargon, sous Sennachérib, le fils et le successeur de ce prince, et se fit proclamer de nouveau roi de Babylone. C’est alors, sinon au commencement de son premier règne, que, plus pressé que jamais par le besoin de se faire des alliés et de créer des diversions aux extrémités de l’empire de son puissant ennemi, il envoya une ambassade à Ézéchias. Ce prince, avec autant d’imprudence qu’il en apporta dans l’affaire d’Éqron ou Accaron (Sennachérib, Annales, col. 2, lig- 69-73), fit un accueil cha leureux aux ambassadeurs. Il poussa la confiance et l’orgueil jusqu’à leur montrer son arsenal et ses trésors. Isaïû l’en reprit vivement, et il lui annonça que tous ses trésors prendraient un jour le chemin de Babylone avec les descendants d’Ézéchias emmenés en captivité. IV Beg., xx, 12-19 ; Is., xxxix. Plus clairvoyant que le roi, le prophète savait aussi sans doute ce qu’était le formidable empire de Ninive et ce que pouvait coûter un pacte avec les ennemis de l’Assyrie. Ézéchias ne devait pas tarder à en faire la cruelle expérience : moins de trois ansaprès (701), il voyait son pays ravagé, Jérusalem sur 1& point d’être prise, et il n’était sauvé que par la protection divine. Sennachérib, Annales, col. 3, lig. 1-42 ; IV Beg., xviii, 13-16.

Le second règne de Mérodach-Baladan ne dura quft six mois. Sennachérib fit sa première campagne contrele Chaldéen, que soutenaient cette fois les Élamites, et il battit les confédérés à Kis, en Babylonie. Le vainqueur s’empara de Babylone, des palais et des trésors, du vaincu. Sennachérib, Annales, col. 1, lig. 19 et suiv. La puissance de Mérodach-Baladan avait reçu un coupmortel. Lorsque Sennachérib, après sa campagne de Judée, se dirigea de nouveau sur Bîl-Iakin, le Chaldéen emporta ses dieux « en barque et s’envola comme un oiseau à Nagitiraqqi, au milieu de la mer », pendant que les Assyriens ravageaient son pays et emmenaient ses, frères et ses parents en captivité. Sennachérib, Annales, col. 3, lig. 42-61. Il dut mourir peu après en Élam, car Sennachérib ne le mentionne pas dans le récit d’une troisième expédition qu’il fit encore contre Bit-Iakin. Mais dans sa huitième campagne, à la grande bataille qu’il livra contre les Élamites à Haloule, sur le Tigre, le roi assyrien trouva dans les rangs de ses ennemis un des fils de Mérodach-Baladan. Les descendants du Chaldéen comptèrent encore parmi les ennemis les. plus implacables de l’Assyrie sous Asarhaddon, Annales, prismes À et C, col. 2, lig. 32-40 ; prisme B, col. 2, lig. 1-26 et sous Assurbanipal, Annales, col. 7, lig. 16-50.

On a de Mérodach-Baladan une charte de donation sur pierre noire (fig. 264). La pierre est ornée d’un bas-relief représentant le prince, avec cette inscriptio’n : « Portrait de Marduk-aplu-iddin, roi de Babylone. » Elle est aujourd’hui au Musée de Berlin. — Cf. Beitrâge zur Assyriologie, t. ii, p. 258 ; Schrader, Keilinschriftliche-Bibliothek, t. ii, Berlin, 1890 ; t. iii, l r « partie, Berlin, 1892, p. 182 ; Winckler, Geschichle Babyloniens uni Assyriens, Leipzig, 1892 ; Rogers, À History of Babylonia and Assyria, t. ii, 3e édit., Londres, 1902 ; Schrader, Die Keilinschriften und das dite Testament, 3e édit., Berlin, 1903 ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899 ; Id., Histoire ancienne des peuples de l’Orient, in-12, Paris, 1904.

Fr. Martin.

    1. MÉROM##

MÉROM (EAUX DE) (hébreu : mê-Mèrôm ; Vaticanus : tb Û8wp Mappwv ; À lexandnnus : ù> v8top Mepptov), lieu où Josué rencontra et défit les rois confédérés du nord de Chanaan. Jos., xi, 5, 7.

I. Nom. — Ce nom n’est mentionné qu’en ce seut endroit de l’Écriture. Les Septante et Eusébe, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 278, ont substitué Vn à’m final, Meppwv, Meppâv, sans compter le redoublement de IV. Mais c’est là un changement qui n’est pasrare ; cf. Jecmaam, hébreu : Yoqme’âm ; Alexandrinus.-’I « (iociv, I Par., vi, 68 ; Jéconam, hébreu : Yoqne’àm^ Vaticanus : ’Iextiiv, Jos., xix, 11, etc. La forme Mêrôrn, du reste, n’est pas inconnue dans l’onomastique ancienne, , comme nous le verrons tout à l’heure d’après les inscriptions hiéroglyphiques. Elle se rattache à la racine rûm, n être élevé, » de sorte que l’expression mê-Mêrôm, « les eaux de la hauteur ; » s’appliquerait bien au lac supérieur formé par le Jourdain et appelé Bahrel Hûléh, si l’identification ne présentait certaines difficultés.

II. Identification. — Une opinion commune, en effet^