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MERLIN

MÉRODACH

MERLIN Pierre, commentateur protestant français, <nê vers 1535, mort vers 1603. II était fils de Jean Raymond Merlin, surnommé Monroy et fut disciple de Théodore de Bèze. Il joua un rôle important dans la Réforme. II présida le synode de Sainte-Foy en 1587 et celui de Vitré en 1583 ; il prit part aussi comme député des églises réformées de Bretagne au synode de Saumur en 1596. Les ligueurs l’avaient pris particulièrement en haine. Jean Boucher, dans un sermon prêché en juillet 1591, prétendit qu’il était le père d’Henri de Navarre (Henri IV). On l’accusa aussi d’avoir épousé clandestinement Jeanne d’Albret ; de ce mariage serait né d’Aubigné. On a de Merlin : Sermons sur le livre d’Esther, in-8°, La Rochelle, 1591 ; Genève, 1594 ; Job commentariis illustratus Methodo analytica, in-8°, Genève, 1599 ; Sainctes prières recueillies de plusieurs passages de l’Ancien et du Nouveau Testament, in-8°, Genève, 1609. — Voir Eug. et Ém. Haag, La France protestante, t. vii, 1857, p. 387-390.

    1. MÉROB##

MÉROB (hébreu : Mérab, « accroissement ; » Septante : MEpôë, Meptig), fille aînée du roi Saûl. I Reg., xiv, 49. Sa mère devait être Achinoam, fille d’Achimaas, ꝟ. 30. Son père l’avait promise en mariage à celui qui vaincrait Goliath, I Reg., xvii, 25, et quand David eut terrassé le géant, Saül n’osa pas rétracter son engagement, xviii, 17, mais, jaloux de la popularité du jeune héros, il ne le voulait point pour gendre. Il espérait que les Philistins, dans quelque combat, le délivreraient de celui en qui il voyait un rival, ꝟ. 17. Son espoir ne s’étant pas réalisé, il maria sa fille aînée à Hadriel le Molathite, ji. 19, fils de Berzellaï. Mérob (et non Michol, comme porte le texte actuel, voir Hadriel, t. iii, col. 395) eut d’Hadriel cinq fils. David les livra plus tard aux Gabaonites qui les crucifièrent à Gabaon, avec les deux fils de Respha, concubine de Saûl, pour se venger du mal que leur avait fait le premier roi d’Israël. II Reg., xxi, 8-9. — Saûl, qui, contrairement à ses promesses, n’avait pas donné Mérob à David, ne put s’empêcher de le marier ensuite avec sa seconde fille, appelée Michol. Voir Michol. Pour expliquer comment les cinq fils d’Hadriel sont appelés fils de Michol, II Reg., xxi, 8, le Targum, "Walton, Biblia Polygl., t. ii, p. 388, suppose que Michol avait élevé les enfants de sa sœur Mérob, mais il est beaucoup plus probable qu’il y a eu dans ce passage une confusion de noms, résultat de la distraction d’un copiste. La confusion est, du reste, très ancienne, puisqu’on la retrouve dans les anciennes versions (excepté dans la Peschito) et dans Josèphe, Ant.jud., VII, iv, 3.

    1. MÉRODACH##

MÉRODACH (hébreu : Merôdak ; Septante, édit. Swete, Cambridge, 1894, Jér., xxvii, 2 : Màiwfiebt ; mAQ MeuSax, édit ; sixtine, MaipuSà-/) est le grand dieu de Babylone, Mardouk. En caractères syllabiques, ce nom s’écrit d’ordinaire Mar-duh ; mais on trouve aussi, au moins une fois, l’écriture Ma-ru-duk, Rawlinson, The cuneiforrn inscriptions of Western Asia, t. iii, Londres, 1870, pi. 2, n. vi, lig. 8. On n’a pas encore donné d’explication satisfaisante de son étymologie et de sa signification. — Mardouk est le fils d’Éa, dieu de l’abîme et.de Damkina ; et le père de Nabû, dieu de la science des scribes. Il est un des dieux solaires, dans la journée le soleil du matin, et dans l’année le soleil du printemps, peut-être parce que le soleil paraît sortir tous les matins de l’abîme dont Mardouk est « le premier-né ». Le plus employé de « es idéogrammes ►►}- ^ » _*tl semble signifier, d’après les Babyloniens, « fils du soleil. » Rawlinson, The cuneiform inscriptions of Western Asia, t. v, Londres, 1884, pi. 43, b, ligne 56. Son doublet féminin est la déesse Zarpanltum, peut-être originairement l’aurore.

1° À la fin du III* millénaire avant J.-C, sous le règne d’Hammourabi, lorsque Babylone eut conquis la supré matie en Chaldée, elle assigna à Mardouk le rang suprême dans le panthéon chaldéen. Pour affirmer sa suzeraineté, les Babyloniens lui donnèrent le nom du dieu de Nippour, Bel, c’est-à-dire « le Seigneur » par excellence. C’est sous ce nom qu’il figure très souvent à partir de cette époque, soit dans les textes religieux, soit dans les textes historiques. Les fidèles expliquèrent cette prééminence par le rôle qu’avait joué leur dieu dans la création. Au commencement, lui seul avait osé affronter Tiâmat (le chaos), révoltée contre les grands dieux, (fig. 263), et, après avoir abattu le monstre, il avait créé le ciel, les astres, la terre et les hommes. Pour le récompenser, les dieux qu’il avait délivrés des assauts de Tiâmat lui avaient « donné la royauté » (création, iv « tablette, lig. 14) et le pouvoir de fixer le destin du monde.

— Le « roi des rois », le « seigneur des seigneurs » n’oubliait pas son œuvre. Il « prenait soin » de l’univers ; « il soutenait la terre habitée et les extrémités du firmament ; » il communiquait aux hommes les ordres d’Éa, son père, et il disait à son père les souffrances de l’humanité tourmentée par les mauvais démons. « Tu sais tout ce que je sais, répondait Éa ; va, mon fils. » Et Mardouk, le magicien des dieux, par l’emploi des rites mystérieux prescrits par son père, par « l’eau pure » et par le feu, par ses « incantations pures », les incantations d’Éridu, la ville d’Éa, et de l’abîme, détruisait les maléfices de ces démons, « les méchants utukku, » « t les sept esprits mauvais, » qui envahisstnt les maisons, qui donnent aux humains « l’atroce mal de tête » et autres maladies. C’est ainsi qu’il « rendait la vie aux morts ». Il protégeait aussi la nouvelle lune contre les attaques qu’elle subissait de la part de ces mêmes esprits mauvais au cours de ses phases ou aux jours de ses éclipses. Le seigneur de l’incantation était encore le dieu des oracles et des décrets.

Les Babyloniens honorèrent Mardouk de très bonne heure. Dans les contrats de la I re dynastie de Babylone, (fin du III millénaire avant J.-C), sous les prédécesseur^ d’Hammourabi, les contractants jurent par le nom de Mardouk, comme par ceux des dieux de leur ville et du prince régnant. On trouve aussi son nom, sous l’idéogramme ilu TU-TU, dans le récit du déluge, dont la rédaction remonte au moins à la même époque. Hammourabi proclame dans le prologue de son Code que les dieux Anou et Bel ont confié à Mardouk, fils aine d’Éa, divin maître du droit, la totalité des hommes, qu’ils l’ont rendu grand parmi les Igigi (dieux du ciel) ; et, dans la conclusion, que c’est de lui qu’il tient son « pastorat » des peuples. Après lui, tous les autres rois babyloniens continuèrent à honorer Mardouk jusqu’au jour du triomphe de l’Assyrie. Pour avoir le droit de porter le titre de Sarru, « roi, » ils devaient d’abord se rendre à son temple et « saisir les mains » du dieu. Le nom de Mardouk entrait fréquemment dans la composition des noms propres babyloniens, ceux des particuliers comme ceux des princes ; par exemple dans celui de Mérodach-Baladan, mentionné dans l’Écriture. Voir Mérodach-Baladan, col. 1001.

Les Assyriens donnaient sans doute le pas à Asur, leur dieu national, mais ils nommaient aussi Mardouk dans les prologues de leurs annales parmi les grands dieux, leurs patrons. Lorsqu’ils s’emparèrent de Babylone aux vu » et vm » siècles avant J.-C, ils attribuèrent les malheurs de la grande ville à la colère de Mardouk, et pour consacrer la légitimité de leur pouvoir, ils s’astreignirent à « saisir les mains de Mardouk », comme l’avaient fait autrefois les rois indigènes.

Après la chute de Ninive, les monarques du second empire babylonien redoublèrent de piété envers Mardouk. Nabuchodonosor II surtout (604-561) multiplia les constructions et les fondations en son honneur. Cyrus lui-même, quand l’empire de Babylone tomba sous ses coups en 538, se présenta comme le vengeur de Mardouk