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MÉNÉLAS — MÉNEPHTAH I er

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nuait ses cruautés et ses pillages. Sur ces entrefaites, Antiochus IV entreprit une seconde campagne en Egypte (170 avant J.-C.) et le bruit de sa mort Se répandit faussement en Judée. Jason, qui ne pardonnait pas à Ménélas de l’avoir supplanté, profita de cette circonstance pour l’attaquer brusquement à Jérusalem et l’obligea à se réfugier dans la citadelle. Mais Jason ne sut pas se concilier l’esprit des habitants et Antiochus arriva bientôt après pour le punir de sa révolte. Sa vengeance fut terrible : en trois jours, il extermina 80000 hommes et en réduisit 40 000 en esclavage ; et, ce qui mit le comble à l’horreur des Juifs, à l’instigation même de Ménélas, « ce traître aux lois et à la patrie, » il profana le Temple et le pilla. II Mach., v, 1-7, 11-20 ; I Mach., i, 21-25.

Ménélas devint ainsi plus puissant que jamais. D’après la Vulgate, "le roi de Syrie lui aurait donné, à lui et à Andronique, le gouvernement de Garizim, mais cette traduction paraît peu exacte, et le texte grec, quoique obscur, ne dit point cela, mais porte : « (Antiochus) laissa dans Jérusalem, Philippe… Andronique à Garizim, et, outre ces deux, Ménélas, qui, plus méchant que les autres, s’élevait insolemment au-dessus de ses concitoyens. » II Mach., v, 23. Le texte sacré ne parle plus de lui avant l’avènement d’Antiochus Eupator. Les victoires de Judas Machabée et la reprise de la ville de Jérusalem par les Juifs fidèles eurent pour conséquence nécessaire l’éloignement de Ménélas. On ignore qui remplit à cette époque les fonctions du souverain pontificat. Lorsque Antiochus V Eupator succéda à son père sur le trône de Syrie (164 avant J.-C), Ménélas jugea l’occasion propice pour recommencer ses intrigues. Une lettre du roi aux Juifs, II Mach., xi, 29, nous apprend qu’un Ménélas, qui était probablement te grand-prêtre usurpateur, lui avait demandé que les Juifs captifs en Syrie fussent autorisés à rentrer dans leur patrie (d’après la Vulgate, ce qu’ils désiraient, c’était de pouvoir fréquenter librement les Juifs qui habitaient en dehors de la Palestine). Antiochus avait accueilli favorablement la requête et envoyé Ménélas en Judée. II Mach., xi, 32. Mais ce succès devait être le dernier de cet ambitieux. Il ne pouvait se consoler d’avoir perdu le souverain pontificat et il voulait le recouvrer à tout prix. Quand Eupator et Lysias son tuteur rassemblèrent une forte armée contre les Juifs, il jugea l’occasion favorabte et alla prendre place dans les rangs des ennemis de sa patrie. C’était là que l’attendait la justice divine pour lui faire expier ses crimes. Lysias, loin de l’accueillir avec faveur, l’accusa d’être la cause de tous les maux et il fut condamné à périr dans une tour remplie de cendres. II Mach., xiii, 1-7. Le texte grec dit que cet événement eut lieu à Bérée, II Mach., xiii, 4, ville située entre Hiérapolis et Antioche, aujourd’hui Alep, Voir Bérée 2, t. i, col. 1606-1607. Le texte sacré semble indiquer que cette exécution eut lieu au commencement de la campagne d’Antiochus V. D’après Jpsèphe, Ant. jud.. XII, IX, 7, elle fut postérieure à la conclusion de la paix. Il est possible que l’auteur des Machabées ait raconté le supplice du traître par anticipation, car son châtiment s’explique plus aisément après qu’avant la défaite de l’armée syrienne. Josèphe lui donne le nom juif d’Onias, avec le nom grec de Ménélas. Ant. jud., XII, v, 1. Cf. Bell, jud., i, i, 1>.

F. VlGOUROUX.

MÉNEPHTAH

a.

(M

pharaon de la XIXe dynastie égyp tienne, jils et successeur de Ramsès II, et selon toute probabilité le pharaon de l’Exode (fig. 252). Son nom signifie « aimé de Phtah s.

I. Histoire. — Baïenra-Meriamon, Menephtah-hotephima, d’après ses deux cartouches, fut d’abord associé au pouvoir sur la fin du long règne de Ramsès II, puis il régna seul pendant quelques années, et enfin il associa

à son trône son fils Séti II ; on assigne généralement à son règne une durée de dix-huit années. Son tombeau se trouve à Thèbes, dans la vallée de Biban el-Molouk. Il y a eu de vives controverses entre égyptologues snr l’importance des œuvres de ce roi. Il ne semble pas qu’on se trompe beaucoup en concluant avec M. Chabas que « les pharaons qui nous ont laissé des monuments plus importants et plus multipliés que Ménephtah sont en bien petit nombre ». Son activité s’exerça surtout dans la Basse-Egypte ; à Tanis il fit construire de grands monuments, et souvent il unit ses cartouches à ceux de son père Ramsès II sur des sphinx et sur des statues colos 252. — Ménephtah. Musée du Caire.

D’après une photographie.

sales. E. de Rougé, Notice des monuments du Musée égyptien du Louvre, 1883, p. 5, 23.

L’Écriture ne nomme point Ce pharaon, mais il y a lieu. de croire que son père Ramsès II fut l’oppresseur des Hébreux (voir Ramsès II) et par conséquent que c’est Ménephtah qui régnait sur l’Egypte lorsque Moïse reçut de Dieu la mission de délivrer son peuple de la servitude. Il n’obtint cette délivrance que grâce aux miracles des plaies d’Egypte. Voir Moïse. Un des monuments de Ménephtah semble contenir une allusion aux grands événements de l’exode. À Karnak il avait fait graver sur une muraille le récit de son triomphe sur les Libyens ; cette victoire fut pour lui d’autant plus glorieuse que des nations européennes assistaient les Libyens, et que c’est la première fois, que nous voyons ces nations en contact hostile avec les Égyptiens. Un autre monument, découvert en 1895 par M. Pétrie, raconte la même guerre, mais il contient de plus un passage où les Israélites sont nommés. C’est ine stèle en granit gris de Syène (fig. 253), haute de 3 m 12centim., large de WS et épaisse de m 33. Elle a été trouvée à Thèbes dans les ruines du Memnonium de Ménephtah ; elle est actuellement au Musée du Caire (Portique du Nord). Une de ses faces porte une inscription en l’honneur d’Amenhotep III, qui. l’avait fait ériger deux siècles avant Ménephtah ;